2.2.1. Le modèle de Shulman

Shulman est parti du constat que les investigations portant sur les connaissances des enseignants portaient soit sur les connaissances disciplinaires, soit sur les connaissances pédagogiques. Pour Shulman, ces recherches ne permettaient pas de répondre à une question essentielle : quelles connaissances sont nécessaires pour enseigner la chimie ? l’histoire ? etc. Il a donc proposé un modèle des connaissances des enseignants permettant de répondre à cette question.

Ce modèle permet de distinguer différents types de connaissances de l’enseignant et de les catégoriser. Ces catégories forment la base de connaissances5 (knowledge base) de l’enseignant dont la structure fait débat. Shulman lui-même a proposé plusieurs versions de la catégorisation des connaissances de l’enseignant. Carlsen (1999) en a répertorié pas moins de quatre. Ainsi, dans son article de 1987 (Shulman, 1987) le modèle présenté comprend les catégories de connaissances suivantes : Curriculum, Apprenants et apprentissages, Pédagogie, Connaissances Pédagogiques liées au Contenu, Philosophie buts et objectifs, Contexte et Connaissances disciplinaires. Dans un article précédent (Shulman & Sykes, 1986), des catégories supplémentaires sont présentes : Culture générale et Aptitude à la communication, et une autre ne l’est pas encore : la catégorie Contexte.

La typologie constituant la base de connaissances proposée par Grossman (Abell, 2007) (Figure 7) est directement issue des travaux de Shulman, tout en reprenant de nombreux travaux sur les connaissances d’enseignants de sciences ; elle semble donc bien acceptée par la communauté des chercheurs en éducation. Dans ce modèle, les connaissances des enseignants peuvent appartenir à quatre catégories en relation entre elles :

Figure 7 Catégories de connaissances professionnelles de l’enseignant d’après Grossman.
Figure 7 Catégories de connaissances professionnelles de l’enseignant d’après Grossman.
  • Les connaissances du contenu disciplinaire : il s’agit des connaissances que l’enseignant est chargé d’enseigner aux élèves, mais ses connaissances disciplinaires ne se limitent pas à celles qu’il doit enseigner. Les connaissances du contenu disciplinaire peuvent être de deux natures : elles peuvent porter sur l’organisation des concepts, faits, principes et théories ou bien sur les règles régissant les preuves utilisées pour généraliser et justifier les connaissances produites par la discipline (Schwab, cité dans Abell, 2007).
  • Les connaissances pédagogiques font référence aux connaissances générales de l’enseignant à propos de l’enseignement, sans être liées à un contenu disciplinaire. Par exemple on peut citer les connaissances mises en œuvre par l’enseignant lorsque celui-ci désire ramener le calme dans la classe.
  • Les connaissances sur le contexte regroupent les connaissances que possède l’enseignant à propos de l’origine de ses élèves (classe sociale etc.), du type d’établissement dans lequel il enseigne etc. et qu’il prend en compte dans son enseignement.
  • Les connaissances pédagogiques liées au contenu (Pedagogical Content Knowledge, PCK) : ce sont les connaissances que développe un enseignant pour aider les élèves à comprendre et apprendre un contenu.

Une de ces catégories de connaissances a tout particulièrement attiré l’attention des chercheurs en éducation : les connaissances pédagogiques liées aux contenus (PCK).

Notes
5.

Le terme de base de connaissance est issu du paradigme cognitiviste, qui n’est pas le nôtre. Nous conservons toutefois ce terme pour des raisons de clarté. Nous discutons plus loin de l’utilisation de ce modèle au sein d’un paradigme de la cognition située.