3.2.1. Présentation du cas

Dans notre recherche le cas est un enseignement, c’est-à-dire l’activité qui prend place lorsqu’un enseignant enseigne à des élèves un certain contenu de savoir. Cette centration sur le contenu est justifiée par l’objet de notre recherche : les PCK, puisque celles-ci sont liées au contenu. Cet objet de recherche nous amène à étudier l’enseignement dans la classe.

L’enseignement de chimie que nous avons sélectionné concerne la classe de Terminale Scientifique et son programme officiel est découpé en quatre parties qui se déclinent chacune en une question :

  1. La transformation d’un système chimique est-elle toujours rapide ?
  2. La transformation d’un système chimique est-elle toujours totale ?
  3. Le sens spontané d’évolution d’un système chimique est-il prévisible ? Ce sens peut-il être inversé ?
  4. Comment peut-on contrôler les transformations de la matière ?

Nous nous sommes appuyés sur ce découpage institutionnel du savoir à enseigner afin de borner notre cas à la partie 2, ce qui correspond à deux mois d’enseignement. Il paraissait en effet trop ambitieux de vouloir suivre et d’analyser un enseignement sur une année scolaire entière. En revanche nous voulions pouvoir suivre l’évolution de la mise en œuvre des PCK en fonction de l’avancée du savoir. Cette unité de découpage du savoir nous a semblé pertinente puisqu’elle correspond à un temps d’enseignement permettant d’étudier l’avancée du savoir dans la classe. Ce choix d’unité repose sur l’hypothèse que l’enseignement correspondant à une de ces parties du programme est relativement indépendant des autres, c'est-à-dire qu'il serait possible d'analyser et d’interpréter une partie de l’enseignement sans disposer de l’ensemble de l’histoire de la classe. Autrement dit, il est envisageable de comprendre ce qui se déroule dans la classe sans pour autant disposer de données concernant ce qu’il s'est passé avant ou ce qui se passera après l’enseignement de cette partie. Le programme officiel présente, pour chaque partie, une liste de contenus ainsi que des compétences exigibles en relation avec ceux-ci. En ce qui concerne la partie 2 du programme, ces contenus et compétences sont regroupés en trois ensembles :

  • L’objectif du premier ensemble : « Une transformation chimique n’est pas toujours totale et la réaction a lieu dans les deux sens », est de présenter aux élèves un nouveau type de réactions chimiques, les réactions non-totales (appelé aussi les équilibres chimiques). En effet, dans les classes précédentes, la réaction chimique était toujours considérée comme totale, c’est-à-dire que l’un au moins des réactifs disparaît complètement, et la réaction a lieu dans un seul sens.
  • Ensuite, le deuxième ensemble : « état d’équilibre d’un système », est centré autour de la notion de constante d’équilibre. Il s’agit d’une grandeur, fonction des concentrations à l’équilibre, qui est caractéristique de l’état d’équilibre.
  • Finalement, le dernier ensemble : « Transformations associées à des réactions acido-basiques en solution aqueuse », s’intéresse au comportement des acides et des bases dans l’eau et aux différents titrages acido-basiques.

L’enseignante observée est titulaire de l’agrégation de physique, et enseigne depuis quatre ans dont deux en classe de Terminale. Comme nous l’avons signalé dans notre cadre théorique, elle fait partie d’un groupe de travail (le groupe SESAMES) constitué de cinq enseignants et de trois chercheurs en didactique, qui a pour but de permettre aux enseignants d’échanger leurs expériences et de travailler sur la formation des professeurs. Ce groupe, qui se réunit 3 heures par semaine, a beaucoup contribué à la rédaction finale des textes de travaux pratiques (TP) distribués aux élèves.