3.2.3.1.2. Transcription des vidéos

Les productions verbales des acteurs de la classe ont été transcrites. L’ensemble des transcriptions correspondant aux séances en classe entière est donné en annexe. La transcription n’est pas un acte « transparent » ; il s’agit véritablement d’une première analyse (Mondada, 2003). Les transcriptions réalisées, en se limitant aux énoncés verbaux des locuteurs, ne sont pas une représentation de l’ensemble de la communication. Il manque en particulier les gestes, les chevauchements (lorsque deux personnes prennent la parole en même temps) etc. La manière de transcrire a été guidée par le besoin de représenter le savoir qui vit dans la classe, notamment pour pouvoir étudier les dimensions chronogénétique et topogénétique. Ces transcriptions font apparaître chaque locuteur (tour à tour) et son énoncé sous forme de tableau. Elles conservent le séquençage du savoir en jeu dans la classe (c'est-à-dire quel savoir est introduit en premier, lequel arrive ensuite) et la paternité des tours de paroles (le locuteur ainsi que ses productions verbales).

Les transcriptions sont présentées sous forme de tableaux à deux colonnes (voir l’exemple ci-dessous). La première fait apparaître le locuteur, le symbole P désigne l’enseignante (professeur) et E un élève. Nous n’avons pas différencié les élèves, sauf lorsque ceux-ci parlent entre eux. Les élèves sont alors distingués à l’aide de numéro (E1, E2, …). La deuxième colonne du tableau contient la production verbale du locuteur. Les pauses supérieures à deux secondes sont représentées par le symbole « / ». Lorsqu’il était impossible de comprendre ce qui était dit (inaudible) nous avons fait figurer dans la transcription le symbole « (… ?) ». Chaque tour de parole est représenté par un retour à la ligne et changement de ligne dans le tableau. Ces règles de transcriptions sont inspirées des conventions ICOR.

Prenons un exemple issu de nos données (Tableau 5). Il s’agit d’un début de séance en classe entière lors duquel l’enseignante fait un rappel de ce qu’ils ont vu auparavant sous forme de questions-réponses (l’enseignante pose des questions auxquelles les élèves doivent répondre).

Tableau 5 : Extrait d’une transcription issue des données de la thèse permettant d’illustrer la façon dont ont été construites les transcriptions.
Locuteur Productions verbales
P au niveau microscopique il se passe encore des choses au niveau macroscopique on a atteint l'état final un équilibre ça va être caractérisé par quoi //
E une constante d'équilibre
P par une constante d'équilibre donc qui est associée /
E concentration (...?)
E transformation
P à la concentration non à la transformation oui une constante d'équilibre c'est toujours associée il faut à coté avoir écrit l'équation d'une transformation et elle dépend oui de la température d'accord les constantes d'équilibre on la note K et on en a rencontré plusieurs Ka Ke et K alors qu'est ce que ça Ka c'est quoi /

Dans cet extrait, nous remarquons que le concept d’état d’équilibre dynamique (présent dans la première ligne du tableau : « au niveau microscopique il se passe encore des choses au niveau macroscopique on a atteint l'état final ») est introduit avant le concept de constante d’équilibre. Ceci illustre que l’ordre d’apparition du savoir dans la classe est reconstructible à partir d’une transcription. En ce qui concerne la paternité de l’introduction des savoirs, cet extrait montre que c’est l’enseignante qui introduit tous les savoirs en jeu, soit directement (« les constantes d’équilibre on la note K » dans la dernière ligne du tableau) soit en posant des questions aux élèves (« par une constante d’équilibre qui est associée » dans la troisième ligne du tableau).