8.3. Caractérisation de la méthode d’analyse

Nous avons, tout au long de ce travail, poursuivi une réflexion méthodologique. Nous avons tenu à rendre compte de cette réflexion en émaillant ce document de discussions méthodologiques, dont le but est de fournir des indications sur la reproductibilité de la méthode d’analyse mise au point et la qualité des résultats obtenus. Ces points de méthodologie nous permettent de caractériser notre méthode d’analyse. Nous l’avons vu, la méthode d’analyse est basée sur deux approches :

Ces deux approches sont complémentaires. Il est en effet impossible pour un certains nombre de catégories, de se baser uniquement sur ce qui se passe dans l’épisode interactionnel. L’approche narrative permet de rendre compte de l’évolution de certains événements. Le codage par mots clés pour ces événements représente en quelque sorte un codage de l’analyse narrative. Ces deux approches se retrouvent également dans le traitement des données : une approche basée sur le découpage en thèmes et qui cherchent à replacer les TPC dans la séance et les thèmes, une approche basée sur la caractérisation des épisodes et qui cherche des liens entre les descripteurs de la situation et les TPC mises en œuvre. Enfin nous avons montré deux processus possibles de reconstruction pour les TPC : l’un est basé sur l’interprétation et le sens donné à un épisode interactionnel. Cette reconstruction s’appuie sur les mots clés affectés à l’épisode en question. L’autre est basé sur des comportements communs à des ensembles d’épisodes. Le processus de reconstruction s’appuie sur l’hypothèse que si un comportement est présent dans plusieurs épisodes différents, alors c’est la même connaissance qui est mise en œuvre dans l’ensemble de ces épisodes. Le statut « épistémologique » de ces méthodes de reconstruction de connaissances n’est donc pas le même.

La première méthode de reconstruction se base sur la description détaillée d’une situation, le sens donné aux actions des protagonistes de la classe pour un épisode. Ce que l’on appelle connaissance dans ce cas là est ce qui permet de donner du sens à l’action de l’enseignante en fonction de la situation.

La deuxième méthode est basée sur la reconnaissance de certains patterns de mots clés à partir desquels il est possible d’assimiler une action systématique de l’enseignante sur plusieurs épisodes. L’intérêt de cette méthode est que la connaissance ainsi reconstruite a un caractère plus général, c'est-à-dire moins sujet à la situation particulière de tel ou tel épisode que les connaissances reconstruites par la première méthode. Cependant le risque de ne pas avoir pris en compte un descripteur pertinent de la situation, et qui serait corrélé à l’action de l’enseignante existe. Ce que nous voulons dire est que cette méthode est basée sur la comparaison d’épisodes afin de rechercher des similarités entre plusieurs épisodes. Or cette comparaison est faite à partir des mots clés et seulement de ceux-ci. L’utilisation de mots clés repose sur une logique catégorielle et ceux-ci sont définis a priori, il est donc possible de passer à coté d’un ou plusieurs aspects des situations des épisodes qui permettraient de donner du sens aux actions systématiques observées. Par exemple nous avons identifié que l’enseignante ne changeait pas de niveau de modélisation dans sa réponse par rapport à la question de l’élève. Le graphe 9 ne montre pas d’implication entre cette action et d’autres mots clés. Cependant les mots clés que nous avons choisis ne décrivent pas l’intégralité de la situation. En adoptant la première méthode ce risque est par contre réduit car chaque épisode est analysé un à un.