1.2.2.1 Autonomie du Sujet Apprenant

La question de l’autonomie de l’apprenant est vue d’un coté comme une fin de l’éducation. Dans la vision de Paulo Freire (1996), l’éducateur a comme but enseigner le contenu mais aussi enseigner comment apprendre. Sans vouloir approfondir dans son idée d’éduquer comme une idée proche de l’étique de l’enseignement, nous adoptons ici l’idée de Freire de la nécessité de respecter les connaissances que l’apprenant apporte, en tant qu’il est un sujet social et historique.

Nous considérons que l’autonomie est acquise à travers l’expérience individuelle et que celui qui oriente, le médiateur, a une importante fonction dans ce processus. Régnier (2000) précise que « le développement de l’autonomie de l’être humain (…), conduit à imaginer qu’il peut devenir, sous certaines conditions, capable d’être son propre éducateur. Cette capacité de s’auto-éduquer intègre alors celle de s’auto-évaluer et de s’auto corriger » (p.109).

Sans entrer dans la discussion sur l’objectivité et subjectivité d’une évaluation, la capacité de s’auto-évaluer fait partie de l’acquisition d’une autonomie. L’auto-évaluation est ainsi un processus cognitif que l’individu utilise pour mieux se connaitre pour en suite contrôler son action et améliorer son efficacité dans une tâche. Cela nous amène à l’idée de métacognition.

Flavell (1979) définit la métacognition comme une prise de conscience de l’expérience cognitive et des connaissances acquises. Cette connaissance métacognitive inclut la connaissance des stratégies qui pourraient être employées, les conditions pour cela et la prévision de ses conséquences. Connaître son propre fonctionnement, les stratégies plus adaptés, favorise un plus grand contrôle de soi même et consécutivement de son apprentissage. Mais ce contrôle et auto-connaissance implique aussi la connaissance de son propre fonctionnement motivationnel et représentations affectives, aspects importants dans le processus d’enseignement-apprentissage.

La finalité de l’enseignement de former une personne entière, autonome et responsable, capable d’apprendre par elle-même (Caron, 1991), implique une responsabilité et une capacité de fonctionner seul. Ces aspects sont bien flagrants quand nous prenons la formation à distance.

Ce type de formation exige une certaine autonomie de l’apprenant déjà au départ. Mais un certain style d’apprentissage, une mauvaise gestion du temps ou une mauvaise perception de l’environnement peut déranger l’apprentissage, ou même amener à l’abandon de la formation (Linard, 2000). La formation à distance implique une planification, un contrôle et une évaluation du sujet apprenant de ses propres activités. Cela implique une connaissance de soi, des tâches et stratégies, des outils de planification, régulation et évaluation.

L’autonomie de l’apprenant dans un EIAH (Environnement Informatique pour l’Apprentissage Humain) peut être stimulée par le tuteur mais aussi par des outils mis à disposition de l’apprenant, comme par exemple les discussions dans les groupes et les outils d’auto-évaluation mis à disposition. Dans cette perspective, l’apprenant apprends, non seulement le contenu transmis par les outils numériques, mais aussi à se rendre plus autonome, plus responsable pour son propre apprentissage, plus connaisseur de ses capacités, lui permettant s’autocontrôler et ainsi, y aller plus loin.