1.3.1.1 Les Différents Types de Raisonnements Cognitifs

Partant de l’idée que la cognition regroupe les divers processus mentaux de perception, de mémorisation et de raisonnement, Festinger (1957) a fait une importante contribution quand il différencie quatre types de raisonnement cognitifs : raisonnement déductif, raisonnement inductif, raisonnement abductif et raisonnement par analogie, pour lesquels nous présentons une brève définition :

  • Un raisonnement déductif implique de déduire la connaissance à partir des connaissances antérieurs. Le sujet déduit les nouvelles connaissances à partir des connaissances déjà acquises. C’est un processus de fiabilité totale car l’individu utilise l’abstraction, la recombinaison et la connaissance ;
  • Un raisonnement inductif se produit à partir des observations du concret. A travers l’induction, l’élève peut arriver à la généralisation. Le sujet généralise une idée à partir des observations effectuées ;
  • Un raisonnement abductif est un procès réversible où les résultats sont toujours impliqués aux causes et vice-versa. Le sujet cherche les causes des situations ;
  • Un raisonnement par analogie est un processus à partir d’associations. Le sujet interprète une nouvelle situation à travers la comparaison avec une situation ‘voisine’ ou semblable.

Ces quatre types de raisonnement sont plus ou moins adaptés à chaque situation. Néanmoins, nous raisonnons toujours en cherchant le moyen le plus rapide et le moins coûteux. C’est le principe de l’économie cognitive. D’après ce principe, le raisonnement par analogie est le plus économique, ce que fait de lui le plus utilisé au quotidien.

A partir de ces idées, dans une recherche précédente (Braga, 2005), nous avons fait un tableau à partir des idées de Festinguer pour analyser les types de raisonnement par rapport à la rapidité, le coût et la fiabilité pour résoudre un problème :

Tableau 2: Caractéristiques des types de raisonnements.
Rapidité Coût Fiabilité
Analogie ++ - +-
Adductif - + +
Inductif + ++ +
Déductif - +++ ++

Comme nous pouvons observer, le raisonnement par analogie est le plus rapide, le moins coûteux, mais aussi le moins fiable. C’est ce type de raisonnement que nous avons tendance à utiliser le plus souvent, surtout quand nous ne sommes pas motivés par l’activité que nous sommes en train de réaliser.

Déjà le raisonnement déductif est le moins rapide et plus coûteux mais il est aussi le plus fiable. Ce type de raisonnement travaille avec l’abstraction et la recombinaison, mais pas hors des connaissances de la situation. Le raisonnement déductif est celui qui stimule le plus chez l’apprenant, le processus de généralisation.

La généralisation (Piaget, 1978) se développe à partir des connaissances de nature exogène (externe à l’individu) et de la reconstruction endogène. Ce processus s’applique au concept de prise de conscience, lequel est composé de trois phases : les interactions entre sujet et objet, la conscience du déroulement matériel de l’action et des variations de l’objet, et la prise de conscience des coordinations internes des actions (d’où part l’abstraction réfléchissante). Ainsi, la généralisation est un processus de base et aussi un but dans l’apprentissage, quelque soit le processus de raisonnement utilisé.

Dans la théorie des champs conceptuels (Vergnaud, 1990) l’utilisation d’un schème dans une classe plus large de situations est interprété comme un processus de généralisation. Suivant l’idée de l’économie cognitive, Gérard Vergnaud interprète que nous choisissons toujours l’opération (schème) le plus opératoire, dans le sens toujours réducteur.

Dans le domaine de la mathématique, les objets mathématiques ont en effet des formes de différents degrés, issues de processus d’abstraction réfléchissante qui comportent des aspects de généralisation et de déduction. Le degré de généralité correspond aux capacités abstractives du sujet. Henriques (Piaget, 1978) nous donne le concept de généralisation formelle, il s’agit de :

‘« … dégager la forme ou concept commun à plusieurs objets ou structures mathématiques préalablement conçus comme hétérogènes, ou même non préalablement conçus (dans le cas de structures opératoires, s’exerçant sans thématisassions adéquate ») (Piaget, 1978, p. 250).’

L’économie cognitive est liée à l’aspect motivationnel dans le processus fonctionnels du raisonnement, ce qui est très important dans l’apprentissage. Les études sur les types de raisonnement montrent qu’un travail qui est économique donne plus de motivation à l’individu et cette motivation implique plus de travail, ce qui est exécuté de façon plus économique. La généralisation est le processus qui génère le plus de rapidité et qui génère certainement l’économie et la motivation. Alors, la motivation et l’économie seraient des conséquences du processus fonctionnel de raisonnement et non le contraire.