1.3.5 La Métacognition et l’Auto Perception

Vygotski dès les années 30 s’intéresse aux connaissances que les sujets ont de leurs propres processus cognitifs et à l’origine sociale de ces processus (Vygotski, 1989). Mais c’est dans les années 70 que le terme « métacognition » va être cité par Flavell : « connaissance du sujet de ses propres processus cognitifs, de leurs produits et de tout ce qui s’y rapporte » (Flavel, 1976). Brown (Coen, 2000) rajoute que la métacognition signifie aussi les mécanismes de régulation ou de contrôle du fonctionnement cognitif et en 1991, Noël définit la métacognition comme :

‘« un processus mental dont l’objet est soit une activité cognitive, soit un ensemble d’activités cognitives que le sujet vient d’effectuer ou est en train d’effectuer, soit un produit mental de ces activités cognitives. La métacognition peut aboutir à un jugement (habituellement non exprimé) sur la qualité des activités mentales en question ou de leur produit éventuellement à une décision de modifier l’activité cognitive, son produit ou même la situation qui l’a suscité » (Noël, 1991, p. 17).’

Piaget (1974) aborde cette thématique quand il écrit sur le processus de prise de conscience. Ce concept peut être résumé comme le processus de connaissance de l’environnement réel par l’individu à travers ses actions d’interaction avec l’objet. L’individu doit avoir alors des stratégies d’action pour reformuler le réel, mais la propre configuration du réel soufre d’interférence de l’objectif spécifique de la situation. Pour Piaget « la prise de conscience est fonction de réglages actifs comportant des choix plus ou moins intentionnels et non pas de régulations sensori-motrices plus ou moins automatiques » (Piaget, 1974, p. 11).

Parler de métacognition signifie parler de la connaissance que le sujet a de ses propres processus cognitifs et cela n’implique pas forcément parler de conscience. Le concept nous permet d’affirmer que l’élaboration de cognitions à partir de processus cognitifs permet au sujet de développer des habiletés/ outils cognitifs pour s’orienter, planifier et réguler ses actions.

En éducation, la métacognition concerne les connaissances introspectives et conscientes que l’apprenant a de ses processus d’apprentissage et aussi sa capacité à les réguler délibérément (Noël, Romainville et Wolfs, 1995).

Beaucoup d’auteurs catégorisent l’apprentissage en cognition, affect, métacognition et contrôle d’outils. Par contre, ces caractéristiques ne sont pas détachées les unes des autres (Lafortune et Saint-Pierre,1998). Nous pouvons affirmer alors que si la métacognition est bien médiatisée, l’élève peut réussir à prendre conscience de ses processus, ses difficultés et ses compétences.

Nous focalisons toujours l’importance de la médiation car, par exemple, si un élève réalise la métacognition mais qu’il est systématiquement en échec, il peut construire une image de soi qui peut lui conduire à l’échec ou à l’abandon de la tâche. Mais la métacognition médiatisée peut aider l’élève à trouver les meilleures façons de travailler et réussir. En cherchant à travailler avec la motivation, la métacognition, l’action et la réussite de l’élève, un médiateur peut travailler pour faciliter le processus d’enseignement et d’apprentissage. La relation entre ces composants de l’apprentissage peut être représentée par un schéma, qui montre la boucle qui se forme pour un meilleur développement de l’apprentissage :

Figure 11: Boucle entre motivation et action dans le processus d’enseignement-apprentissage.
Figure 11: Boucle entre motivation et action dans le processus d’enseignement-apprentissage.