2.3 ENT – Environnement Numérique de Travail

‘« Un Environnement Numérique de Travail (ENT) est un dispositif informatique qui permet à l’usager d’un établissement (étudiant, enseignant, personnel technique et administratif) d’accéder, via les réseaux, à l’ensemble des ressources et des services numériques en fonction de son profil et en rapport avec son activité » (Mayeur, 2003). ’

Les Environnements Numériques de Travail dans l’éducation doivent à la fois favoriser l’utilisation des TICE en classe, offrir de nouveaux services au monde de l’enseignement et assurer une meilleur rentabilité des infrastructures. Ainsi, un tel dispositif va au delà des outils numériques ou des TICE (CD-Rom, par exemple). Il englobe ces aspects des multimédias et les met à disposition des utilisateurs dans un environnement unique, particulier à une institution, à l’aide d’un réseau.

Le ministère de l’éducation a publié en 2004 le « schéma directeur des espaces numériques de travail » (SDET), inscrit dans le S3IT (schéma stratégique des systèmes d’information et de la télécommunication), envisageant de fournir un cadre de cohérence aux services numériques (internet, mail, forums, publication de site Web, cours en ligne, etc.), qui viennent s’ajouter aux services « traditionnels » rendus par l’informatique de l’établissement.

Le document établit pour chaque niveau d’éducation (primaire, collège, lycée) les fonctionnalités de l’ENT. Concernant l’enseignement supérieur, le document du ministère stipule qu’un projet d’ENT est avant tout un projet d’établissement, qui implique une relation directe avec la politique et la direction de l’établissement, mais que pour une bonne implémentation d’un ENT, l’ensemble des acteurs doivent faire preuve d'une totale adhésion.

Les ENT sont composés d’un socle (plate-forme) et de services numériques. Le socle gère les services numériques, les présente d’une manière structurée et cohérente, et fournit à ces services un certain nombre de fonctionnalités communes (identification des usagers, personnalisation des services offerts, etc.).

Ainsi, nous nous posons des questions sur la place de ce nouveau mode d’enseignement dans la structure éducationnelle. Quels sont les rôles et les conséquences des TIC et des ENT dans l’éducation et la formation ? Pour répondre à ces questions, nous retournons au triangle pédagogico-didactique.

Le triangle pédagogique de Houssaye (2000), comme nous avons vu au sous-chapitre sur le triangle pedagogico-didactique, explique les relations entre trois pôles : apprenant, enseignant et savoir, dans une situation pédagogique dans laquelle l’apprenant est face à l’enseignant dans un même lieu et au même moment.

A partir de cette conception, Lombard développe l’idée d’un tétraèdre, plaçant les TICE comme le quatrième pôle, appelé « dispositif cyber-prof » :

Figure 2: Tétraèdre Lombard
Figure 2: Tétraèdre Lombard

Lombard exploite les trois autres triangles formés à partir de l’insertion du pôle Dispositif-Cyberprof :

  1. Triangle Cyberpur  (Savoir - Elève - Dispositif Cyberprof, arrêtes C, D et F) : le rôle du maître en classe est minimisé. Ce triangle se manifeste avec l’utilisation des cédéroms, sites et scénarios. Il demande une attention à la qualité pédagogique des outils par les constructeurs et les utilisateurs, par exemple, comment l’utilisation de dispositifs numériques doit être travaillée par les éducateurs ;
  2. Triangle Social (Elève – Dispositif Cyberprof – maître, arrêtes A, E et F) : ici le pôle « savoir » est occulté. Ce triangle met en évidence l’importance des interactions interpersonnelles, dans la dimension relationnelle et même émotionnelle. Par exemple, l’écart entre chercheurs et praticiens et la motivation des élèves face à l’outil ;
  3. Triangle Scientifique (Savoir – Dispositif Cyberprof – Maître, arrêtes B, D et E) : l’enseignant produit un polycopié de cours, une page Web, c’est l’expression de son savoir-faire. Le savoir dans les TICE passe par le maître pour arriver à l’élève.

Le tétraèdre de Lombard retourne alors toujours à la relation 2D, dans une vision d’un triangle didactique modifié, selon les acteurs (pôles) que nous observons.

Lorsque ces acteurs sont à distance, ces relations changent, donnant un espace à un dispositif par lequel tout échange et tout interaction passe (Faerber, 2003).

Un Environnement Numérique de Travail dans l’éducation ou Environnement Virtuel d’Apprentissage est un intermédiaire entre les pôles du tétraèdre, un passage obligatoire pour les acteurs dans un environnement informatisé. Faerber (2003) propose ainsi une nouvelle conception de tétraèdre pédagogique, plaçant le groupe comme le quatrième pôle. Ce nouveau pôle se forme quand les acteurs s’expriment par un « nous » ou lieu d’un « je». Le groupe a un important rôle dans l’enseignement-apprentissage par les TICE : la rigidité de la médiation à travers les échanges et les discutions est amenuisée, les conflits socio-cognitifs sont aussi travaillés, l’individu n’est pas « seul » face aux experts représentés par la machine, et il se forme une certaine division du travail, où la capacité générale est plus grande que la somme de celle des parties.

L’insertion du pôle « groupe » garde toujours comme base du tétraèdre le triangle pédagogique :

Figure 3: Tétraèdre d’après un ENT (Faerber, 2003, p. 5).
Figure 3: Tétraèdre d’après un ENT (Faerber, 2003, p. 5).

Comme nous pouvons l’observer, l’insertion du nouveau pôle donne origine à trois nouvelles interactions :

  1. Apprenant – Groupe : participer. Concerne plutôt les activités et le développement d’aptitudes que les activités d’acquisition d’un contenu ;
  2. Enseignant – groupe : faciliter. Concerne le placement de l’enseignant à l’écoute du groupe, intervenant pour remédier selon les objectifs fixés ;
  3. Savoir – groupe : partager. Concerne un apprentissage mutuel au sein du groupe qui intègre et dissémine les savoirs acquis.

Ces interactions passent toujours par l’environnement numérique de travail, qui est au centre du tétraèdre. Par conséquent, la relation entre les pôles du triangle pédagogique change aussi (Cissé, 2008) :

  1. Enseignant – apprenant : l’enseignant a le rôle de concepteur du contenu mais aussi de tuteur, qui rappelle celui de l’enseignant classique, avec la caractéristique d’interaction, c'est-à-dire, une relation à double sens ;
  2. Enseignant – savoir : met l’accent sur l’enseignant concepteur, dans l’effort d’adapter le contenu à tous les apprenants d’un certain niveau. Le tuteur a le rôle de rendre le savoir accessible, si les aides pédagogiques ne sont pas suffisantes ;
  3. Apprenant – savoir : cette relation passe par l’action de l’enseignant tuteur et par le groupe dont il fait partie. A aussi une grande relation avec l’autonomie de l’apprenant.

Dans notre recherche, nous plaçons le logiciel éducatif « Méthode Quantitative » au pôle enseignant. Cela est dû à la conception de cet outil comme médiateur du contenu Statistique, dans l’environnement virtuel de l’enseignement à distance en Licence de Sciences de l’Education de l’Université Lumière Lyon 2, dans le campus numérique FORSE - CNED.