« RETROUVER LES BERGES DU RHONE. Le projet est dans les programmes des trois candidats à la mairie. Et chacun a son idée.
IMAGINEZ VALENCE SANS SON AUTOROUTE »,
tel est le titre d'un article du Dauphiné Libéré (édition du 11 février 2008) consacré aux élections municipales de Valence. La requalification des rives du Rhône, actuellement occupées par un tronçon de l'autoroute A7 au droit du centre-ville, est un thème contemporain de campagne électorale et constitue un enjeu politique.
Alain Maurice, candidat socialiste, propose l'enterrement de l'autoroute A7 sur 1,5 km entre Bourg-lès-valence et Portes-lès-Valence afin de valoriser et relier « les espaces naturels », les espaces de loisirs de la ville que sont l'Epervière (port de plaisance), Girodet ou encore le parc de Valensolles et le parc Jouvet. Il prône la création d'un « éco-quartier » faisant le lien entre le port de l'Epervière et le parc Jouvet grâce à des pistes cyclables et des chemins pour piétons. Ce projet confèrerait au Rhône et à ses rives des valeurs environnementales et ludiques, et participerait au renforcement de la cohésion de la ville en reliant différents quartiers. Il rappelle certaines stratégies d'agglomération, comme celle de Lyon autour de ses fleuves1, et souligne ainsi la résonance qui existe entre les villes fluviales, le réaménagement lyonnais influant sur le projet socialiste.
Le candidat de l’Union pour la Majorité Présidentielle, Patrick Labaune, se concentre sur le problème autoroutier et peu sur le Rhône. Son idée est de déplacer l'autoroute à la frontière entre Valence et Chabeuil et de l'élargir. « Après on se réappropriera les berges du Rhône afin de poursuivre le développement de l'Epervière. » Le réaménagement des berges reste très flou. Michèle Rivasi (candidate écologiste) adopte une position intermédiaire entre les deux candidats, elle propose d'« encaisser l'autoroute dans une tranchée et [de] la recouvrir d'une dalle sur laquelle construire des logements en bordure du fleuve ». Outre la fonction ludique (« promenade en bois au-dessus de l'eau pour piétons et cyclistes »), le Rhône se voit attribuer une fonction résidentielle. Le projet rappelle celui d'Alain Maurice mais se caractérise par une dimension plus modeste qui ne relève pas de la stratégie d'agglomération. Tout comme Patrick Labaune, la candidate met l'accent sur la réduction des nuisances liées à l'autoroute. Selon elle, certaines mesures urgentes doivent être prises: la réduction de la vitesse à 90 km/h et la construction d'un mur anti-bruit. Cela laisse penser que ce projet rhodanien est secondaire et relève plutôt du discours (de l'utopie?) que de la réalité.
La nature des projets évoqués par les trois candidats relativise fortement la valeur accordée au fleuve lui-même. L'analyse de ces projets révèle qu'un seul d'entre eux repose sur une réflexion urbanistique englobant toute l'agglomération et faisant du fleuve et de ses berges un espace permettant l'articulation de différents quartiers. D'ailleurs le gros titre de l'article souligne la priorité du projet : « imaginez Valence sans son autoroute », c'est-à-dire le déplacement de l'autoroute hors du centre-ville. Ce titre évoque la formulation d'un sujet de rédaction soumis à des élèves de l'école primaire. La disparition de l'autoroute relèverait-elle du domaine de l'imaginaire, de l'invention, voire de la rêverie ? Le réaménagement des berges du Rhône à Valence semble alors adopter une dimension plus idéelle que matérielle. Cela pose plus largement la question de la possibilité d'une requalification des espaces fluvio-urbains à l'aval de Lyon. Cet article souligne le vide existant en matière de réalisations urbanistiques sur les rives du Rhône à Valence et la question de la possibilité d'un réaménagement de l'espace fluvio-urbain. Ces deux points sont l'origine même du sujet de cette thèse qui ne se limite pas au seul espace valentinois mais comprend un ensemble de six villes fluviales à l'aval de Lyon, comme nous allons le voir maintenant.
Sur ce point voir Gérardot C., 2007, p.23 et voir 1.1.4.