Avignon et Valence : deux villes moyennes près d’une confluence

Valence et Avignon occupent une place comparable au sein de l’armature urbaine rhodanienne. D’une part, leur poids démographique (respectivement de 117 155 et 253 580 habitants234, Tableau 2) les définit comme deux villes moyennes. D’autre part, elles constituent deux pôles secondaires disposés de manière régulière sur l’axe rhodanien. Séparées l’une de l’autre par 100 km, elles sont toutes deux situées à 100 km d’une ville d’importance régionale : Valence est proche de Lyon, métropole régionale de la région Rhône-Alpes (1 648 216 habitants235), et Avignon est non loin de Marseille, la plus grande ville de Provence (1 516 340 habitants236). Cet espacement, qui doit beaucoup à l’influence romaine, confère une certaine régularité à la disposition de ces villes.

Avignon est une ville de marché agricole, un des centres de la huerta comtadine et d’une partie du vignoble des Côtes-du-Rhône (Châteauneuf-du-Pape en particulier). Cette place au sein du Comtat Venaissin s’est renforcée et précisée au fil des années avec le développement d’un technopôle, « Agroparc », spécialisé dans la recherche agronomique fondamentale, l’industrie agroalimentaire, l’enseignement agricole, la logistique et la distribution. L’activité d’Avignon s’est diversifiée et déplacée en direction du secteur tertiaire. Ainsi le Marché d’Intérêt National (M.I.N.), qui était à l’origine un marché de gros, est-il devenu un « village d’entreprises », se distinguant des M.I.N. voisins de Cavaillon et Châteaurenard par le développement de services destinés aux professionnels de l’agroalimentaire. Avignon s’affirme comme une ville essentiellement tertiaire, secteur qui concentre 75 % de ses actifs soit 2,7 points de plus que la moyenne française en 1999 (72,3 %, Tableau 4). Ce profil est dû non seulement aux services agricoles mais aussi au tourisme. L’important patrimoine historique de la ville (patrimoine médiéval en particulier avec le Palais des Papes, le Pont Saint-Bénézet, ou encore la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon) et son festival de théâtre237 en font un centre touristique et culturel qui lui a valu le titre de « ville européenne de la culture » en 2000238.

Si Valence est aussi une ville de marché agricole, puisqu’elle commercialise une partie des productions de la plaine du Bas-Dauphiné (importante agriculture maraîchère et vergers), il ne s’agit pas d’une ville tertiaire. Elle est avant tout la ville de petites industries diversifiées : agroalimentaire, mécanique de précision, chimie, textile, industries concentrant 19,4 % des actifs valentinois (soit 1,2 points de plus que la moyenne nationale, Tableau 4). Son rayonnement et son dynamisme sont plus modestes que ceux d’Avignon.

Dernier point commun à ces deux villes : le rôle des transports. Placées sur l’axe rhodanien, elles bénéficient de la présence de l’autoroute A7 et de gares TGV (Valence-TGV et Avignon-Courtine) qui leur permettent de développer des activités de logistique et des zones industrielles : Portes-lès-Valence au sud de Valence et Courtine à Avignon. Leur situation est d’autant plus comparable qu’elles sont toutes deux des carrefours routiers et ferroviaires. Elles sont situées à des intersections offrant une circulation en direction de l’Est : Valence est reliée à Grenoble par les axes empruntant la vallée de l’Isère et Avignon à Marseille et aux Alpes de Haute Provence via les axes empruntant la vallée de la Durance239.

Notes
234.

Aires urbaines 1999, selon l’I.N.S.E.E.

235.

Aire urbaine 1999, selon l’I.N.S.E.E.

236.

Aire urbaine Marseille-Aix-en-Provence 1999, selon l’I.N.S.E.E.

237.

Festival créé en 1947 par Jean Vilar.

238.

Aux côtés de Bergen, Bologne, Bruxelles, Cracovie, Helsinki, Prague, Reykjavik et Saint-Jacques de Compostelle.

239.

Ici les confluences ne jouent pas un rôle déterminant car l’Isère et la Durance n’offrent pas de possibilité de navigation commerciale. Plus que les cours d’eau, ce sont les vallées qui offrent, par leur relief, des conditions de circulation terrestres favorables.