Les quartiers riverains du fleuve à l’extrême périphérie des villes

Nous étudierons six quartiers267 riverains du Rhône et situés aux limites extérieures des communes : Grand Estressin au Nord de Vienne, Jean Moulin au Sud de cette ville ; l’Epervière au Sud de Valence ; la Pionne-Zone d’échanges et Courtine au Sud d’Avignon, et la Zone Industrielle Nord à Arles268.

Ces quartiers sont le fruit d’une urbanisation contemporaine. Ils ont connu leur phase d’expansion majeure entre 1949 et 1989. Le quartier de Grand Estressin situé dans la partie nord de Vienne a été construit à 92 % entre 1949 et 1974269. Leur développement n’est pas directement relié au fleuve et aux activités qu’il peut susciter. Ces espaces ont longtemps constitué des périphéries essentiellement agricoles peu mises en valeur par la ville et ont formé en cela des espaces de réserve pour l’expansion urbaine contemporaine. Aujourd’hui, ils sont le lieu d’implantation de zones d’activités et de zones industrielles, d’infrastructures et d’équipements logistiques. Le quartier de Courtine (Avignon) accueille la nouvelle gare TGV ainsi qu’une vaste zone industrielle.

Les périphéries qui ont connu de fortes transformations en termes d’activités (industrialisation) et d’habitat (construction de logements collectifs en nombre) sont aujourd’hui des quartiers sociologiquement modestes. Les quartiers Jean Moulin (Vienne), de Grand Estressin (Vienne), de la Pionne-Zone d’échanges (Avignon), de la Zone Industrielle Nord (Arles) en sont représentatifs. La composition socio-professionnelle de leur population est marquée par un net déficit de cadres. La Zone Industrielle Nord d’Arles n’en compte aucun, ils constituent seulement 3,45 % de la population active dans le quartier de Grand Estressin alors que la moyenne de Vienne s’élève à 9 %. A ce déficit répond une surreprésentation des ouvriers et employés qui constituent par exemple 78 % de la population active de Grand Estressin. Ce dernier, et les quartiers Jean Moulin et de la Pionne-Zone d’échanges, sont marqués par la part écrasante des locataires (plus de 80 %) et des logements collectifs (plus de 80 %). Le parc HLM est très développé dans deux de ces quartiers : Jean Moulin et Grand Estressin, plus de 35 % et 49 % des locataires de ces quartiers respectifs le sont en H.L.M. Cela montre la modestie des populations résidentes.

Un autre type de quartiers périphériques se distingue du précédent. Il s’agit des quartiers qui ont connu des transformations moins importantes et plus récentes et dont la tradition rurale est encore visible. Leurs populations sont plus favorisées et appartiennent plutôt à la classe moyenne. L’Epervière (Valence), Courtine (Avignon) et la Zone Industrielle Nord d’Arles présentent une proportion de propriétaires plus importante, de l’ordre de 37 à 45 % des habitants, ainsi qu’une majorité d’habitats individuels (67 % des logements en Courtine et 87 % en Zone Industrielle Nord). Cela peut s’expliquer par une tradition rurale plus durablement ancrée privilégiant l’habitat individuel, formant donc un espace plutôt pavillonnaire. La dilution de l’espace urbain arlésien est en outre permise par l’importante surface de la commune. Les quartiers de l’Epervière et de Courtine présentent un profil socioprofessionnel original au sein de l’ensemble étudié puisque la proportion de cadres, de l’ordre de 14 % en Courtine et 26 % à l’Epervière, y est supérieure à la moyenne communale. Les ouvriers et les employés sont une catégorie sous-représentée dans ces deux quartiers : ils représentent à Courtine 33 % de la population active contre 55 % pour la moyenne avignonnaise. Cela permet de nuancer le constat général qui tend à identifier l’ensemble des quartiers riverains du fleuve des périphéries à des quartiers modestes.

En définitive, ces quartiers associent activités économiques et fonction résidentielle dans le cadre d’une urbanisation contemporaine. L’habitat est à dominante collective même si les espaces restés plus longtemps ruraux privilégient l’habitat individuel. Les classes sociales représentées sont modestes à moyennes. Les classes aisées se trouvent plutôt dans les villes-annexes.

Notes
267.

Le découpage spatial opéré par l’I.N.S.E.E. pour le comptage statistique par quartier ne correspond pas nécessairement à des portions de ville en bord de fleuve. Il associe parfois des espaces fluviaux et des espaces à l’intérieur des terres. En conséquence, nous n’avons retenu que les quartiers définis par l’I.N.S.E.E. qui sont spécifiquement localisés en bord de fleuve.

268.

La dénomination de ces quartiers correspond à celle établie par l’I.N.S.E.E. dans le cadre du découpage communal en IRIS.

269.

Source: I.N.S.E.E.