Les espaces fluvio-urbains de la banlieue

Les villes-annexes

Les villes-annexes se trouvent sur la rive opposée de la ville-centre mais se placent dans une certaine continuité du tissu urbain. Elles ont une taille modeste : leur population représente moins de 20 % de la population de la commune principale. Leur vocation est essentiellement résidentielle. Leur existence est donc nettement tributaire de la ville-centre dont elles sont une extension, d’où l’appellation d’annexe. Ces caractéristiques associées les distinguent des autres communes de banlieue. Le terme de banlieue est utilisé ici dans son acception large, c’est-à-dire de « territoire urbanisé qui entoure une ville »270. Les communes de banlieue sont donc les communes autonomes qui se sont urbanisées sous l’influence de la ville-centre. La ville-annexe constitue ainsi un type spécifique de commune de banlieue.

Le dynamisme démographique est une caractéristique forte des villes-annexes. Entre 1990 et 1999, leur population s’est accrue de 0,88 %/an en moyenne tandis que les villes-centres ont stagné avec 0,07 % de croissance annuelle. Les croissances les plus importantes sont enregistrées par les communes de Sainte-Colombe, les Angles et Villeneuve-lès-Avignon avec des taux supérieurs à 1 %. Elles s’expliquent par un fort solde migratoire, c’est-à-dire par un afflux de population qui vient s’installer dans ces communes de la périphérie directe de la ville. Les flux se dessinent en partie depuis les villes-centres en direction des villes-annexes : les soldes migratoires sont négatifs dans les centres (en moyenne - 0,53 %) à l‘inverse des annexes. Les villes-annexes sont donc attractives contrairement aux autres communes de banlieue comme Bourg-lès-Valence, Porte-lès-Valence ou encore Le Pontet dont des soldes migratoires sont négatifs. Ces dernières doivent le maintien de leurs effectifs démographiques à leur important solde naturel (en moyenne + 0,49 % contre + 0,26 % dans les villes-annexes). Le solde naturel des villes-annexes est bas. Elles possèdent de faibles taux de natalité par rapport aux villes-centres. Entre 1990 et 1999, la commune des Angles affiche un taux de natalité de 9,28 ‰ contre 14,73 ‰ pour Avignon et un taux de mortalité 6,84 ‰ contre 9,40 ‰ pour Avignon.

Autre caractéristique prégnante des villes-annexes : un profil sociologique favorisé. Les annexes sont habitées par des catégories socioprofessionnelles de niveau supérieur : les cadres représentent 14,50 % des actifs en moyenne contre 12,17 % dans les villes-centres. Les employés et les ouvriers des villes-annexes représentent une part des actifs inférieure de 8,79 points à celle des villes-centres et de 21 points à celle des autres communes de banlieue. Plus encore, le taux de chômage des annexes est nettement moindre (8,56 %) que dans les villes-centres (18,33 %) et dans le reste de la banlieue (12,58 %).

Cette différenciation sociale s’exprime aussi en termes de logement. La part des propriétaires est importante, reflet d’un certain niveau de vie : les deux tiers des habitants sont propriétaires dans les annexes contre un tiers dans les centres. Parmi les locataires, seuls 6,30 % occupent un logement HLM contre 27,30 % dans les centres et 33,03 % dans les autres communes de banlieue. Les logements des villes-annexes sont plus vastes. Ils se démarquent de ceux des villes-centres et des communes de banlieue par leur nombre de pièces plus important. En effet, 88 % des logements des annexes possèdent plus de trois pièces contre seulement 79 % dans les centres et 74 % dans les banlieues. Cela est notamment à mettre en relation avec le type d’habitat. Il est majoritairement de type individuel (à 56 %) sans pour autant atteindre les maxima des communes de banlieue (65 %). Ce fait s’explique en partie par le caractère plus ancien de l’urbanisation des annexes par rapport aux communes de banlieue ; urbanisation marquée par la présence de petits et moyens collectifs construits avant 1949.

Les annexes sont caractérisées par une urbanisation plus ancienne que celle des autres communes de banlieue, mais aussi plus lente et qui se poursuit aujourd’hui. Le rythme de l’urbanisation est donc plus lent et moins contrasté. Les communes de banlieue ont connu un essor très marqué entre 1949 et 1989 ; c’est durant cette période que 77 % des logements dont elles disposent aujourd’hui ont été construits. Seuls 13 % des logements actuels existaient avant 1949 tandis que les annexes étaient déjà assez construites avec 22,5 % des logements datant d’avant 1949. L’essor de la période 1949-1989 est réel mais moindre, avec 63 % des logements datant de cette époque. Les annexes se démarquent dans la période la plus contemporaine, puisque 14,7 % du parc de logement datent d’après 1990, soit 4 points de plus que dans les banlieues classiques.

A cela s’ajoute le fait que les étrangers sont sous-représentés dans les villes-annexes par rapport aux villes-centres : 7,46 % contre 14,83 %, renforçant l’image d’espaces favorisés des villes-annexes.

Les annexes sont donc des espaces résidentiels habités par des populations de classes moyenne à aisées. Fruit d’une urbanisation contemporaine précoce (première moitié du XXème siècle), elles connaissent un certain essor depuis les années 1990 du fait de leur cadre attractif lié au paysage rhodanien et à la proximité du centre urbain.

Notes
270.

Merlin P., Choay F., 2005, p.105.