Les autres villes de la banlieue

Les autres villes de la banlieue installées au contact du fleuve présentent des caractères communs à toutes les villes de banlieue notamment en termes de composition sociologique. Leur spécificité réside dans leur structuration développée autour d’axes majeurs de communication implantés dans la plaine alluviale. Une commune se démarque plus particulièrement : Bourg-lès-Valence.

Ces villes résultent essentiellement et classiquement de l’expansion urbaine de la période 1974-1989. Il s’agit de Bourg-lès-Valence, Portes-lès-Valence et Le Pontet (Avignon). Seules les deux agglomérations les plus importantes de notre étude sont dotées de communes de ce type, communes que l’on peut comparer. Vienne et Arles ne sont pas dotées de communes de banlieue semblables. Etant donné que leur territoire communal s’étend sur une grande distance le long du Rhône, et que leur rayonnement et leur expansion sont limités, elles ne possèdent pas de communes de banlieue le long du fleuve. Tarascon et Beaucaire sont, quant à elles, trop modestes et de taille trop réduite pour posséder une banlieue dense et développée.

Ces villes de banlieue implantées au contact du Rhône présentent certains traits communs, en termes de logement ou de profil socioprofessionnel de la population, à d’autres villes de banlieue françaises non fluviales. La spécialisation industrielle de ces communes induit un certain profil sociologique. Leur composition socioprofessionnelle est nettement dominée par les ouvriers et les employés qui représentent plus de 50 % de la population active. Le Pontet s’individualise par l’importance de la population étrangère (18,4 %). Il s’agit d’une ville d’immigration. Parmi les habitants, les propriétaires sont plus nombreux que les locataires et l’habitat individuel domine, montrant la moindre densité urbaine de ces espaces par comparaison aux villes-centres.

Une seule ville se distingue et ne présente pas les traits communs aux villes classiques de banlieue. Bourg-lès-Valence se démarque en effet par sa composition socioprofessionnelle moins différenciée de la moyenne valentinoise, par la dominante collective de l’habitat et par le nombre plus élevé de propriétaires. Cette ville ne possède donc pas toutes les caractéristiques des autres communes de banlieue. Son ancienneté est un facteur déterminant. Bourg-lès-Valence possède un bâti plus ancien que les autres : 17,8 % des constructions datent d’avant 1949. Le développement urbain de Bourg-lès-Valence antérieur au XXème siècle est à mettre en relation avec son ancienne fonction fluviale : elle abritait autrefois le port de Valence. En outre, elle se place dans la continuité directe du tissu urbain dense de Valence. Elle est accolée sans espace de transition à ce centre urbain, au point que la différenciation entre les deux communes est difficile à lire sur une carte topographique au 1/25 000e. La continuité du fait urbain et son ancienneté en font une ville de transition entre la ville-centre et la banlieue. Surtout Bourg-lès-Valence constitue une banlieue fluviale car cette commune s’est développée non seulement au bord du fleuve mais aussi en relation avec lui puisqu’elle abritait un port de commerce.

Ces villes de banlieue installées au contact du Rhône présentent tout de même une spécificité indirectement reliée au fleuve qui les différencie de l’ensemble des communes de banlieue. Dans la mesure où cette spécificité n’est pas associée à un lien direct avec le fleuve, on peut les qualifier de banlieues riveraines du fleuve. Quand cette spécificité s’associe à un lien avec le fleuve (valorisation actuelle ou historique), on peut parler de banlieue fluviale dans le cas de Bourg-lès-Valence et du Pontet où est implanté le port de commerce d’Avignon. De manière plus générale, si les banlieues riveraines du fleuve n’entretiennent pas de relation particulière avec le fleuve, elles sont dotées d’infrastructures particulières qui empruntent leurs rives. Elles ont pour caractéristique d’être desservies par de grands axes de communication comme la RN7 à Valence et Avignon, et l’A7 pour Portes-Lès-Valence qui bénéficient d’une sortie autoroutière. Aux axes routiers s’ajoutent les voies ferrées avec d’importants triages à Portes-Lès-Valence par exemple. Ces axes utilisent la vallée du Rhône et en particulier sa plaine alluviale pour relier Lyon à la Méditerranée. De vastes zones industrielles sont implantées à leur contact, comme la zone industrielle de Portes-lès-Valence. A Portes-lès-Valence, la zone industrielle s’étend de part et d’autre de la limite communale la séparant de Valence, témoignant de la continuité du tissu urbain et des activités entre les deux communes. La zone industrielle de Bourg-lès-Valence est d’une superficie plus modeste relativement aux deux autres.

On retrouve donc au bord du Rhône les composantes urbaines classiques des agglomérations françaises auxquelles s’ajoutent des quartiers spécifiquement fluviaux, comme les villes basses et des spécificités indirectement fluviales. Cependant la répartition des types de communes ne se fait pas au hasard et est influencée par la présence du fleuve. Les communes résidentielles abritant des catégories socialement plutôt favorisées se trouvent sur la rive opposée à la ville-centre, profitant des aménités du fleuve et de la proximité271 de la ville-centre. Les communes à profil industriel et sociologiquement plus modestes se trouvent au Nord et au Sud des agglomérations, le long des axes majeurs de communication.

Notes
271.

La ville-centre se trouve à une très courte distance mais le fleuve impose un franchissement qui marque une certaine rupture d’où le paradoxe évoqué.