Les rives urbaines du Rhône : des espaces rarement valorisés

Dans le contexte international de revalorisation des fronts d’eau urbains et à l’heure où la ville de Lyon vient d’achever la réalisation du parc des Berges du Rhône, il convient d’identifier l’état dans lequel se trouvent les rives urbaines du Rhône à l’aval de Lyon et dans quelle mesure cet état participe de l’identité des villes fluviales de cette partie du cours du fleuve. L’état des rives nous renseigne sur le niveau et les modes de valorisation du fleuve par la ville, c’est-à-dire sur les usages et les valeurs urbaines du Rhône. Nous verrons que la modestie des villes étudiées ne se limite pas à leur démographie et à leur rayonnement, elle se lit aussi dans l’état de l’aménagement des rives.

Au préalable, il faut évoquer l’existence d’une différenciation entre les rives urbaines d’amont en aval du Rhône. Dans la partie amont d’Avignon, l’urbanisation se fait au contact direct du fleuve, ne laissant pas d’espace interstitiel entre le fleuve et l’espace urbanisé. A partir d’Avignon, le régime du fleuve est fortement marqué par l’influence méditerranéenne et les rives sont moins urbanisées. Ainsi Tarascon et Beaucaire se tiennent-elles à une distance respectueuse du fleuve. Dans la partie méditerranéenne, on l’a vu, les ouvrages de protection deviennent de plus en plus imposants, que ce soient les remparts d’Avignon et de Tarascon, le mur de quai d’Arles ou la digue de la Banquette de Beaucaire.

Mais ce gradient amont/aval de différenciation n’exclut pas pour autant la possibilité de définir des types rivulaires urbains. L’étude des rives urbaines du Rhône révèle l’existence de plusieurs types bien distincts : les rives délaissées, les rives solidifiées et les rives récréatives. Ils se caractérisent par plusieurs critères précis :