Une nouveauté apparaît à Valence : les crues automnales sous influence cévenole. Dans le secteur compris entre la confluence du Doux (affluent cévenol de rive droite) et celle du Gard (Figure 37), les crues se concentrent sur les mois de septembre-octobre en relation avec des épisodes pluvieux parfois violents. Ces épisodes s’expliquent par l’effet orographique de la barrière des Cévennes et par la morphologie des bassins-versants des affluents cévenols303, marquée par une très forte déclivité et une certaine imperméabilité des sols. C’est aussi à partir de Valence que commence à se développer progressivement l’influence méditerranéenne qui s’exprime pleinement dans le régime du Rhône à Beaucaire. «Les variations saisonnières en amont d’Avignon évoluent peu à peu dans le sens méditerranéen »304, notamment par une aggravation de la durée des étiages d’automne, étiages interrompus certaines années par des crues. A partir d’Avignon, le régime est dominé par l’influence du climat méditerranéen au détriment des pluies atlantiques, ce qui se traduit par des averses automnales.
Le régime du Rhône à Beaucaire est donc caractérisé par d’importants débits moyens mensuels automnaux dus à l’apport des pluies méditerranéennes. Les hautes eaux de fin d’hiver et de printemps - de mars à juin (Figure 36) - s’expliquent par l’influence nivale des affluents préalpins, telle la Durance. Les crues se produisent essentiellement en automne, signe de l’influence méditerranéenne qui domine le régime du Bas Rhône. En effet, les « crues méditerranéennes extensives » (Figure 38) se forment à l’aval de Valence aux mois d’octobre et de novembre à la faveur de hautes pressions localisées sur les Balkans ou l’Italie, qui orientent sur une trajectoire SO-NE des perturbations océaniques abordant l’Europe entre l’Irlande et l’Espagne. L’extension spatiale de ces épisodes peut être large et concerner non seulement les Alpes du Sud mais aussi les Cévennes et le couloir rhodanien jusqu’aux vallées de l’Ain et de la Saône, d’où leur nom de crues « extensives ». Ces crues affectent plus particulièrement les villes du Rhône inférieur que sont Avignon, Tarascon, Beaucaire et Arles. Outre le régime des crues, une des spécificités méditerranéennes du régime hydrologique est l’augmentation des écarts entre les extrêmes : la différence entre les débits moyens mensuels maximum et minimum atteint ici 950 m³/s contre 208 m³/s à Lyon ; les étiages estivaux se creusent. Le régime présente de très fortes irrégularités : une augmentation nette de la fréquence des étiages et du nombre des crues graves. Le risque d’inondation est donc modifié par cet aléa plus récurrent et les étiages posent une contrainte plus forte à la navigation.
Affluents du rebord oriental du Massif Central.
Pardé M., 1925, p.521.