Vienne : un site contraignant

Au droit de Vienne, la vallée du Rhône est étroite : elle ne dépasse que rarement un kilomètre de largeur. Elle est encadrée par deux unités de relief différentes : les contreforts du Massif Central à l’ouest et les collines du Bas-Dauphiné à l’est. Ces caractéristiques topographiques sont autant de contraintes pour l’expansion urbaine viennoise.

La ville est installée sur deux plaines limitées à l’est par les terrains métamorphiques des collines citées précédemment et drainées par les affluents est-ouest du Rhône, comme la Gère. Le centre urbain et les quartiers sud s’étendent sur une petite plaine formant une bande étroite et étirée le long du fleuve. La largeur de cette bande varie entre 500 m au niveau du centre urbain et 375 m. Les quartiers nord sont installés sur une autre petite plaine, la plaine d’Estressin. Toutes deux sont caractérisées par la présence de plusieurs terrasses fluviatiles créées en partie par l’alluvionnement du Rhône et en partie par l’apport alluvionnaire des affluents du fleuve : la Sévenne à Estressin et la Gère dans le centre urbain. Ces deux plaines sont séparées par le Mont Salomon dont la terminaison se place au contact du Rhône, réduisant la plaine à néant. Elles sont aujourd’hui pratiquement saturées par l’urbanisation qui doit se reporter sur des sites alternatifs. Ces sites sont les pentes supérieures et les sommets des collines d’une part, et la plaine de rive droite d’autre part. A l’ouest de Vienne, les communes de Sainte-Colombe et de Saint-Romain-en-Gal occupent les plaines alluviales du Rhône situées au bas des terrains cristallins et cristallophylliens du Massif Central. Elles offrent une réserve d’espace pour la croissance urbaine de Vienne.

Figure 41. L’expansion urbaine historique de l’agglomération viennoise

L’étroitesse de la vallée exerce une forte contrainte sur l’aménagement de la plaine viennoise du fait de l’exiguïté des espaces plans. Cette contrainte est visible dans la configuration du barrage de Vaugris. Contrairement aux autres aménagements construits par la C.N.R. sur le Rhône à l’aval de Lyon, celui-ci ne possède pas de canal de dérivation en raison du manque d’espace. Ses deux ouvrages principaux sont accolés : le barrage et l’usine-écluse. L’étroitesse de la plaine crée aussi une concurrence entre les acteurs locaux, source de conflits territoriaux. La C.N.R., pour ses aménagements, a été amenée à acquérir des terrains hors du Domaine Public Fluvial sur les territoires communaux. Or dans le contexte viennois, qui n’offre que peu de terrains urbanisables, l’emprise spatiale de la C.N.R. entre en concurrence avec l’urbanisation. Cela provoque de véritables conflits fonciers. Le très spécifique contexte topographique viennois explique en partie l’acuité du conflit. D’une part, le site de la plaine alluviale est presque déjà saturé par l’urbanisation à l’orée des années 1980. Les possibilités de l’expansion urbaine dans la plaine sont donc très limitées et les terrains disponibles pour l’urbanisation, très réduits. D’autre part, cette ville est en proie à une forte crise économique liée notamment à l’effondrement de son activité textile. Suite à la crise de l’industrie de la laine cardée (1952-1958), s’est produite une réduction de 24 % des emplois salariés. En conséquence, la ville fonde une partie de ses espoirs économique sur la réalisation d’une zone industrielle dans la plaine de Reventin-Vaugris. Ses intérêts économiques se heurtent ici à ceux de la C.N.R. qui a prévu l’implantation de son ouvrage dans ce même espace. Avec l’appui des services d’urbanisme et du plan, la ville réclame alors le déplacement de l’ouvrage dans la plaine aval de Gerbay ou en rive droite dans la boucle de Condrieu. La vallée concentre en outre un nombre important d’aménagements qui consomment une partie de son espace. Aux aménagements de la C.N.R. s’ajoutent les emprises de l’autoroute A7, de la route nationale 7 et des voies ferrées implantées sur les deux rives.

La croissance urbaine s’est donc réalisée essentiellement sur les plaines bordant le fleuve (Figure 41), en particulier dans la plaine sud au contact du centre urbain et au nord, dans trois espaces : le faubourg de Lyon, la vallée de la Sévenne et le long de la voie ferrée à Estressin (nord). Dès les années 1970, les rives de Sainte-Colombe s’urbanisent de manière notable, agrandissant la fenêtre fluviale de la commune, ainsi que l’ouest de la commune, le long des axes de communication.

La croissance la plus récente (depuis 1973) a comblé les espaces interstitiels non urbanisés dans les deux plaines nord et sud, créant un continuum urbain dans l’ensemble des espaces plans de rive gauche. Il faut cependant remarquer que l’urbanisation a tendance à rester en léger retrait du fleuve dont les berges sont occupées par des routes importantes. Les espaces plans étant quasiment occupés en totalité, l’urbanisation a gagné les versants de colline ainsi que la vallée de Levau. En rive droite, l’urbanisation s’est développée au pied des reliefs le long des voies de communication, en retrait du fleuve dont les rives restent agricoles.