Tarascon-Beaucaire : une distance de sécurité avec le Rhône

L’expansion contemporaine de Tarascon-Beaucaire se fait sur un espace plan. L’altitude moyenne de la plaine est de 5 m. Elle s’exhausse sur les berges à 10 m. Les seuls reliefs qui émergent au sein de cette plaine sont deux ensembles collinéens calcaires au nord et au nord-ouest de Beaucaire, aux altitudes maximales comprise entre 70 et 93 m.

Le centre historique de Tarascon se distingue par sa forme quadrangulaire dont un des côtés est établi le long du Rhône. Le centre de Beaucaire a quant à lui une forme plutôt rectangulaire étirée le long du canal du Rhône à Sète, c’est-à-dire d’est en ouest. Sa fenêtre fluviale est donc réduite. C’est le canal qui est structurant plutôt que le fleuve. Il faut noter que les deux centres se placent à proximité du Rhône sans contact direct, tout comme à Avignon. Un espace de quelques dizaines de mètres les sépare du fleuve. Seul le château de Tarascon est installé au contact direct du fleuve sur un pointement rocheux. Cet éloignement relatif constitue une distance de sécurité entre les centres historiques et le Rhône. Les aménagements de la fin du XIXème siècle (Girardon) ont provoqué le dépôt de sédiments qui forment cette zone basse inondable. Cet éloignement relatif est accentué par la forme prise par la croissance récente des deux villes.

Depuis 1972 (Figure 44), l’essentiel de la croissance de Beaucaire s’effectue en direction de l’ouest dans une portion surélevée de la plaine, atteignant jusqu’à 22 m d’altitude entre le canal au sud et les collines au nord et au nord-ouest. La ville s’étend aussi vers le sud mais cet accroissement s’élabore à distance du Rhône et non directement sur ses berges. L’extension de Tarascon se fait en direction du nord à distance du Rhône et en direction de l’est, la croissance formant ainsi un quart de cercle autour du centre historique. Quelques développements ponctuels à distance de l’agglomération sont identifiables, notamment un développement au Sud de Tarascon qui correspond au site de l’usine papetière Tembec.

Deux éléments sont donc à retenir à propos de la forme de la croissance contemporaine de Tarascon et Beaucaire. La stagnation de la dimension des fenêtres fluviales dans un contexte d’expansion urbaine traduit bien la dé-corrélation entre l’espace de l’accroissement urbain et les rives du fleuve et donc une baisse de l’intensité de la relation entre l’urbanisation et le fleuve.

Si ces deux villes forment un ensemble urbain implanté de part et d’autre du Rhône, leur croissance n’est pas symétrique pour autant. Seul l’accroissement ouest-est est commun aux deux villes. Beaucaire se distingue de Tarascon par son étirement accentué en direction de l’ouest, lié à l’influence du canal qui est un axe urbain structurant au moins en termes de forme urbaine. Tarascon s’étire en direction du nord ; cela ne se produit pas à Beaucaire du fait de la présence de collines et d’une inflexion du cours du Rhône en direction du nord-ouest.

Figure 44. L’expansion urbaine historique de l’agglomération de Tarascon-Beaucaire