Avant la période contemporaine : des aménagements ruraux très ponctuels

Les faiblesses de l’aménagement rhodanien

A l’orée du XIXème siècle, le Rhône est encore un fleuve peu aménagé. Les travaux réalisés jusqu’à la première moitié du XIXème siècle résultent pour l’essentiel d’initiatives privées visant à défendre les propriétés riveraines, et en particulier les terres agricoles, contre le risque d’érosion (revêtements de berge et éperons) et, dans une moindre mesure contre les inondations (digues). Ces travaux sont donc très limités et se restreignent aux espaces ruraux. Les berges des espaces fluvio-urbains restent globalement peu aménagées.

Autre caractéristique, ces travaux ne relèvent pas d’une logique d’ensemble. Leur construction est successive, ponctuelle et opportuniste : elle répond à des besoins locaux très ciblés. Les ingénieurs du Service Spécial du Rhône critiquent l’état de l’aménagement du Rhône avant le XIXème siècle : « malheureusement tous ces anciens ouvrages ont été construits en vue des intérêts locaux, soit sous la pression d’événements récents, soit peu à peu, suivant l’étendue des ressources disponibles et en modifiant les tracés, à mesure que le cours du fleuve se modifiait lui-même, mais toujours sans aucune vue d’ensemble, et sans préoccupation des conséquences ultérieures. » 323

L’aménagement du Rhône n’est donc ni méthodique ni systématique avant le XIXème siècle, à la différence par exemple de la Loire dont les levées modernes forment un système homogène élaboré en tant que tel à partir de la fin du XVème siècle324.

Notes
323.

Archives Départementales du Rhône, S 3305, Ministère des travaux publics, Service spécial du Rhône, Monographie du Rhône de la frontière suisse à la mer, Lyon, 1907, 74 p.

324.

Les turcies primitives et médiévales qui précèdent les levées forment un ensemble discontinu. D’après Dion R., 1961.