Les facteurs naturels et sociétaux de la faiblesse de l’aménagement

Différentes hypothèses peuvent expliquer ce modeste endiguement qui contraste avec celui de la Loire, nettement plus développé à la même époque.

L’hydrologie rhodanienne

Les spécificités du milieu rhodanien ne sont pas étrangères à cet état de fait. L’hydrologie rhodanienne se pose comme un défi pour les aménagements humains.  Les eaux rapides modifient sans cesse le fond du lit et le contour des rives par le déplacement d’énormes tonnages de matériaux. Le chenal est instable, d’où la phrase de D. Faucher (1968) : «le Rhône flotte dans son lit majeur ». Cela a forgé sa réputation de fleuve incorrigible maltraitant les quelques aménagements dont il faisait l’objet. J. Bethemont (1972) avance un autre facteur naturel défavorable à la constitution d’un aménagement d’ensemble : celui de l’existence d’un véritable morcellement de l’espace naturel rhodanien. Cet émiettement  est formé, non pas par les plaines et bassins successifs de la vallée séparés par les défilés, mais par le découpage de ces grandes unités en une multitude de petites plaines limitées par un rebord de terrasse, un cône alluvial ou encore un bras mort. Les projets d’aménagement des ingénieurs du Service Spécial du Rhône en 1860 n’en dénombrent pas moins de 128 entre la plaine de Vénissieux et celle de Vallabrègues. Il s’agit ici d’un problème géographique puisque la conception d’une éventuelle protection se posait à l’échelle de ces sous-unités, échelle totalement inadéquate à la mise en place d’un aménagement global.

Les seuls facteurs naturels ne suffisent pas à comprendre les raisons de l’absence de mise en place d’un aménagement d’ensemble. Interviennent aussi des facteurs sociétaux.