2.2.2. Le déficit des politiques édilitaires

Une tradition déficitaire

Comme on a pu le voir précédemment, les villes sont quasi-absentes de la gestion du fleuve sous l’Ancien Régime. Et la période contemporaine commence sous les mêmes auspices.

Au début du XIXème siècle, les rives urbaines du Rhône constituent un espace à l’abandon, dégradé et vétuste. A Avignon, les riverains, les entrepreneurs et les commerçants sont à l’origine de presque tous les aménagements, réparations et autres mesures prises concernant l’espace fluvial. L’initiative en matière de gestion de l’espace fluvial vient de la population et du secteur privé. La ville ne lance aucun aménagement. D’ailleurs elle n’est pas considérée comme un acteur urbain. Les demandes de travaux sont adressées principalement au préfet et dans une certaine mesure aux Ponts et Chaussées (ou alors le préfet transmet leur demande aux Ponts et Chaussées) ; le préfet transmet ensuite l’information au maire. Dans les cas de conflits avec les Ponts et Chaussées, les riverains s’en remettent au préfet, qui joue le rôle d’arbitre, et non au maire. Les demandes directement adressées au maire par les riverains sont très rares. Ce dernier n’est pas considéré comme le gestionnaire de l’espace fluvial de sa ville. En définitive, l’autorité municipale ne s’exerce que très peu sur le fleuve en matière d’aménagements ou de réparations, c’est plutôt l’autorité du département et des Ponts et Chaussées qui prime. Seule la police est une attribution assumée par la ville. Cela montre un manque d’intérêt flagrant de la ville pour son espace fluvio-urbain. On peut l’expliquer par différents facteurs. D’une part, la création du S.S.R. qui n’encourage pas les villes à prendre part à la gestion fluviale. D’autre part, les aménagements fluviaux étant très coûteux, les municipalités cherchent à éviter d’y investir.

Ce manque d’intérêt se poursuit au XXème siècle, en particulier au moment des aménagements réalisés par la C.N.R. à l’occasion desquelles un certain nombre de villes, on l’a vu, ne saisissent pas les possibilités offertes par la Compagnie. Seules les villes-annexes semblent vouloir profiter de cette occasion.