La charte de partenariat d’Arles : une logique de globalité proche de celle du projet urbain

V.N.F., la ville d’Arles et le S.Y.M.A.D.R.E.M. ont signé en février 2002, pour cinq années, une charte de partenariat dont les orientations sont les suivantes :

Le plan d’action intégré à cette charte comprend l’élaboration d’un « schéma d’usage de la façade fluviale d’Arles ». Ce qui est intéressant ici, c’est l’idée de façade fluviale, que nous avons dénommée « fenêtre fluviale » précédemment, idée qui témoigne d’une théorisation et d’une spécification de l’espace fluvio-urbain. Autre élément fondamental, c’est le retour d’une dynamique déjà connue au XIXème siècle dans le cadre de l’action du S.S.R., celle de l’affectation de fonctions bien précises à des portions de fenêtre fluviale afin de rationaliser l’espace fluvio-urbain et de l’optimiser. On retrouve ainsi une certaine continuité entre les pratiques du S.S.R. et celles de V.N.F. Ce schéma d’usage désigne un quartier fluvio-urbain comme un enjeu d’aménagement. « Les relations entre le quartier de Barriol et la ville, par les rives du Rhône et la façade fluviale d’Arles, constituent un des enjeux majeurs d’aménagement au titre du contrat de ville de la ville d’ArlesVoies Navigables de France et la ville d’Arles conviennent, en partenariat avec l’Etat, de mener une étude visant à définir un programme de travaux permettant de rétablir les liaisons urbaines entre le quartier de Barriol et le fleuve, d’une part et entre ce quartier et la ville d’autre part.»425 Le schéma d’usage prévoit aussi des équipements d’accostage pour bateaux à passagers, une réflexion sur la création d’un port de plaisance, et des objectifs concernant le transport fluvial.

Concernant le port de commerce, V.N.F., la ville et le S.Y.M.A.D.R.E.M. souhaitent développer des partenariats élargis avec la CCI, la C.N.R. et les partenaires institutionnels autour d’un projet de plate-forme quadri-modale avec pôle d’activités associé. Concernant les chantiers navals de Barriol, le but est de lancer une étude technico-économique pour replacer le chantier à l’échelle des enjeux du bassin Rhône-Saône. Enfin, les trois acteurs projettent le déplacement de la zone d’escale au quai de la Gabelle en y offrant un service complet aux bateaux et aux équipages.

Le schéma envisage aussi un objectif d’animation de l’espace fluvial qui passe par l’incitation de « tous les publics à fréquenter les quais et berges du fleuve et du canal », le développement, l’organisation et la sécurisation des occupations des quais et des berges, l’utilisation du fleuve pour faire découvrir la ville et l’incitation à la création d’un pôle culturel utilisant les thématiques de Van Gogh et du canal. La réhabilitation des quais par le S.Y.M.A.D.R.E.M., V.N.F. et la ville d’Arles se fixent pour objectifs dans ce contexte : « de faire de ces quais et berges des atouts touristiques pour la ville, d’y offrir aux Arlésiens et aux touristes des espaces de détente et de loisirs. Pour cela, ils s’entendent à assurer la mise en cohérence du programme de travaux de restauration des quais, lancé par le S.Y.M.A.D.R.E.M., avec l’ensemble des objectifs prévus dans la (…) charte ; traiter l’accès nord de la ville par le Rhône pour en faire une véritable porte fluviale ; organiser, flécher et sécuriser l’accès aux bas ports, quais et berges ; paysager des espaces. »426

Une annexe présente dans cette charte le phasage des opérations et les financements envisagés. Sur les 20 projets répertoriés, 14 sont des études ou des consultations et six des travaux à proprement parler. Ces travaux sont les suivants :

Sur ces six projets, deux concernent le canal d’Arles à Bouc, deux sont des créations d’appontements et deux valorisent les quais.

Ces projets relèvent donc plus de l’étude que de réalisations concrètes. La charte de partenariat ouvre la voie à la réflexion. Pour la période de 2002 à 2007, les aménagements concrets sur les rives arlésiennes du Rhône restent modestes. En revanche, le tournant qui s’opère est un tournant réflexif avec la prise de conscience de la nécessité de revaloriser la place du Rhône et de ses rives dans la ville. Arles est la dernière ville rhodanienne à prendre conscience de l’intérêt que présente le Rhône. En outre, c’est finalement la seule ville dont les berges ne sont pas occupées par des infrastructures de transport lourdes, le seul axe routier d’importance (RN 113) est d’orientation est-ouest et n’empiète pas sur les berges. Elle offre donc un grand champ des possibles. Le handicap réside, dans le cas arlésien, dans le financement d’éventuels aménagements.

Une partie des projets sont accompagnés de leur coût et leur financement. La moitié des projets sont présentés sans information sur leur montant. L’autre moitié totalise un coût de 54 050 450 francs dont 52 900 450 font l’objet de propositions de financement. Ces financements (Tableau 8) font apparaître la très faible participation de la ville, ce qui souligne la faible implication urbaine. La Région se positionne comme un financeur clé aux côtés du département. L’Etat est aussi très présent, surtout si on l’associe à V.N.F., plus 40 % des financements étant étatiques.

En définitive, cette charte ne constitue pas le fondement d’un véritable projet urbain car elle ne porte pas sur des tissus urbains constitués qu’il s’agirait de valoriser. Elle propose une série d’actions ponctuelles et non nécessairement reliées entre elles d’un point de vue urbanistique. La globalité propre au projet urbain est ici absente. Elle ne permet pas non plus le débat et l’échange avec la population. On se trouve ici à mi-chemin entre une logique d’aménagement sectoriel et la logique du projet urbain.

Tableau 8. Le montage financier de la charte de partenariat d’Arles
Notes
424.

Charte de partenariat, V.N.F. – Ville d’Arles – S.Y.M.A.D.R.E.M., 2002.

425.

Charte de partenariat, V.N.F. – Ville d’Arles – S.Y.M.A.D.R.E.M., 2002.

426.

Charte de partenariat, V.N.F. – Ville d’Arles – S.Y.M.A.D.R.E.M., 2002.

427.

Annexe, Charte de partenariat, V.N.F. – Ville d’Arles – S.Y.M.A.D.R.E.M., 2002.