Des précipitations exceptionnelles du 28 au 30 mai 1856

La soirée du 28 mai marque le début de très fortes pluies qui sont précédées par un vent violent venu du Sud et du S.S.O. L’averse des 28-30 mai est d’origine à la fois océanique et méditerranéenne. Elle résulte de la concordance exceptionnelle de précipitations torrentielles sur une vaste superficie dues au « passage lent d’une dépression atlantique sur la moitié septentrionale de la France, tandis que de hautes pressions englobaient à la fois l’Espagne et l’Italie »470. Le bassin rhodanien reçoit en 48 heures 100 à 110 mm d’eau atmosphérique. La pluie n’est pas d’une violence exceptionnelle sur l’ensemble du bassin de la Saône mais d’une certaine intensité sur les régions basses et méridionales de la cuvette bressane. Les précipitations sont plus intenses sur le bassin du Rhône supérieur entre Genève et Lyon, qui reçoit entre 110 et 120 mm d’eau. La zone d’intensité maximale de l’averse est le rebord oriental du Massif Central entre Tarare et Privas, le couloir rhodanien entre Le Pouzin et Trévoux, le Bas-Dauphiné et le Vercors, les bassins du Drac, de la Drôme et de la Durance supérieure en amont de Serre-Ponçon : 150 mm ont été totalisés en 48 heures. L’averse se révèle moins grave sur le domaine de l’Isère supérieure et au sud de la partie centrale du bassin. 

L’averse suit la chronologie suivante : elle démarre le 27 mai au soir sur la Saône supérieure, le 28 au matin sur le rebord oriental du Massif Central, le 28 dans la soirée sur le Rhône (entre Lyon et Valence) et le 29 au matin dans le Sud et l’Est du bassin. Son centre d’intensité se déplace lentement du NO vers le SE. La conséquence est que les précipitations les plus fortes tombent sur les grands affluents alpestres (Arve, Isère, Durance) 10 à 12 heures plus tard que sur les affluents préalpins méridionaux. L’anormale persistance des gros débits, qui est le facteur le plus décisif de la violence de la crue, s’explique par le retard des pluies sur l’Isère, la Durance et la Drôme, retard propice à des combinaisons très dangereuses entre les flots de différents groupes d’affluents, et par le rythme régulier, puissant et soutenu de l’averse pendant 24, 30 voire 36 heures.

Notes
470.

M. Pardé, 1925, vol. n°2, p. 350.