Déjà au milieu du XIXème siècle, Arles et Avignon sont deux villes très différentes, ce qui engendre des différences notables face à l’inondation, que ce soit sur le plan des surfaces inondées, de la gestion ou de la perception de la crue.
Comme nous l’avons déjà vu, Avignon est une ville située en rive gauche du Rhône qui possède durant la première moitié du XIXème siècle un territoire essentiellement urbain (l’île Piot et l’île de la Barthelasse ne lui seront rattachées qu’en juin 1856). En revanche, Arles est une ville double « duplex Arelas » selon la dénomination d’Ausone : elle occupe la rive gauche et Trinquetaille la rive droite. Son territoire immense, d’une superficie de 103 005 hectares à la fin du XIXème siècle selon P. Masson (1935), comprend, outre la ville elle-même, quatre terroirs à vocation agricole qui la différencient radicalement d’Avignon. Ces terroirs sont :
‘« Le Trébon, situé au Nord-Est d’Arles de part et d’autre de la ville de Tarascon, est limité d’une part par le Rhône, d’autre part par le territoire des communes de Tarascon et de Fontvieille (…).Etant donné que notre étude ne concerne que des problématiques urbaines, l’accent sera porté sur l’espace urbain aggloméré arlésien plus que sur ses terroirs agricoles.
La différenciation spatiale évoquée ci-avant recoupe les distinctions économiques et politiques qui caractérisent les deux villes. Avignon possède une relative importance politique et administrative puisqu’elle est le chef-lieu de la préfecture du Vaucluse. Elle comprend de nombreux jardins maraîchers à l’intérieur de ses murs au point qu’un quartier en prend la dénomination : « les Grands Jardins ». Ils se localisent essentiellement entre les remparts du XIIIème siècle (détruits, ils ont été remplacés par la rue Calade) et les remparts actuels, c’est-à-dire au Sud-Ouest, Sud et Sud-Est de la ville. Ces jardins sont irrigués par un système de multiples canaux (les Sorguettes notamment). Arles, qui n’a pas de fonction politique et administrative notable, se trouve à la tête de la Camargue et surtout en situation de commandement d’une mosaïque de terroirs agricoles. Elle fait figure de centre économique pour l’agriculture camarguaise.
Masson P. (dir.), 1935, pp. 628-630.