Avignon presque entièrement submergée

Le 31 mai à 14 heures, alors qu’une pluie battante tombe sur la ville depuis plus de 24 heures, le Rhône atteint son maximum à l’échelle du pont suspendu : 7,83 m482 soit 20,48 m483. La pente de la ligne d’eau est de 0,595 ‰ entre les points kilométriques (P.K.) 241 (porte de la Ligne) et 243484. La crue est extrêmement rapide avec une montée de 4,11 m en 45 heures du 29 mai à 17 heures au 31 mai à 14 heures.

L’inondation de la ville commence par les caves du fait de la remontée des eaux souterraines. Avec la fermeture des vannes (systématique en période de crue), la ville garde les eaux de pluie et les eaux usées, ce qui provoque de petits débordements. Les eaux pénètrent aussi en 1856 par les nombreuses fissures qui se forment dans les remparts. Le 31 mai dans la matinée, la vanne du conduit Perrot, située entre les Portes de la Ligne et de Saint-Lazare et représentée sur lafigure 49, cède et permet au flot de faire irruption dans le quartier de la Carreterie déjà inondé. Le débit qui s’écoule reste limité : entre 10 et 20 m³/s vraisemblablement. En revanche vers 15 heures, entre les portes Saint-Dominique et Saint-Roch, tout près de la digue de la Petite Hôtesse, environ 30 m de remparts s’écroulent, laissant déferler une barre dévastatrice de 1,50 m de hauteur. Les eaux atteignent rapidement une hauteur de plusieurs mètres dans les bas quartiers. L’inondation atteint 2,05 m (le 6 juin) rue Saint-Michel, 0,73 m rue Théodore Aubanel, 1,76 m à la porte de la Ligne485. Cela dit, la surface inondée intra-muros est inférieure à celle de 1840 : les eaux ne se rejoignent pas à l’angle des rues de la Préfecture et Saint-Agricol (mais la place et la cour de la Préfecture sont couvertes d’eau) ; les rues Saunerie, Banasterie et Saint-Catherine ne sont pas totalement inondées, contrairement à ce qui s’est produit en 1840. Le 4 juin, le Mémorial de Vaucluse 486, signale que « toute la plaine entre la digue du Pontet et la ligne de rochers qui dominent la rive droite est sous l’eau ». Les alentours d’Avignon sont largement submergés. Dans la nuit du vendredi 10 au samedi 11 juin, « les dernières eaux restées dans la ville se sont écoulées »487. Il ne semble pas exister d’inégalité des quartiers devant la crue puisque presque tous les quartiers sont ici touchés, mais il en va autrement à Arles.

Figure 57. Hydrogramme de la crue de 1856 à Avignon
Figure 57. Hydrogramme de la crue de 1856 à Avignon
Tableau 15. Hauteurs d’eau du Rhône à Avignon lors de la crue de 1856
Tableau 15. Hauteurs d’eau du Rhône à Avignon lors de la crue de 1856 Z 5, médiathèque Ceccano, Avignon.

Notes
482.

Le 0 correspond à 12,65 m au-dessus du niveau de la mer.

483.

Il s’agit là de la cote officielle des Ponts et Chaussées. Achard donne 8,19 m et Duhamel 8,45 m.

484.

Calcul réalisé à partir des cotes des Ponts et Chaussées, établies en 1978, soit 21,53 m au P.K. 241 et 20,34 m au P.K. 243.

485.

Ces indications sont issues des plaques et inscriptions qui figurent dans la ville.

486.

Z 5, médiathèque Ceccano, Avignon.

487.

Selon le Mémorial de Vaucluse du 12 juin, Z 5, médiathèque Ceccano, Avignon.

488.

Z 5, médiathèque Ceccano, Avignon.