Les secours

Avignon : secourir la ville

Lors de la crue, il se produit à Avignon une réorganisation fonctionnelle de la ville afin de mettre en place des secours. Le centre politique et administratif (l’Hôtel de Ville) qui se trouve hors d’eau, devient le point névralgique de toute l’organisation de la ville inondée. Ses fonctions sont adaptées aux urgences du moment. C’est ainsi que l’Hôtel de Ville se transforme en atelier de construction de barques lorsque le besoin s’en fait sentir.

Le Perron Saint-Agricol (Figure 53), transformé en débarcadère, devient le pôle logistique d’Avignon puisque c’est à partir de lui qu’est organisé le service de bateaux. C’est en ce point qu’a lieu le débarquement de l’Empereur. La centralité du quartier de l’Hôtel de Ville se trouve ainsi renforcée par les circonstances qui transforment le reste de la ville intra-muros en périphérie difficilement accessible. Selon le Conciliateur de Vaucluse ⁴⁹⁶ , l’administration a dû organiser les secours et « surtout pourvoir aux besoins les plus pressants, c’est-à-dire songer à alimenter la population. Des demandes de vivres furent donc adressées à Marseille, à Carpentras et aux populations rurales environnantes. » L’administration s’organise très rapidement. Des commissions de conseillers municipaux, auxquels sont associés deux conseillers de préfecture et les secrétaires du cabinet du préfet, sous la direction du Maire, distribuent des vivres dans tous les quartiers inondés.  La population bloquée par les eaux est alimentée grâce à des distributions de vivres par bateau. L’archevêque et un grand nombre de citoyens aident l’administration. Les autorités civiles, les autorités religieuses et les citoyens s’unissent dans l’effort mené contre l’inondation. Le Mercure aptésien, dans son numéro du 8 juin, insiste sur le « zèle des fonctionnaires publics, des ingénieurs, des magistrats, des militaires, du clergé et des corporations religieuses ». Une cohésion sociale se crée face à l’inondation et se transforme en quasi-unanimité politique lors de la venue de Napoléon III acclamée par un enthousiasme général. Toutes les classes et corps sociaux semblent faire front devant l’inondation, du moins selon les sources officielles.