Les profits : décisions et grands travaux

L’Empereur tire lui-même les enseignements de la crue de 1856 et décide d’y remédier. Il l’exprime clairement : « Monsieur le Ministre, après avoir examiné avec vous les ravages causés par les inondations, ma première préoccupation a été de rechercher les moyens de prévenir de semblables désastres. »551 C’est dans cette dynamique que vont être entrepris des travaux de défense contre les crues à Avignon et à Arles. Cependant, l’Empereur considère le système des digues comme « un palliatif onéreux pour l’Etat, imparfait pour les intérêts à protéger » et préfère envisager des travaux permettant de retarder l’écoulement des eaux grâce à des barrages ou encore des déversoirs.

Napoléon annonce un tournant en matière de défense contre les crues : un véritable système de protection efficace et générale doit être mis en œuvre. « Ce qui est arrivé après la grande inondation de 1846 doit nous servir de leçon : on a beaucoup parlé aux Chambres, on a fait des rapports très lumineux, mais aucun système n’a été adopté, aucune impulsion nettement définie n’a été donnée, et l’on s’est borné à faire des travaux partiels qui, au dire de tous les hommes de science, n’ont servi, à cause de leur défaut d’ensemble, qu’à rendre les effets du dernier fléau plus désastreux ». C’est donc une planification générale de la prévention et de la protection qui se dessine. Outre la volonté politique, c’est aussi l’importance spatiale de la catastrophe qui explique la prise de mesures nationales. La catastrophe de 1856552 n’est pas spécifiquement rhodanienne : elle a affecté aussi le bassin de la Loire. D’où l’émergence d’un corpus législatif et de programmes techniques étendus à l’ensemble du territoire.

Notes
551.

Lettre de Napoléon III au Ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics datée de Plombières le 19 juillet 1856 et publiée dans le Moniteur du 21 juillet 1856.

552.

Voir à ce sujet Société Hydrotechnique de France, 2006, 150 ème anniversaire des crues de 1856, colloque de Paris, 31 mai-1er Juin 2006, Paris, siège, 147 p.