3.2.2. L’inondation d’un espace urbain : le Trébon

L’inondation est due à une faiblesse dans le système de protection. Le 3 décembre vers 21h30, se produit une rupture par surverse à hauteur des merlons de protection de deux562 des quatre trémies563 de la voie ferrée au sud de la commune de Tarascon (Figure 64, Figure 70). Le remblai de la voie ferrée est la seule protection dont dispose le Trébon564 contre les eaux du Rhône. Ces eaux font alors irruption à l’Est de la voie ferrée, dans la partie nord de la commune d’Arles. Elles s’engouffrent d’autant plus facilement que le Trébon constitue une dépression aux altitudes comprises entre 4 et 5 m N.G.F. alors que les ségonnaux565 (à l’ouest de la voie ferrée) sont à 6 et 7 m N.G.F. Les eaux se sont trouvées piégées entre la voie ferrée à l’ouest et le canal du Vigueirat à l’est (canal surélevé par rapport à la plaine) ; elles ne pouvaient s’écouler par les deux siphons566 d’évacuation des eaux du Trébon, l’un s’étant effondré et l’autre étant partiellement obturé. Les quartiers nord d’Arles (Zone Industrielle nord, Trébon et Monplaisir), qui sont occupés par des habitations individuelles et collectives, des zones d’activités ainsi que par des bâtiments et équipements publics (piscine, écoles, prison), ont été submergés par 16 millions de m³ d’eau567 environ, avec des hauteurs d’eau allant de 60 cm à 2 m (Figure 66, Figure 67, Figure 69). Le centre-ville a été relativement épargné, à l’exception des quais qui ont été submergés et abîmés (Figure 68). L’accumulation des eaux de pluie, qui n'ont pas été évacuées en direction du Rhône à cause de la fermeture des canaux agricoles, ainsi que l’ouverture d’une brèche dans le canal du Vigueirat, ont inondé la campagne arlésienne.

Figure 64. Cartographie de l’inondation d’Arles, décembre 2003
Figure 64. Cartographie de l’inondation d’Arles, décembre 2003
Figure 65. Vue aérienne oblique d’Arles en décembre 2003
Figure 65. Vue aérienne oblique d’Arles en décembre 2003

Commentaire - Figure 65

Au premier plan, le sud de l’espace aggloméré arlésien n’est pas inondé. On aperçoit le canal d’Arles à Bouc qui dessine deux coudes. Le centre-ville est hors d’eau, tout comme Trinquetaille sur la rive droite (à gauche du grand Rhône sur la photographie). A l’arrière-plan, on distingue de gauche à droite la commune de Fourques largement inondée en rive droite du Petit Rhône. A droite, en rive gauche du Rhône, les ségonnaux sont submergés et limités par la voie ferrée sur la droite, matérialisée par son tracé rectiligne. Au-delà de la voie ferrée, le Trébon est inondé. Le canal du Vigueirat marque une limite nette dans le paysage de l’inondation : à droite du canal, les hauteurs d’eau sont bien moindres. Ce dernier a joué un rôle ambivalent lors de l’inondation. Son caractère surélevé par rapport à la plaine lui a conféré un rôle de digue. Mais il a aussi servi de drain dans le cadre des opérations de pompage puisque les eaux du Trébon ont été pompées pour être rejetées dans le Vigueirat afin d’être évacuées dans le Rhône.

Figure 66. Photographie aérienne du quartier du Trébon en décembre 2003

Commentaire - Figure 66

Les eaux du Rhône sont piégées dans le Trébon entre la voie ferrée à l’ouest et le canal du Vigueirat à l’Est car ces deux ouvrages sont surélevés par rapport à la plaine. Ce quartier périphérique, fruit d’une urbanisation récente, est composé de zones d’activités et de zones d’habitations composées d’immeubles et de pavillons.

Figure 67. La zone d’activités du Trébon sous les eaux

Commentaire - Figure 67

Cette photographie aérienne oblique est prise du Nord vers le Sud. Le Rhône est visible à l’extrême-droite de l’arrière-plan. Elle montre la partie nord du quartier du Trébon, totalement inondée. A gauche se trouve la prison avec son enceinte.

Commentaire - Figure 68

La photographie du haut est prise du Nord vers le Sud et montre le chantier de réhabilitation d’une partie du sommet du quai de la Roquette mené par le S.Y.M.A.D.R.E.M. en novembre 2003. Un tractopelle est présent à l’arrière-plan. Le sommet du quai est recouvert d’un revêtement en graviers de couleur orangée. La photographie du bas, prise du Sud vers le Nord, montre le même quai un mois plus tard, après la crue de décembre 2003. Le revêtement a été emporté par les eaux et laisse apparaître un goudron abîmé et une partie creusée autour d’une borne d’amarrage en pierre. La réhabilitation n’a pas résisté à la crue.

Figure 68. Fugace réhabilitation du quai de la Roquette
Notes
562.

Au Mas Teissier et au Mas de Barachin (ancienne gare des Ségonnaux).

563.

Passage routier sous une voie ferrée.

564.

Plaine du Nord d’Arles.

565.

Terres placées au contact direct du Rhône et inondées régulièrement. Elles sont mises en valeur par l’agriculture qui profite des dépôts du Rhône.

566.

Siphon de Flèche et siphon de Quenin

567.

Selon une estimation de la sous-préfecture.