3.2.4. Les enseignements de la catastrophe

On ne peut que constater que, sur le Bas-Rhône, six des quinze plus fortes crues enregistrées depuis 1856 sont survenues lors des dix dernières années (1993-2003) soit plus d’un tiers. Ces fortes crues se sont produites dans un contexte urbain vulnérabilisé par l’augmentation et l’expansion des surfaces urbanisées (notamment dans le Trébon). Autres facteurs de vulnérabilité : la fragilisation de la voie ferrée par la construction de deux trémies dans les années 1990 et l’apparition de dégâts d’un type nouveau liés à la récurrence des crues méditerranéennes. La rapidité de la montée et de la descente des eaux propres à ce type de crue a fragilisé les quais de la ville d’Arles (figure 73) par un phénomène de chasse des matériaux fins. Cela signifie que les caractéristiques spécifiques des crues occasionnent des dégâts particuliers et nécessitent des modifications des constructions en place sous peine de destruction. Le risque fluvial s’est donc semble-t-il modifié dans les dernières années dans la région d’Arles. Cette dernière catastrophe a eu un impact fort sur la gestion du risque en Camargue puisqu’elle a suscité l’élargissement du périmètre d’action du S.Y.M.A.D.R.E.M. à toutes les digues de Camargue en décembre 2004. Ce syndicat est désormais une structure interdépartementale (Gard et Bouches-du-Rhône) et interrégionale (Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur). La catastrophe a permis la mise en cohérence et l’unification de la gestion de ce système de digues. Il est paradoxal que l’élaboration des modalités de la prévention du risque d’inondation s’élabore, encore aujourd’hui, en réaction à une catastrophe et non comme préalable, alors même que la prévention a été érigée en principe politique.

Commentaire - Figure 73

Le sommet du quai présente des parties effondrées à cause des vides créés dans son soubassement par un phénomène de chasse des matériaux fins. Ce phénomène est dû à la rapidité de la montée et de la descente des eaux lors des crues méditerranéennes qui se sont produites en nombre durant les deux dernières décennies. Afin d’éviter cette chasse, un système de palplanches a été installé en avant du quai, sous l’eau.