La variabilité de la vulnérabilité

La vulnérabilité rhodanienne varie comme l’aléa, à la fois dans l’espace et dans le temps. La figure 75 montre le caractère hétérogène de la part de la superficie urbaine inondable d’une ville à l’autre. Elle souligne en particulier une différenciation suivant un gradient amont/aval, la part inondable des surfaces urbaines augmentant en direction de l’aval. Le risque d’inondation adopte ainsi une plus grande extension spatiale dans les villes du Bas-Rhône. Ainsi, plus des deux tiers des surfaces de Tarascon, Beaucaire et Arles présentent-elles des surfaces inondables considérables (plus des deux-tiers de leurs territoires), tandis que Vienne et Valence ont des superficies inondables modestes. Avignon se trouve dans situation médiane.

La variation spatiale de la vulnérabilité caractérise aussi chaque ville. La vulnérabilité a augmenté dans les villes du Rhône du fait du développement de l’urbanisation dans des zones inondables. Le développement économique (et urbain) des Trente Glorieuses, suivant l'aménagement du fleuve, a coïncidé avec une période dépourvue de crue majeure, conduisant à l'oubli que ces terrains mieux protégés que par le passé restaient inondables par les fortes crues. Le quartier du Trébon à Arles s’est développé des années 1970 à aujourd’hui. On peut le voir en fonction de son organisation et de ses activités (figure 67). On y retrouve des logements collectifs typiques de l’urbanisation des années 1960 et 1970, les maisons individuelles et des lotissements datant des années 1970 et 1980 ainsi que des zones d’activités contemporaines mises en place dans les décennies 1980 et 1990 (Figure 66). L'occupation humaine, qui s’est alors largement développée dans les zones inondables à la faveur de l'aménagement du fleuve est, aujourd’hui une donnée complexe imposant de fortes contraintes dans la gestion du territoire.

Cette variabilité spécifique du risque rhodanien est une donnée qui vient contraindre sa gestion. Pour être efficace et pertinente, elle doit se caractériser par une forte adaptabilité aux évolutions du risque. Or on a pu voir dans le chapitre précédent que les acteurs et les politiques urbaines rhodaniennes étaient plutôt marqués par la force de leur inertie. Qu’en est-il des politiques de gestion du risque ?

Figure 75. Risque et application de la réglementation dans les villes du Rhône : un rapport non-proportionnel