Depuis les années 1960, les aménagements de la C.N.R. ont introduit un nouveau paramètre dans la configuration du risque rhodanien. L’aménagement systématique du Rhône n’a pas pour but la réduction du risque d’inondation mais une triple vocation expliquée dans le chapitre 2 (production d’hydroélectricité, développement de l’irrigation et amélioration de la navigation). Cela dit, les retenues de la C.N.R. ont endigué le fleuve sur 150 km de longueur (soit 35 % de son cours en amont du delta). « Les digues des retenues ont soustrait des crues très fortes du Rhône, 120 km² de plaine inondable, soit près de 18 % des superficies inondées pour une crue centennale en amont du delta (type mai 1856) »585. La C.N.R. estime à 50 000 hectares la surface totale mise hors d’eau dans l’ensemble de la vallée586. Les aménagements ont donc soustrait certains espaces urbains de l’espace du risque d’inondation.
La mise en place des barrages de Bourg-lès-Valence (1968) à l’amont de Valence et de Beauchastel (1963) à l’aval a eu un impact sur le champ d’inondation. La zone inondable valentinoise s’est considérablement réduite pour une crue de 6 200 m³/sec, notamment dans le quartier de l’Epervière au sud de la ville (Figure 77). A la suite de ces aménagements et de la construction de l’autoroute A7 sur les berges du fleuve, le Plan des Zones Inondables de 1911 a été réactualisé en 1979 (Tableau 18), avec la publication d’un nouveau document de zonage « Surfaces submersibles de la vallée du Rhône dans les départements de l’Ardèche et de la Drôme au sud du confluent de l’Isère ». La publication de ce document se fait dans un contexte de calme hydrologique puisque aucune crue de période de retour supérieure à cinq ans ne se produit entre 1958 et 1991. Le risque hydrologique n’a pas suscité la réalisation de ce document. C’est plutôt la prise en compte des impacts des aménagements de la C.N.R., donc des modifications techniques, qui induit une modification du zonage officiel du risque inondation. La gestion du risque ne se fait pas ici en réaction à une forte crue mais en corrélation avec l’aménagement du fleuve.
A Beaucaire, l’absence de réactualisation dans les années 1960-1980 s’explique en partie par l’absence d’aménagement C.N.R. au contact direct de la ville et donc par la dimension plus limitée de ses impacts : Beaucaire ne bénéficie pas de la protection des digues de la C.N.R.587 Tarascon, Beaucaire et Arles ne se trouvent pas au droit d’une portion du Rhône directement aménagée par la C.N.R. Elles se situent toutes trois à l’aval de l’aménagement de Vallabrègues, dernier aménagement de la Compagnie sur le Rhône avant son embouchure. La modification de la gestion du risque d’inondation va se faire à Beaucaire dans les années 1990 en relation avec un nouvel événement hydrologique exceptionnel.
Commentaire - Figure 77
La construction par la C.N.R. des barrages de Beauchastel en 1963 puis de Bourg-lès-Valence en 1968 a restreint le champ d’inondation du Rhône. La zone C a été mise hors d’eau par ces aménagements. La basse ville de Valence, le quartier de l’Epervière au Sud, le quartier fluvial de Bourg-Lès-Valence (et notamment le quartier de l’anse Girodet, l’ancien port) et une partie de Guilherand sont à l’abri des crues inférieures à 6200 m³/s.
Territoire Rhône, Les débordements du Rhône en crue, plaquette.
Selon la C.N.R. (1981), ce chiffre incluse des protections plus ou mois fortes : totales et partielles.
Il faut noter que la C.N.R. a mis hors d’eau quelques terrains à Beaucaire par la construction de remblais. Ces derniers restent ponctuels et relativement limités.