En 2000, dans un volume de la Revue d’Histoire de l’Église de France consacré à l’historiographie religieuse, Dominique Julia soulignait que les trois dernières décennies du XXe siècle avaient vu la croissance exponentielle de l’histoire religieuse1. Il convient cependant de souligner que la diversification des champs de recherches a mis de côté la monographie diocésaine qui avait pourtant été « le genre emblématique de l’école française d’histoire religieuse, telle qu’elle s’est constituée au cours des années 1960-1970 »2 et qui reste un détour obligé pour avoir une meilleure connaissance de la situation religieuse française. En effet, un certain nombre d’études restent encore à faire dans les terres de la France périphérique, qui est aussi celle de la ferveur religieuse. Tel est le cas du diocèse d’Annecy, qui fait partie de la dernière province (exceptée l’Alsace-Lorraine) entrée sur le territoire français dans la seconde moitié du XIXe siècle.
Comme le rappelle René Rémond, l’histoire religieuse est « à la fois l’une des […] plus anciennes et l’une de celles qui ont opéré la mutation la plus profonde »3. Au XIXe siècle, un certain nombre de prêtres écrivent des monographies paroissiales dans le dessein de « réaliser une grande histoire de l’Église de France par diocèses »4. Ne sont-elles pas l’écho de celles qui sont réalisées au même moment par les instituteurs ? La monographie diocésaine reste donc pour le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, « le cadre familier de l’érudition ecclésiastique »5, tout en s’adaptant à la transformation de l’histoire religieuse. C’est donc au cours du XXe siècle que se fait le passage de l’histoire ecclésiastique – héritée de la tradition et largement écrite par des clercs ou de pieux fidèles – à l’histoire religieuse, qui dessine son profil dès la décennie 1930-1940. Elle n’a plus comme seul but d’écrire l’histoire d’une paroisse, d’un prieuré ou d’une chapelle. Cependant, jusqu’à cette date – et plus loin encore – l’influence du projet de Gallia Christiana, lancé en 1696 par les bénédictins de Saint-Maur, perdure et inspire « nombre d’entreprises érudites contemporaines »6.
En même temps que l’histoire générale rencontrait une évolution, en passant de l’école Méthodique à celle des Annales, l’histoire religieuse prenait un premier tournant au cours de la décennie 1930-1940, au moment où « la société ne pense plus sur le mode religieux »7. Selon Dominique Julia trois raisons au moins expliquent ce tournant décisif. D’abord, le travail de Lucien Febvre, sur la Réforme ; ensuite l’histoire sérielle d’Ernest Labrousse qui fait prendre conscience de l’importance des chiffres pour l’étude historique8. Enfin, le rôle de Gabriel Le Bras9, qui a « introduit un cheval de Troie dans l’historiographie ecclésiastique »10. C’est au début des années Trente qu’il lance une vaste consultation auprès de ses confrères pour connaître la pratique religieuse en France, posant ainsi les bases de ce qui allait devenir la sociologie religieuse. Indubitablement, son projet marque, et permet véritablement à l’histoire religieuse de prendre naissance ; même si en 1945, elle est encore « bien peu de chose : étriquée, repliée sur elle-même, tenue à l’écart de l’histoire générale »11.
Toutefois, la « recatholicisation des élites intellectuelles et des milieux universitaires »12 durant une trentaine d’années (1930-1960) permet l’éclosion d’une histoire religieuse, en grande partie déconfessionnalisée, et qui va connaître pendant plusieurs décennies des transformations importantes. Cette période correspond également à celle où apparaissent un certain nombre de questions au sein de l’Église. Il peut donc paraître paradoxal de constater son essor à cette période. Mais l’histoire n’est-elle pas fille de son temps ? L’historien n’éclaire-t-il pas sa lanterne à la lumière des questions de son présent ? Il n’est donc pas surprenant qu’un second tournant ait lieu au début des années 1960. En effet, c’est à cette date que se fait le passage d’une « histoire proprement cléricale à une histoire laïcisée »13, notamment avec l’arrivée à maturité d’un certain nombre de thèses, et l’occupation progressive des chaires d’histoire par des spécialistes d’histoire religieuse. Cette démarche n’est pas non plus étrangère au renouvellement général de l’histoire, notamment avec la « nouvelle histoire », qui introduit de nouveaux champs de recherche comme la culture et les mentalités.
C’est également à cette période que les études sérielles font leur entrée dans l’histoire religieuse et que le « programme de recherche lancé par G. Le Bras, en 1930, trouve un écho »14. L’enquête menée par le chanoine Boulard, au lendemain de la Seconde guerre, offre de nouvelles perspectives, et au milieu des années 1960, des initiatives mises en place par Gabriel Le Bras, Émile Poulat, Jacques Maître et François-André Isambert donnent naissance à une littérature religieuse indispensable au chercheur15. La publication d’ouvrages destinés aux historiens montre également l’importance que prend la question religieuse, mais aussi sa diversification ; que l’on pense à l’ouvrage de Jacques Gadille sur les archives diocésaines16 qui permet aux chercheurs d’appréhender un monde longtemps réservé aux seuls prêtres. Dans le même temps, Jean-Marie Mayeur dirige un ouvrage s’intéressant aux problèmes et aux méthodes de l’histoire religieuse en France à l’époque contemporaine17.
Tirant profit de tout ce renouveau, l’histoire religieuse connaît alors un nouvel engouement. Utilisant de nouveaux champs de recherche, elle intègre des apports venus d’autres disciplines, tout en se renouvelant du fait de sa déconfessionnalisation. Que l’on pense aux thèses de Jean-Marie Mayeur sur l’abbé Lemire, d’Émile Poulat sur la crise moderniste, de Charles Molette sur les débuts de l’Association Catholique de la Jeunesse Française (ACJF), ou encore de Jeanne Caron sur le Sillon18. Malgré ces travaux, la monographie diocésaine reste toujours un « détour obligé pour le chercheur »19. Pensons au travail novateur de Gérard Cholvy, sur la géographie de l’Hérault contemporain, où le recensement des pratiquants de 1962 est utilisé pour tenter de chiffrer et de comprendre la pratique dans cette région. Yves-Marie Hilaire, quant à lui, se préoccupe de la question de l’évangélisation de l’espace dans le diocèse de Lille, alors que plus tard, Nadine-Josette Chaline ajoutera à la recherche diocésaine, un « volet sur les nouveaux édifices », avec la construction des églises, leur aménagement intérieur, leur décor et leur statuaire20.
À leur suite, plusieurs travaux universitaires prendront comme cadre d’études le diocèse21, qui « possède des avantages multiples et [qui] permet tout particulièrement l’articulation de l’histoire religieuse sur les grandes études entreprises dans le cadre départemental »22. D’abord parce que les limites géographiques sont faciles à définir, ensuite parce que le cadre diocésain offre à l’historien « l’espoir […] d’achever le travail de la thèse d’État »23. Enfin, parce que c’est un moyen pour une comparaison des attitudes selon les différentes régions françaises. Le cadre monographique permet une multiplication « des angles d’approche, de l’analyse de la vie d’un diocèse au traitement d’une question spécifique (les vocations, le clergé, l’enseignement catholique […]), en passant par la confrontation des deux univers (cléricaux, anticléricaux) dont le conflit est au cœur de la vie sociale contemporaine »24.
Dans au cœur du XX e siècle religieux, Étienne Fouilloux réaffirme « que l’histoire dite religieuse appartient bel et bien à l’Histoire dite générale, qui se mutilerait en la laissant de côté »25. C’est pourquoi il importe de l’inclure dans un cadre plus général. Ce n’est sans doute pas un hasard si à la fin du XXe siècle plusieurs études se penchent sur l’influence que peut exercer la foi sur les comportements humains, notamment par rapport à la Seconde Guerre mondiale, qui elle-même connaît une croissance historiographique à cette période. Que l’on pense notamment aux travaux de Bernard Comte ou d’Étienne Fouilloux sur cette question26. Dans le même temps, les mouvements d’action catholique sont également sujets de nombreuses études27. Ce regain d’intérêt n’est-il pas en rapport avec la disparition des mouvements ?28 L’augmentation des angles d’approche de l’histoire religieuse pourrait mettre en péril l’avenir de la monographie diocésaine. Il peut donc paraître surprenant de s’intéresser au diocèse d’Annecy. Mais comme le souligne Christian Sorrel, le cadre diocésain « reste d’abord, modestement peut-être, mais non moins nécessairement, un lieu de vérification des hypothèses, le contrepoint à une vision centralisatrice de l’histoire, vite dotée d’exemplarité »29.
Devant toute cette production historiographique, certaines entités, pourtant pratiquantes, ne sont pas traitées, ou le sont de façon tardive. Tel est le cas de la Savoie, qui est longtemps restée en retrait30. En effet, à l’exception de rares ouvrages et de quelques mémoires d’étudiants, aucun travail n’avait été réalisé. Il a donc fallu attendre 1995 et la thèse de Christian Sorrel, sur le diocèse de Chambéry du Ralliement à la Seconde Guerre mondiale pour avoir une première synthèse de l’histoire religieuse savoyarde31. C’est sous sa direction qu’a été réalisé le volume savoyard du dictionnaire du monde religieux32. Il a également traité de la question religieuse dans divers ouvrages généraux sur l’histoire de la Savoie. Cela ne doit toutefois pas faire oublier qu’au début des années 1970, Jacques Lovie, alors enseignant à Chambéry, avait dirigé plusieurs travaux d’étudiants sur la question religieuse. Citons entre autres, le mémoire de Michel Rémy qui s’est intéressé à la question des Inventaires dans le département de la Haute-Savoie33. Mais c’est bien sous la direction de Christian Sorrel que les études sur le fait religieux en Savoie se multiplient. Leur variété permet d’approcher divers aspects. Il peut s’agir de la présentation du mouvement d’Action française34, de l’enquête du chanoine Boulard35 sur la pratique religieuse, comme de l’étude des mouvements d’action catholique36 ou de l’attitude du clergé face à la Seconde Guerre mondiale37. La question religieuse est également traitée depuis longtemps, dans différents travaux, notamment ceux qui s’intéressent à la question politique que l’on pense à ceux de Luc Feugère sur l’arrondissement de Saint-Julien-en-Genevois, de Michaël Stehlin sur celui de Thonon-les-Bains38. Récemment, la biographie de Paul Tapponnier39, président diocésain de l’ACJF à la veille de 1914, a également permis une approche du mouvement au niveau diocésain par le rôle joué par le président. Ces travaux ne doivent pas faire oublier que Justinien Raymond40, « élève du maître Labrousse consacre de nombreuses pages » de sa thèse à « “l’Église et la foi” […] en abordant aussi bien la hiérarchie épiscopale, le recrutement sacerdotal, l’action des laïcs, la pratique religieuse que les manifestations anticléricales »41. Bien que comportant quelques petites erreurs, le travail de Justinien Raymond a l’avantage de pouvoir proposer des documents qui ont aujourd’hui disparu. Il a pu réaliser des entretiens avec le chanoine Clavel, avec Louis Martel et a eu accès à des documents communiqués par plusieurs prêtres, qui aujourd’hui ne se trouvent pas aux archives diocésaines.
Paradoxalement, seuls quelques ouvrages s’intéressaient à l’histoire du diocèse. L’un s’inscrivant dans la collection « Histoire des diocèses de France » couvrait les époques moderne et contemporaine42, alors qu’un autre fascicule était réalisé à l’occasion du jubilé de l’an 2000. Il présentait de façon succincte l’histoire du diocèse depuis 186043. Ces deux livres n’accordaient que quelques lignes à un événement pourtant unique en France, à savoir l’exécution de cinq prêtres en 1944 pour avoir été trop favorables à Vichy44. Ces assassinats interpellent d’autant plus qu’ils sont perpétrés dans un diocèse qui reste encore très largement attaché à la pratique religieuse. Il importait donc d’avoir une vision plus large que la seule période de la guerre. D’autant plus qu’au cours du XXe siècle, le diocèse a été plusieurs fois mis sur les devants de la scène nationale ; comme en 1924, lorsque l’évêque appelle à la résistance face au Cartel des gauches. C’est pourquoi, il s’est avéré intéressant d’étudier l’histoire de ce diocèse qui est récent. Érigé en 1822, il fait partie de ceux où il n’y a pas adéquation entre limites départementales et diocésaines. En effet, huit de ses paroisses dépendent administrativement du département de la Savoie (2,6%), alors que les deux cent quatre-vingt-douze autres sont situées sur le territoire de celui de la Haute-Savoie (97,4 %)45.
Nous avons choisi de traiter l’histoire du diocèse entre la Séparation et le début du Concile de Vatican II. En France, cette période ouvre un temps nouveau qui se partage entre tensions et nouveautés. En effet, le clergé est libéré de toutes contraintes (par rapport à l’État), pour la gestion et la nomination de son personnel, mais en même temps il doit faire face à un certain nombre de crises en son sein, notamment avec les conflits liés à la Démocratie chrétienne, le modernisme ou l’Action française. Il est aussi intéressant de s’arrêter sur le « catholicisme bleu » du diocèse, c’est-à-dire que, pour le clergé, les fidèles sont de bons pratiquants mais de mauvais votants ; même si après 1918, la situation évolue. Le premier conflit mondial marque une rupture et les années qui suivent oscillent entre espoirs et désillusions. Elles voient l’éclosion de toute une génération formée par l’action catholique qui modifie le visage du diocèse jusqu’à la veille du Concile. La période de la Seconde Guerre mondiale marque également une rupture, peut-être même encore plus nette que celle de 1918. Les années d’après 1945 sont tournées à la fois vers la reconstruction, la recherche d’une affirmation de la présence catholique et de l’encouragement de la pratique. C’est un temps de mission et de remise en question qui met en évidence le fait que les interrogations apparues au Concile n’interviennent pas spontanément mais qu’elles sont le fruit d’une longue maturation dans les esprits. Il convenait donc de s’interroger sur la façon dont le diocèse réagissait face à ces différents événements et comment en un demi-siècle, il réussit à conserver son dynamisme, allant même jusqu’à devancer ses voisins savoyards ? Est-ce à cause des personnalités de ses évêques et des prêtres ? Est-ce à cause de la stature de certains laïcs engagés ? Est-ce le fruit d’une tradition ancienne de fidélité de la Savoie du Nord par rapport au reste du duché ?
Si le choix chronologique présente des jalons importants pour l’histoire de l’Église, il n’en demeure pas moins qu’ils le sont tout autant pour le diocèse d’Annecy. Cette période correspond en effet à l’intégralité de trois épiscopats et permet d’inclure la période post-1940, qui est encore trop peu étudiée46. Le premier évêque est Mgr Pierre-Lucien Campistron. Arrivé à Annecy en mars 1904, il décède en charge en août 1921. Son successeur, Mgr Florent du Bois de La Villerabel, nommé en 1921, arrive l’année suivante et reste jusqu’en 1940, date à laquelle il rejoint le siège archiépiscopal d’Aix-en-Provence. Le dernier évêque de la période concernée est Mgr Auguste Cesbron47. Intronisé en 1940, il décède en charge en juillet 1962, à quelques mois de l’ouverture du Concile. Ces nominations recoupent presque entièrement des pontificats. À l’exception de celui de Mgr Campistron, qui voit Benoît XV succéder à Pie X ; celui de Mgr du Bois de La Villerabel correspond quasi entièrement au pontificat de Pie XI, pape de l’action catholique. Alors que celui de Mgr Cesbron s’étend, entre tradition et modernité, sous ceux de Pie XII et de Jean XXIII48. Nous aurions pu choisir d’étudier le diocèse uniquement sous un épiscopat, comme cela est parfois le cas49. Cependant, nous avons jugé qu’il serait préférable de traiter la question sur plusieurs épiscopats, ce qui permet la mise en valeur des continuités et des ruptures, mais également de montrer si un évêque a plus marqué le diocèse qu’un autre. La durée moyenne d’un épiscopat au cours de la période étudiée est de dix-neuf ans50, soit une génération, cela permet également de montrer l’évolution du laïcat, en même temps que celui du clergé.
Une fois le sujet et les bornes chronologiques définis, il convenait donc de s’interroger sur les sources à notre disposition. Le début de l’étude est concomitant de la Séparation, ce qui entraîne une raréfaction des archives administratives publiques. En même temps, la fin de la période contraint le chercheur à se heurter aux déficiences des archives diocésaines, qui n’ont pas réussi à faire face à la masse de documents produits par les différents services, mouvements ou œuvres. C’est ce qu’exprimait Gérard Cholvy, préfaçant le travail de Germaine Prat, lorsqu’il écrivait : « L’historien travaille pour l’essentiel à partir des sources écrites, les “archives”. Notre chercheur se présentera dans les services officiels : les archives départementales d’abord, celles des diocèses ensuite. Et là, grande sera sa déception. Rien n’aura été conservé, rien n’aura été déposé… Les mouvements, les syndicats, les journaux, aussi travaillant dans le quotidien, se soucient peu de mettre à l’abri ce qui pourrait constituer leur histoire, à moins qu’ils ne procèdent à des destructions systématiques inspirées d’un souci de légitime prudence, ou… de celui de faire de la place »51. Même si ces propos concernent les mouvements d’action catholique, ils peuvent s’appliquer plus largement à la situation d’un diocèse et ici plus précisément celui d’Annecy. En effet, notre recherche a dû faire face à des lacunes pénalisantes. Pour tenter d’y faire face nous avons dû accorder une plus grande mise en valeur des documents religieux eux-mêmes, que l’on pense notamment aux lettres pastorales, aux bulletins religieux52 ou encore aux registres d’entrées du grand séminaire. Comme le rappelle Dominique Julia, « aucune source n’existe “en soi”. Elles demeurent toutes liées à l’historien qui les invente et qui les traite, au type de question qui leur est posé, au contexte historiographique dans lequel elles surgissent ou sont réappropriées, comme aussi au contexte plus général dans lequel l’historien les travaille »53.
Les archives nationales ne conservent que peu d’informations inédites du fait de la Séparation ; la plupart des documents concernant la Haute-Savoie ou la Savoie sont souvent des compilations de rapports adressés par les préfets, qui eux-mêmes retravaillent les comptes-rendus de leurs sous-préfets. Cependant, leur consultation s’est révélée intéressante pour la fin de la période concordataire avec la question des congrégations ou celle des écoles libres.
L’offre proposée par les archives départementales est de valeur inégale. En effet, si pour certains arrondissements, les documents émanant de la sous-préfecture sont nombreux – sans être exhaustifs – pour d’autres, ils sont plus rares. Quoi qu’il en soit ces documents, souvent composés de rapports des renseignements généraux ou des comptes-rendus des réunions, permettent d’avoir une vision extérieure de la situation du diocèse. Les déclarations d’associations, les publications légales ou encore les demandes de subventions permettent également d’obtenir des informations, tout comme les rapports relatifs aux Inventaires. Concernant la période de la Seconde Guerre mondiale, elles se révèlent être d’une grande utilité. En effet, la conservation des copies de lettres, ou encore des fiches de renseignements sur certaines personnes donnent la possibilité de retracer quelques itinéraires. Les archives judiciaires ne doivent pas non plus être négligées puisque dans le cas des meurtres de prêtres, elles permettent d’obtenir un certain nombre de renseignements. Elles se révèlent également d’une grande utilité dans le cas d’oppositions entre paroissiens et gendarmes au moment du règlement de certaines questions.
C’est donc aux archives diocésaines que la recherche s’est révélée être la plus délicate. En effet, elles sont très largement lacunaires. Pour des raisons que nous ignorons, tous les documents concernant l’épiscopat de Mgr Campistron n’ont pas été conservés, ou plutôt, ont disparu. Quelles peuvent être les raisons ? Est-ce à cause des déménagements successifs de la résidence épiscopale, suite à la Séparation ? Est-ce à cause d’un manque de place ? Un sort semblable est offert aux documents de la seconde décennie de l’épiscopat de Mgr du Bois de La Villerabel. En effet, si sa correspondance a été conservée pour les années 1921-1929, elle a disparu pour la décennie suivante. Seul l’épiscopat de Mgr Cesbron semble avoir été épargné par ces disparitions. Ce qui nous permet donc d’émettre l’hypothèse selon laquelle, les lacunes remonteraient à la Seconde Guerre mondiale. Il est possible que défense passive aie demandé à Mgr Cesbron de vider les greniers de l’évêché, situé en plein centre ancien de la ville et l’évêque se serait exécuté rapidement ; ce qui pourrait sans doute expliquer la disparition de ces documents54. Il est ainsi difficile de pallier à ces manques qui obligent le chercheur a tronquer l’histoire du diocèse. En effet, pour des événements aussi importants que la condamnation du Modernisme, du Sillon, les débuts de l’action catholique ou encore la Première Guerre mondiale, nous ne disposons que de documents officiels ; qu’il s’agisse du bulletin diocésain ou de la presse catholique. Il est donc indubitable que les informations fournies par ces documents ne donnent qu’une vision officielle de ces questions55. Pourtant, il aurait été intéressant de pouvoir connaître les avis « intimes » de l’évêque ou de ses proches collaborateurs. Ces lacunes nous contraignent à faire des suppositions qui ne peuvent pas être vérifiées. Nous pouvons également nous interroger sur le devenir des papiers des évêques56, comme ceux des vicaires généraux ou encore du chancelier ?57 Sans doute ont-ils remis à la famille ou aux exécuteurs testamentaires, ou alors se trouvent-ils encore dans les locaux de l’évêché, dans des armoires fermées à clés ? Quelques documents se retrouvent à l’Académie Salésienne, où pendant longtemps les membres ont été des prêtres. Il est alors possible de penser qu’il y a eu une « confusion » entre leurs archives personnelles et celles de l’Église. Mais quoi qu’il en soit cela ne peut expliquer l’importante disparition des archives.
Une situation semblable se retrouve pour les archives des mouvements, qui, pour un certain nombre, ont disparu sans doute au cours du dernier déménagement58 ; comme la collection complète du journal de la JAC diocésaine59. Sans doute est-ce également à cette occasion que l’enregistrement sonore des souvenirs du chanoine Clavel, aumônier de l’ACJF durant l’entre-deux-guerres, a disparu. Il nous est connu par les propos de Mgr Sauvage, tenus en 1970. À l’occasion du décès du chanoine Clavel, l’évêque d’Annecy rappelle la chance de posséder une tranche importante de l’histoire des mouvements spécialisés rapportée par la bouche même de leur instigateur dans le diocèse60.
En 1971, Émile Poulat s’intéressant à la question des « semaines religieuses » écrivait qu’elles risquaient « fort de décevoir l’historien en vue duquel elles ont pourtant explicitement travaillé. Elles peuvent sans doute lui faire gagner du temps, en lui préparant des matériaux et en lui suggérant des pistes. Mais que contiennent-elles qu’on ne puisse trouver ailleurs, et ce qu’elles contiennent sort-il du domaine de l’information courante ? »61 Dans le cas présent, et en partie, le dépouillement systématique du bulletin diocésain permet de pallier les lacunes des archives62. La Revue du Diocèse d’Annecy est plutôt neutre, même si parfois des évêques ont pu prendre des positions plus ou moins affirmées dans ses colonnes. Celle qui reste avant tout le lien privilégié entre l’évêque et ses prêtres est lue exclusivement par un lectorat ecclésiastique. C’est pourquoi il a fallu compléter cette approche de la presse par le dépouillement des journaux catholiques comme La Croix de la Haute-Savoie, L’indicateur de la Savoie et par celle des journaux d’opposition63. Les informations ainsi recueillies apportent un complément à la recherche, mais il convient de rester prudent et vigilant puisque chacun des partis tient des propos engagés.
Pour remédier aux lacunes, notamment par rapport aux archives des mouvements, nous avons réalisé des entretiens avec des militants. Mais ceux-ci doivent être menés avec prudence et ils ne peuvent guère s’appliquer pour combler les manques relatifs au début des mouvements spécialisés64. Des entretiens ont également été réalisés pour tenter de remédier aux lacunes de la Seconde Guerre mondiale, notamment par l’entrevue de résistants, de miliciens ou de personnes issues des familles.
L’étude de l’évolution du diocèse d’Annecy entre la Séparation et le Concile de Vatican II se fait entre quatre temps. Les deux premiers correspondent à deux épiscopats entiers, ceux de Mgr Campistron (1904-1921) et de Mgr du Bois de La Villerabel (1921-1940), alors que celui de Mgr Cesbron (1940-1962) est coupé en deux temps. Ce choix se justifie par le fait que les nominations correspondent à des césures pour l’histoire de l’Église, en même temps qu’elles couvrent des pontificats quasi entièrement. En effet, la première partie de notre étude s’intéresse à la réorganisation opérée au lendemain de la Séparation des Églises et où les Inventaires sont un élément révélateur du catholicisme bleu du diocèse d’Annecy. Cette reconstruction ne se fait pas sans quelques crises et tensions (Modernisme, Démocratie chrétienne, Action Française), tout en ouvrant la mobilisation du laïcat aux côtés du clergé. Elle se termine par la Première Guerre mondiale qui marque une rupture. Un temps nouveau s’ouvre avec Mgr du Bois de La Villerabel, dont l’épiscopat est concomitant du pontificat de Pie XI. Ce jeune évêque marque de son emprise le diocèse, par ses initiatives et ses prises de position, parfois audacieuses. Il donne un élan certain à l’action catholique et pose les bases d’un dynamisme qui perdure. La troisième partie de notre travail s’intéressera à la Seconde Guerre mondiale qui marque une étape dans la vie du diocèse. En effet, peut-être plus encore que la Première Guerre, elle est une rupture, tout en se révélant être un tremplin pour un certain nombre de domaines, notamment pour l’action catholique. Enfin, la dernière partie présentera les évolutions du diocèse. En effet, Mgr Cesbron porte un intérêt particulier à l’avenir de son diocèse et il prend un certain nombre de mesures pour lui permettre de conserver son dynamisme, même si l’ACJF connaît une crise.
d. julia, « Sources nouvelles, sources revisitées. Le traitement des sources dans l’historiographie religieuse du XXe siècle », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 86, juillet-décembre 2000, p. 409.
c. sorrel, « Échelles et espaces : le diocèse. Réflexions sur l’historiographie française contemporaine », in pellistrandi (Benoît) (éd.), L’histoire religieuse en France et en Espagne, colloque de la Casa de Velasquez (87), Madrid, 2004, p. 225.
r. remond, « L’histoire religieuse de la France au XXe siècle », Vingtième Siècle, Revue d’histoire, n° 17, 1988, p. 94.
m. venard, « L’histoire religieuse dans l’histoire de la France au XXe siècle, les curiosités et les attentes d’un public », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 86, juillet-décembre 2000, p. 329. Il convient de rappeler les difficultés rencontrées par des laïcs pour avoir accès aux archives, ce qui explique également que les prêtres soient les historiens de l’Église.
c. sorrel, Les catholiques savoyards. Histoire du diocèse de Chambéry, 1890-1940, Montmélian, La Fontaine de Siloë, 1995, p. 9.
c. sorrel, « Échelles et espaces : le diocèse. Réflexions sur l’historiographie française contemporaine », in pellistrandi (Benoît) (éd.), L’histoire religieuse en France et en Espagne, colloque de la Casa de Velasquez (87), Madrid, 2004, p. 227.
d. julia, « Sources nouvelles, sources revisitées. Le traitement des sources dans l’historiographie religieuse du XXe siècle », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 86, juillet-décembre 2000, p. 418. Il est également intéressant de souligner que les monographies paroissiales s’inscrivaient alors que l’école méthodique de Monod était en pleine apogée. Cette dernière a d’ailleurs été critiquée pour son nationalisme et son anticléricalisme.
Si elle trouve rapidement un écho dans l’histoire économique, elle mettra plus de temps à pénétrer l’histoire religieuse.
Voir d. julia, « Un passeur de frontières : Gabriel Le Bras et l’enquête sur la pratique religieuse en France », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 92, juillet-décembre 2006, p. 381-413.
d. julia, « Sources nouvelles, sources revisitées. Le traitement des sources dans l’historiographie religieuse du XXe siècle », Revue d’Histoire de l’Église de France, t. 86, juillet-décembre 2000, p. 424.
r. remond, « L’histoire religieuse de la France au XXe siècle », Vingtième Siècle, Revue d’histoire, n° 17, 1988, p. 94.
Ibid., p. 97.
d. julia, « Sources nouvelles, sources revisitées. Le traitement des sources dans l’historiographie religieuse du XXe siècle », RHEF…, op. cit., p. 414.
Ibid., p. 428.
Que l’on pense à f.-a. isambert, j.-p. terrenoire , Atlas de la pratique religieuse des catholiques en France, PFNSP/CNRS, 1980, 187 p. et aux Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, sous la direction de F. Boulard, Y.-M. Hilaire et G. Cholvy. Trois tomes sont parus, le quatrième concernant la région Sud-Est doit paraître.
j. gadille, Guide des archives diocésaines françaises, Lyon, Centre d’histoire du catholicisme, 1971, 166 p.
j.-m. mayeur, dir., L’histoire religieuse en France, XIX e -XX e . Problèmes et méthodes, Paris, Ed. Beauchesne, 1975, 290 p.
j.-m. mayeur, Un prêtre démocrate, l’abbé Lemire (1853-1928), Paris, Casterman, 1968, 698 p. ; e. poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste, Paris, Casterman, 1962, 606 p. ; c. molette, L’Association Catholique de la Jeunesse Française, 1886-1907, une prise de conscience du laïcat catholique, Paris, A. Colin, 1968, 815 p. ; j. caron Le Sillon et la Démocratie Chrétienne (1894-1910), Thèse de doctorat, Paris, Plon, 1967, 798 p. Il aurait été impossible de traiter ces sujets dans les années Trente.
c. sorrel, Les catholiques Savoyards…, op. cit., p. 9.
r. remond, « L’histoire religieuse de la France au XXe siècle », Vingtième Siècle, Revue d’histoire…, op. cit., p. 99.
Sur l’historiographie de la monographie diocésaine voir c. sorrel, « Échelles et espaces : le diocèse. Réflexions sur l’historiographie française contemporaine », in pellistrandi (Benoît) (éd.), L’histoire religieuse en France et en Espagne, colloque de la Casa de Velasquez (87), Madrid, 2004, p. 225-247.
cl. langlois, j.-m mayeur, « Sur l’histoire religieuse contemporaine », Revue historique, n° 512, 1974, p. 438. Christian Sorrel rappelle à ce propos que « la promotion du diocèse au service de la nouvelle histoire religieuse a en effet pour parallèle celle du département dans le domaine de l’histoire économique et sociale, dont Ernest Labrousse est alors le patron incontesté ». c. sorrel, « Échelles et espaces : le diocèse. Réflexions sur l’historiographie française contemporaine », in pellistrandi (Benoît) (éd.), L’histoire religieuse en France et en Espagne…, op. cit.,p. 230.
d. julia, « Sources nouvelles, sources revisitées. Le traitement des sources dans l’historiographie religieuse du XXe siècle », RHEF…, op. cit., p. 429.
c. sorrel, « Échelles et espaces : le diocèse. Réflexions sur l’historiographie française contemporaine », in pellistrandi (Benoît) (éd.), L’histoire religieuse en France et en Espagne…, op. cit.,p. 230. En 1997, un colloque tenu à Blois s’intéressait au diocèse. Les actes ont été publiés sous la direction de Gérald Chaix sous le titre Le diocèse. Espaces, représentations, pouvoirs (France, XV e - XX e ), Paris, Éd. du Cerf, 2002, 450 p.
e. fouilloux , Au cœur du XX e siècle religieux, Paris, Éd. Ouvrières, 1993, p. 20.
b. comte, L’honneur et la conscience, les catholiques français en résistance 1940-1944, Paris, Éd.de l’Atelier, 1998, 303 p.
e. fouilloux, Les chrétiens français entre crise et libération 1937-1947, Paris, Le Seuil, 1997, 287 p. et « Église catholique et Seconde Guerre mondiale », Vingtième siècle, Revue d’histoire, n° 73, Presses de Sciences politiques, janvier-mars 2002, p. 111-123.
Le livre de Jacques Duquesne, paru en 1966, sur les Catholiques sous l’occupation avait également ouvert la voie, mais celle-ci avait dû attendre encore pour trouver une place dans l’historiographie. À l’exception de quelques articles dont celui de Claude Langlois, en 1971, sur les semaines religieuses, il faut attendre la fin des années 1970 et les décennies suivante pour que l’approche religieuse de la guerre soit évoquée. Que l’on pense aux colloques de 1978 et de 1982 qui portaient sur les catholiques pendant la Seconde Guerre mondiale, en Rhône-Alpes et en France.
v. adoumie, L’ action catholique dans le diocèse d’Aire-Dax (1930-1965), Thèse, Université de Bordeaux, 1993, 575 p.
Yvon Tranvouez rappelle que « maintenant que l’action catholique a fait son temps, que ce qu’il reste des forces vives dans l’Église se situe de toute évidence ailleurs, il semble naturel d’en écrire l’histoire ». y. tranvouez, « L’action catholique, un échec religieux ? À propos des jacistes du Finistère », in b. waché, dir., Militants catholiques de l’Ouest. De l’action religieuse aux nouveaux militantismes, XIX e -XX e siècle, Rennes, PUR, 2004, p. 185. En 2006, la publication de l’ouvrage d’Alain-René Michel sur l’ACJF au XXe siècle comble un vide ancien puisque la thèse de Charles Molette traitait l’histoire de l’Association de 1886 à 1907. a.-r. michel, Catholiques en démocratie, Paris, Éd. du Cerf, 2006, 726 p.
c. sorrel, « Échelles et espaces : le diocèse. Réflexions sur l’historiographie française contemporaine », in pellistrandi (Benoît) (éd.), L’histoire religieuse en France et en Espagne…, op. cit.,p. 236.
Si l’on compare la situation savoyarde à celle de la Bretagne, nous pouvons constater que les terres bretonnes sont mieux connues. Que l’on pense à la thèse de Michel Lagrée, publiée en 1992 sous le titre Religion et cultures en Bretagne, 1850-1950, Paris, Fayard, 601 p. Les travaux d’Yvon Tranvouez permettent également une approche de la question religieuse en Bretagne.
Christian Sorrel rappelle que son travail est une « première étape d’une approche globale du fait religieux savoyard contemporain, qui n’a pas encore suscité des entreprises historiques de même ampleur qu’en Bretagne ou en Limousin, pour ne retenir que deux situations religieuses fort contrastées ». c. sorrel, Les catholiques savoyards…, op. cit., p. 9.
c. sorrel, dir., Dictionnaire du monde religieux, La Savoie, Paris, Beauchesne, 1996.
r. michel, Les inventaires et l’opinion dans le département de la Haute-Savoie (Janvier-Novembre 1906), TER, Centre universitaire de Savoie, 1972, 324 p. L’année suivante Jacques Lovie dirige le mémoire de Simone Curtillat sur La séparation de l’Église et de l’État et l’opinion d’après les journaux dans le diocèse de Tarentaise 1903-1907, 260 p. Ces mémoires s’inscrivent dans les préoccupations d’alors puisqu’ils font suite aux travaux de J.-M. Mayeur ou d’A. Rivet sur les Inventaires à la même période.
m. juppet, L’action française en Savoie, mémoire de Master 1, Université de Savoie, 2006, 169 p.
n. broisat, Le diocèse d’Annecy à l’heure Boulard, 1955-1965, Mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 1997, 2 vol., 70 et 174 p.
s. provencal, L’Action catholique masculine dans le diocèse d’Annecy (1930-1940), mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 1996, 87 p. ; a. babad, Mouvements de jeunesse masculins dans le diocèse d’Annecy dans la première moitié du XX e siècle : l’ACJF de 1901 à 1931,mémoire de DEA, Université de Savoie, 1997, 100 p. ; a. giuge, La Ligue patriotique des Françaises 1914-1945. Éclairage du mouvement en Savoie et Haute-Savoie, mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 2002, 200 p. ; e. deloche, Les Mouvements d’action catholique et la guerre. Jalons pour une étude dans le diocèse d’Annecy, 1937-1947, mémoire de master II, Université de Savoie, 2004, 168 p.
e. deloche, Le clergé haut-savoyard et la guerre de 1939-1945, mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 2003, 199 p.
l. feugere, L’arrondissement dans la République. La vie politique dans l’Arrondissement de Saint-Julien-en-Genevois, Mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 1986, 185 p. ; m. stehlin, La vie politique dans l’arrondissement de Thonon-les-Bains (1870-1914), Mémoire de maîtrise, Université de Savoie, 2003, 182 p.
j. joly, Paul Tapponnier (1884-1970). Du militant catholique à l’action politique, Mémoire de Master, Université de Savoie, 2007, 459 p.
j. raymond, La Haute-Savoie sous la III e République, Histoire économique, sociale et politique, Seyssel, Atelier National de reproduction de thèses, Éd. Champ Vallon, 1984, 2 tomes. Pierre Barral traite un sujet semblable, Le département de l’Isère sous la Troisième République, 1870-1940, Paris, A. Colin, 1962, 597 p.
b. dumons, « Histoire sociale et histoire religieuse, deux sœurs ennemies ? Un essai de relecture historiographique pour la France contemporaine », Revue d’histoire de l’Église de France, t. 86, juillet-décembre 2000, p. 564.
h. baud, dir., Histoire du diocèse Genève-Annecy, Histoire des diocèses de France, n° 19, Paris, Beauchesne, 1985, 331 p. Cette collection a débuté au milieu des années 1970.
r. barcelini, f. paoli, d. turpault, Histoire du diocèse d’Annecy, 1860-2000, Seynod, 2000, 84 p.
L’un des premiers à évoquer de façon plus détaillée ces assassinats est Paul Abrahams, dans la thèse qu’il consacre à la Haute-Savoie au temps de Vichy. Longtemps conservée dans sa version anglaise sous le titre : Haute-Savoie at war 1939-1945, AE dissertation submitted for the degree of PH.D at University of Cambridge, Cambridge, 1991, 321 p. Elle n’a été publiée qu’en 2006, sous le titre La Haute-Savoie contre elle-même : 1939-1945, Les Hauts-Savoyards vus par l’administration de Vichy, Saint-Julien-en-Genevois, La Salévienne, Thonon-les-Bains, Académie Chablaisienne, Imp. Chirat, 2006, 372 p.
Pour la présentation géographique et administrative (laïque et religieuse) du diocèse voir les annexes nos 1 à 11.
Christian Sorrel rappelle qu’il « faut souligner la rareté des études diocésaines incluant les années 1939-1945, toujours chargées d’enjeux de mémoire peu propices à l’ouverture des archives ». c. sorrel, « Échelles et espaces : le diocèse. Réflexions sur l’historiographie française contemporaine », in pellistrandi (Benoît) (éd.), L’histoire religieuse en France et en Espagne…, op. cit.,p. 237, note 87.
Voir annexe n° 11.
Les pontificats sont : Pie X (1903-1914), Benoît XV (1914-1922), Pie XI (1922-1939), Pie XII (1939-1958) et Jean XXIII (1958-1963).
Que l’on pense à la thèse de Jean-Philippe Bon sur Le diocèse de La Rochelle-Saintes sous l’épiscopat de Mgr Eyssautier (1906-1923), réorganisation et orientations pastorales au lendemain de la séparation des Églises et de l’État, Thèse, Strasbourg III, Décembre 1999, 487 p.
En incluant l’épiscopat de Mgr Isoard (22 ans), prédécesseur de Mgr Campistron et ceux de NN. SS. Sauvage (21 ans) et de Barbier (16 ans), successeurs de Mgr Cesbron, la moyenne d’un épiscopat serait de 19 ans et demi.
g. cholvy, « Préface », in g. prat , L’ACR dans l’Hérault, de la JAC au MRJC, mémoire d’études supérieures, Montpellier, 1977.
Les lettes pastorales de la période 1914-1918 ont été utilisées par Jacques Fontana dans son étude sur Les Catholiques français pendant la Grande Guerre, Paris, Ed. Cerf, 1990, 440 p. ; e. poulat, Les semaines religieuses : approche socio-historique et bibliographique des bulletins diocésains français, Centre d’histoire du catholicisme, Université Lyon II, Lyon, 1973, 100 p. ; cl. langlois, « Le régime de Vichy et le clergé d’après les “semaines religieuses” des diocèses de zone libre », Revue française de sciences politiques, n° 22, 1972, p. 750-774 ; j. bouquet, « Une source négligée : les bulletins paroissiaux. L’exemple du Poitou (1905-1939) », Revue d’histoire de l’Église de France, t. 86, juillet-décembre 2000, p. 513-516.
d. julia, « Sources nouvelles, sources revisitées. Le traitement des sources dans l’historiographie religieuse du XXe siècle », RHEF…, op. cit., p. 410.
Ceux de la première partie de l’épiscopat de Mgr du Bois de La Villerabel auraient peut-être été conservés dans un lieu différent.
Christian Sorrel écrit à ce propos que « l’historien “inventeur” d’archives ne pourra jamais reconstituer totalement les fonds dispersés. Il doit donc, trop souvent à son gré, se contenter de sources partielles ou recourir à des documents imprimés présentant un discours officiel qu’il faut savoir décrypte jusque – et parfois surtout – dans ses silences : l’art du non-dit, sans être un monopole ecclésiastique, a néanmoins été fréquemment pratiqué dans l’Église catholique ». c. sorrel, Les catholiques…, op. cit., p. 11.
Mgr du Bois de La Villerabel ayant quitté le diocèse pour rejoindre celui d’Aix-en-Provence, nous avons contacté l’archiviste aixoise qui nous a informé que les papiers de l’archevêque avait été brûlés à la Libération.
Rares sont les papiers des prêtres à être conservés aux archives diocésaines.
L’ancienne secrétaire des mouvements a eu la gentillesse de nous aider dans la recherche de ces documents, mais malgré cela ils restent toujours introuvables.
Nous avons eu connaissance de ce journal par les archives départementales qui conservent un numéro qui a été l’objet de la censure au cours de la Seconde Guerre mondiale. De plus, une élève de Christian Sorrel avait débuté un travail de dépouillement de ce journal, avant le déménagement.
Questions et réponses. Centrale catholique des conférences. Mgr Alfred-Denis Clavel (1883-1970), numéro spécial, 1970, 68 p.
e. poulat, Les semaines religieuses : approche socio-historique et bibliographique des bulletins diocésains français, Centre d’histoire du catholicisme, Université Lyon II, Lyon, 1973, p. 24.
La vision qu’il donne n’est pas objective puisque sur certaines questions la Revue reste la seule source. Il est donc impossible, à moins que des documents ne soient retrouvés, de vérifier ou de recouper certaines informations.
L’étude de ces journaux permet d’avoir une approche de l’information qui est reçue par les fidèles, puisqu’ils ne lisent pas la Revue du Diocèse d’Annecy.
Laurent Ducerf qui a consacré sa thèse à François de Menthon n’évoque que peu la renaissance de l’ACJF diocésaine après 1918. Son travail a été publié sous le titre : François de Menthon, un catholique au service de la République (1900-1984), Paris, Éd. du Cerf, 2006, 508 p.