Un diocèse de la Séparation aux années Vingt

Le XXe siècle s’ouvre sous des auspices difficiles pour le diocèse d’Annecy. En effet, en 1901, il perd son évêque, Mgr Isoard, qui n’a eu de cesse de s’attacher à la défense de la religion, à la formation de son clergé et au maintien de la pratique dans le diocèse. Ce décès ouvre la vacance du siège épiscopal, en même temps qu’elle donne l’occasion au président du Conseil de relancer la querelle du Nobis Nominavit. Ce n’est donc qu’en 1904 qu’un nouvel évêque arrive à Annecy mais à peine est-il installé qu’il doit faire face aux questions nées de la loi de Séparation des Églises et de l’État. Cette dernière est concomitante des tensions qui sont encore perceptibles autour de la question des congrégations. La première décennie du XXe siècle est donc placée sous le signe d’une lutte pour la défense religieuse. Le nouvel évêque, Mgr Campistron, doit réorganiser son diocèse, tout en invitant les laïcs à participer à cette réorganisation. L’action catholique connaît des débuts prometteurs même si une certaine concurrence a pu apparaître avec le Sillon, le mouvement de Marc Sangnier, qui est condamné par Mgr Campistron en 1909. Des tensions apparaissent donc au sein du catholicisme savoyard avec l’Action française, alors que la crise moderniste n’épargne pas le diocèse, même si son impact semble plus limité que dans d’autres régions. C’est donc un diocèse encore largement encore imprégné d’une ferveur religieuse qui célèbre la translation des reliques de saint François de Sales et de sainte Jeanne de Chantal à la veille de la Première Guerre mondiale. Cette dernière marque d’ailleurs pour un temps, la fin des oppositions et des luttes religieuses et l’apparition de nouveaux rapports avec le clergé. Ces deux décennies posent les bases sur lesquelles le diocèse n’aura de cesse d’évoluer tout au long de la période.

L’étude de cette période allant de la Séparation au début des années Vingt se fera en trois temps. Cependant, afin de mieux comprendre les schémas qui se retrouvent tout au long de la période étudiée nous débuterons par un bref rappel de ses aspects géographique, historique, religieux ou encore économique. D’abord, il convient de s’intéresser à la situation du diocèse au cours de la première décennie de l’épiscopat de Mgr Campistron qui se partage entre la Séparation des Églises et de l’État, la réorganisation qui suit et les conflits qui demeurent autour de la question congréganiste, notamment. C’est en partie pour répondre à ce contexte mouvementé et à cette réorganisation que des mouvements de défense religieuse se mettent en place, et les laïcs sont nombreux à y prendre une part active dans ces organisations. C’est ce que nous étudierons dans un second temps en nous arrêtant sur la mobilisation de la jeunesse, des hommes et des femmes, avant d’évoquer la translation des reliques des saints fondateurs de la Visitation. Pour clore cette première décennie de l’épiscopat de Mgr Campistron, nous nous arrêterons sur les affrontements qui apparaissent au sein du catholicisme, autour du modernisme et de l’intégrisme ainsi qu’avec la question de l’Action française. La Première Guerre mondiale sera le troisième et dernier temps de notre étude, nous évoquerons les moyens mis en œuvre pour faire face à la situation, qui laisse d’ailleurs entrevoir un possible retour aux autels. Puis, la rencontre avec le front et les solidarités qui y sont nées seront évoquées avant de dresser un bilan du conflit pour le diocèse.