I. Un diocèse à l’heure de la Séparation

En 1905, le diocèse d’Annecy est récent. Sa naissance remonte à la restauration sarde. Le XIXe siècle est riche en événements pour la Savoie. En effet, c’est au cours de cette période que se posent les questions de l’avenir de la Province. Avec la montée des nationalismes, la Savoie ne reste pas en dehors des idées de son temps, et en 1860 a lieu son entrée dans la France de Napoléon III. Le clergé prend part aux débats. Si les premières années en France ont pu paraître une période faste pour lui, l’avènement de la République marque le début des luttes incessantes, qui perdurent pendant plusieurs décennies. Les premières mesures touchent les congrégations avant que le président du Conseil ne s’intéresse à la question de la nomination des évêques et qu’il ne retarde la nomination de celui d’Annecy. L’arrivée d’un nouveau chef pour le diocèse marque également les dernières tensions concordataires, qui annoncent la rupture du Concordat. Jusqu’à cette date, les nominations épiscopales sont faites par le gouvernement65. Les catholiques ne savent pas encore comment se passera cette Séparation qui met fin à plus d’un siècle d’entente, parfois malaisée, entre le temporel et le spirituel. L’application de la loi du 9 décembre 1905 donne lieu à quelques résistances dans le diocèse, mais rien de comparable à certaines régions françaises. La Séparation n’est pas sans poser un certain nombre de problème pour les catholiques qui s’inquiètent à la fois pour leur patrimoine (églises et presbytères) mais également pour la célébration même du culte ou le recrutement des séminaristes. Jusqu’à la veille du conflit, les questions des congrégations et de l’école sont d’actualité.

Notes
65.

Les évêques sont nommés par le gouvernement. Comme l’ensemble du clergé, ils sont salariés de l’État.