2. Érection du diocèse d’Annecy

La question de l’établissement d’un siège épiscopal à Annecy avait déjà été évoquée lors des tourments révolutionnaires, mais rien n’avait pu être réalisé, Chambéry ayant obtenu le siège81. Ce n’est qu’en mars 1820 que l’affaire, portée à la Cour par deux notables influents – le comte Paul-François de Sales et le baron Falquet –, eut des chances d’aboutir. L’archevêque de Chambéry, Mgr Desolle, craignant de perdre trop de paroisses, voit la restauration du diocèse de Genève avec bien peu d’enthousiasme. Il est également prévu de recréer les anciens diocèses de Tarentaise (Moûtiers) et de Maurienne (Saint-Jean-de-Maurienne)82. Mgr Dessolle, finalement d’accord pour qu’Annecy devienne un diocèse, émet deux conditions : que « le personnel des deux diocèses [soit] conservé dans l’état actuel »83 et – pour des raisons de vocations – que Rumilly84 et les paroisses de la rive gauche du Chéran85 restent au diocèse de Chambéry.

C’est la bulle Sollicita catholici gregis, du 15 février 1822 qui érige le diocèse d’Annecy86. Le 27 avril 1823, le premier évêque, Mgr de Thiollaz87, est sacré en la cathédrale de Turin. Il doit attendre 1824 avant de pouvoir prendre possession de sa cathédrale88, transformée en église paroissiale aux temps concordataires. Le diocèse compte deux cent soixante dix-sept89 paroisses et il est le plus peuplé des quatre diocèses savoyards : il compte 235 768 habitants, alors que ceux de Chambéry, Moûtiers, Saint-Jean-de-Maurienne n’en comptent respectivement que 147 330 ; 59 536 et 57 33190.

Notes
81.

En 1817, par la bulle du 17 juillet, Chambéry, soustrait à la métropole lyonnaise, est érigé en archevêché.

82.

Ces deux diocèses ne seront reconstitués que le 5 août 1825.

83.

h. baud, Histoire du diocèse d’Annecy-Genève…, op. cit., p. 204.

84.

Mgr Dessolle écrit qu’il souhaite garder Rumilly à cause du « petit séminaire qu ’il y a établi et des vocations à l’état ecclésiastique bien plus nombreuses dans le diocèse d’Annecy », in h. baud, Histoire du diocèse…, op. cit., p. 204

85.

Il s’agit de Marigny-Saint-Marcel, Bloye, Moye, Cusy, Lornay, Chainaz-les-Frasses, Héry-sur-Alby, Saint-Félix, Massingy, Rumilly.

86.

Mgr Dessolle aurait souhaité que le nouveau diocèse prenne le nom de saint François de Sales.

87.

Mgr Claude-François de Thiollaz naît à Chaumont en 1752. Voir c. sorrel, dir., Dictionnaire du monde religieux…, La Savoie, op. cit., p. 385-387, ch.-m. rebord, Dictionnaire…, op. cit., t. 2, p. 739; h. baud, Histoire du diocèse…, op. cit., p. 202-209, n. albert, « Histoire de Mgr Claude-François de Thiollaz, premier évêque d’Annecy (1822-1832), et du rétablissement de ce siège épiscopal (1814-1824) », Mémoires et Documents de l’Académie Salésienne, t. 30-31, 1907-1908.

88.

C’est par le rescrit Postquam felicis du 12 mai 1824 qu’est aboli le titre paroissial dans l’église cathédrale, la paroisse est alors transférée dans la collégiale Notre-Dame de Liesse, in n. albert, « Histoire de Mgr de Thiollaz »…, op. cit., t. 2, p. 100-102.

89.

Outre les paroisses de la banlieue de Rumilly pour le diocèse Chambéry, Annecy doit donner au diocèse de Tarentaise les paroisses de Thénésol et d’Allondaz.

90.

h. baud, Histoire du diocèse…, op. cit., p. 206.