b. Les problèmes de l’école

Les écoles congréganistes disparaissent, ou sont rouvertes par sécularisation du personnel. En 1911, il n’y a plus aucune école privée congréganiste812 dans le diocèse. Il est nécessaire de (ré)organiser le réseau scolaire religieux, même si peu d’écoles libres sont présentes sur le territoire diocésain. C’est donc bien autour de l’école « sans Dieu » que portent les débats des années d’avant 1914. L’école communale, celle de la République, est présente dans plus de 90 % des paroisses. Entre 1883 et 1914, le nombre d’écoles primaires publiques passe de sept cent huit à huit cent quarante, alors que cette tendance s’inverse nettement pour les écoles primaires privées. Les mesures prises contre les congrégations ne sont pas étrangères à ce phénomène. Si deux cents écoles privées sont présentes en 1883, elles sont trente-et-une en 1906813, et trente-six en 1914814. Dans son étude sur l’enseignement catholique entre 1904 et 1914, André Lanfrey remarque que s’il va de « soi que la carte de l’enseignement libre a d’évidentes affinités avec celles de la France religieuse [du chanoine Boulard] et de la France politique. Dans le premier cas, les bastions de l’école libre sont aussi des pays chrétiens [;] mais l’inverse n’est pas vrai »815. Il poursuit en affirmant qu’entre « écoles libres et pays chrétiens il y a convergence mais seulement relative »816. De la même façon, il souligne qu’une « coïncidence relative » se retrouve entre les cartes du pourcentage de l’école libre et celle des élections de 1902, concluant que là où il y a des bastions de l’école libre, les votes ont été à droite817. Cela s’applique au diocèse, où les quatre députés élus en 1902 sont des républicains, et le taux d’élèves des écoles libres est de 5,5 % [par rapport au total des élèves scolarisés]. Nous sommes bien loin des taux présents dans l’Ouest de la France818. L’hypothèse présentée par Lanfrey selon laquelle l’une des raisons de l’effondrement de l’école libre serait l’évolution « politique de populations républicaines et catholiques qui n’ont pas jugé l’école catholique nécessaire au maintien de leur identité religieuse » peut s’appliquer au diocèse [d’Annecy]. Nous retrouvons là une cause déjà évoquée à propos des Inventaires, les catholiques savoyards différencient leur sentiment religieux et la politique. À l’exception de certaines paroisses, parmi les plus ferventes, les catholiques s’adaptent à l’école communale. En 1909, deux mille quatre-vingt-un élèves sont scolarisés dans les écoles libres présentes dans 7 % des paroisses819. La répartition est quasi égale entre les écoles de garçons et de filles : quatorze de garçons et quinze de filles820. 53 % des écoles libres de filles se trouvent dans des chefs-lieux de canton, alors que ce chiffre est de 57 % pour les garçons. Cinq chefs-lieux821 de cantons ont à la fois une école de filles et une de garçons.

En 1910, le chanoine Vicquéry, directeur des œuvres, rappelle que « le diocèse est en retard, [car] trop rares sont les paroisses qui ont le bonheur [de] posséder »822 une école libre. Certaines paroisses réussissent à en construire jusqu’à la veille de la guerre823. C’est le cas par exemple d’Épagny824, qui inaugure une école de filles ; Mégevette en ouvre une de garçons en février 1913825 et à peu près au même moment une inauguration à lieu à Megève826. En 1912, la répartition des écoles a évolué : il y en a onze de garçons et vingt-et-une de filles827. Ce qui laisse toujours le diocèse dans « une fâcheuse situation »828 face à l’école laïque. En comparaison avec tous les diocèses de France, il est au 54e rang en ce qui concerne les écoles libres. Le chanoine Vicquéry rappelle que les diocèses de Rennes, d’Angers, de Vannes829 bénéficient respectivement de quatre cent cinquante, quatre cent quarante-sept et trois cent soixante écoles. Il précise que celui de Mende, qui « est pauvre et moitié moins grand » que celui d’Annecy, bénéficiait en 1910 de cent cinq écoles, alors que celui d’Annecy n’en a que trente-trois en 1912830, soit une de plus qu’en 1911, et deux qui sont en construction. Il fait le constat que sur vingt-huit chefs-lieux de cantons, seuls dix possèdent une ou deux écoles catholiques831. Il est patent que l’école libre est marginale dans le système scolaire du diocèse. Sa présence révèle « quelques positions fortes du catholicisme »832, et la différence entre le nombre d’écoles de filles et de garçons souligne la volonté de maintenir les filles dans l’enseignement religieux833. Elles seront les épouses et les mères de demain, c’est donc par elles que se transmettra la foi.

Si l’école communale dispense les valeurs de la République, elle ne dispense pas l’enseignement religieux. Les enfants souhaitant se présenter à la première communion doivent suivre les cours de catéchisme qui, d’après l’article 2 de la loi du 27 mars 1887, ne peuvent être dispensés que les jeudi et dimanche. Cela étant insuffisant, les desservants fixent les cours tous les jours avant le début de la classe. Cependant, il arrive fréquemment qu’ils libèrent les élèves plus tard que l’horaire prévu, ce qui contraint les enfants à arriver en retard en classe, et ce qui ne manque pas de susciter des plaintes de la part des instituteurs. De plus, les curés, n’hésitent pas à critiquer les enseignements ou les méthodes de l’école laïque, et ils sont l’objet de plusieurs plaintes portées devant l’autorité préfectorale par les instituteurs ou les parents. Entre 1901 et 1904, le préfet reçoit près d’une quarantaine de plaintes contre des prêtres qui se sont « livrés, en chaire, à ces intempérances verbales contre le gouvernement, ou avaient entravé la fréquentation scolaire en retenant les enfants au catéchisme »834. C’est le cas par exemple de l’abbé Vicquéry, qui en mars 1904, lors du sermon dominical, attaque ouvertement l’école laïque déclarant que l’éloge de la franc-maçonnerie y avait été fait le vendredi précédent835. Il aurait même ajouté que « la franc-maçonnerie prêche le mensonge audacieux et l’assassinat ; en faire l’éloge, c’est donc inciter au mensonge et au crime. De plus, la franc-maçonnerie n’ayant pu anéantir la femme en a fait une prostituée. D’ailleurs l’école laïque a été clairement définie par un inspecteur d’académie franc-maçon [comme] un moule dans lequel l’enfant entre chrétien pour en sortir renégat et libre-penseur »836. Il aurait terminé en déclarant qu’il était du devoir des parents chrétiens de retirer leurs enfants de cette école et des les garder auprès d’eux. D’après Mgr Campistron qui a comparé les propos du préfet avec ceux inscrits dans le cahier de l’abbé, il ressort que le plébain aurait dénoncé la violation de la neutralité scolaire, le prélat ajoute que c’était là le « droit et [le] devoir de l’abbé »837. C’est souvent sur le terrain du non-respect de la neutralité scolaire que les différends apparaissent. C’est le cas sur l’utilisation des manuels condamnés, dans les années 1909-1910.

Lors de la fête de l’Arbre de Noël le 28 décembre 1908, Mgr Campistron place son discours sous le signe de la lutte nécessaire pour la défense de l’enseignement catholique. Il rappelle qu’un « cri d’alarme » adressé à tous les pères de familles a été lancé par l’épiscopat de France838, n’oubliant pas de souligner que, dans bien des cas la neutralité scolaire n’est pas respectée. Il va même jusqu’à déclarer que certains établissements sont « devenus des écoles d’impiété et d’antipatriotisme »839. Il est ravi de constater que des pères de familles ont compris qu’il était nécessaire, « pour l’avenir de leurs enfants » d’adresser aux maîtres « de vives remontrances plusieurs fois renouvelées »840. D’ailleurs, il les encourage à se plaindre aux autorités lorsque des abus seraient commis par des enseignants, ou alors à garder les enfants près d’eux, « aimant mieux les tenir en grève de l’école, que de les voir courir à la perdition »841. Rappelant ensuite les droits et les devoirs des parents chrétiens vis-à-vis de leurs enfants, il souligne clairement que « l’enfant n’appartient pas à l’État mais à sa famille ; qu’il appartient, de droit naturel, à ceux qui l’ont […] pétri de leur chair et de leur sang ; à ceux qui ont le devoir de le nourrir, de le protéger, de l’élever, et, par l’éducation de le mettre en état de remplir plus tard, dans la vie sa mission de bon chrétien et de bon citoyen »842. Les parents doivent alors surveiller de près l’enseignement qui est dispensé à leurs enfants, c’est pour cela qu’il les invite à créer des écoles libres « partout où ce sera possible »843. Il les exhorte à « se grouper en associations de pères et mères de familles qui sauront imposer leurs volontés et obtenir le respect dû à l’enfance »844, les assurant du soutien des évêques qui dicteront le devoir, la marche à suivre. Non sans exagérer ses propos, sans doute pour mieux frapper les esprits, Mgr Campistron va jusqu’à déclarer qu’ils sont « en présence d’une question de vie ou de mort, […] la foi catholique et chrétienne est notre seule raison d’être, et pour la défendre, nous sommes prêts à tout sacrifier, […] jusqu’au sang »845.

La presse radicale se ravit de cette situation pour jeter une nouvelle fois le discrédit sur l’Église. Les Alpes de février 1909 reprennent un texte de Fernand Buisson, qui ne manque pas de rappeler que « la vieille bataille recommence »846, ajoutant que les évêques « ont donné le signal. Sus à l’école laïque »847. Buisson met en garde ses lecteurs contre les associations de « parents pieux » qui se constitueront et dont le but sera de se débarrasser de l’institutrice ou de l’instituteur qui ne convient pas aux familles chrétiennes. La lutte est donc ouverte.

Au cours de l’année 1909, des associations de défense de l’école religieuse se constituent dans le diocèse. Elles ont pour but de défendre la neutralité scolaire ou d’aider les parents chrétiens afin qu’ils puissent donner un enseignement religieux à leurs enfants. L’association des pères de familles chrétiens créée en 1895, approuvée par le Pape quatre ans plus tard, compte vingt-trois unions en 1908848 ; elle est présente dans le diocèse en 1909. Les statuts sont rédigés à partir du modèle fourni par Jules Challamel849, conseiller général de Sallanches et avocat à la Cour d’appel de Paris. Cette association a pour but d’assurer dans les écoles primaires, « le respect de la morale, de l’autorité paternelle et de la liberté des consciences, et le culte du patriotisme », mais également de « développer, dans les familles, l’éducation morale et religieuse »850. Une cotisation est versée allant de vingt-cinq centimes pour les adhérents à vingt francs minimum pour les membres fondateurs. Un conseil de douze à vingt membres est nommé par le conseil de direction851. Il ne semble pas que l’association soit constituée en mars 1909. La Revue du Diocèse d’Annecy, se faisant l’écho du congrès des Œuvres tenu à Grenoble, espère « que bientôt organisation semblable sera faite chez nous»852 . Le souhait semble se réaliser en partie puisqu’en novembre 1909, le vicaire général Bel annonce que cinquante-trois853 paroisses bénéficient de cette association, vingt-neuf font partie d’une association cantonale et vingt-quatre ont une association paroissiale.854 Deux cent dix-neuf prêtres estiment qu’il serait pratique et possible de constituer une association cantonale855, car ils estiment que cette association serait « le meilleur moyen de faire respecter par les instituteurs la neutralité scolaire »856. Cinq répondent qu’ils ont de bons instituteurs, enfin vingt prêtres n’ont pas répondu. En 1910, de nouvelles associations se créent comme dans l’arrondissement de Bonneville, où le sous-préfet rappelle à son supérieur que « la campagne conte l’école laïque se poursuit toujours dans l’arrondissement et [qu’il a] encore eu à enregistrer dans le courant du mois dernier, la création de nouvelles associations de pères de famille »857. Le président départemental de l’association est Sauthier-Thyrion. Cette création se fait avec l’appui de la Société Générale d’Education et d’Enseignement858, qui préconise que dans chaque « département des comités chargés de créer et de soutenir les écoles chrétiennes, d’assister matériellement et moralement les parents chrétiens »859. Après avoir constaté qu’un grand nombre d’écoles « soi disant neutres ont perdu ce caractère », Gérard Cholvy et Yves-Marie Hilaire remarquent que « les évêques invitent les pères de famille à surveiller l’école au moyen d’association qu’ils ont constituées et condamnent quatorze ouvrages »860.

Ces associations n’ont de cesse de se mobiliser pour faire respecter les droits des enfants à bénéficier d’un enseignement neutre. En 1911, la fédération départementale compte trente-trois associations861, ce qui représente environ dix mille adhérents862. En février 1913, l’association des familles du canton d’Annecy-nord se félicite du nombre de diminution de « réclamations pour violation de neutralité »863. À l’occasion de son assemblée générale, l’association vote à l’ordre du jour que la répartition proportionnelle « des subsides de l’État soit établie entre toutes les écoles officielles ou privées, au prorata du nombre des élèves »864. En mars 1913, un communiqué de l’évêché rappelle que la fédération départementale des Familles de la Haute-Savoie lance un appel à ses membres pour s’opposer au projet de loi Brard et Dessoye qui interdirait « la création de toute école libre dans les communes de moins de trois mille habitants »865. Ce projet permettrait d’ouvrir une école libre dans moins de 2 % des paroisses866 ! Le projet est finalement abandonné. Trente-sept mille cinquante-neuf signatures ont été collectées dans le diocèse867, la répartition est la suivante : Annecy : quatorze mille trois cent quinze ; Thonon-les-Bains : huit mille six cent quarante-sept ; Bonneville sept mille quatre-vingt-treize ; Saint-Julien-en-Genevois six mille deux, les paroisses de la Savoie apportent mille douze signatures868. Nous ne serons pas étonnés de constater que les signatures sont plus nombreuses là où des écoles libres sont installées.

L’opposition de l’Église contre le contenu des manuels scolaires n’est pas un fait nouveau. Déjà au temps de Mgr Isoard, des enfants avaient été refusés à la communion pour avoir utilisé le manuel de Compayré869. C’est dans la période 1909-1910 que les affrontements entre parents, instituteurs et évêques se font les plus virulents. L’épiscopat, craignant que des générations de sans Dieu ne soient instruites dans les écoles publiques, publie deux lettres collectives, dont celle du 14 septembre 1909 s’intéressant spécialement à la question des manuels scolaires. Il semble que le conflit s’aggrave très vite, notamment lorsque les parents ou le prêtre demandent le remplacement d’un ouvrage figurant sur la liste des manuels incriminés. L’instituteur se couvre alors en rappelant qu’une circulaire du Ministre de l’Instruction publique d’octobre 1909 leur déconseille « formellement tout changement sur une initiative de ce genre »870.

La Revue du Diocèse d’Annecy se fait l’écho de toutes les luttes qui opposent parents et instituteurs à propos de la neutralité et des manuels. C’est ainsi que nous apprenons qu’en mars 1910, à Ferrières (paroisse de Cuvat), six enfants ont été « exclus pour avoir refusé d’étudier Devinat et Despiques », alors qu’à Nâves, un « petit garçon quitte l’école parce qu’il ne veut pas désobéir aux Évêques »871, ou encore à Giez où « trois enfants ont refusé de se servir de Calvet »872, la Revue conclut par ces mots : « Oh ! les braves petits chrétiens en Savoie »873. Ces propos s’ils semblent exagérés montrent l’état d’esprit du moment.

La Revue du Diocèse d’Annecy du 4 mars 1910 redonne la liste des manuels que l’épiscopat vient de condamner. L’abbé Pernoud, ancien professeur au grand séminaire et curé d’Amancy, livre une analyse détaillée des manuels condamnés, dans un ouvrage intitulé L’histoire à l’école 874. S’intéressant particulièrement au livre de Calvet, il réfute tous les arguments négatifs à l’Église ou contraire à l’histoire, qui sont présentés dans l’ouvrage. Dans son bulletin paroissial, l’un de ses premiers articles est consacré à l’épineuse question des manuels. La presse conservatrice n’hésite pas à faire sien le combat de l’école. C’est le cas notamment de L’Indicateur de la Savoie, qui ouvre ses colonnes aux défenseurs de l’école libre.

Des incidents naissent du non-respect de la neutralité. Des prêtres comme des évêques sont cités en justice. Mgr Campistron est conduit devant le tribunal correctionnel en 1911, pour avoir demandé à ses prêtres de lire la lettre collective de l’épiscopat relative à l’enseignement et à la condamnation des manuels « impies et mauvais»875. Il comparaît devant le tribunal de Bonneville, avec l’abbé Jacquard, curé de Saint-Sigismond. Après avoir rappelé son devoir vis-à-vis des enfants, l’évêque redit que ceux qui auraient utilisé, sciemment, les livres condamnés par l’épiscopat, ne pourraient pas se présenter à la communion [des enfants]876. Les deux ecclésiastiques sont condamnés à cinquante francs d’amende877. En 1912, le chanoine Lachenal878, directeur de la Jeunesse Catholique et l’abbé Josserand, vicaire à Thorens sont jugés pour avoir, lors d’une mission prêchée à Menthonnex-en-Bornes879, « défendu en chaire l’usage des manuels interdits par les Évêques »880, plus particulièrement le manuel d’histoire de Calvet881. Le jugement rendu au tribunal de Saint-Julien-en-Genevois les condamne respectivement à cinquante et vingt-cinq francs d’amende avec sursis. Le curé d’Évires ayant fait part de l’interdiction de l’utilisation des manuels condamnés aux enfants, est condamné à cent francs d’amende882. Les trois prêtres ont rappelé en chaire que les enfants ne pouvaient être admis à la première communion s’ils utilisaient des livres condamnés par l’épiscopat883. Le chanoine Lachenal souligne lors de sa défense, qu’il n’a pas outrepassé les lois, puisqu’il permet une meilleure application de la neutralité scolaire !

Ainsi, à la veille de la guerre, l’école confessionnelle est en marge de l’enseignement dans le diocèse, même si des efforts sont faits pour la construction de nouvelles écoles. Il faut sans doute attendre encore plusieurs décennies pour que l’école libre trouve une place dans le maillage scolaire diocésain, mais elle restera en marge malgré les efforts de ses évêques. La guerre des manuels scolaires semble s’arrêter avec la Première Guerre mondiale. Mais après le conflit, la gémination des écoles sera au cœur des débats, et il semble que la neutralité scolaire soit respectée dans la grande majorité des paroisses884.

Nous avons pu constater que les diocésains, tout en restant de bons fidèles, savaient différencier leurs sentiments religieux de leurs opinions politiques. Lors des Inventaires ou d’autres manifestations, leurs attitudes sont parfois dictées par le contexte économique ou géographique même si cela n’est pas systématique. Des bastions catholiques conservent leur position et les renforcent même. Devant leur désarroi, les catholiques ne voient que les inconvénients des mesures anticléricales, ils ne se rendent sans doute pas compte qu’ils seront plus libres puisque affranchis de certaines contraintes. La présence de congréganistes dans le diocèse pose un certain nombre de problèmes que la guerre sans doute résout. L’Église va porter toute son attention sur l’école et l’enseignement qui est dispensé. Sans réussir à imposer un enseignement religieux, les catholiques réussissent à créer des écoles libres et à faire respecter la neutralité scolaire. Ils manifestent leur capacité d’organisation. Les parents sont associés de très près à cette œuvre d’éducation. Leur mobilisation et leur appel par la hiérarchie catholique montrent que la situation du laïcat change, de simple fidèle, il passe au statut d’auxiliaire885. La Séparation loin de rejeter les fidèles hors de la sphère de l’église les y réintroduit plutôt. Ils prennent place aux côtés des prêtres pour gérer la paroisse, surveiller l’école ou participer à des congrès diocésains des œuvres… La Séparation permet également un fleurissement de différents types d’œuvres, qu’elles soient de jeunesse, d’action sociale ou de défense religieuse, elles ouvrent ainsi une nouvelle pastorale. Des oppositions apparaissent tant entre membres du clergé qu’entre clergé et laïcs. De nouveaux besoins motivent à la fois l’Église et le laïcat pour une nouvelle collaboration, destinée à conserver la religion.

Notes
812.

j. raymond, La Haute-Savoie…, op. cit., t. 2, p. 897.

813.

Ce chiffre signifierait donc que deux écoles libres ont été fermées entre 1906 et 1909, et que quatre écoles sont fondées entre 1912 et 1914. Dans ces conditions, ce sont sept écoles libres qui sont créées entre 1909 et 1914.

814.

j. raymond, La Haute-Savoie…, op. cit., t. 2, p. 897. Alors que 164 privées disparaissent, 132 écoles publiques sont crées, vraisemblablement elles remplacent les écoles privées fermées.

815.

a. lanfrey, Sécularisation, séparation…, op. cit., p. 96. Pour la carte établie par le chanoine Boulard voir l’annexe n° 28.

816.

Ibid.

817.

Ibid.

818.

Le Morbihan présente un taux de 43,1% et pour l’Ille et Vilaine, il est de 40,2 %.

819.

Vingt-et-unes communes ont une ou deux écoles libres. Sept paroisses ont une école libre de filles et une de garçons.

820.

Rapport du vicaire général Bel, Congrès diocésain des Œuvres présidé par Mgr Campistron, 25-26 novembre 1909…, op. cit., p. 55.

821.

Il s’agit d’Annecy (Notre-Dame et Saint-Maurice), Évian-les-Bains, La Roche-sur-Foron, Samoëns, Thonon-les-Bains.

822.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 47, 25 novembre 1910, p. 1120.

823.

L’essor des écoles libres se fera plutôt à partir des années Trente et surtout sous l’impulsion du dernier évêque de notre période, Mgr Cesbron (1940-1962).

824.

L’école est sur le territoire de la commune de Metz, mais sur la paroisse d’Épagny.

825.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 6, 7 février 1913, p. 94-95.

826.

La Voix des Alpes, n° 31, 26 janvier 1913.

827.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 14, 5 avril 1912, p. 222.

828.

Ibid.

829.

Ces diocèses sont plus importants que celui d’Annecy.

830.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 22, 30 mai 1913, p. 341. En 1912, l’œuvre de Saint-François de Sales aide onze écoles libres en leur donnant 2650 francs (environ 7935,93 euros). Cette œuvre fondée en 1856, par le Père d’Alzon et Mgr Mermillod est une sorte de « propagation de la foi de l’intérieur ». La cotisation annuelle est de 60 centimes. En 1911, l’œuvre 7 689,60 francs (soit environ 23 044,885 euros), en 1912, elle verse 7 548,60 francs (environ 22 622,32 euros), et place le diocèse au 33e rang national.

831.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 50, 13 décembre 1912, p. 796.

832.

j. raymond, La Haute-Savoie.., op. cit., t. 2, p. 908.

833.

Pour mieux préparer la jeune fille à son rôle de future épouse, mère et ménagère, des écoles ménagères sont ouvertes dans le diocèse. Elles peuvent être fixes comme à Cran, ou ambulantes.

834.

h. baud, dir., Histoire du diocèse…, op. cit., p. 239.

835.

AAS. Boîte correspondance des Vicaires capitulaires. Lettre du préfet de la Savoie à l’évêque, 21 juin 1904.

836.

Ibid.

837.

Ibid. Lettre de l’évêque au préfet, juillet 1904.

838.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 2, 8 janvier 1909, p. 30.

839.

Ibid.

840.

Ibid.

841.

Ibid.

842.

Ibid.

843.

Ibid., p. 31.

844.

Ibid.

845.

Ibid.

846.

Les Alpes, février 1909.

847.

Ibid.

848.

a. lanfrey , Sécularisation…, op. cit., p. 247.

849.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 37, 11 septembre 1908, p. 877.

850.

Ibid. Article premier, § 1 et 2.

851.

Ibid. Article quatre.

852.

Ibid., n° 11, 11 mars 1909, p. 252.

853.

Rapport du vicaire général Bel, Congrès diocésain des Œuvres présidé par Mgr Campistron, 25-26 novembre 1909, op. cit., p. 57.

854.

Ibid.

855.

Ibid.

856.

Ibid.

857.

ADHS, 1 M 75, lettre du sous-préfet au préfet, 3 février 1910.

858.

a. lanfrey, Sécularisation…, op. cit., p. 453.

859.

Ibid . , p. 113.

860.

g. cholvy et y.- m. hilaire, Histoire religieuse…, op. cit., t. 2, p. 124.

861.

D’après le président Sauthier-Thyrion, ce sont 1 000 à 1 500 associations qui seraient constituées à cette date dans toute la France.

862.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 12, 24 mars 1911, p. 278.

863.

Ibid., n° 8, 28 février 1913, p. 136.

864.

Ibid.

865.

Ibid., n° 12, 21 mars 1913, p. 180.

866.

Seules Annemasse, La Roche-sur-Foron, Thonon-les-Bains, Chamonix, Annecy et Évian-les-Bains comptent plus de 3 000 habitants.

867.

Sans doute d’autres signatures sont arrivées plus tard.

868.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 24, 13 juin 1913.

869.

Cf. infra, p. 27.

870.

g. cholvy et y.- m. hilaire, Histoire religieuse…, op. cit., t. 2, p. 124.

871.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 1, 7 janvier 1910, p. 9. Il est évident que l’enfant subit l’influence de ses parents.

872.

Ibid.

873.

Ibid.

874.

Thonon-les-Bains, Imprimerie Masson, 1910, 112 p.

875.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 24, 16 juin 1911, p. 480.

876.

Ibid., p. 484.

877.

Ibid., n° 25, 23 juin 1907, p. 503. Ce qui équivaut à environ 150 euros (2006).

878.

Paul Tapponnier écrit un article de soutien à l’aumônier de la jeunesse catholique qu’il publie dansLa Voix des Alpes, n° 13, 14 mars 1912.

879.

Des incidents ont eu lieu en février 1906.

880.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 12, 22 mars 1912, p. 187.

881.

Ibid., n° 14, 5 avril 1912, p. 217.

882.

Ibid.

883.

La même chose s’est produite sous l’épiscopat de Mgr Isoard. Cf. supra, p. 27.

884.

ADA. VAP 1928.

885.

Il s’agit bien entendu des plus fidèles, des plus zélés ou des plus dévoués.