1. Organisation de l’Union

Elle reprend l’organisation des unions masculines d’avant 19142606. La cellule de base du mouvement est la paroisse. Dans cette dernière, le prêtre doit créer une union groupant « tous les hommes de bonne volonté »2607, qu’ils soient membres d’associations de piété ou isolés. C’est au sein de cette dernière qu’il doit choisir les meilleurs éléments et les plus dévoués pour constituer un comité paroissial. Ce dernier a la fonction spéciale d’effectuer le recrutement des membres de l’union paroissiale, mais également de s’assurer de son développement et de son bon fonctionnement2608. Le rythme des réunions varie ; alors que le comité se réunit tous les mois, l’union le fait de façon trimestrielle2609. Le prêtre reste le président de droit de l’union et c’est lui qui doit garder la direction de la réunion, car « tout chrétien véritable doit rester sous le contrôle de ceux que le Seigneur a constitué pour “paître le troupeau” »2610. Terminons cette présentation en soulignant qu’il y a ici également l’échelon cantonal qui a un rôle important dans la structure pyramidale de l’Union. Les présidents des unions paroissiales sont membres de droit de cette union cantonale, qui est dirigée par l’archiprêtre. C’est à cette entité que revient l’organisation des pèlerinages, des congrès, des rencontres qu’ils soient cantonaux ou diocésains. Afin de faciliter les relations entre la FNC et les paroisses, un secrétariat permanent est installé2611. Soulignons que ce secrétariat sera également celui de la Jeunesse catholique, car « l’expérience a montré qu’une liaison intime devait exister entre le Comité Diocésain des Hommes et le Comité de la Jeunesse Catholique »2612.

Alors que le comité diocésain est présidé par l’évêque, l’Union diocésaine est sous l’autorité d’un laïc, nommé par Mgr de La Villerabel. Dans le cas présent, il s’agit de Léon Lalanne-Berdouticq2613, nommé en 19242614. Ce dernier, recteur du Tiers ordre franciscain2615, est arrivé dans le diocèse en 1907 pour prendre la direction des Forges de Cran. Il reste à la tête de l’Union jusqu’à la veille de la guerre. Avec l’abbé Terrier, aumônier officieux puis officiel, le mouvement prend une orientation vers une action sociale. Corinne Bonafoux décrit Lalanne comme « le type du patron social »2616. Il est le promoteur des « caisses de compensation des allocations familiales et à l’origine de la fondation de la caisse d’assurances sociales, La Profession 2617 . Il fait partie de ces rares présidents qu’elle classe dans la catégorie des « industriels et ingénieurs »2618, et que l’on retrouve principalement – au début du mouvement – dans le Nord et en Savoie. D’après son étude, il ressort en effet, que les juristes, les officiers en retraite – ou ayant quitté l’armée après un temps de service –, les châtelains ou les ecclésiastiques occupent le plus souvent la présidence des unions2619.

Notes
2606.

Peut-être serait-il plus exact de dire qu’elle redonne vie à ces unions paroissiales.

2607.

Mgr du Bois de La Villerabel, Instructions pastorales aux archiprêtres et curés…, op. cit., p. 8.

2608.

Instructions pastorales aux archiprêtres et curés…, op. cit., p. 9.

2609.

Ibid., p. 10. Si elles le souhaitent les unions peuvent se réunir plus souvent. Il est bien rappelé que l’été, il est possible que les réunions soient reportées.

2610.

Instructions pastorales aux archiprêtres et curés…, op. cit., p. 11.

2611.

La Page du comité diocésain, n° 1, supplément à la Revue du Diocèse d’Annecy du 13 novembre 1925.

2612.

Ibid.

2613.

Nous trouvons souvent seulement le nom de Lalanne. Tout au long de ce travail, nous utiliserons uniquement Lalanne puisqu’il est toujours ainsi cité dans les sources. Lorsque les mouvements spécialisés de l’ACJF se développent, il pourra faire figure de réactionnaire, il ne les encouragera pas véritablement. Sa position sur la question de l’action catholique « nouvelle », c’est-à-dire avec les mouvements spécialisés montre qu’il est d’un militantisme héritier de la première action catholique. Il est de ce genre de militant qui se dévoue à l’église, mais pour qui le laïc ne doit pas jouer un rôle en dehors de celui du prêtre mais bien sous sa conduite.

2614.

Nous ne savons pas exactement quand il est nommé, nous avons vu précédemment qu’il s’engage le 26 octobre. Il devient sans doute président en novembre au moment des instructions pastorales de l’Évêque à propos de l’Union.

2615.

Le Courrier Savoyard, 17 avril 1948. Il est également président de la Ligue du Sacré-Cœur de la paroisse Saint-Maurice. Cette dernière naît en 1936, elle est l’héritière de l’Association interparoissiale d’hommes (les Hommes Chrétiens d’Annecy) reliée à l’Apostolat de la prière. Elle groupe l’élite des hommes et des jeunes gens pieux. Revue du Diocèse d’Annecy, n° 42, 15 octobre 1936, p. 734. L’association des hommes chrétiens d’Annecy tient sa première messe statutaire le 1er février 1925, sous la présidence de l’évêque. Revue du Diocèse d’Annecy, n° 5, 30 janvier 1925, p. 52.

2616.

c. bonafoux-verrax, À la droite de Dieu…, op. cit., p. 119.

2617.

c. sorrel, dir. , Dictionnaire du monde religieux…, La Savoie, op. cit., p. 263.

2618.

c. bonafoux-verrax , À la droite de Dieu…, op. cit., p. 119. D’ailleurs son successeur à la tête de l’UDH sera également un industriel : Pierre Calliès, travaillant aux papeteries Aussedat, non loin des forges.

2619.

I bid., p. 117-120.