Nous avons vu précédemment que les mouvements de jeunesse avaient retrouvé leur vitalité d’avant-guerre à partir de 1925-1926. En 1927, les comités d’archiprêtrés sont créés, cependant en 1928 seule une paroisse en bénéficie. En 1931, elles sont trente-quatre sur quarante-trois à bénéficier de ce genre de comité2830. Le nombre des retraites fermées se maintient à trois entre 1925 et 1929, alors que les participants sont plus nombreux2831. Au total en onze ans (1920-1931), trente-deux retraites ont accueilli mille quatre-vingt-dix jeunes gens2832. Les retraites fermées, dont le nombre de participants augmentent, ne cessent d’augmenter. Les mouvements de jeunesse connaissent un important succès et, en 1928, devant ce « développement croissant de la jeunesse catholique et dans l’impossibilité pour un seul secrétaire de suffire à toute la correspondance »2833, le diocèse est divisé en six secteurs confiés à deux ou trois membres du comité d’Annecy. En avril 1929, le bulletin Floraisons des Alpes annonce que la jeunesse bénéficie d’un secrétaire permanent2834. Ce dernier est Georges Tissot qui exerçait depuis six années le secrétariat bénévole, et qui s’apprêtait à passer son examen de premier clerc de notaire. Il occupe cette fonction pendant un an. En mai 1930, il quitte Annecy pour rejoindre la Trappe de Tamié2835, où il devient le Père François de Sales2836. L’emploi à plein temps d’un secrétaire montre que les mouvements sont en période faste puisqu’il faut payer cette personne, ce qui prouve la prospérité du mouvement. Sans doute pour faire face à cette dépense supplémentaire, mais aussi pour compenser les cotisations non payés par certaines sections, il est décidé de créer les Amis de l’ACJF2837. Ces derniers sont invités à payer cent francs2838, en échange de quoi ils deviennent membres honoraires de l’association. N’ayant pas retrouvé de mentions de ces personnes, nous ne sommes pas en mesure de dire s’ils étaient nombreux. Nous sommes également dans l’impossibilité de savoir le type de personnes concernées, s’agissait-il d’anciens de la jeunesse catholique ? de jeunes croyants qui ne souhaitaient pas s’engager dans le mouvement à cause du travail à faire ? Sans doute, ces membres sont plutôt de la classe bourgeoise ou indépendante, plus qu’agriculteurs ou ouvriers. Quoi qu’il en soit, tous ces éléments montrent que la jeunesse catholique est en pleine croissance et la spécialisation des mouvements n’entrave pas le mouvement, au contraire. En 1934, ce sont quarante et un archiprêtrés qui sont organisés (95 %). Cent soixante-treize paroisses (57 %) ont un groupe de jeunesse catholique fédéré à l’Union diocésaine2839. À ceux-là s’ajoutent les groupes qui travaillent dans le sens de la jeunesse sans être affiliés2840. La spécialisation, qui semble devenir nécessaire, est encouragée par le chanoine Clavel, toujours aumônier diocésain du mouvement. L’évêque partage cette opinion, puisqu’il souhaite « prémunir les œuvres de tout ralentissement dans leur développement »2841. En 1930, il est constaté que « l’action d’ensemble sur la masse n’est pas suffisamment efficace », c’est pourquoi la spécialisation semble alors « nécessaire à l’association »2842. Il est alors rappelé que, jusqu’à ce changement, elle a conquis « des unités mais non l’ensemble des paysans, des ouvriers français »2843. Étant donné que c’est pour « la conquête que l’association a spécialisé ses mouvements »2844, ils deviennent des mouvements d’apostolat2845. L’un des buts de la spécialisation réside dans la conquête.
Floraisons des Alpes, juillet-septembre 1931, p. 1510.
Ibid. Entre 1925 et 1929, le nombre des participants est le suivant : 170, 75, 148, 187, 115. Soit une moyenne de quarante-six participants à chaque retraite. Il est à noter que c’est l’étroitesse des locaux qui ne permet pas d’accueillir plus de participants.
Ibid. p. 1510.
Ibid., février 1928, p. 887.
Ibid., avril 1929, p. 1098.
Floraisons des Alpes, mai 1930, p. 1292.
Ibid., mars 1933, p. 12.
Ibid., mai 1929, p. 1110.
Environ 51,60 euros (2006).
Floraisons des Alpes, janvier 1934, p. 7.
En janvier 1934, Floraisons des Alpes compte 2 856 abonnés sur un tirage de 3 000 exemplaires. Il est donc possible de penser que chaque membre est abonné, cependant il peut porter son journal à un ou plusieurs voisins. L’influence du bulletin dépasse donc le nombre d’abonnés. En 1903, la jeunesse catholique comptait 2 468 membres pour 82 groupes. En 1909, elle en comptait 2 382 pour 100 groupes. En 1934, elle compte 173 groupes. Nous pouvons donc constater que si le nombre de membres ne varie guère entre 1903 et 1934 (+ 15 %), la situation est différente pour le nombre de groupes qui croît de 110 %.
Floraisons des Alpes, janvier 1930, p. 228-299.
Ibid., mai 1930, p. 1300.
Ibid.
Ibid.
Ibid., mars 1931, p. 1438.