1939-1945 : la guerre épreuve ou tremplin ?

Sous l’impulsion d’un jeune évêque, et grâce au dynamisme du clergé et des militants, le diocèse d’Annecy avait réussi à panser les plaies de la Grande Guerre. L’entre-deux-guerres marque incontestablement une période de prospérité, notamment avec l’essor des mouvements de jeunesse et le renouveau de certains pèlerinages locaux. Mais en 1939, la guerre ne peut être évitée et les Savoyards, fidèles à leur devoir envers la Patrie, partent à l’appel de la Nation en danger. En 1940, avec un certain enthousiasme, ils accueillent le nouveau régime qui se met en place. Cet accueil est quasi concomitant de l’arrivée d’un nouvel évêque, dont l’attitude s’oppose à celle de Mgr de La Villerabel qui n’avait pas craint, lors de son épiscopat, de prendre des positions allant parfois à l’encontre de ses confrères. Mgr Cesbron, nommé en septembre 1940 sur le siège d’Annecy, est un homme prudent. La guerre ne semble qu’augmenter la prudence de cet homme qui est avant tout un professeur de séminaire. Il reste difficile de cerner précisément son attitude au cours des années noires, qui sont une période de paradoxes pour le diocèse.

Alors qu’en 1941, le Maréchal est accueilli avec ferveur, la Haute-Savoie est le premier département français libéré par les seules forces de la résistance en août 1944. De la même façon, il est l’un des seuls diocèses français où plusieurs prêtres tombent sous les balles de la résistance. La guerre n’est-elle pas, pour une part, à l’origine des changements majeurs qui interviennent dès 1945, tant dans la vie publique que dans les mouvements ? Nous nous intéresserons à la vision que les diocésains ont du conflit et comment ils passent d’un soutien à la Révolution Nationale à la Résistance. Malgré les difficultés liées à la situation, le diocèse intensifie sa piété, tout en poursuivant les actions charitables pour les plus démunis. Enfin, nous nous intéresserons à l’épineuse question de la quasi guerre civile qui oppose à partir de l’hiver 1943-1944 des Français, souvent catholiques. Les heures noires de la Libération laissent place à l’espérance avec la grande dévotion mariale qui connaît ici, sans doute, les dernières manifestations d’une telle importance.