La campagne de France débute en mai 1940, pour se terminer à peine un mois plus tard. Un certain nombre de Catholiques étaient persuadés que la France allait gagner la guerre, étant donné sa justification, sa légitimité, et le fait qu’elle défende une « cause sainte ». De nombreux textes laissent transparaître l’idée selon laquelle la France sortira victorieuse de la guerre, comme en 1918. Cependant, un certain nombre de Français semble oublier que l’Allemagne de 1940 est bien différente de celle de 1914, tout comme l’enjeu même du conflit ; l’idéologie ayant une place non négligeable dans ces hostilités. Après sept mois d’une « drôle de guerre », la situation est fixée le 22 juin par la conclusion, « dans l’honneur »3359, d’un armistice avec l’Allemagne. Deux jours plus tard, c’est avec l’Italie3360. Pourtant, jusqu’au bout, on a voulu croire à la victoire de la France et de ses Alliés.
Commence alors une période de remise en cause de la politique menée depuis la fin de la Grande Guerre. C’est l’occasion pour le clergé de prouver que le respect des vertus chrétiennes n’aurait sans doute pas mené la France à cette étrange défaite. Si le procès de Riom marque officiellement la responsabilité d’un certain nombre d’hommes politiques de la IIIe République, il n’en reste pas moins que pour une large part de l’opinion publique (surtout catholique), la défaite est le fruit de la politique un peu trop laxiste du Front Populaire.
Nous souhaitons exposer d’une part, les raisons proposées par le clergé pour expliquer et justifier la défaite, celles-ci ne semblent pas être spécifiques au clergé haut-savoyard. D’autre part, partant de ce constat, nous évoquerons le redressement de la France. Le clergé estime qu’il doit occuper une place non négligeable dans cette œuvre. Cela doit passer par la reconnaissance d’un certain nombre de ses enseignements qui ont été dénigrés par la politique laïque menée depuis plus d’un demi-siècle. Pour terminer, nous poursuivrons notre étude en examinant les motifs et les manifestations de l’adhésion du clergé au nouveau régime.
Déclaration du maréchal Pétain, lorsqu’il demande aux soldats de cesser les combats.
L’Italie entre en guerre le 10 juin 1940. À ce propos, le chanoine Corbet écrit : « Mussolini, dictateur d’Italie, a donc cru apercevoir l’agonie de notre armée […]. Enhardi par ce spectacle, et avec tout le superbe courage que dut lui inspirer cette vision, il s’est alors empressé de dégainer son poignard et de jeter ses “chemises noires”, dans ce qu’il crût être la fin de la bataille. Lundi 10 juin – retenons cette date et cette honte – l’Italie a officiellement pris parti contre la France et l’Angleterre ». La Croix de la Haute-Savoie, 16 juin 1940.