II. Vichy ou les ruptures (1940-1943)

L’instauration du régime de Vichy semble satisfaire une majorité de catholiques, au moins dans les premiers mois. Cependant, à partir de 1941, puis, plus encore l’année suivante un certain nombre de personnes se détachent du régime jugé trop autoritaire. Toutefois, l’attachement au maréchal Pétain persiste3540, même si des failles apparaissent parmi ceux qui soutiennent le régime. Il semble que l’année 1942 soit véritablement celle d’un tournant pour beaucoup de Savoyards, comme de Français plus largement. Le 18 avril 1942, Laval revient aux affaires, ce qui n’est pas sans mécontenter une large part des Français. À l’été 1942, les rafles de Juifs, et leur déportation, provoquent « le mécontentement d’un grand nombre de catholiques. C’est la première fois que des évêques s’opposent ouvertement au régime »3541. Il y a une prise de conscience des dangers du régime, et de ce fait un éveil plus large des consciences individuelles pour aider les plus malheureux. En novembre 1942, c’est l’occupation de la zone Sud par les troupes allemandes et italiennes3542. Pour le diocèse d’Annecy, un événement survenu au début mai 1942 permet à un certain nombre de personnes, notamment des catholiques, de se détacher définitivement du régime. Il s’agit de la « baignade » du comte François de Menthon. Cet événement qui peut paraître anecdotique se révèle être un déclencheur pour de nombreuses consciences catholiques3543.

Notes
3540.

Alphonse Métral nous rappelait que son père ancien de la Grande Guerre gardait son estime envers Pétain tout en n’adhérant plus au régime de Vichy.

3541.

r. paxton, La France de Vichy, Paris, Le Seuil, 1999, p. 202-203.

3542.

Ces dernières occupent les territoires revendiqués par Mussolini.

3543.

Cf. infra, p. 389. L’événement a lieu en mai 1942. Voir la carte de synthèse du clergé haut savoyard et de la guerre, annexe n° 108.