De 1940 à 1942, la Haute-Savoie bénéficie d’une situation avantageuse pour venir en aide aux personnes qui souhaitent passer en Suisse. En effet, la résistance opposée par les armées françaises aux Allemands dans la région de Fort-l’Écluse, ainsi que la rapidité de la signature des accords avec l’Allemagne et l’Italie, permettent au département de rester en zone Sud ou zone dite libre3615. À cela s’ajoute une géographie favorable pour le passage de la frontière avec la Suisse. Son franchissement peut se faire soit par la plaine, dans la région lémanique, soit par la montagne, dans la zone du Chablais et de la haute vallée de l’Arve. Il semble évident que la plupart des personnes passent la frontière dans la zone Annemasse-Saint-Julien.
Nous nous intéresserons principalement à l’action des prêtres qui sont aidés dans leurs tâches par des laïcs, souvent des militants d’action catholique. 4 % des prêtres du diocèse se sont vus décerner le titre de Juste parmi les Nations. Ce chiffre peut sembler peu important mais il ne faut pas oublier que le peuple d’Israël est encore considéré par un certain nombre de membres du clergé comme celui qui a crucifié le Christ. Cependant, il ressort de nos entretiens que la plupart des prêtres ont agi avec leur cœur et non pas avec leur raison. Nombreux sont ceux à avoir agi comme le Samaritain de l’Évangile. Comment pouvaient-ils rester sur les clichés d’avant la guerre face à des personnes vouées à une mort certaine ?
Pour des raisons évidentes, les documents d’archives concernant la sauvegarde des Juifs sont rares. Toutefois, les travaux effectués par des étudiants, depuis une vingtaine d’années, permettent de mettre en lumière différentes filières. Ces travaux ont permis d’utiliser – avec les difficultés que cela impose – les témoignages des passeurs ou de ceux qui ont été sauvés. À l’heure où les derniers témoins sont encore vivants, même si peu nombreux, ces travaux sont un point de départ important pour une étude, et restent le témoignage d’une époque3616. Des récits sont apportés par les dossiers constitués en vue de l’obtention du titre de Juste parmi les Nations, mais tous ceux qui ont aidé des Juifs ne l’ont pas forcément reçu3617. Pour le diocèse, il y a des noms de prêtres qui reviennent sur toutes les lèvres : l’abbé Rosay à Douvaine, l’abbé Jolivet à Collonges-sous-Salève, le RP Favre des Missionnaires de Saint-François-de-Sales de Ville-la-Grand. Il en est d’autres qui ont eu une action restée discrète, et même presque oubliée jusqu’au début des années 2000, tel est le cas du chanoine Bublens, archiprêtre de Thonon-les-Bains3618. Contrairement à quelques évêques français, Mgr Cesbron ne donne aucune directive à son clergé, ni pour la sauvegarde des juifs, ni contre ce genre d’action. L’évêque reste prudent tout au long de la guerre, il ne prend aucune position affirmée, il reste dans la légalité3619.
Les premières arrivées importantes de Juifs semblent être concomitantes de la rafle du Vel d’Hiv. C’est la conclusion faite par Pierre Mouthon, pour qui les mesures de l’été 1942 « provoquent dans le département un afflux de Juifs espérant passer clandestinement en Suisse »3620. Quelles sont les raisons qui poussent le clergé diocésain à se mobiliser pour aider les Juifs ? En premier lieu, nous pouvons nous demander si les prêtres sont victimes, ou non, de préjugés sur ces personnes. Il semble tout de même qu’un certain nombre de clichés circulent encore dans les rangs du clergé, notamment parmi les plus âgés, ceux qui ont connu la Séparation.
Le 27 octobre 1940, La Croix de la Haute-Savoie annonce la promulgation au Journal Officiel d’une loi portant sur « le Statut des Juifs »3621. Le chanoine Corbet se contente alors de donner l’information sans la commenter. Est-ce que le fait de publier cette annonce montre un antisémitisme latent chez une partie du clergé (en général les plus âgés) ou alors cette publication relève uniquement du travail de journaliste ? Quoi qu’il en soit, nous savons que « depuis l’affaire Dreyfus, l’Église de France, dans son ensemble [a] combattu ceux qu’elle estimait ses ennemis : les Francs-Maçons et les Juifs »3622. Pour beaucoup de Catholiques, ces deux groupes, réunis par Vichy dans le « complot judéo maçonnique », sont ceux qui « tiraient les ficelles de la politique »3623. Cette idée semble perdurer même chez des prêtres qui aident des personnes traquées. Tel est le sentiment qui ressort du témoignage d’Isaac Maisel, juif réfugié à l’abbaye de Tamié, qui se trouve chez un prêtre pour une soirée. Ce dernier reproche « l’attitude de certains Juifs dirigeant la politique française notamment Gambetta »3624. Maisel, dans ses souvenirs, rapporte qu’il n’a pas voulu avoir une discussion plus sérieuse surtout « avec un ecclésiastique qui a des idées préconçues et officielles : celles de l’Église »3625. Il est également vrai que ces préjugés ont été largement repris par la presse catholique, notamment par La Croix de la Haute-Savoie et les éditoriaux du chanoine Corbet.
Si les prêtres sont victimes de préjugés, il n’en reste pas moins qu’ils ne refusent pas leur aide aux personnes en détresse. À ce stade de notre recherche, nous n’avons trouvé ni d’exemple de prêtres ayant refusé d’aider un individu, ni de prêtre ayant dénoncé un réseau ou une filière de passage. Il ne nous a d’ailleurs pas été possible d’établir un profil type de prêtre aidant les Juifs, tant les personnes sont différentes. La situation géographique semble jouer un rôle important dans l’engagement des prêtres. Il ressort également que ceux qui aident les personnes traquées sont plutôt jeunes, et n’ont pas connu la Séparation en tant que séminaristes. Nous avons établi que la moyenne d’âge de ces desservants était d’environ quarante-huit ans. Le plus âgé étant né en 1879 et le plus jeune en 1912. Les prêtres agissent seuls, dans le sens où l’évêque ne donne aucune directive, ni pour, ni contre. Cependant, il faut signaler que dans ses mémoires, René Nodot écrit que « l’évêque d’Annecy et l’aumônier de la JOC [Camille Folliet] jouaient en quelque sorte le rôle d’aiguilleurs des réfugiés. Ils avaient obtenu l’ouverture de cachettes dans de nombreux presbytères »3626. Si pour l’abbé Folliet, aumônier de la JOC, nous n’avons aucun doute sur son action, il n’en reste pas moins que celle de l’évêque reste problématique. Nous n’avons rien retrouvé permettant d’infirmer ou de confirmer cette déclaration. Il paraît cependant peu probable que Mgr Cesbron, dont on connaît la prudence, ait joué un rôle dans le sauvetage des réfugiés. Comment aurait-il pris l’initiative de demander à des prêtres d’ouvrir leur presbytères, alors qu’il demande à ses séminaristes de respecter la loi de février 1943 relative au STO ? Peut-être Nodot dans ses propos veut-il souligner que l’évêque n’a pas réprimandé ceux qui, d’une certaine façon, désobéissaient.
Si les prêtres ont agi selon leur cœur et leur conscience, il n’en reste pas moins vrai que leur engagement a pu être motivé par la lecture de Témoignage Chrétien, dont la diffusion passe parfois par les jeunes des mouvements d’action catholique. C’est en 1941 que les Cahiers du Témoignage Chrétien 3627 commencent leur publication clandestine. Leurs auteurs, principalement des Jésuites, réunis autour du père Chaillet, sont particulièrement bien informés de la destinée des populations juives déportées Outre-Rhin. Ces brochures publient des « textes interdits d’évêques hollandais et allemands » ainsi que des documents prouvant « l’antagonisme entre nazisme et christianisme »3628. L’abbé Rosay a connaissance de ces publications par trois de ses paroissiens, les fils du docteur Miguet. L’un d’entre eux était d’ailleurs responsable diocésain de la JEC à la veille de la guerre. En plus d’être diffuseurs de Témoignage Chrétien, ces trois étudiants font partie de l’équipe dirigeante à Lyon3629. Prenant connaissance d’un des premiers numéros, la surprise de l’abbé Rosay est telle qu’il se rend chez ses voisins, les Beestchen – dont la fille est militante JACF – , pour leur dire qu’il est impossible de rester sans rien faire3630. Ces publications qui participent activement au changement de « mentalités d’une fraction du monde catholique »3631 semblent également avoir influencé l’abbé Camille Folliet. Ce dernier encourage des militants d’action catholique à participer à la diffusion3632 de ces cahiers qui permettent une réflexion, à la fois politique et religieuse. L’abbé Simon Gallay, vicaire à Évian-les-Bains, est d’autant plus lecteur de Témoignage Chrétien qu’il connaît, depuis 1938, le père Chaillet3633. Les prêtres, touchés par ces cahiers, sont plutôt jeunes, même si cela n’est pas systématique. Nous pouvons citer les abbés Greffier3634, Philippe3635 ou encore Déjonc3636. Certains participent à la diffusion et sont aidés dans cette tâche par des militants d’action catholique. André Fumex, jiciste, distribue des numéros de « façon ciblée »3637 et pour lui, les distributeurs savent « qu’un tel a besoin de se convertir, ou qu’un tel a besoin de lecture spirituelle »3638. Dans le diocèse, la diffusion des bulletins passe par le domicile du docteur Voisin, ancien président de l’ACJF. Les réseaux utilisés pour la diffusion du journal sont, pour une part, ceux nés au temps de l’action catholique. Ce procédé peut avoir plusieurs avantages. D’abord, les jeunes se connaissent et savent qui de leur camarade peut-être le plus fiable, il peut en aller de leur vie. Ensuite, ils savent qu’il est possible de les retrouver sans trop de difficultés. Enfin, les jeunes se connaissent au moins de vue et savent qu’ils ont au moins un point en commun, la foi acquise à l’école de l’action catholique. Il ne faut cependant pas généraliser et il est inexact de penser que tous les militants d’ACJF participent à la diffusion de Témoignage Chrétien ou plus tard à la Résistance. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir dans quelle mesure les réseaux d’avant-guerre ont pu jouer un rôle dans l’engagement de jeunes dans la diffusion de Témoignage Chrétien ou plus largement dans la Résistance. D’autres réseaux se mettent en place, tel celui qui passe par l’Auberge du lyonnais, à Annecy. Cet établissement tenu par les époux Saulnier3639 est tout proche de la Maison du Peuple, où l’abbé Folliet a son bureau. C’est à l’Auberge du Lyonnais par exemple que l’abbé Jolivet prend ses numéros de Témoignage Chrétien quand ils n’arrivent pas directement à la cure de Collonges-sous-Salève.
Nous pourrions définir l’action des prêtres, comme des laïcs, en deux catégories. Il y a ceux qui mènent une action suite à une réflexion et dont l’action s’inscrit dans un schéma de pensée, et il y a ceux qui agissent spontanément lorsqu’ils se retrouvent face à des personnes en danger. Nous choisissons l’évocation des prêtres, mais il est bien évident que les laïcs agissent de la même façon et que les actions des uns interfèrent avec celles des autres.
Dans le diocèse, un prêtre a joué un grand rôle, quant à l’aide apportée aux personnes en détresse : l’abbé Camille Folliet3640. Il est aumônier de la JOC, et il est intéressant de souligner que, dans les souvenirs des témoins que nous avons pu interroger, il occupe – pour la période de la guerre – la même place que celle occupée par le chanoine Clavel dans l’entre-deux-guerres3641. Des différents témoins interrogés, tous nous ont, au moins une fois, parlé de l’abbé Camille Folliet comme d’un soutien ou d’un maillon d’une filière. Il est à la fois partout et nulle part, il ne fait partie d’aucun groupe ou filière, mais en même temps il sert de maillon entre les diverses organisations. Il met en relation ses confrères avec des personnes dans la détresse. Son bureau de la Maison du Peuple sert parfois de relais pour un départ vers une filière et « deux pièces sont réservées à l’organisation de secours pour les Juifs »3642. Il est en relation avec Mireille Philip avec qui il prépare les passages de la frontière. Les rencontres ont lieu tôt le matin dans une église, ce qui leur permet d’avoir une certaine sécurité. C’est l’abbé Camille Folliet qui met les prêtres de Douvaine et de Collonges-sous-Salève en relation avec Rolande Birgy. Cette dernière avait déjà œuvré au sein de l’Œuvre de Secours aux Enfants (OSE) dans le Sud de la France. Avec son allure presque encore adolescente, elle fait passer plusieurs centaines d’enfants juifs.
L’abbé Folliet parcourt le diocèse pour trouver des refuges sûrs pour les malheureux. Rapidement, il se rend compte de l’utilité des presbytères frontaliers, qui sont autant de points importants pour le passage vers la Suisse. Selon l’abbé Gallay, Camille Folliet « était renseigné à bonne source »3643. C’est par son tempérament, et sa conviction personnelle, qu’il fait pression sur ses confrères3644 et qu’il les influence. Est-ce un hasard si les abbés Rosay, Gallay, Simond, tous amis de longue date de Camille Folliet, s’engagent pour aider les malheureux ? Des différents témoignages, il ressort qu’il ne prête pas d’attention particulière au danger. C’est ainsi qu’il se rend en différents lieux avec les poches « pleines de [faux] papiers »3645.
Intéressons nous d’abord aux prêtres qui reçoivent et accompagnent les personnes jusqu’à la frontière, puis à ceux qui organisent le passage, pour terminer par ceux qui les hébergent pour une durée plus ou moins longue.
La première catégorie regroupe principalement les prêtres frontaliers. Tel est le cas de l’abbé Marius Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève3646. Ce dernier est déjà largement impliqué dans différentes organisations résistantes, et à la fin de l’année 1942 ses activités sont déjà bien établies3647. Il est « spécialisé » dans le passage des enfants, des femmes, et des personnes âgées. Une porte permet de passer de l’église à l’orphelinat tenu par les sœurs ; ce bâtiment sert donc d’asile aux personnes en attente de passage vers la Suisse3648. L’abbé Jolivet se renseigne quotidiennement pour être certain de pouvoir faire passer la frontière aux individus3649. Alors que Colette Fournier, accompagnatrice d’un groupe d’une quinzaine d’enfants, est arrêtée avec les enfants, l’abbé Jolivet envoie sur place « l’avocat Roch et Joséphine Équey »3650 pour obtenir leur libération.
À Monnetier-Mornex, c’est l’abbé Dompmartin qui, malgré ses soixante printemps, accompagne les fugitifs jusqu’au Pas-de-l’Échelle, après les avoir parfois hébergés. Il semble être en relation avec l’archiprêtre de Notre-Dame d’Annecy puisque ce dernier indique son nom à une famille qui souhaite passer la frontière. Lorsque la famille Rappaport arrive à Monnetier-Mornex, la bonne les informe que le curé a dû partir, « étant déjà repéré pour avoir aidé des Juifs à passer la frontière »3651. L’abbé aurait été le « pivot d’une filière [et…] agissait avec l’abbé Antoine Veyrat, curé de La Muraz »3652.
Camille Folliet est un ami d’Abel Jacquet, desservant de Juvigny, et c’est presque naturellement qu’il l’entraîne sur les chemins de la désobéissance3653. Le 30 août 1942, l’abbé Jacquet publie l’appel de Mgr Saliège, dans lequel le prélat rappelle que les Juifs sont des hommes et que les Juives sont des femmes3654. Nous ne sommes pas en mesure de donner le nombre de prêtres du diocèse qui ont eu la même attitude que l’abbé Jacquet. Pour terminer avec cette zone du diocèse, nous pouvons citer la cure de Vers, qui sert également de relais vers la Suisse. Il arrive parfois au desservant, l’abbé Fournier3655, d’héberger des personnes ou de les accompagner jusqu’à la frontière. Le plus souvent, il les mets en relation avec les membres de son réseau, notamment avec Marguerite Lachat et son fils3656.
Plus au nord du diocèse, se trouve la cure d’Évian où le plébain3657 et ses vicaires prennent des risques importants pour faire passer des fugitifs. L’un des vicaires, l’abbé Mopty, passe par le lac pour franchir la frontière3658. Nous pouvons encore citer l’abbé Maurice Coffy, curé de Bernex, qui accompagne les Juifs par la montagne3659. Pour terminer ce tour d’horizon des prêtres participant au passage des Juifs, il nous faut citer les Missionnaires de Saint-François-de-Sales du juvénat de Ville-la-Grand et en particulier le RP Louis Favre. L’établissement possède une situation privilégiée puisqu’il possède un mur qui sert de frontière avec la Suisse. Le RP Frontin, supérieur de l’établissement, ne participe pas directement aux passages, mais il couvre ses enseignants leur permettant ainsi de mener à bien leurs actions. Les passeurs profitent de l’exactitude et de la discipline de l’armée allemande. Le RP Favre ayant remarqué qu’il faut trois minutes et demie pour que les patrouilles disparaissent du champ visuel avant de réapparaître3660. Les missionnaires utilisent ce précieux temps pour faire passer les individus en Suisse.
À présent, nous pouvons nous intéresser aux prêtres qui organisent le passage, mais qui n’y participent pas. Débutons par l’abbé Rosay, curé-archiprêtre de Douvaine, que nous avons évoqué précédemment par rapport à l’origine de son engagement dans le sauvetage des Juifs. Dès 1941-1942, il crée un petit réseau basé sur les jeunes de la JAC, mais qui regroupe également l’instituteur laïc et quelques autres paroissiens. Le réseau grandit pour devenir une véritable filière3661. La cure de Veigy-Foncenex, qui dépend de l’archiprêtré de Douvaine, devient un lieu de passage vers Hermance. L’abbé Chevrier, ancien combattant de 1914-1918, président de la Légion en 1941, permet à plusieurs personnes de passer en Suisse. Selon Marie-Louise Lefebvre-Beestchen, il fait « ce que l’archiprêtre lui dit »3662. Deux de ses paroissiens, Lançon et Périllat, entrent dans la filière sous son influence. L’archiprêtre de Douvaine accueille parfois les persécutés dans la cure et lorsque celle-ci se révèle trop petite, il se tourne vers l’orphelinat, tenu par le père Figuet3663. Afin de nourrir ces personnes, l’abbé fait appel aux paysans de la paroisse et aucun ne refuse. Il ne faut pas oublier l’obéissance et le respect qui est dû au curé. Cette filière compte donc trois ecclésiastiques et de nombreux militants d’action catholique. L’archiprêtre est également en relation avec Rolande Birgy. Cette dernière accompagne des enfants jusqu’à la gare de Machilly, puis gagne Douvaine à pied3664. L’abbé et la jeune femme accompagnent les enfants jusque dans un bois où des hommes les prennent en charge pour leur permettre de passer la frontière3665. Par mesure de sécurité, les passeurs ne se connaissent quasiment pas.
Le presbytère d’Évian-les-Bains devient également un lieu de passage. L’abbé Gallay, vicaire dans la cité depuis 1937, estime que « certains jours », les visites affluent « sans arrêt »3666. Ces prêtres sont en relation avec des passeurs, en particulier les frères Yves et Raymond Roussy ou encore Jacques Moulard, auxquels s’ajoutent l’abbé Mopty comme nous l’avons évoqué précédemment. Le franchissement a lieu soit par le lac, soit par voie terrestre à Saint-Gingolph. Là encore, les prêtres sont en relation avec l’abbé Folliet Ce dernier téléphone parfois qu’il faut aller prendre « en gare deux colis »3667. Les prêtres de la cité balnéaire sont en relation avec l’archiprêtre d’Annemasse, le chanoine Eugène Marquet. Ce dernier fait passer un couple venu d’Évian-les-Bains grâce à un cheminot « membre d’un mouvement de jeunesse »3668. Il lui arrive parfois de cacher des personnes « dans le clocher ou dans la salle paroissiale »3669.
Évoquons à présent l’action du chanoine Philibert Bublens3670, curé-archiprêtre de Thonon-les-Bains. Sa conduite courageuse permet à une trentaine de Juifs d’être sauvés3671. Nous savons qu’un soir, par exemple, des membres de la Gestapo font irruption dans son presbytère, lui demandant de livrer les Juifs. Il feint de ne pas savoir, et demande aux gestapistes de le suivre pour trouver les Juifs. Il choisit de leur faire visiter les églises dans leurs moindres détails, les emmenant même sur les toits. Lorsque les gestapistes arrivent vers la voûte reliant la basilique Saint-François-de-Sales à l’église Saint-Hyppolite, le chanoine leur fait comprendre que s’ils venaient à faire un pas de plus, la voûte pourrait tomber, les entraînant ainsi à faire une chute de plusieurs mètres. Déjà bien éprouvés par la visite complète des lieux, les hommes n’insistent pas et repartent convaincu de la bonne foi du prêtre ! Le chanoine fait très probablement partie d’une sorte de réseau. Nous savons qu’il est en relation avec les propriétaires du restaurant voisin de sa cure, « Au fin bec », et qu’il peut compter sur l’aide du douanier, François Duchosal3672. Ce dernier informe l’archiprêtre de la présence des convois allemands et les « soirs de passage, il envoie ses hommes en patrouille à Ripaille ou à Anthy-sur-Léman »3673 afin de ne pas être dérangé.
Pour terminer avec la zone de passage par la frontière en « plaine », nous pouvons citer l’action – parfois peu connue – du chanoine Joseph Chavanne. Ce dernier, recteur du sanctuaire marial de La Bénite Fontaine, est également l’aumônier de l’UDH. À ce titre, il parcourt le diocèse afin de former des cadres dans la ligne tracée par le pape Pie XI en les mettant en garde contre le nazisme. Il aide les personnes traquées et en particulier les Juifs. Toutefois, nous ne sommes pas en mesure de dire si le chanoine Chavanne participe, ou non, aux convois. Nous savons cependant, que trois voitures sont nécessaires pour aller à la frontière : une devant qui éclaire le convoi, celle du milieu, dans laquelle se trouvent les Juifs, et la dernière qui protège l’arrière du convoi3674. Il devait probablement faire partie d’un réseau puisque lors de leur arrivée, les personnes traquées lui étaient recommandées par un prêtre. Au moment de son décès en janvier 1946, Le Courrier Savoyard ne manque pas de rappeler que de nombreux Juifs et autres personnes traquées par la Gestapo ont « trouvé au presbytère de La Bénite Fontaine, un abri avec une hospitalité familiale »3675.
La plaine n’est pas la seule zone de passage vers la Suisse, c’est pourquoi quelques prêtres des zones de montagne sont sollicités pour ce genre d’actions. Tel est le cas de l’abbé Philippe, nommé curé des Gets en 1942. En novembre, lors d’une mission prêchée par le père Servel, une personne vient demander à l’abbé Philippe s’il ne peut pas l’aider à passer la frontière. Le desservant sait, par le prêtre de Morzine, qu’Albert Baud fait passer la frontière au col de Cou. Il met en relation les deux hommes et tout se passe bien3676. Plusieurs fois, il reçoit des personnes venues chez lui par le biais d’une filière, dont il n’est pourtant pas membre3677. Il héberge ces hôtes d’un soir dans une même pièce et fait le nécessaire3678 pour leur permettre de gagner la Suisse. Pour cela il bénéficie de la complicité d’une postière et de l’archiprêtre qui se charge de prévenir le passeur. L’abbé Payot, desservant de Vallorcine3679, semble avoir une action semblable. Il héberge des Juifs au presbytère avant de les accompagner la nuit venue pour les remettre à un guide de haute montagne3680 qui se charge de les faire passer de l’autre côté de la montagne. Il lui arrive également de se mettre en rapport avec le propriétaire de l’hôtel du Buet ou de les faire héberger chez la famille Devillaz au hameau de Barberine3681.
Intéressons-nous, à présent, à ceux qui hébergent les Juifs pour une durée plus ou moins longue. Quelques établissements religieux se révèlent être des lieux d’asile pour certains. Tel est le cas de l’abbaye de Tamié, qui est située à la limite des départements de la Savoie et de la Haute-Savoie. Dom Thomas d’Aquin, abbé de Tamié de 1938 à 1948, rappelle qu’il n’y a pas « eu de réseau de passage organisé » mais qu’il y eu « des passages individuels, de personnes venant chercher comment passer en Suisse par la montagne »3682. Cela se serait produit cinq ou six fois. Nous pouvons citer l’exemple de Maisel qui est hébergé au début 19443683. Il devient « aide au père relieur », et s’occupe des différentes corvées de bois, de vaisselle, avec son compagnon Pierre Mittaux. Maisel quitte le monastère, le 9 mars 1944, suite à la venue des miliciens. C’est à ce moment qu’il est hébergé par le curé de Montmin, l’abbé Donzel, qui a de forts préjugés sur les juifs. Le couvent des sœurs de Chavanod héberge quelques jeunes filles3684, alors que les carmélites du Reposoir reçoivent, dans la plus grande discrétion, des personnes. Le chef du service des réfugiés à la préfecture demande à la supérieure, la Mère Panhard, de garder des réfugiés, et elle lui répond qu’elle ne peut pas. Le fonctionnaire lui répond qu’elle a un cœur de pierre, et ce n’est qu’après la guerre qu’il apprend que le refus de la sœur était motivé par le manque de place dans le couvent3685 ; les religieuses hébergeaient déjà un certain nombre de personnes. Les établissements scolaires permettent également de cacher des enfants. Tel est le cas du collège de Thônes où, le supérieur, le chanoine Pasquier, falsifie les registres d’entrée des élèves permettant ainsi de cacher quelques enfants juifs. De la même façon, il accueille un professeur d’origine polonaise qui sert comme professeur d’allemand3686.
Évoquons à présent l’abbé Longeray, curé de Saint-Martin-Bellevue, qui héberge une famille juive pendant plusieurs mois. Il est l’exemple même du prêtre qui vient en aide à des personnes dans la détresse et qui se présentent à lui. Il héberge la famille Rappaport que nous avons évoqué précédemment avec l’abbé Dompmartin. N’ayant pu passer la frontière à Monnetier-Mornex, ils reviennent dire au chanoine Coutin, archiprêtre de Notre-Dame, que cette filière n’est plus bonne. L’archiprêtre n’étant pas là, c’est un jeune vicaire qui accueille la famille et leur demande de voir avec l’abbé Longeray, curé de Saint-Martin-Bellevue, qui se trouve dans le clocher, où il fait une réparation3687. C’est donc pour ne pas laisser cette famille dans la misère que l’abbé se démène pour les loger dans sa paroisse. Les parents sont logés dans un hameau, alors que la jeune Eva reste au presbytère. Elle suit les leçons de catéchisme, sonne les cloches, et devient même la bergère des moutons du curé3688. Elle est bientôt rejointe pas ses parents qui doivent quitter leur hameau car le propriétaire ne souhaite pas que l’on découvre qu’il héberge des Juifs, bien qu’ils soient devenus les Fabert.
D’autres prêtres sauvent ainsi quelques personnes, tel est le cas de l’abbé Marie-Amédée Folliet, curé bâtisseur des Fins. Son engagement dans la sauvegarde des Juifs est presque le fruit du hasard. Il débute son action à cause de son homonymie avec l’abbé Camille Folliet3689. Des personnes arrivées en gare d’Annecy cherchent l’abbé Folliet et on leur indique la cure des Fins. Il participe à ces réseaux de sauvetage3690 rapidement et activement.
Quelques prêtres s’engagent pour sauver des Juifs, mais au regard du nombre total de prêtres dans le diocèse nous nous apercevons qu’ils sont peu nombreux. Nous pouvons nous demander si finalement ils ne sont pas le reflet de la société française d’alors, où peu de personnes prennent un engagement pour sauver des vies. La mobilisation des prêtres, comme des laïcs, se fait soit suite à une réflexion notamment par la lecture de Témoignage Chrétien, soit par charité. Cette question du sauvetage des Juifs est une première manifestation d’opposition à Vichy, quelques prêtres désobéissent à l’ordre établi. Nous n’avons pas réussi à établir un portrait type de prêtre aidant les Juifs. Cependant nous pouvons souligner que l’engagement dépend en partie de la situation géographique de leur paroisse. Il apparaît également que souvent les prêtres sont deux dans l’archiprêtré à aider les juifs, l’un agissant plus que l’autre ou du moins deux semblent être concernés par la question. Le clergé comme les diocésains se trouvent à partir de 1943, confrontés à un nouveau problème, qui touche l’ensemble d’une part de la population : la question du STO.
L’armée allemande avait pour objectif de prendre possession des terres au sud du lac Léman afin de pouvoir empêcher les passages en zone neutre.
Voir en particulier : o. munos-du-peloux , Passer en Suisse. Les passages clandestins entre la Haute-Savoie et la Suisse. 1940-1944, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2002, 136 p. ; g. morio , La frontière franco-suisse pendant la Seconde Guerre mondiale à travers les franchissements clandestins : surveillance, passage, accueil 1939-1944, mémoire de maîtrise, Université de Grenoble II, 1994, 221 p. ; c. bochaton , La Filière Douvainoise, mémoire de maîtrise, Université de Grenoble II, 1989.
Soit à cause du décès des Juifs, soit parce qu’aucune démarche n’a été réalisée par ceux qui ont été sauvés.
La médaille des Justes lui a été remise à titre posthume en 2000.
Nous évoquerons son attitude dans la partie s’intéressant à la « guerre civile » en Haute-Savoie.
p. mouthon , Résistance…, op. cit., p. 43. Il ne faut pas oublier que les passages par la frontière jurassienne sont plus difficiles parce que cette zone est occupée dès 1940.
La Croix de la Haute-Savoie, 27 octobre 1940.
cl. chatelain, e. edmands , Claudius Longeray…, op. cit., p. 139.
i. maisel, Mémoires de guerre (1939-1945), document dactylographié, s.d., communiqué par l’abbaye de Tamié.
i. maisel, Mémoires de guerre (1939-1945)…, op. cit. Sur la question des juifs en politique voir l’article de Pierre Birnbaum, « Les Juifs dans les guerres franco-française : du boulangisme au front populaire », Vingtième Siècle, revue d’histoire, n° 33, vol. 1, 1992, p. 26-44.
i. maisel, Mémoires de guerre…, op. cit., p. 5.
r. nodot , Mémoires de René Nodot : Résistance non violente, document dactylographié, 1978.
Sur cette question voir les ouvrages de Renée et François Bédarida. Entre autre La résistance spirituelle, 1941-1944. Les cahiers clandestins de Témoignage Chrétien, Paris, A. Michel, 2001, 411 p.
b. comte, L’ honneur et la conscience…, op. cit., p. 227.
Résistance non violente, la filière de Douvaine…, op. cit., p. 27.
Entretien avec Marie-Louise Lefebvre-Beetschen, 13 octobre 2002.
Entretien avec l’abbé H. Vulliez, 12 octobre 2002.
h. vulliez, Camille Folliet…, op. cit., p. 69.
Souvenirs de l’abbé Gallay. Document communiqué par la famille Thévenet.
Lettre de l’abbé Maurice Greffier à Yves-Marie Hilaire, 1995. Document communiqué par M. Ch. Sorrel.
ch. philippe, « Quelques souvenirs du temps de guerre », La vie gétoise…, op. cit., p. 4.
Entretien avec l’abbé Philippe. L’abbé Déjonc est ordonné en 1936 comme l’abbé Philippe. Après la guerre, il rejoindra l’abbé Clavel à Paris pour s’occuper du Cercle des Conférences Catholiques.
Entretien avec André Fumex, le 25 novembre 2003.
Ibid.
L’établissement est situé dans la rue Jean-Jacques Rousseau, face à l’évêché.
Voir sa biographie par l’abbé Hyacinthe Vulliez, Camille Folliet, prêtre et résistant, Paris, Éd. Vieil Annecy, 2001, 185 pages. Camille Folliet naît en 1907, à Annecy, dans une famille nombreuse. Son père, Johanny Folliet, tient un commerce rue Sommeiller, et il est engagé dans différentes œuvres catholiques. Deux des frères de Camille entrent dans les ordres. Camille Folliet est ordonné, en 1932, par Mgr de La Villerabel. Il est nommé vicaire à Ugine où il constitue une section de JOC. Il reste à ce poste jusqu’à ce qu’il soit appelé sous les drapeaux. À son retour de la guerre, il est nommé aumônier diocésain de la JOC. Il est à noter que ses relations avec Mgr de La Villerabel n’étaient pas toujours faciles. Voir également Émile Poulat, Les Prêtres ouvriers. Naissance et fin, 2e éd., Paris, Cerf, 1999, p. 239-245.
Il est intéressant de souligner que le chanoine Clavel semble disparaître des sources à partir de la défaite. Il apparaissait comme le maillon essentiel de l’ACJF jusqu’en 1939-1940 puis après les mentions le concernant sont beaucoup plus rares. Pourquoi ce changement ? Est-ce par rapport au changement d’évêque ? Mgr Cesbron préfère-t-il la présence des vicaires généraux ou du chanoine Bouvard, chargé des œuvres à celle du chanoine Clavel ? Ce dernier reste l’aumônier des mouvements spécialisés, mais son rôle semble bien différent de celui tenu avant la guerre. Est-ce à cause de la multiplication des aumôniers spécialisés ? Cette multiplication aurait-elle entraîné d’une certaine façon un rôle plutôt symbolique pour l’aumônier diocésain ? Aucun des témoins interrogés ne s’est tourné vers le chanoine Clavel au moment du STO, tous se sont tournés vers l’abbé Folliet. Pourquoi ? Est-ce parce que l’abbé Folliet, plus jeune, paraît plus au fait des événements ? il est d’ailleurs surprenant d’une certaine façon que le chanoine Clavel quitte le diocèse dès la fin de la guerre pour s’installer à Paris. Profite-t-il de l’opportunité de la reconstruction pour quitter le diocèse ? Est-il en conflit avec Mgr Cesbron ? ou plus simplement il ne trouve plus sa place parmi les jeunes ? Dans ses souvenirs, il n’évoque pas les raisons profondes de son départ pour Paris.
h. vulliez , Camille Folliet…, op. cit., p. 89.
Témoignage écrit de l’abbé Gallay.
Entretien avec l’abbé H. Vulliez.
Témoignage écrit de l’abbé Gallay.
Marius Jolivet arrive en 1941 pour remplacer l’abbé Magnin décédé. Il s’agit de la paroisse de Paul Tapponnier, qui est maire pendant la guerre. Les deux hommes ont des rapports, mais nous ne savons pas si Tapponnier participe à la résistance. Julien Joly, qui a travaillé sur Paul Tapponnier, a montré que seul un article nécrologique sur Tapponnier évoquait une action résistante. Au cours de sa recherche, il n’a pas trouvé de traces évidentes d’une action de l’ancien président diocésain de l’ACJF.
j. joly, Paul Tapponnier…, op. cit., t. 2, p. 209.
Entretien avec l’abbé Birraux, ancien desservant de Collonges-sous-Salève.
a. perrot, n. nodot, j.-f. perrier, M a vie pour la tienne…, op. cit., p. 30.
a. perrot, n. nodot, j.-f. perrier, M a vie pour la tienne…, op. cit., p. 35.
cl. chatelain, e. edmands , Claudius Longeray…, op. cit., p. 47.
g. ceffa, L’Église de France au cours des années brunes et la totale générosité des prêtres savoyards, 1997, p. 5.
Selon Gilbert Ceffa, il permet à des enfants isolés ou à des personnes handicapées de passer la frontière. g. ceffa, L’Église de France…, op. cit., p. 3.
Témoignage écrit du chanoine Jacquet. Document communiqué par Jeanne Brousse.
D’un groupe de six séminaristes, il est le seul à être ordonné à son retour de la guerre, les autres étant morts ou ayant quitté le sacerdoce.
Entretien ave l’abbé Jacques Fournier, le 6 novembre 2002.
Il cache la Thora dans le tabernacle.
Entretien avec Jeanne Brousse, le 14 octobre 2002.
Entretien avec l’abbé Maxime Birraux. L’abbé Maurice Coffy est l’oncle de Robert Coffy, futur Cardinal. L’abbé Coffy a reçu, à titre posthume, la médaille des Justes en 2003.
a. perrot, n. nodot, j.-f. perrier, M a vie pour la tienne…, op. cit., p. 45.
Sur cette filière voir c. bochaton, La filière douvainoise, mémoire de maîtrise, Université de Grenoble, 1989.
Entretien avec Marie-Louise Lefebvre-Beetschen.
Ibid.
Résistance non violente, la filière de Douvaine…, op. cit.,p. 23.
Ibid., p. 33.
Témoignage écrit de l’abbé Gallay.
h. vulliez, Camille Folliet…, op. cit., p. 92.
Témoignage de madame Stevens. Document communiqué par Jeanne Brousse.
f. mullie, « Les filières d’évasion des Juifs entre le Chambon-sur-Lignon et la Suisse », La Société savoyarde et la guerre. Huit siècles d’histoire (XIIIe-XXe siècles), Actes du XXXVIe congrès des sociétés savantes de Savoie (Montmélian, 21-22 septembre 1996), Chambéry, Société savoisienne d’histoire et d’archéologie, Mémoires et documents, t. 100, 1998, p. 403-406.
Il a reçu la médaille des Justes en février 2001.
Nous pouvons rappeler que malgré les relations hostiles qui existent entre le clergé et la franc-maçonnerie, le chanoine Bublens a conservé précieusement les insignes maçonniques qui lui ont été remis par le chef de la Loge de la cité chablaisienne. Entretien avec l’abbé M. Birraux.
Entretien avec l’abbé François Tavernier.
Entretien avec l’abbé François Tavernier.
Souvenirs écrits de la sœur du Chanoine Chavanne. Document communiqué par le petit-neveu du chanoine.
Le courrier savoyard, 2 février 1946. Rappelons également qu’un certain nombre de résistants ont trouvé un « asile sûr et salutaire » au presbytère du sanctuaire.
ch. philippe, « Quelques souvenirs du temps de guerre », Vie gétoise…, op. cit., p. 4.
Entretien avec l’abbé Philippe.
ch. philippe, « Quelques souvenirs du temps de guerre », Vie gétoise…, op. cit., p. 5.
Vallorcine est un village frontalier avec la Suisse. L’hiver, les conditions d’accès y sont particulièrement difficiles.
p. mouthon, Résistance…, op. cit., p. 44.
Entretien avec l’abbé Chatelain qui a été curé de Vallorcine après la guerre.
Texte de Dom Thomas d’Aquin écrit en 1981. Document communiqué par l’abbaye de Tamié. Dans son témoignage, l’Abbé rappelle que l’abbaye a reçu pendant une dizaine de jours un groupe venu d’Annecy et qui se préparait pour un passage en Suisse. Ces personnes étaient hébergées dans une maison isolée appartenant à l’abbaye et venaient au monastère pour y prendre leurs repas.
Du 16 janvier au 9 mars. i. maisel, Mémoires de guerre…, op. cit., p. 6.
r. barcelini, f. paoli, d. turpault et alii, Histoire du diocèse…, op. cit., p. 46.
Entretien avec Jeanne Brousse.
r. barcelini, f. paoli, d. turpault et alii, Histoire du diocèse…, op. cit., p. 43.
cl. chatelain, e. edmands, Claudius Longeray…, op. cit., p. 59.
Ibid., p. 65.
Entretien avec Jeanne Brousse.
La notice qui lui est consacrée dans le Dictionnaire des Justes (p. 256-257) évoque une déportation dans un camp allemand à cause de ses activités. L’abbé Folliet n’a pas été déporté en Allemagne, il a été interné à la prison d’Annecy dont il s’évade le 18 août, veille de la libération de la ville. Cependant à cause d’une santé déjà fragilisée par la Première Guerre mondiale, il est contraint de prendre un certain repos dans le sud de la France avant de retrouver sa chère paroisse des Fins. l. lazare, Dictionnaire des Justes de France, Paris, Fayard, 2003, 596 p.