Laval, souhaitant la victoire de l’Allemagne, n’hésite pas à mettre en place le système de la Relève. Ce dernier, qui prévoit l’envoi de trois ouvriers français pour le retour d’un prisonnier de guerre, se révèle rapidement être un échec3691. C’est pour cette raison, qu’en février 1943, il met en place le Service du Travail Obligatoire. Ce sont les jeunes gens nés en 1920, 1921 et 1922 qui sont concernés. Cette situation délicate touche les catholiques à la fois dans leur chair et dans leur conscience. Le clergé se retrouve également confronté à cette épineuse question, puisque les séminaristes sont directement touchés par ces mesures. Nous étudierons cette question en trois points, d’abord en s’intéressant aux laïcs, principalement les militants des mouvements de jeunesse, puis, nous évoquerons la question des séminaristes, pour terminer par l’aide qui est apportée par le clergé aux réfractaires au STO qui affluent toujours plus nombreux au cours de l’année 1943.
La presse catholique ne semble pas faire un large écho à cette mise en place. En effet, la section de censure d’Annecy rappelle le 15 juillet 1942 que le numéro du 12 courant de La Croix de la Haute-Savoie n’évoque pas « l’importante question de la relève des prisonniers par les ouvriers allant travailler en Allemagne ». Le compte-rendu se poursuit en rappelant qu’un « article sur ce sujet sera imposé au prochain numéro de La Croix de la Haute-Savoie ». Toutefois, le 22 juillet, la censure relève que « malgré la recommandation faite au directeur du journal on ne trouvait dans le numéro du 19 juillet que quelques mots insuffisamment orthodoxes dans un bref article intitulé “la Relève”. Après avis de la censure principale, l’insertion du texte “les ouvriers parlent aux ouvriers” est rendue obligatoire. Le directeur de La Croix de la Haute-Savoie ne s’incline qu’après intervention de M. le chef de la censure principale ». ADHS, 8 W 15, rapport du 22 juillet 1942.