IV. Guerre civile et Libération

Comme dans toute guerre civile, des frères s’opposent. En Haute-Savoie, des Chrétiens s’opposent dans les deux camps que sont la Résistance et la Milice, pourtant avant la guerre certains militaient dans les mêmes groupes de jeunesse. Les uns jugent la désobéissance nécessaire, alors que les autres préfèrent l’ordre et l’obéissance. Le climat humain revêt également une certaine importance. L’engagement dans la Résistance est plus facile dans la vallée de Thônes que dans le Chablais. Dans le premier cas, les habitants sont quasiment tout acquis à la Résistance, alors que dans le Chablais, les groupes de résistants s’opposent entre eux. De plus, cette zone a été le théâtre d’importantes luttes politiques depuis plus d’un demi-siècle. Nous pouvons donc nous interroger sur le rôle du clergé, dans un cas ou dans l’autre. La formation reçue par les militants d’action catholique n’est peut-être pas non plus étrangère à ces choix, même si la sensibilité de chacun tient une lourde part dans le choix. Des militants d’action catholique cherchent parfois conseil auprès de leur curé, parce qu’ils estiment qu’il est mieux informé et qu’il a un certain jugement par rapport aux événements. C’est sans doute de cette façon que certains prêtres orientent des jeunes vers la Milice. René Rémond rappelle qu’entre « 1940 et 1944, les catholiques qui obéissent au gouvernement du maréchal Pétain honorent en lui le gouvernement légitime aux yeux de l’Église, défenseur de l’ordre moral ; ceux qui le combattent ont choisi de le faire pour s’opposer aux infiltrations d’une idéologie païenne et sauver l’âme de la France »3929.

Notes
3929.

 r. remond, « Droite et gauche dans le catholicisme français contemporain », Revue Française de Science politique, 1958, n° 3, p. 537.