Nous nous intéresserons principalement à l’action menée par les prêtres, car celles des laïcs a été plus étudiée dans le cadre de différents travaux sur l’histoire de la résistance. Il n’existe pas encore d’ouvrages s’intéressant uniquement aux militants d’action catholique qui ont participé à la résistance ou à la collaboration. Sans doute serait-il intéressant de pouvoir établir un portrait type de ces personnes. Pour cela, il faudrait avoir une liste précise des militants, ce qui semble presque impossible à connaître. Il est en effet plus difficile de reconnaître dans les sources les militants des prêtres, c’est pourquoi nous choisissons de nous intéresser aux prêtres. Ces derniers sont d’ailleurs souvent en relation avec d’anciens militants d’ACJF.
En dehors de leur période militaire, ou du front, les prêtres ne portent pas les armes. Après la défaite de 1940, ils ne sont pas armés, mais participent à leur façon à la lutte en menant des actions de résistance. Ils n’ont pas l’impression de sortir de leur ministère en présidant les funérailles de résistants ou en les confessant. Tel est le cas de l’abbé Camille Benoît, ancien aumônier du 27e BCA, qui se rend aux Glières pour l’inhumation de deux résistants, ou encore de l’abbé Pasquier, dont le frère est dans l’illégalité, qui confesse les maquisards des Glières à la veille de l’attaque allemande. Les prêtres qui choisissent la résistance le font, en général, vers 1943-1944, à un moment où de nombreux réfractaires au STO affluent dans le diocèse. Certains encouragent leurs paroissiens à aider ces jeunes qui ont tout quitté pour refuser une certaine forme d’esclavage, tel est le cas de l’abbé Compois, curé de Dingy-Saint-Clair3930.
Quelles sont les raisons qui peuvent pousser une minorité de prêtres à s’engager aux côtés de la résistance ? Les influences politiques passées ne sont probablement pas étrangères au choix d’aider la résistance. Les prêtres, comme des laïcs, craignant le communisme3931. Dès lors, nous pouvons nous demander pourquoi choisir la résistance plutôt que la Milice, qui lutte contre le bolchevisme. Les prêtres de tendance plutôt démocrate-chrétienne s’orienteraient plus vers la résistance3932, alors que ceux qui avaient des sympathies pour l’Action française s’orienteraient plus vers Vichy. Nous ne pouvons tirer de conclusions hâtives car tout dépend des personnes et des cas. Le même phénomène est visible chez les laïcs. Jacques de Griffolet d’Aurimont, officier du 27e BCA, de tendance proche de l’Action française3933, s’engage dans la résistance dès 1942. Soulignons que le chanoine Clavel qui a contribué à former les militants contre les opposants de l’Église ne semble pas jouer un rôle dans la résistance. Est-ce par esprit ancien combattant, et fidélité au Maréchal qu’il préfère ne pas s’engager dans l’un ou l’autre camp ? Continue-t-il a avoir un rôle sur les jeunes ? Des différents témoignages recueillis, aucun n’évoque le nom de Clavel après 1940.
Dans son étude sur la vallée de Thônes, Mickaël Maistre souligne que, dans cette zone, les prêtres ont plus suivi les paroissiens, qu’encouragé les jeunes à prendre le maquis3934. L’abbé Jean Truffy rappelle que les prêtres sont les « défenseurs de leurs paroissiens », comme l’étaient « sur un champ plus vaste les Évêques […] qualifiés de “défenseurs de la Cité” »3935. Ceci est particulièrement vrai pour la vallée de Thônes, mais également pour les paroisses se trouvant aux alentours de Glières (Petit-Bornand, Bonneville, Entremont…). Le contraire est vrai pour le Chablais, où le clergé semble être moins coopératif avec la résistance. Dans cette partie du département, les maquis sont à forte majorité FTP (Franc-Tireur et Partisan) qui sont d’obédience plutôt communiste. Ce qui n’est pas sans gêner certains clercs chablaisiens. Dans cette partie du diocèse, les luttes cléricales et anticléricales ont été particulièrement violentes au début du siècle. Apaisées par la Première Guerre mondiale, elles sont ravivées par les élections de 1924 et de 1936 dans une moindre mesure. Les prêtres en poste à ces périodes le sont encore en 1944 ; leur animosité peut expliquer en partie leur opposition à la résistance qu’ils jugent comme « rouge ». Les propos de l’abbé Truffy montrent que les prêtres ont pu encourager les jeunes à entrer dans la résistance organisée par l’AS pour les empêcher d’entrer dans les formations FTP.
Si l’abbé Truffy reste le prêtre résistant le plus connu, il n’est pas le seul à avoir aider ceux qui ont osé dire « non » à l’occupant. Sa célébrité provient de la publication, en 1950, d’un ouvrage où il livre ses souvenirs concernant cette période. À cela s’ajoute son implication dans l’affaire des Glières qui a rapidement pris une ampleur nationale et internationale et qui tient une place importante dans l’histoire de la résistance. L’engagement des prêtres dans la résistance revêt plusieurs aspects : ils peuvent servir de boîtes aux lettres pour les divers réseaux de résistance, mais également participer aux réseaux de renseignements, ou être en relation directe avec les résistants.
Un certain nombre de prêtres, déjà évoqués pour le sauvetage des Juifs, s’engagent dans la résistance. Au premier plan, nous trouvons l’abbé Jolivet, curé de Collonges-sous-Salève. Il est l’une des boîtes aux lettres d’Allan Dulles, chef des Services secrets américains pour l’Europe : l’OSS3936. Ce réseau travaille avec celui du service de renseignements suisses3937. Soulignons que la maison de Louis Martel, sise à Thairy, sert de relais pour la transmission des informations destinées à Dulles3938. Malgré sa santé fragile, l’abbé Jolivet est aussi agent de liaison du réseau Ajax3939, tout en prenant une part active au bon fonctionnement de Témoignage Chrétien, dont il est correspondant. Les informations entre Louis Cruvillier et le RP Chaillet passent en partie par le presbytère de Collonges. Pour cette mission, il s’entoure d’associés, tout en s’occupant des liaisons les plus urgentes3940. L’abbé Jolivet aide également au passage de la frontière à d’autres personnes que les Juifs. Henri Grouès, dans Bernard Chevalier interroge l’abbé Pierre, rappelle que c’est « le 9 novembre 1943 » qu’il réussit « après diverses péripéties à conduire [Jacques de Gaulle] jusque chez le curé de Collonges-sous-Salève »3941 avant de le prendre sur son dos pour lui faire franchir la frontière.
Le RP Louis Favre, professeur au juvénat de Ville-la-Grand, est membre du « réseau Gilbert » du colonel Groussard. Il s’agit d’un réseau de renseignements particulièrement présent dans le Sud Est de la France3942. Le RP Favre entretient de nombreuses relations, réussissant ainsi à obtenir un certain nombre d’informations notamment sur « l’organisation de la Wehrmacht, ses intentions ainsi que celles de la police allemande et […] de la Milice »3943. Afin de ne pas trop attirer l’attention sur lui, ou sur l’établissement, le RP Favre s’absente le moins possible. Son activité semble être importante, puisqu’au moment de son arrestation, Grumm, membre de la Gestapo, répondant à qui plaidait en faveur de Favre, déclare : « c’est inutile, il nous a fait trop de mal ! »3944. Plus au nord du diocèse, le presbytère de Douvaine sert de refuge à un ingénieur britannique qui reçoit de temps à autre un « émissaire très discret » avec qui il prépare de « grandes actions de représailles contre des installations situées en Allemagne »3945. Ils sont notamment à l’origine de la destruction des « barrages de Mœhme et de l’Eder, le 17 mai 1943 »3946.
L’action de ces prêtres est restée pendant longtemps assez peu connue, contrairement à celle de l’abbé Truffy, qui comme nous l’avons dit précédemment à publié un récit de son activité en 1950 sous le titre de Mémoires du curé du maquis des Glières 3947 . Il n’est pas le seul à aider les résistants, toutefois, il symbolise, pendant longtemps, le prêtre qui a aidé la résistance. Il semble que son engagement soit motivé par son anticommunisme. D’une certaine façon, il exprime cette idée dans la préface lorsqu’il déclare qu’il devait protéger ses paroissiens « contre les abus de certains groupes qui prétendaient travailler à sauver le pays, en pillant des Français »3948. Il poursuit en expliquant qu’il devait aider les jeunes à échapper au STO, mais que son devoir était « aussi de veiller à ne pas les laisser enrôler par certaines bandes qui se constituaient en marge de la résistance, ou sous son couvert et risquaient de les entraîner hors du droit chemin »3949. Il fait une référence évidente au groupe qui est constitué dans sa paroisse par le communiste Marcel Lamouille. L’abbé Truffy, en relation avec l’Armée Secrète, héberge Humbert Clair dit Navant3950, l’un de ses chefs. Ce dernier est conduit chez l’abbé Gauthier, par le curé du Petit-Bornand3951.
Il nous paraît intéressant de s’arrêter sur la relation qui a existé entre le clergé et les maquisards du plateau des Glières. Le 31 janvier 1944, le lieutenant Tom Morel, accompagné d’environ cent vingt hommes, monte sur le plateau des Glières afin d’y recevoir des parachutages alliés. Au fil du temps, un certain nombre de maquisards les rejoignent, pour atteindre un effectif de plus ou moins quatre cent soixante-cinq hommes, au moment de l’attaque du 26 mars. Dans la nuit du 9 au 10 mars, Morel et un de ses hommes sont tués. Quelques jours plus tard, ils reçoivent des obsèques religieuses sur le plateau. Le 18 mars, le capitaine Maurice Anjot prend le commandement de ce bataillon des Glières. Un certain nombre de prêtres se trouvent mêlés à cet épisode de la résistance devenue célèbre, tant par la voix de Schumann, que par celle d’Henriot.
Thorens, Entremont et Le Petit-Bornand sont les paroisses les plus directement concernées par l’affaire des Glières, et les desservants jouent un rôle dans la résistance, avant même la fin janvier 1944. Dans le premier cas, l’abbé Pagnod tente de s’entendre avec les deux camps. Pendant toute une nuit, il raisonne le lieutenant Simon qui, sous divers prétextes, voulait abattre plusieurs personnes3952. L’abbé Vibert, curé d’Entremont, sert de boîtes aux lettres pour les maquisards. Comme nous l’avons vu précédemment, l’abbé Truffy quant à lui aide la résistance à plusieurs reprises. Il reste connu pour avoir célébré, avec l’abbé Benoît, les funérailles de Tom Morel et de son compagnon. Avant cette date, il avait été contacté par Tom Morel pour venir célébrer la messe dominicale3953. L’abbé Truffy ne peut quitter sa paroisse, mais il fait appel à l’abbé Benoît, ancien aumônier du 27e BCA. Ce dernier bénéficie d’une certaine complicité de la part des gardes mobiles qui sont en cantonnement au Petit-Bornand. L’abbé Truffy va même jusqu’à écrire que son confrère bénéficie de « l’accord passif du colonel Lelong »3954. L’ancien aumônier de la garnison d’Annecy monte à deux reprises aux Glières pour y célébrer l’office dominical, dans le bâtiment de l’infirmerie3955. Il prévient son évêque qu’il monte aux Glières, avec ou sans son accord3956. Il n’est pas le seul à mettre son ministère au service des maquisards puisque l’abbé Menuz, alors vicaire à Bonneville, rappelle que des jeunes maquisards « descendus du plateau »3957 venaient se confesser à lui.
Après l’affaire d’Entremont dans la nuit du 9 au 10 mars 1944, les deux dépouilles de Morel et Descours sont remontées sur le plateau des Glières. Le lieutenant Jourdan, alias Joubert, commandant du plateau par intérim, prévient le curé du Petit-Bornand pour qu’il fasse monter deux cercueils3958, et pour lui demander de « faire à ces deux héros des sépultures dignes d’eux »3959. Le curé du Petit-Bornand fait « appel à l’abbé Benoît pour dire la messe de sépulture qu’[ils décident] pour le lundi 13 mars »3960. La veille de la cérémonie, l’abbé Truffy reçoit – à sa plus grande surprise – les parents de Tom Morel qui ont réussi à obtenir « l’autorisation du commandant des GMR »3961. L’abbé Benoît célèbre la messe, et donne l’absoute pendant que, dans la vallée, les cloches sonnent le glas3962. Alors que l’intérim est assuré par les lieutenants Jourdan et Bastian, un groupe important de maquisards arrive du Giffre et du Chablais. L’abbé Truffy reçoit « l’ordre d’acheminer Lalande et ses hommes sur Glières afin de renforcer la défense »3963, c’est pourquoi il les guide jusque chez Arthur Ballanfat, l’un de ses paroissiens. Ce dernier les prend « en charge pour leur faire éviter les barrages et les amener à bon port »3964.
D’autres prêtres jouent un rôle dans l’histoire des Glières. Afin de désigner un successeur à Morel, un « conseil de guerre »3965 se tient et, à l’unanimité, le capitaine Anjot est désigné pour cette tâche. L’abbé Benoît participe à cette réunion, et « rentrant à Annecy par le train »3966, il rencontre le capitaine Anjot à la sortie de la gare. Sans « avoir reçu personnellement mandat de le faire, [il] dit au capitaine ce qui est sorti du “conseil de guerre” »3967. C’est avec une « réaction immédiate et affirmative » que le capitaine Anjot, alias Bayart, « enthousiaste et lucide dit : “Je sors ma meilleure tenue d’officier et je monte au Plateau” »3968. C’est le 18 mars, qu’a lieu la prise de commandement, alors que l’aviation allemande poursuit ses bombardements, et que l’étau se resserre autour du plateau.
Le chef milicien Dagostini propose une reddition au commandant du plateau3969. Dans ce dessein, il choisit un prêtre comme intermédiaire entre la résistance et la Milice. C’est le 22 mars, qu’il se rend au collège de Thônes pour contacter le chanoine Pasquier, supérieur de l’établissement. Ce dernier écrit que « plusieurs officiers de Dagostini s’étaient offerts pour ce rôle de parlementaire, mais que leur chef avait cru devoir repousser leurs propositions en raison de l’incertitude qui planait sur les événements du plateau »3970. Le chanoine poursuit en soulignant que pour cette mission délicate, il était préférable d’avoir « quelqu’un dont le caractère – et peut-être aussi les accointances secrètes, en tout cas en sympathie non dissimulée – le mettrait à l’abri de tous sévices. On avait alors pensé au collège et à son personnel ecclésiastique »3971. Faut-il voir dans le choix de s’adresser à un prêtre l’idée selon laquelle personne n’osera tirer sur un prêtre ?3972 Le chef milicien était-il informé que le supérieur cachait « des choses au collège à l’insu de [s]es collègues »3973 et que l’un de ses frères était le chef d’un commando anti-Gestapo à Megève3974. Le chanoine Pasquier accepte que l’abbé Maurice Gavel3975 soit le messager du dernier espoir, tout en choisissant de l’accompagner. Le chanoine Pasquier choisit particulièrement ce confrère parce qu’il a plusieurs avantages et parce qu’il estime que « personne ne [lui paraît] plus habilité pour pareille mission »3976. Début mars, il avait rendu visite à son frère Pierre, de ce fait, il connaît « les lieux, les passages, […] les jeunes gens, [et] sa sympathie pour les maquisards est bien connue d’eux »3977. Ils acceptent la mission pour plusieurs raisons. D’abord, ils pourront revoir certaines de leurs connaissances3978, comme le lieutenant Bastian ou encore leurs frères3979. Ensuite, ils pourront informer le commandant du plateau des événements qui se trament dans la vallée. Enfin, le supérieur du collège estime que les jeunes auront besoin de réconfort et d’une aide spirituelle. C’est pourquoi il estime que la présence de deux prêtres n’est ni inutile ni superflue.
C’est le 23 mars que les deux prêtres accomplissent leur mission, après avoir refusé la voiture proposée par la Milice, craignant « des conséquences redoutables pour le collège de la part des Allemands »3980. Estiment-ils que les occupants pourraient être irrités par le fait que des prêtres, qui doivent être au service de tous, jouent le rôle d’entremetteur entre la résistance et la Milice. Attendant la réponse du capitaine Anjot, les deux prêtres mettent leur ministère au service des maquisards. L’abbé Gavel « parcourt les sections qui gardent les postes donnant sur le Petit-Bornand » alors que son supérieur s’occupe de celles qui dominent Entremont3981. Le chanoine Pasquier se rend également auprès des blessés et des malades, réunis à l’infirmerie.
C’est à la fin de l’après-midi, après avoir reçu une réponse de Bayart, que les deux prêtres redescendent dans la vallée. La section Hoche, cantonnée à Notre-Dame-des-Neiges, vient d’être victime d’un bombardement, au moment où les deux prêtres y arrivent. Ils peuvent ainsi donner « l’extrême-onction à deux blessés graves »3982 mis à l’abri dans la chapelle. Évoquant leur passage à un avant-poste, le chanoine Pasquier écrit : « Je garderai toute ma vie un souvenir inoubliable de l’émotion et de la ferveur avec lesquelles les hommes […] acceptèrent notre ministère »3983. La section est commandée par Jean Rivaud, un chef « remarquable »3984 qui sait donner une discipline à ses hommes ce qui leur vaut d’être appréciés. Afin de montrer son estime aux jeunes partis de sa paroisse pour monter aux Glières, l’abbé Josserand, curé du Bouchet-Mont-Charvin, n’hésite pas à leur rendre visite3985. Ce prêtre apporte également son aide à des maquisards après l’exfiltration du 26 mars. C’est le cas du lieutenant Joubert qui réussit à rejoindre le Cropt, sur la commune des Clefs. Alors qu’il cherche du ravitaillement, il est aidé par l’abbé Josserand3986. Il n’est pas le seul à ouvrir la porte de son presbytère aux maquisards en fuite. D’autres prêtres le font également. Tel est le cas de Rémi Contat, curé du Biot, qui est en relation avec l’AS et qui aide le bonnevillois Roger Broisat3987.
Pour terminer sur cette question de la relation entre le prêtre et la résistance au travers de l’exemple des Glières, il nous faut à nouveau évoquer l’abbé Truffy. Dès le 18 mars, il est mis en « résidence forcée dans [sa] cure »3988. Cette décision intervient après le remplacement des GMR par les miliciens. Malgré cette situation, le 25 mars, l’abbé Truffy réussit à se rendre auprès du lieutenant-colonel Lelong, alors que les barrages des forces de l’ordre interdisent l’accès aux communes environnantes du plateau des Glières. Le prêtre aurait reproché au gendarme d’avoir « laissé venir les Allemands et de ne pas avoir fait évacuer [ses] paroissiens […] encore sur le plateau »3989. À l’évidence, l’intervention de Truffy auprès de Lelong ne peut rien changer à la situation. Les forces françaises semblent, elles-mêmes, largement dépassées par la situation. Nous pouvons cependant nous interroger sur les raisons qui poussent l’abbé Truffy à se rendre régulièrement à Annecy. Nous pouvons avancer des hypothèses sans trouver des réponses certaines. Lelong aurait-il trouvé un espion capable de le renseigner sur les agissements des hommes du plateau ? Utilise-t-il l’anticommunisme du prêtre pour arrêter les FTP présents aux Glières ? Le prêtre, suffisamment subtil, tente-t-il d’entretenir de bons rapports avec les forces vichystes afin de pouvoir s’en servir au besoin, comme cela a pu être le cas. En effet, Lelong adresse une lettre au prêtre en lui rappelant que « les nommés Bouvard, Carrara et Rachex ont été libérés sur [son] intervention alors qu’ils appartenaient à l’AS »3990. Ces rapports avec l’intendant de police n’empêchent pas l’abbé Truffy d’être appréhendé par les forces de l’ordre. Le 29 mars, soit trois jours après l’attaque allemande du plateau, il reçoit un message sévère le mandant de ne quitter la cure que pour se rendre à l’église et l’inverse3991. À l’approche des fêtes de Pâques et des cérémonies de confirmation, l’abbé tente de protester, mais en vain. Il ne doit s’adresser à personne sur le chemin le menant de la cure à l’église. S’il venait à se rendre auprès d’un paroissien malade, il devrait être accompagné d’un milicien3992. La situation n’a pas à se présenter puisqu’il est arrêté le 30 mars, par la Gestapo. Il est enfermé dans l’école qui est transformée en lieu de torture. C’est ici qu’il retrouve Arthur Ballanfat qui, malgré les tortures, ne parle pas. L’abbé Truffy écrira que ce paroissien a « eu le courage de ne pas vendre son curé »3993. Rapidement, le « nouveau chef de la Milice et le directeur des services de renseignements de la Milice, Chavenaz »3994 interviennent en faveur du prêtre, mais sans succès puisqu’il est transféré à Annecy, avant de partir pour Compiègne. Il est à noter que tous ceux qui ont été enfermés à l’école du Petit-Bornand ont été fusillés, à l’exception du curé qui lui est déporté.
Cet engagement des prêtres ne doit pas faire oublier que des catholiques se mobilisent également dans la Résistance, que l’on pense à ceux issus des mouvements de jeunesse. Ces derniers ne sont pas les seuls à s’engager, s’ils sont plus difficiles à reconnaître dans les sources, il n’en reste pas moins que quelques-uns font figure d’exemple. Que l’on pense au président jaciste, Lucien Cotterlaz-Rannard. Ce dernier est souvent cité comme l’exemple de l’engagement du militant chrétien. Concerné par la question du STO puisque né en 1922, il s’engage rapidement dans un mouvement de résistance dans le secteur rochois qui est le sien. Il constitue un petit groupe et devant l’importance de son activité clandestine, il quitte sa charge de président diocésain de la JAC. Il retrouve un certain nombre d’anciens militants catholiques qu’ils soient issus des mouvements spécialisés (Gavel, Dujourd’hui…) ou du scoutisme (Morel). Cela ne doit pas faire oublier que des catholiques, non engagés dans des mouvements d’action catholique se retrouvent dans les rangs de la Résistance. Que l’on pense aux officiers ou sous-officiers issus du 27e BCA (Anjot, Lalande, Bastian, Griffolet d’Aurimont, Wolff…).
Il est paradoxal de constater l’engagement des jeunes catholiques, alors que les hommes de la FNC – pourtant anciens militants de la première ACJF pour un certain nombre – ne s’engagent que très peu3995. Dans quelques cas ce sont leurs enfants qui participent à la Résistance ; que l’on pense par exemple à la fille de Léon Lalanne. Cela ne doit toutefois pas faire oublier que l’Union Diocésaine des Hommes, à la suite de son aumônier, le chanoine Chavanne, dénonce les dangers du nazisme et l’impossibilité pour des catholiques de s’associer à un tel régime. Le clivage générationnel n’est-il pas d’une certaine manière un reflet de la situation plus générale ? En effet, les plus jeunes sont les plus nombreux à s’engager, du moins dans la branche armée de la Résistance. Cela peut provenir à la fois du STO mais également du fait de leur jeunesse. Au niveau national, la FNC adopte des positions qui sont sans doute moins claires que celles choisies par les groupes de l’ACJF3996. Corinne Bonafoux rappelle que « tout en critiquant les conditions désastreuses de l’armistice, la lâcheté de Pétain et le marché de dupes avec l’Allemagne, la FNC ne peut qu’approuver des pans entiers de la Révolution nationale qui font aboutir certaines de ses vieilles revendications »3997.
Il semble d’ailleurs que les hommes de l’UDH ont plus lutté les régimes totalitaires (surtout le nazisme) que le régime de Vichy. Leur façon de résister semblerait donc être plus tournée vers une forme de résistance spirituelle que vers celle d’une action armée. Tel est le constat que nous avons pu dresser suite à un article, paru le 14 octobre 1944, dans le premier numéro du Courrier Savoyard. En effet, bien que sa lecture doive se faire avec prudence3998, cet article rappelle que des directives étaient données aux militants pour « dénoncer la malfaisance des idéologies qui […] opposaient les peuples et à les mettre en parallèle avec le christianisme qui seul, portait avec lui le bien de l’humanité et de la paix »3999. Les hommes recevaient également des « directives pratiques »4000 lors des conférences, journées d’études ou retraites organisées par le mouvement. À cette occasion, il leur était souvent rappelé que « toute collaboration spirituelle avec le nazisme était impossible à des chrétiens et interdites par les directives pontificales, que la déportation des travailleurs en Allemagne était contraire au droit des gens et que, par conséquent, les ordres donnés en cette matière par le gouvernement n’obligeaient nullement en conscience »4001. Parmi les critiques faites à l’encontre de l’État, il y a celle de la création de la Milice. En effet, les militants de l’UDH ont « souligné le grave inconvénient d’une milice », notamment parce qu’elle est « établie pour les exigences de l’occupant » parce qu’elle était « appelée à devenir […] un instrument de dénonciation, de division et d’oppression entre français »4002.
Après avoir évoqué la question de la Résistance, nous pouvons évoquer celle de l’appartenance de diocésains à la Milice.
Pierre Mouthon définit le Franc-Garde comme « un cultivateur de moins de vingt-cinq ans […] militant catholique, [luttant] “contre les communistes et les sans-Dieu” »4003. Ce type de Franc-Garde se retrouve principalement dans le Chablais, d’où sont originaires 30,26 % des miliciens fusillés au Grand-Bornand, le 24 août 19444004. Précédemment, nous avons vu que que le communisme semblait particulièrement présent dans cette zone du diocèse. Son appartenance politique évolue puisque les cantons passent progressivement de la gauche à la droite, et en 1936, le député élu n’est autre que le docteur Bernex, ancien séminariste.
Certaines paroisses chablaisiennes ont été victimes de vexations de la part de municipalités. C’est le cas de Saint-Cergues, Sciez ou encore Cervens4005, où les maires prennent des arrêtés pour interdire les processions religieuses4006. Il ne faut pas oublier non plus que le Chablais a connu une œuvre de reconquête catholique par saint François de Sales4007. En effet, au début de l’époque moderne, l’invasion bernoise apporte dans le nord des terres de la Savoie les idées calvinistes qui semblent séduire une partie de la population. François de Sales, alors jeune prêtre, est chargé par Mgr de Granier de faire revenir au christianisme le Chablais. Faut-il voir dans ces attitudes politiques un héritage du temps du calvinisme ? Le Chablais est également une terre de rencontres entre la Suisse et la France4008, c’est une terre d’échanges ou d’accueil pour les idées nouvelles. Les groupes de maquis dans cette zone sont majoritairement FTP, c’est également ici que se retrouvent les Brigades Rouges Internationales (BRI) qui ne sont pas sans nuire à la réputation de la résistance parmi les populations locales, habituées d’ordinaire à l’ordre et à l’obéissance. L’abbé Longet, curé du Lyaud, estime qu’il faudrait des canons pour évincer les maquis FTP des Voirons4009.
Les prêtres semblent influencer les jeunes par la formation morale et spirituelle qu’ils leur dispensent dans le cadre des groupes de jeunesse catholique. L’abbé Bergier, curé de Cervens jusqu’en 1937, forme des « militants pour être costauds contre la pensée des autres, notamment face au communisme »4010. Les jeunes sont, sans doute, plus sensibles aux mises en garde faites par l’Église contre le communisme dans cette zone parce qu’ils le vivent. Comment rester insensible face aux menaces qui pèsent sur les Catholiques, qui se voient même interdire le droit de manifester leur conviction religieuse sur la voie publique ? À Cervens, c’est en juin 1931, que le prêtre est sanctionné par un procès-verbal pour « délit de procession religieuse le jour de la Fête-Dieu »4011. L’arrêté du Conseil d’État du 6 décembre 1933 annule l’arrêté municipal rendant ainsi satisfaction aux Catholiques4012 sur le plan religieux. Tous les jeunes qui entrent dans la Franc-Garde ne sont pas forcément concernés par la question du STO, mais certains voient dans la Milice « le seul moyen de défendre leur religion et leur pays »4013. Un des premiers militants jocistes du diocèse nous rappelait qu’il était entré dans le SOL par anti-communisme, et qu’il avait poursuivi dans la Milice pour la même raison4014. Certains paraissent également entrer dans la Milice parce qu’ils y trouvent une certaine sécurité, pour eux, ou pour leur famille. Tel semble être le cas du maire de Brenthonne qui rejoint les rangs de la Milice pour se défendre des attaques dont il est victime4015. Paul Vittet, président de la section jaciste de Cervens, entre dans la Milice après avoir reçu des cercueils à la suite de son adhésion au SOL. Selon son frère, son adhésion provient largement de l’influence du père, ancien de Verdun4016. Trois jeunes frères âgés de seize à dix-neuf ans entrent dans la Milice pour venger leur maire assassiné4017. Le cas du Chablais s’oppose à la vallée de Thônes dont plus des trois-quarts des paroisses sont à droite depuis 1870. Cette vallée ne compte aucun milicien parmi ses habitants. De plus dans cette zone, la résistance est exclusivement AS et les chefs sont presque tous issus du 27e BCA.
Le Chablais connaît plusieurs lieux de sinistre mémoire parmi lesquels la maison des Fillion, sise au lieu dit Grange Allard, aux Allinges. Plusieurs membres de cette famille rejoignent les rangs de la Milice, alors que Pierre est inspecteur de police à Thonon-les-Bains, suite au départ du séminaire en 1941, juste après les chantiers de jeunesse. Cette famille pratiquante accueille les personnes menacées par la résistance, et c’est de leur hameau que partiront, en juin 1944, les miliciens chablaisiens et leur famille pour se rendre aux Marquisats à Annecy. Installés à la Commanderie, de nombreux Francs-Gardes se rendent tous les matins à la messe à l’église Saint-Maurice4018. Le frère d’un Franc-Garde, lui-même prêtre, reconnaît que les jeunes ont essayé de vivre ce que le curé leur disait et pour lui, les curés ont « une grosse part de responsabilités dans l’engagement des jeunes dans les forces de Vichy »4019. Il est assez difficile de connaître les raisons exactes qui poussent les jeunes à entrer dans la Milice. Sans doute les plus jeunes ont écouté les conseils qui pouvaient leur être donné par le prêtre ou par les parents. En revanche, pour ce qui concerne les plus âgés, les motifs de l’engagement sont plus réfléchis. Nous pouvons citer l’exemple d’un ancien militant d’action catholique qui avait rejoint les Ligues après avoir quitté les rangs de l’ACJF estimant que l’association manquait d’activité4020. Sans doute son engagement dans la Milice provient à la fois de son passé ligueur mais également de son anticommunisme4021.
Parmi les soixante-seize miliciens passés par les armes, le 24 août 1944, au Grand-Bornand, plusieurs adressent des lettres à leurs familles. Dans ces dernières, ils ne manquent pas de souligner qu’il faut « embrasser monsieur le curé »4022 ou encore qu’il faut donner l’argent « pour des messes »4023. Alors qu’ils sont menés vers le lieu de l’exécution, ils récitent l’indulgence plénière pour l’heure de la mort de Pie X, alors que certains crient « Vive le Christ-Roi », au moment de l’exécution4024. Plus de soixante années après la fin de la guerre, il reste encore délicat de comprendre les motivations précises qui poussent des jeunes catholiques à entrer dans les rangs de la Milice. Malgré nos recherches et les entretiens que nous avons pu avoir, il ne nous est pas possible de donner les véritables motivations qui poussent des individus, ayant reçu la même éducation religieuse, ayant fréquenté les mêmes écoles, à faire des choix aussi diamétralement opposés.
Peut-être aurait-il été intéressant de savoir le degré d’engagement religieux des familles de miliciens par rapport à celles des résistants. Les premières auraient-elles été plus traditionnelles que les secondes, qui auraient présenté une ouverture d’esprit plus grande ? Faut-il voir dans le choix de l’une ou de l’autre situation une influence du milieu géographique ? Il serait en effet intéressant d’établir avec précision les lieux de recrutement des miliciens afin de savoir si ces dernières correspondent ou non aux zones de pratiques religieuses ou plutôt à celles où la pratique pascale se maintient sans être excellente. La Milice n’aurait-elle pas recruté ses membres dans les zones où la pratique religieuse est bonne mais reste fragile, c’est-à-dire là où les luttes politiques la mettent en danger. Quoiqu’il en soit cette lutte fratricide a laissé, comme dans le reste du pays, des marques que même le temps a du mal à cicatriser.
Comme tous les choix, ceux faits par les catholiques entraînent des conséquences qui peuvent aller jusqu’à la mort, dans certains cas. Il nous semble intéressant de s’arrêter sur la question de l’arrestation et de la déportation des prêtres. Cette question nous semble importante, notamment par le fait que le prêtre est encore considéré comme une notabilité villageoise. Le fait d’arrêter un prêtre ne constitue pas un acte banal, cette arrestation ne revêt pas la même dimension que pour un laïc, dans la mesure où il y a la symbolique du prêtre. Ce dernier est celui qui est là pour aider tout le monde, il est le prêtre de tous.
Entretien avec Alphonse Métral.
Le chanoine Clavel dans ses souvenirs rappelle son entrevue avec le lieutenant-colonel Lelong qui l’avait fait appeler pour comprendre comment agir vis-à-vis des jeunes, notamment des Glières. L’entrevue se tient après le 1er mars 1944, puisque Michel Fournier est présent dans les locaux de la Villa Mary et nous savons qu’il est arrêté le 1er mars. Le chanoine Clavel déclare au lieutenant-colonel Lelong : « Aussi sympathie de la population pour le maquis. Celle-ci foncièrement patriote, saine, robuste, bon sens, pacifique, répugne à la violence, mais attachée à la liberté, hostile au désordre, aussi se lèverait entière contre le communisme s’il menaçait ». Le lieutenant-colonel lui répond qu’il est conscient de cela et que les jeunes qui se trouvent dans le département sont de trois types : « 1° ceux qui sont venus du dehors, parmi lesquels des individus tarés, ou qui cherchent à se bagarrer ; 2° ceux qui se sont défilés pour se soustraire à une contrainte dure et gênante et à la déportation ; 3° ceux qui ont agi pour des raisons morales et patriotiques – excellents jeunes. Ils ont choisi librement sous l’influence, soit de leur propre conscience, soit du milieu, en toute bonne foi. Ils exercent une influence heureuse dans le maquis autant qu’ils le peuvent ». En note, le chanoine Clavel souligne que Lelong aurait dû remettre sa démission après cette entrevue, et rappelle qu’il était prêt à témoigner en sa faveur à son procès qui n’a pas pu avoir lieu puisqu’il a été exécuté sommairement le 16 novembre 1944, après avoir été enlevé de la prison d’Annecy, avec le préfet Marion. ADA. 1 D 21. Boîte Mgr Clavel, n° 1. a.-d. clavel, Quelques jalons pour ma vie.
Pensons aux abbés Bublens, Truffy ou encore Terrier qui, à ce moment, est évêque de Tarentaise.
Correspondance avec son filleul, François d’Orcival.
m. maistre , La vie politique…, op. cit., p. 112.
j. truffy, Mémoires du curé…, op. cit., p. 18.
Office of Strategy Service.
a. perrot, r. nodot, j.-f. pierrier, Ma vie…, op. cit., p. 32.
c. sorrel, dir., Dictionnaire du monde religieux…, La Savoie, op. cit., p. 281.
a. perrot, r. nodot, j.-f. pierrier, Ma vie…, op. cit., p. 32.
Ibid.
b. chevalier, abbé pierre, Bernard Chevalier interroge l’abbé Pierre, Emmaüs ou venger l’homme en l’aimant, Paris, PUF, 1979, p. 71.
m. germain, Le sang de la barbarie, Montmélian, La Fontaine de Siloë, 1992, p. 51.
a. perrot, r. nodot, j.-f. pierrier, Ma vie…, op. cit., p. 49.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 42, 19 octobre 1944, p.
Souvenirs de Melle Julia Constantin, aide de l’abbé Rosay, publiés dans a. perrot, a. nodot, j.-f. pierrier, Ma vie…, op. cit., p. 38.
I bid. L’abbé Rosay accueille également le colonel Verduraz.
Une réédition du livre est faite, en 1979, aux éditions Atra. Elle a été censurée par rapport au texte de 1950 suite à une décision de justice. Cette dernière a été portée par la famille de Marcel Lamouille qui estimait que des passages du livre étaient peu flatteurs à l’encontre des FTP et de la famille Lamouille.
j. truffy, Mémoires…, op. cit., p. 18.
j. truffy, Mémoires…, op. cit., p. 18.
c. sorrel, dir., Dictionnaire du monde religieux…, La Savoie, op. cit., p. 397. Humbert Clair est l’un des instigateurs de la troupe scoute à Annecy. À la fondation de la troupe scoute d’Annecy, le 18 août 1927, l’abbé Gauthier en était le secrétaire-trésorier. ADHS, 4 M 58.
j. truffy, Mémoires…, op. cit., p. 30.
Entretien avec R. Terrier.
j. truffy, Mémoires…, op. cit., p. 58.
Ibid. Le colonel Lelong est le chef du maintien de l’ordre nommé en Haute-Savoie en janvier 1944.
Entretien avec Louis Jourdan.
Entretien avec Alphonse Métral.
l. menuz, Souvenirs d’un curé…, op. cit., p. 7.
Entretien avec Louis Jourdan.
j. truffy, Mémoires…, op. cit., p. 63.
Ibid.
j. truffy, Mémoires…, op. cit., p. 64. Selon un télégramme du SS Knab, l’autorisation aurait été donnée par le lieutenant-colonel Lelong lui-même. Le SS estime qu’il s’agit là « d’une grossière erreur … de Lelong ».
I bid.
Ibid., p. 63. Dans ses Mémoires, l’abbé Truffy ne précise pas qui lui donne l’ordre. Sans doute s’agit-il d’un membre de l’AS. Est-ce réellement un ordre ou s’agit-il plutôt d’une demande émanant de l’AS ?
I bid., p. 64. Arthur Ballanfat, veuf depuis 1943, et père de deux jeunes enfants, s’est engagé dans la résistance sur insistance du prêtre. Devant l’accroissement des risques, il fait part à l’abbé Truffy de son intention de se retirer de son rôle de ravitailleur. Cependant, le prêtre l’encourage à poursuivre son action, l’assurant de son soutien en cas d’ennuis. Arthur Ballanfat est arrêté à la fin mars 1944 et exécuté le 1er avril 1944. Entretien avec sa fille, Renée Rey.
Lettre du 12 avril 1983 adressée à Claude Anjot par l’abbé Benoît. Document communiqué par M. Cl. Anjot.
Ibid.
Ibid.
Ibid.
Les miliciens semblent assez mal informés puisque le pli qu’ils adressent au commandant du plateau est destiné au commandant Valette d’Osia. Ce dernier était le chef de corps du 27e BCA en 1940 à 1941. Il a beaucoup œuvré pour préparer la résistance de l’Armée Secrète.
Rapport établi par le chanoine Pasquier le 24 avril 1945. Témoignage confirmé par l’abbé Gavel, le 27 avril 1945. Document communiqué par M. Cl. Anjot.
Ibid., p. 1.
Soulignons que le port de la soutane facilite le passage des barrages de police. C’est du moins ce que rappelle l’abbé Truffy dans son ouvrage. L’abbé Greffier rappelle, quant à lui, avoir conseillé à des jeunes colleurs d’affiches de se vêtir « d’une grande pèlerine noire, de préférence avec un capuchon et de se munir d’une lanterne » car cela laissait penser à un prêtre se rendant au chevet d’un malade. Témoignage publié dans les Amis du Val de Thônes, n° 9-10, mars 1984, p. 80. Terminons cette évocation, de la soutane qui peut parfois servir d’aide pour les résistants, en soulignant que l’abbé Éminet, curé de Duingt, prête sa soutane à Milo Carqueix, l’un des chefs de la résistance afin qu’il puisse se rendre à une réunion en juin 1944 pour marquer l’arrivée de Nizier, chef de la résistance départementale. Louis Jourdan qui nous évoquait cet événement nous soulignait que lui – comme Carqueix – possédait une photo en soutane. Entretien avec Louis Jourdan.
Amis du Val de Thônes, n° 9-10, mars 1984, p. 80.
Entretien avec Louis Jourdan.
Maurice Gavel est le frère de Pierre Gavel que nous avons évoqué précédemment. Il est également le frère de Félix Gavel qui sera président diocésain de l’ACJF à la suite de Charles Bosson. Cf. supra, p. 349 et suiv ; Cf. infra, p. 495 et suiv.
Rapport du chanoine Pasquier…, op. cit., p. 2.
Ibid.
Ibid.
Le lieutenant Bastian a été chef du corps franc de Thônes avant sa montée sur le Plateau. Il réside d’ailleurs non loin du collège pendant cette période. D’autre part, l’abbé Pasquier a « tout lieu de penser que son plus jeune frère, chef d’un groupe franc dans la Vallée de l’Arve, a rejoint le plateau ». Rapport du chanoine Pasquier…, op. cit., p. 4.
Ibid., p. 3.
Ibid., p. 5.
Ibid., p. 6.
Ibid.
Entretien avec Louis Jourdan.À cette période, il assure le commandement de la première compagnie à laquelle est rattachée la section Hoche.
Entretien avec Louis Jourdan. L’abbé Josserand, prisonnier de guerre, a été libéré pour raison de santé. Dès son retour dans sa paroisse, il se met au service de la Résistance.
Ibid.
Entretien avec l’abbé H. Vulliez. L’abbé Contat était vicaire à Bonneville avant d’être nommé au Biot.
j. truffy, Mémoires…, op. cit., p. 65.
Ibid., p. 64-65.
I bid., p. 53.
Ibid., p. 67. Lettre de Jacquet, chef de détachement, commandant le poste de commandement du Petit-Bornand.
Ibid., p. 68. Lettre du chef milicien de Bourmont adressée à l’abbé Truffy. De Bourmont est « chef de la Franc-Garde, SS Hauptsturmführer, commandant du 57e régiment de grenadiers de la Waffen SS. Il est tué en Poméranie le 6 mars 1945 », in p. mouthon , Résistance, occupation…, p. 233.
j. truffy, Mémoires…, op. cit., p. 71.
Ibid., p. 114-115. Télégramme n° 366 du 6 avril 1944 du gestapiste Jeewe.
Corinne Bonafoux rappelle d’ailleurs que « la question de la participation des membres de la FNC à la Résistance ne peut donner lieu qu’à quelques éléments de réponse extrêmement modestes car les sources … ne peuvent faire état d’une activité clandestine et traquée ». c. bonafoux, À la droite de Dieu…, op. cit., p. 467.
Sur cette question voir c. bonafoux-verrax , À la droite de Dieu…, op. cit., p. 465-491.
c. bonafoux-verrax , À la droite de Dieu…, op. cit., p. 470.
Il est écrit après la Libération et peut-être en réponse à des accusations qui auraient pu être portées contre le mouvement.
Le Courrier Savoyard, n° 1, 14 octobre 1944.
Ibid.
Ibid.
Ibid.
p. mouthon, Résistance…, op. cit., p. 469. La citation « contre les communistes et les sans-Dieu » a été reprise par Pierre Mouthon dans le témoignage de l’abbé Ducroz, qui confesse les miliciens condamnés à mort en août 1944.
D’après le relevé que nous avons effectué sur un recueil de lettres adressées par les miliciens à leurs familles et indiquant leur lieu d’origine.
Sans exagération nous pourrions presque nous demander si Guareschi ne s’est pas inspiré de la commune de Cervens pour écrire ses Dom Camillo. En effet, le maire communiste de Cervens, Albert Boccagny, n’hésite pas à baptiser « place rouge », celle qui se trouve devant la mairie. À la veille des élections de 1936, les militants communistes gardent le maire alors que les Catholiques protègent l’abbé Bergier. Il est d’ailleurs à souligner que c’est en 1937 que l’abbé Bergier quitte sa paroisse pour rejoindre celle de Fessy-Lully. Nous devons tout de même souligner que, sur le plan social et agricole, Albert Boccagny, maire de Cervens, a beaucoup œuvré pour faire progresser l’agriculture dans sa commune et ses environs. Il est à l’origine de la création d’une coopérative laitière. Remarquons cependant qu’il y a dans la commune un syndicat agricole communiste et un autre catholique.
Dans les trois cas, les affaires sont portées devant le Conseil d’État, qui annule les arrêtés. Pour Saint-Cergues, cf. supra, p. 250.
Suite à l’invasion des troupes bernoises.
Cf. supra, p. 22.
Entretien avec Marie-Louise Lefebvre-Beetschen.
Entretien avec X., le 12 décembre 2002.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 50, 14 décembre 1944, p. 694.
Ibid.
Témoignage de l’abbé Ducroz sur « l’arrestation et le procès des miliciens ».
Entretien avec X., le 6 septembre 2002.
Entretien avec X., le 12 décembre 2002.
Ibid.
Entretien avec l’abbé Lepan.
Entretien avec X., le 12 décembre 2002.
Ibid.
Floraisons des Alpes, novembre 1934, p. 139-141. Le chanoine Clavel note en marge que cette personne a été exécutée au Grand-Bornand.
Tout laisse penser qu’il s’agit de Jacques Chambaz, milicien et chef de centaine. Si la supposition est exacte, nous savons qu’il est motivé par son anticommunisme. Alors que les prisonniers des Glières étaient enfermés dans l’école de Thorens, il est intervenu pour que les tortures cessent, et il rend à Charles-André Wolff (résistant de l’AS) son étoile d’éclaireur-skieur. Au moment où il lui remet, il lui déclare qu’il sait ce que cela représente pour un chasseur alpin. Entretien avec Charles-André Wolff.
Les lettres ont été publiées dans Le Grand-Bornand 19-24 août 1944, Albens, Imprimerie Jeanton, 1989.
Le Grand-Bornand 19-24 août 1944, Albens, Imprimerie Jeanton, 1989.
Témoignage de l’abbé Ducroz sur « l’arrestation et le procès des miliciens ». Sans doute des résistants ont eu les mêmes gestes et attitudes envers la religion.