Des lendemains de la guerre au Concile

Au sortir de la guerre, le clergé est meurtri, peut-être même plus qu’en 1918. Les divisions qui ont eu lieu au cours du conflit sont encore présentes et ont beaucoup de difficultés pour se cicatriser. Malgré ces blessures, les catholiques participent à la reconstruction de la cité nouvelle. En 1914-1918, l’expérience du front avait permis aux prêtres de rencontrer une frange de la population qu’il n’avait pas toujours l’habitude de fréquenter. En 1945, les Catholiques ont rencontré, entre autres, les Communistes dont la doctrine avait été condamnée par Pie XI en 1937. Une certaine évolution a eu lieu dans les mentalités, la camaraderie née de la guerre joue sans doute un rôle dans l’apaisement relatif des relations entre Catholiques et Communistes, du moins dans l’immédiat après-guerre. Les Catholiques, notamment ceux qui ont milité au sein des mouvements d’action catholique, espèrent que la religion trouvera une place plus importante dans cette société en reconstruction, notamment dans le domaine scolaire.

L’Église, qui a perdu un certain nombre de prêtres et de fidèles pour la libération du territoire, a donc un rôle à jouer dans la vie publique d’après 1945. L’entrée de catholiques dans différents domaines, entraîne un renouvellement des élites. Les jeunes militants de l’action catholique spécialisée sont en âge de prendre des responsabilités. Ils participent activement à la vie politique de l’après-guerre, briguant des postes de maires, de conseillers, généraux, de députés, de sénateurs ou même de ministres. Malgré cela, les luttes anciennes ne cessent pas spontanément et certains domaines comme l’école restent des lieux d’opposition. Devant une société en mouvement, le clergé ne peut pas rester insensible. Il doit s’intéresser aux vocations qui sont la condition sine qua non de sa survie, mais il doit également porter son attention sur les fidèles. Des enquêtes ont lieu afin de connaître avec précision l’état de la pratique. Une fois celle-ci connue, des mesures peuvent être prises pour tenter d’enrayer le détachement qui apparaît malgré tout dans l’ensemble du diocèse. Les années Cinquante sont marquées par les missions régionales. Ces dernières constituent des temps forts, à la fois pour les prêtres et les fidèles, et sont à l’origine d’un certain nombre de modifications qui apparaissent tout au long des années Soixante. Ces changements s’inscrivent dans un contexte plus large que celui du seul diocèse d’Annecy.

D’abord, nous nous intéresserons à l’enseignement et aux vocations qui constituent des préoccupations majeures pour Mgr Cesbron. Ce dernier, conscient des changements s’opérant dans son diocèse n’hésite pas à faire appel au chanoine Boulard4365, afin qu’il puisse dresser un tableau précis de la situation du diocèse, c’est ce que nous évoquerons dans une seconde partie. Pour terminer, nous nous intéresserons aux changements qui s’opèrent pour permettre au diocèse d’entrer dans un temps nouveau.

Notes
4365.

Le chanoine Boulard est déjà venu dans le diocèse notamment pour intervenir sur la question de la paroisse et de l’action catholique. Revue du Diocèse d’Annecy, n° 34, 21 août 1947, p. 600-601. Le compte-rendu rappelle que « l’autorité de M. le chanoine Boulard nous dispense d’insister sur l’intérêt de ces deux journées ».