A. Travailler aujourd’hui pour les moissons de demain : les vocations, le recrutement

Concernant le recrutement, la Seconde Guerre a des conséquences moins importantes que la Première. Entre 1914 et 1918, les rentrées au grand séminaire avaient été quasiment nulles, et les ordinations avaient connu le même phénomène pendant trois années successives. Au total entre 1939 et 1945, le diocèse a perdu dix prêtres4367 et vicaires des suites de la guerre. Contrairement à 19194368, les ordinations reprennent un cours normal dès la Libération, même si elles peuvent être modifiées par le retour des séminaristes prisonniers. La guerre n’a pas beaucoup influencé les ordinations, d’ailleurs – et paradoxalement – le maximum séculaire est atteint en 19434369. Malgré les événements, les prévisions d’ordinations s’avèrent exactes. En décembre 1938-janvier 1939, La Page de Saint-André prévoyait qu’en 1944, l’évêque aurait conféré la prêtrise à quatre-vingts séminaristes4370. Finalement, entre 1939 et 1944, ce sont quatre-vingt-un séminaristes qui sont ordonnés. Entre 1939 et 1945, le taux d’ordination par rapport aux entrées est de 71,6 %, ce qui est quasi égal au quinquennat précédent. C’est d’ailleurs au cours de ces années, et afin d’accueillir tous les candidats au sacerdoce, que Mgr Cesbron fait ajouter un étage au séminaire. Si les vocations ne sont pas aussi pléthoriques qu’à la fin du XIXe siècle, il n’en reste pas moins qu’elles sont encore nombreuses. Sans doute le travail de Mgr de La Villerabel porte-t-il ici ses fruits, car « c’est grâce à ce coup d’audace dont la postérité lui fera honneur »4371 que le diocèse a été « moins éprouvé que d’autres par la crise du recrutement sacerdotal »4372. Il est patent que la fonction de petit séminaire attribué à l’établissement de Thonon-les-Bains contribue à former des vocations. Cependant, il convient de les préserver des dangers des vacances et de la tentation du monde extérieur. Les élèves de Thonon-les-Bains sont comme dans une « serre chaude »4373, ils sont l’objet de toutes les attentions de la part de l’équipe enseignante. Mgr Cesbron, que d’aucuns considèrent presque comme « grand seigneur »4374, porte une attention particulière aux vocations, qu’il est nécessaire de prendre en charge tôt4375. Il est particulièrement attaché à la présence du grand séminaire d’Annecy. Cependant, malgré tous les efforts faits par les prêtres et l’épiscopat, la diminution du nombre des vocations est prévisible. En 1960, Mgr Cesbron s’oppose au départ des séminaristes dans un autre diocèse4376. Il réussit à conserver l’établissement dans la cité épiscopale, qui devient ainsi le lieu d’accueil des élèves de Chambéry, de Maurienne et de Tarentaise4377.

Dès sa première lettre pastorale, Mgr Cesbron s’intéresse aux vocations. Déjà en 1943, les efforts faits par l’évêque sont soulignés par La Page de Saint-André 4378 qui se réjouit de constater que les entrées dans les petits séminaires ne sont pas aussi squelettiques qu’elles avaient pu l’être entre 1914 et 1918. En 1945, l’Apostolat de la prière demande que les intentions soient tournées vers le recrutement sacerdotal4379. Dans un communiqué de mars 1946, Mgr Cesbron s’intéresse à la question des vocations4380 qui doit rester au « premier rang » des soucis de tous4381. L’année suivante, il lance un nouvel appel, estimant que, dans son diocèse – comme ailleurs – « les années d’abondance […] ne sont plus qu’un souvenir lointain »4382. Il incite donc ses prêtres à s’appliquer à « chercher, à aider, à défendre, à former des vocations »4383, afin qu’il « en sorte enfin de tant de paroisses qui n’ont donné personne, depuis si longtemps ! »4384. Il insiste sur la nécessité d’avoir des « vocations, et des vocations décidées, solides, apostoliques, saintes ! »4385. Son appel s’adresse aux « pères et mères de famille ! », mais aussi aux « enfants et jeunes gens, choisis par Dieu dans le secret déjà ! »4386.

Le labeur pour les vocations étant urgent, il ne doit pas y avoir de relâche. C’est pour cette raison qu’en 1947, l’évêque demande à tous de travailler « fort et ferme […] pour le Sacerdoce et les Vocations »4387. Ses demandes entrent dans le champ des préoccupations de l’Église, puisqu’en avril, les intentions de l’Apostolat de la prière portent sur « l’œuvre pontificale des vocations sacerdotales »4388. L’œuvre de Saint-André a été agrégée en 19434389 à cette œuvre, elle-même fondée en 19414390. Mgr Cesbron appelle une nouvelle fois ses prêtres et ses diocésains à « faire toujours davantage pour aider les vocations »4391. Il demande aux familles de se souvenir que la « vocation est un grand honneur pour le foyer »4392 et que « c’est une question de vie ou de mort »4393. Alors qu’il parcourt le diocèse pour les cérémonies de confirmation, l’évêque réitère son appel, et il est alors heureux de constater que des diocésains se tournent vers lui pour lui demander « toujours plus de prêtres »4394. C’est pour cette raison qu’il invite toutes les personnes responsables d’enfants à prêter une attention particulière à la vocation exprimée par chacun. Les parents doivent constituer des exemples au même titre que les « éducateurs et les éducatrices chrétiennes »4395.

Le milieu familial (au sens large) a sans doute une influence sur les vocations. En 1948, sur les trois cent soixante-trois séminaristes (grands et petits), deux cent cinquante-huit (soit 71,07 %) disent avoir dans leur famille proche des prêtres, des religieuses ou des religieux4396. Citons l’exemple de la vallée de Thônes, où certaines paroisses donnent beaucoup de petits séminaristes en même temps qu’elles ont beaucoup de religieuses (Grand-Bornand) ou de prêtres (Manigod). Sans doute, dans cette vallée encore respectueuse des traditions, le poids de la famille joue un rôle prépondérant quant au choix des vocations. À l’inverse, les paroisses qui ne donnent aucun prêtre, religieux ou sœurs, n’ont pas de petits ou grands séminaristes.

Mgr Cesbron souligne qu’il faut beaucoup de candidats puisque, sur ce nombre, peu –finalement – arriveront jusqu’à l’ordination. Utilisant la métaphore du printemps, il s’interroge sur le nombre de fleurs qui « vont disparaître sans fruit »4397. Pour lui, qui a effectué toute sa carrière dans un petit séminaire, au cœur d’une terre de chrétienté, les vocations ont probablement un sens encore plus grand que pour un évêque passé par le ministère paroissial. C’est pour cette raison qu’il insiste sur la joie profonde que ressentiront tous ceux qui, à force d’efforts et de sacrifices, donneront une vocation à l’église. Il rappelle qu’il est nécessaire de prévoir rapidement l’avenir, et c’est pourquoi il appelle au maintien d’une certaine tradition relative à la fierté de donner son fils à l’église. À cette occasion, il souligne que « bienheureux [sont] les diocèses où parents et enfants sont désireux et fiers, à chaque foyer, d’unir, par le même sacerdoce, le sang de la famille au sang du Christ premier Prêtre ! »4398. Il poursuit en rappelant que « bienheureux [sont] les diocèses où les jeunes gardent toujours le goût de l’idéal et du sacrifice, où les familles voient autre chose que l’argent, le pain, la viande, le jeu et le plaisir ! »4399. Par ses propos, sans doute fait-il une allusion directe aux paroisses du diocèse qui commencent doucement à voir avec plaisir l’installation du tourisme hivernal et/ou estival, et qui seront tentées de donner moins de prêtres que par le passé.

En 1945 déjà, dans les Problèmes missionnaires de la France rurale, le chanoine Boulard rappelle qu’en Haute-Savoie, « la préoccupation de gagner de l’argent domine dans beaucoup de foyers »4400 et que beaucoup de diocésains « manquent de scrupules et tout simplement de conscience »4401. Un tel phénomène existait probablement depuis plusieurs années, mais la guerre l’a sans doute accéléré dans plusieurs zones du diocèse. En 1943, Henry Bordeaux rappelle à propos de la baisse des vocations que « c’est presque une loi économique : à mesure que les produits de la terre se vendent mieux et enrichissent les agriculteurs, ceux-ci hésitent davantage à donner leur fils à la vie spirituelle »4402. L’abbé Gallay, curé à Yvoire, émet même l’hypothèse de créer une association des mères de prêtres4403. L’idée semble avoir séduit, cependant, nous n’avons trouvé aucun document permettant de nous renseigner sur la réalisation ou non de ce projet. C’est son compatriote l’abbé Jean-Marie Gallay, chargé du recrutement sacerdotal, qui met en garde les diocésains du grave danger que constitue la diminution du nombre des familles nombreuses4404. Il importe de souligner que les deux tiers des prêtres sont issus de familles de cultivateurs4405, et nous pouvons donc nous demander si la baisse de la population rurale n’entraîne pas de fait une baisse des vocations ?

Mgr Cesbron, très préoccupé, à la fois par le recrutement et par la pastorale, a très probablement eu connaissance de l’ouvrage du chanoine Boulard qui rappelle que la « hiérarchie cherche les moyens de revaloriser dans l’estime des jeunes gens, des familles, du peuple chrétien, la vocation du clergé séculier et sa mission apostolique »4406. Dans chaque diocèse, des efforts ont été faits pour le recrutement des séminaires. Ces initiatives ont obtenu un succès variable. L’attitude de Mgr Cesbron entre dans une démarche générale de prise de conscience du clergé des problèmes de recrutement4407. Le chanoine Boulard souligne que les mouvements d’action catholique ont été sollicités pour envoyer certains de leurs membres au séminaire, tout en rappelant que les « vocations tardives seront toujours l’exception », et qu’il faut donc agir plus en amont. En 1945, dans le diocèse d’Annecy, un séminariste ancien de la JAC écrit que « c’est à la JAC qu[’il] doi[t] [sa] vocation »4408. Il serait intéressant de pouvoir établir, avec précision, dans quelle mesure les enfants des militants d’action catholique entrent au séminaire. De la même façon, il serait intéressant de savoir si des prêtres ont fréquenté les mouvements de l’enfance avant d’entrer au séminaire4409.

Le chanoine Boulard signale qu’en milieu rural, un diocèse de deux cents prêtres a besoin de huit ordinations annuelles pour assurer la relève4410. Si nous partons de ce chiffre et que nous l’appliquons au cas du diocèse d’Annecy, nous pouvons dire qu’il faut entre onze et douze ordinations annuelles pour assurer la relève4411. Si nous considérons comme dates extrêmes 1947 (date de l’appel de l’évêque pour les vocations) et 1962 (date de son décès), nous pouvons dire que le renouvellement se fait de justesse, puisqu’il y a environ douze ordinations par an.

En 1947, La Page de Saint-André estime que si les rentrées successives au grand séminaire comptaient en moyenne cent quinze élèves (comme la rentrée 1946-1947), le diocèse connaîtrait en moyenne douze ou treize ordinations annuelles. Ce chiffre est obtenu après retrait des pertes soit 15 à 20 % des effectifs de départ. Le résultat ainsi obtenu est divisé par six, chiffre équivalent au nombre d’années nécessaire à la formation d’un prêtre. Nous pouvons donc constater que l’hypothèse présentée en 1947 s’avère exacte. C’est donc à juste titre que La Page de Saint-André ne cesse de souligner le danger que représentent les rentrées aux faibles effectifs4412.

Le chanoine Boulard rappelle que, depuis le début du XXe siècle, même les diocèses les plus féconds connaissent un certain recul face à la question des vocations4413. Toutefois, pour y remédier la plupart des diocèses consacrent de « plus en plus de prêtres à l’enseignement chrétien »4414. Ce phénomène est visible à Annecy où, entre 1925 et 1944, le nombre de prêtres attachés à l’enseignement croît de 58 %, puisqu’il passe de trente-neuf à soixante-deux4415. Afin de mieux marquer les esprits, la Revue du Diocèse d’Annecy évoque une pièce de théâtre. La première partie montre le sort douloureux d’une paroisse qui n’a plus de prêtre, et où la lampe du sanctuaire est éteinte. Tout semble mourir pour mieux renaître dans la seconde partie puisqu’un jeune rural ému par cette détresse décide de devenir prêtre4416.

En 1953, un nouveau communiqué de l’évêque rappelle la nécessité urgente de former des prêtres. Il appelle les foyers chrétiens à aider les vocations des enfants, et souligne qu’en plus de l’aide financière apportée à l’œuvre de Saint-André, il serait bon d’aider le clergé par « le sang ». Les familles sont largement incitées à venir en aide aux vocations de leurs enfants4417. Il est nécessaire de prendre en compte les changements de mentalités qui s’opèrent depuis la fin de la guerre. Les loisirs prennent une place plus grande parmi les préoccupations des jeunes, qui partent souvent à la ville le dimanche après-midi. Les mouvements d’action catholique recrutent encore, mais leur âge d’or est passé. Parfois même les enfants de militants optent pour un non engagement dans le militantisme parce qu’ils ont « souffert » des absences répétées des parents4418.

En 1957, les diocésains sont à nouveau sollicités pour donner leur fils à l’Église, par le biais d’un nouveau communiqué épiscopal. À cette occasion, Mgr Cesbron souligne que des paroisses d’ordinaire généreuses en vocation n’envoient plus leurs enfants au séminaire, ni même vers les ordres religieux (hommes et femmes). S’interrogeant sur les origines de la situation, il se demande si « les prêtres seraient […] plus muets ou les fidèles plus sourds »4419. Il poursuit en cherchant à savoir si « les enfants, les jeunes filles verraient moins clair ou auraient moins de courage qu’autrefois… […] si les familles reculeraient devant l’appel de Dieu transmis par les prêtres pour les séminaires et les noviciats ? »4420. L’enquête de sociologie de 1956-1957 souligne que le degré d’instruction des religieuses a augmenté ; les jeunes filles sont alors moins tentées par l’entrée en religion. Cette dernière ne constituant plus une ascension sociale, comme cela pouvait être le cas plus d’un demi-siècle avant4421.

En 1955-1956, Mgr Cesbron organise deux réunions pour entretenir les prêtres ayant des séminaristes dans leur paroisse4422 de cette question préoccupante des vocations. À cette occasion, il note que « le principe de réunion est excellent », tout en s’interrogeant « sur ce qu’il en sortira » et ce qu’il faudra « en retenir »4423. Il rappelle à ses prêtres que, même s’ils sont « vieux »4424, ils ne doivent pas avoir peur des méthodes nouvelles. Il les encourage à parler davantage avec leurs séminaristes au cours des vacances, notamment celles d’été4425. En janvier 1958, non sans rapport avec les missions régionales et l’enquête du chanoine Boulard, Mgr Cesbron met en place le « service diocésain des vocations »4426. Son but est l’éveil, la culture et le soutien des vocations. C’est ce service qui assure la coordination de la pastorale des vocations avec l’ensemble de la pastorale. Cette création répond également au vœu émis par l’assemblée plénière des évêques en 1957, qui demandait que « le problème des vocations soit inséré dans une pastorale d’ensemble afin que les paroisses, les secteurs paroissiaux et les mouvements d’action catholique s’en considèrent solidement responsables »4427.

L’année 1959, centenaire de la mort du curé d’Ars, est placée sous le signe du sacerdoce. Mgr Cesbron encourage les diocésains à participer à l’œuvre de Saint-André et à poursuivre inlassablement le travail de préparation pour les vocations. Cependant, malgré toutes les exhortations à la prière et à l’action, les ordinations sont de moins en moins nombreuses. D’ailleurs en 1959, l’abbé Détraz, responsable des vocations, souligne qu’elles « continueront à être très faibles dans les années à venir », même si un « espoir s’est levé cette année avec la belle rentrée de quatre-vingt-deux nouveaux au petit séminaire, chiffre qui n’avait pas été atteint depuis 1944. Sans doute faut-il voir là un fruit immédiat de l’année du Sacerdoce qui s’achève »4428.

Pourquoi cette baisse des vocations ? En 1945, dans un ouvrage consacré au clergé diocésain, Mgr Guerry avance des hypothèses qui peuvent sans doute s’appliquer à la situation diocésaine d’Annecy. Évoquant la réticence de certaines familles à voir un de leurs fils entrer dans le clergé séculier, Mgr Guerry rappelle que la « vocation du clergé paroissial4429 n’est pas estimée comme elle devrait l’être par les familles »4430. Il évoque par exemple les raisons économiques qui décourageraient certaines familles à envoyer leur fils au séminaire. Mais dans le diocèse, l’œuvre de Saint-André vient justement en aide à ces familles aux moyens modestes. Entre 1941 et 1945, l’attribution de bourses avait justement permis une reprise des entrées, et ce malgré les événements4431.

À cela s’ajoute sans doute également le fait que le prêtre n’a plus l’aisance matérielle qu’il avait pu connaître un siècle plus tôt. La cléricature n’a plus le même prestige qu’au XIXe siècle, où elle assurait véritablement une élévation du statut social. Cela provient sans doute de la relative amélioration du niveau de vie des agriculteurs, et de la « démocratisation » des études qui permet à de nombreux enfants de cultivateurs d’accéder à un certain niveau de connaissances4432. Malgré le baby-boom, il faut aussi ajouter une diminution de la natalité à la campagne, cela étant principalement dû aux des départs vers les villes. La modernisation du milieu agricole et le rôle de formation joué par la JAC semblent influencer le nombre des vocations. La JAC permet une ascension sociale différente de celle de la prêtrise. Les enfants d’agriculteurs peuvent obtenir une bonne instruction et des responsabilités, sans pour autant quitter l’exploitation familiale. Le travail de la terre n’est plus dévalorisant. En effet, nombreux sont les jacistes à prendre des responsabilités communautaires au sein de l’agriculture. Toutefois, dans certaines paroisses d’altitude, encore traditionnelles, le monde paysan, pour une part largement fermé, valorise le fils devenu prêtre.

Si le milieu rural est une source traditionnelle de vocations, il importe donc de ne pas le délaisser, c’est pourquoi il est à souhaiter que toutes les paroisses bénéficient d’un prêtre. Or, à la fin des années 1940, dix paroisses sont dépourvues d’un desservant, contre cinq au lendemain de la Grande Guerre4433. Les vocations semblent moins nombreuses dans le milieu urbain, même si un certain nombre de jeunes prêtres en sont issus. En ville, contrairement à la campagne, les prêtres ne semblent pas toujours avoir le temps nécessaire pour se consacrer à la culture des vocations4434.

Les mouvements d’action catholique ont joué un rôle dans le changement de la géographie du recrutement. Des paroisses qui n’avaient pas donné de prêtre depuis un demi-siècle en redonnent après que les sections d’action catholique s’y soient développées. Tel est le cas de Saint-Gervais-les-Bains, Ugine ou encore Annemasse. Cependant, nous pouvons nous demander si ces mouvements d’action catholique n’ont pas freiné les entrées au séminaire dans le sens où les militants, devenus de bons chrétiens, accomplissent leurs devoirs avec assiduité et se jugent plus utiles dans le monde « actif » pour leur œuvre d’apostolat que dans les rangs du clergé. En tout cas, il semble que ce phénomène soit particulièrement vrai pour les vocations féminines qui connaissent une diminution à partir des années 19304435. L’isolement du prêtre peut également être aussi l’une des causes de découragement pour les entrées au séminaire. Si le parcours classique pour accéder à la prêtrise reste l’entrée au petit-séminaire puis le grand, il n’en reste pas moins qu’au lendemain de la guerre, les vocations tardives se multiplient et apportent de nouveaux candidats au sacerdoce4436. En juin 1949, le diocèse en compte déjà six, dont la moitié vient d’Annemasse et l’autre moitié d’Annecy ou de sa région4437. Dix ans plus tard, ils sont huit à venir de Chessy4438. Faut-il voir ici le résultat de l’action catholique spécialisée ?4439

Le problème repose sur le rapport entre le nombre d’entrées au petit séminaire et le nombre final d’ordinations. En effet, les trois établissements considérés comme préparant au sacerdoce comptent en général trois cents élèves, avec des arrivées qui oscillent en moyenne entre cinquante et quatre-vingts. Cependant, à peine la moitié arrive au grand séminaire, et sur cette centaine d’élèves, seul un vingtième, en moyenne, arrive à l’ordination. Les abandons sont très nombreux. Il est donc nécessaire d’avoir le plus possible de petits séminaristes pour être certain d’obtenir un nombre moyen de vingt ordinations annuelles pour permettre le renouvellement du clergé. Ce phénomène n’est pas récent puisque les statistiques des dix-sept premières années du petit séminaire de Thonon-les-Bains montrent que seul 33,83 % des enfants entrés dans l’établissement sont ordonnés4440. Au lendemain de la guerre, les attentions portent sur les entrées au petit séminaire. Les élèves de Thonon-les-Bains, La Roche-sur-Foron et Thônes sont plus nombreux en 1946 qu’en 19404441. La diminution progressive du nombre des entrées n’est-elle pas également en rapport avec la diminution du nombre des naissances dues à la guerre ? À partir de la création des Collèges d’enseignement général, la fréquentation des établissements précités diminuent, car plus nombreux sont les enfants à entrer dans ces nouveaux établissements4442. Il convient d’agir sur les parents et en particulier sur les mères. Malgré les efforts incessants, la courbe des entrées au séminaire ne cesse de baisser et les défections se font de plus en plus nombreuses surtout après 1968. Soulignons également que la formation du séminaire s’intéresse finalement assez peu à la vie quotidienne du prêtre et aux difficultés qu’il est susceptible de rencontrer. L’abbé Chatelain nous rappelait que plusieurs de ses confrères avaient eu beaucoup de mal à vivre en paroisse et avaient choisi, à la fin des années Soixante, de quitter le ministère car il ne correspondait pas à leurs attentes4443.

Durant la période qui nous intéresse4444, 1945-1946 est la meilleure année puisque tous les élèves (seize) entrés sont ordonnés. En 1955-19564445, seuls 27,7 % des séminaristes reçoivent la prêtrise. Le nombre des ordinations reprend ensuite. La meilleure rentrée est celle de 1958-1959 avec l’arrivée de vingt-deux nouveaux, parmi lesquels quinze sont ordonnés. Pour les autres années, le chiffre des entrées varie entre dix et dix-huit. En moyenne, ce sont 61,7 % des séminaristes qui sont ordonnés. Il faut prendre en compte les événements d’Algérie. Sans doute l’appel de 1947 a porté ses fruits mais dans une mesure moindre de que ce l’évêque était en droit d’attendre.

L’attention particulière que Mgr Cesbron porte aux vocations permet au diocèse de bénéficier d’ordinations, alors qu’elles sont beaucoup moins nombreuses dans d’autres lieux. La carte du recrutement des grands séminaristes montre que les entrées, dans ces années, puisent largement dans les paroisses encore majoritairement pratiquantes et où une fidélité à la religion s’est montrée en plusieurs occasions. Plusieurs paroisses du plateau des Bornes fournissent encore des prêtres. La mécanisation, libérant de la main d’œuvre, et l’exode rural, jouent-ils un rôle dans ce phénomène, même si ces paroisses sont encore unanimement pratiquantes ?

Concernant l’origine des grands séminaristes4446, le petit-séminaire de Thonon garde une prédominance écrasante. Entre 1944 et 1958, il fournit cent soixante-neuf séminaristes, alors que les établissements de Thônes et de La Roche-sur-Foron fournissent cent quinze élèves à eux deux. Il est évident que l’ouverture du petit séminaire a permis de retrouver les vocations chablaisiennes qui étaient moins nombreuses depuis le départ du collège d’Évian. Entre 1940 et 1946, le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter dans l’établissement chablaisien. Pour le recrutement, la tendance rencontrée depuis 1905 pour les établissements de Thônes et de La Roche-sur-Foron s’inverse dès 1941. Sur les cent quinze élèves venus de ces deux établissements, 60 % viennent de Thônes et 40 % de La Roche-sur-Foron4447. Faut-il voir dans ce renversement l’effet de la rénovation de la Petite Sorbonne, de son implantation dans une vallée où les parents paient en nature (reblochon et beurre) ? Faut-il voir qu’une bonne équipe pédagogique dans un bâtiment doté de modalités modernes attire plus que La Roche où l’équipe enseignante n’a pas le même dynamisme qu’à Thônes4448. La zone de recrutement de Thônes touche principalement les paroisses pratiquantes de la vallée, avec Le Grand-Bornand et Manigod, qui donnent douze élèves, soit les trois quarts des élèves originaires de la vallée4449. Les paroisses savoyardes de La Giettaz, Ugine et Crest-Voland4450 envoient principalement leurs enfants à Thônes. Pour La Giettaz et Ugine, faut-il voir une influence du rôle joué par l’action catholique qui a touché une part de la population de ces paroisses ? Les parents de ces grands séminaristes, sans doute marqués par l’action catholique, n’auraient-il pas plus pratiqués que leurs aînés qui avaient sans doute été marqués par les luttes du combisme et du radicalisme. De la même façon, des enfants de Chamonix (deux) et de Saint-Gervais (trois) viennent à Thônes après la guerre. Nous avons vu précédemment que l’action catholique avait réussi à pénétrer dans ces zones pourtant considérées par certains comme « rouges » et dont la pratique depuis 1880 ne cessait d’être en dessous de la moyenne diocésaine.

Le recrutement de Thonon permet de recueillir de nombreuses vocations chablaisiennes qui étaient moins présentes entre 1920 et 19304451 qu’entre 1950-1960. Pour la première période (1920-1930), seize nouveaux prêtres sont chablaisiens sur un total de quatre-vingt-douze (17 %), alors que pour 1950-1960, ils sont quarante-huit sur cent trente-cinq (35,5 %). Il est le seul des trois établissements à offrir, après 1945, un recrutement vraiment diocésain. En effet, la réalisation de cartes de recrutement par établissements entre 1945 et 1962 montre que seul Thonon recrute dans l’ensemble du diocèse, alors que les deux autres établissements bénéficient d’un recrutement beaucoup plus local, un peu comme si les collèges étaient le centre d’un cercle du recrutement des élèves. En effet, après avoir dressé la carte du recrutement de chacun des établissements, nous pouvons nous apercevoir que, schématiquement, Thônes ne recrute pas au-delà d’une ligne fictive Annemasse-Chamonix4452. En schématisant à l’extrême, il serait même possible d’affirmer que plus des trois quarts des élèves de Thônes proviennent de l’arrondissement d’Annecy et cela quasiment tout au long de la période 1905-1962. Donc la situation rencontrée entre 1945 et 1962 ne change pas véritablement la physionomie de la carte du recrutement.

La situation est largement différente pour La Roche-sur-Foron qui ne recrute plus sur l’ensemble du diocèse mais plutôt dans un secteur restreint, dans un cercle fictif dont la cité médiévale serait le centre. Les paroisses voisines, comme Éteaux, Évires ou encore Thorens fournissent la plupart des élèves4453. Nous avons déjà souligné qu’au lendemain du conflit, la situation s’inversait entre les établissements de Thônes et de La Roche-sur-Foron4454, le premier recevant plus d’élèves que le second. Le collège de La Roche-sur-Foron recrute dans moins de 10 % des paroisses et elles sont toutes situées à l’est d’une ligne fictive Évian-Praz-sur-Arly. Entre 1945 et 1962, aucun élève ne vient de l’arrondissement de Thonon, contrairement à la décennie précédente où ils étaient un certain nombre à se rendre à La Roche-sur-Foron, malgré l’installation du petit séminaire sur les rives lémaniques. Ce recul de La Roche-sur-Foron est-il dû à une insuffisance de l’équipe pédagogique ? Est-ce à cause de l’ouverture de collèges (laïcs) dans d’autres chefs-lieux de cantons ? Ou est-ce le signe d’un détachement certain des paroisses de la vallée de l’Arve qui jusque-là fournissaient des élèves au collège ? Thônes bénéficiait peut-être d’une équipe pédagogique plus jeune, plus dynamique que celle de La Roche-sur-Foron. En ces lendemains de guerre, nous pouvons nous demander si le rôle tenu par le collège de Thônes – et la vallée plus largement – n’incitent pas les parents à envoyer leurs enfants dans cet établissement, installé dans des locaux récents.

Au niveau paroissial, la carte du recrutement sacerdotal ne correspond pas forcément à celle de la pratique. En effet, des paroisses figurant dans les cantons classés parmi les moins pratiquants fournissent plus de prêtres que des paroisses se trouvant dans les « bons » cantons4455. Prenons l’exemple du canton du Biot qui ne donne aucun prêtre pour la période d’après-guerre, alors que Douvaine, Thonon-les-Bains et Évian, qui se classent parmi les cantons « moyens », fournissent soixante-cinq prêtres, soit 32,18% des séminaristes ordonnés, et entrés au grand séminaire entre 1945 et 19624456. Nous pouvons encore citer l’exemple de Chamonix, qui voit quatre de ses enfants ordonnés, alors que La Clusaz n’en donne que deux ou encore que Saint-Jean-de-Sixt, toujours dans la vallée de Thônes, n’en donne aucun. Le cas du canton de Cruseilles est également significatif. Ce dernier voit de fort taux de pratique, cependant en dix-sept années, seuls deux prêtres de ce canton sont ordonnés, tous deux originaires du chef-lieu de canton. Faut-il voir ici, le signe, comme pour certaines paroisses de la vallée de Thônes ou d’ailleurs, que la pratique résulte d’une tradition et donc que les paroissiens ne se préoccupent pas beaucoup de l’avenir de la foi ?4457 Des paroisses, situées dans des secteurs où les activités économiques sont en développement, envoient des prêtres, tel est le cas à Chedde, Sallanches ou encore Annemasse4458.

En réalisant un sondage parmi les paroisses ayant envoyé des élèves au grand séminaire et en comparant ce chiffre par rapport au nombre total de prêtres originaires de ladite paroisse entre 1860 et 1960, nous pouvons constater que les paroisses chablaisiennes connaissent un fort recrutement entre 1945 et 1962. Tel est le cas pour Thonon-les-Bains, Douvaine, Évian ou encore Marin. D’autres paroisses se situant dans des cantons de faible ou de moyenne pratique recrutent également la moitié de leurs prêtres, au cours de cette période, comme Cluses, Chênex, La Giettaz ou Habère-Poche. Les cas les plus flagrants sont ceux de Chamonix ou Saint-Gervais-les-Bains. En effet, les seuls prêtres originaires de ces communes sont ordonnés après 1945. 45 % des prêtres annemassiens sont recrutés entre 1945 et 1962, alors que les 65% le sont dans les quatre-vingt-cinq années passées. A contrario, des paroisses, d’ordinaire riches en vocations ou situées dans les bons cantons, ne donnent qu’un quart de leurs prêtres sur la période centennale. Tel est le cas pour Thônes, Le Grand-Bornand, La Clusaz, Annecy, Cruseilles, Bernex, Frangy. Le cas de Manigod est significatif du phénomène puisque seuls 10 % des prêtres manigodins le deviennent entre 1945 et 19624459.

En utilisant l’échelle paroissiale, nous pouvons constater qu’il y a donc bien une modification des lieux de recrutement. Celui-ci n’est pas forcément en adéquation avec la carte de la pratique4460. Il semble donc que les chefs-lieux de cantons des secteurs économiquement dynamiques donnent plus de prêtres, entre 1945 et 1962, que les paroisses traditionnellement bonnes. Est-ce à cause des personnes qui quittent la campagne pour se rendre en ville et qui maintiennent encore la tradition de donner un enfant à l’Église ? Est-ce à cause de la mécanisation qui assure des revenus plus sûrs pour les cultivateurs ? Est-ce à cause de l’arrivée du tourisme, suivant les secteurs ? Est-ce à cause de la diminution du nombre des familles nombreuses ? Pour les chefs-lieux de cantons, sans doute jouent-ils un rôle d’attraction plus important que les petits bourgs. Est-ce parce que certaines paroisses rurales, encore attachées à une certaine tradition, envoient leurs fils au petit-séminaire4461 ? Si nous prenons, le cas de la paroisse de Douvaine, elle compte pas moins de sept prêtres. S’agit-il d’enfants issus de familles, peut-être nombreuses, originaires des environs de Douvaine, et descendues dans la plaine suite à « l’exode rural » ? S’agit-il d’enfants comptant un prêtre dans la famille ? Est-ce à cause du travail effectué par l’abbé Gallay, curé de la paroisse en 1946 et fervent défenseur des vocations, comme nous l’avons souligné précédemment ? Le cas douvainois n’est pas isolé, puisque la ville de Thonon donne pas moins de douze prêtres4462. Le ratio entre population et prêtre ordonné n’est pas le même. L’influence familiale joue sans doute un rôle pour l’engagement des prêtres et il aurait été intéressant de pouvoir établir le nombre de prêtres qui possédaient dans leur proche parenté un prêtre. Nous avons relevé le cas à Veyrier-du-Lac où les deux seuls prêtres sont l’oncle et le neveu, ou encore Brenthonne, où il s’agit des deux frères. Il aurait également été intéressant, si cela avait été possible, de voir le nombre de prêtres issus de famille militantes d’action catholique ou ayant eu même milité au sein des mouvements d’enfance (Avants-Gardes principalement). Cela aurait permis de montrer si l’action catholique jouait ou non un rôle, et si oui quel était son importance. De la même façon, pour le choix du petit séminaire4463, le prêtre joue un rôle souvent décisif, puisqu’il envoie souvent les enfants de sa paroisse, vers l’établissement dans lequel il a fait ses études4464.

Il apparaît clairement que des efforts ont été réalisés pour permettre un accroissement des vocations, mais il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’effort à mener sur un temps plus ou moins long. Comme celui qui est nécessaire pour le développement et l’accroissement de l’école libre, dont le nombre s’accroît au cours de l’épiscopat de Mgr Cesbron, mais sans jamais atteindre la totalité des paroisses.

Notes
4367.

Un vicaire est tué en 1940 (Noël Combet), 5 prêtres sont assassinés en 1944 (Sallaz, Vaudaux, Boimond, Dermineur et Bergier), un est fusillé en 1944 (Rossillon), un meurt en déportation (Rosay), un meurt de ses blessures en 1945 (Folliet). Veyrat-Durebex est prisonnier ; rapatrié il meurt des suites de sa captivité en 1943.

4368.

Il avait fallu plusieurs années pour retrouver un taux d’ordinations semblable à 1914.

4369.

Cf. supra, p. 353-354. Ce sont trente-deux jeunes qui sont ordonnés en 1943. Voir également annexe n° 42.

4370.

La Page de Saint-André, décembre 1938-janvier 1939, p. 18. La prévision de la répartition se faisait comme suit : 11 en 1939, 12 en 1940, 11 en 1941, 13 en 1942, 19 en 1943, 14 en 1944. En réalité la répartition s’est faite ainsi : 12 en 1939, 1 en 1940, 7 en 1941, 10 en 1942, 32 en 1943 et 19 en 1944. Voir annexe n° 43.

4371.

La Page de Saint-André, Avril-juin 1951.

4372.

Ibid.

4373.

Entretien avec l’abbé Chatelain.

4374.

Entretien avec les abbés Chatelain et Birraux.

4375.

Ralph Schor rappelle que Mgr Rémond, à Nice, estime que « faute de soins trop de prêtres se désintéresseraient des jeunes enfants et des patronages ; … or c’est en s’occupant des petits qu’on permettrait l’éclosion des vocations éventuelles et qu’on préparerait les moisson de l’avenir ». r. schor, U n évêque dans le siècle, Mgr Rémond…, op. cit., p. 169.

4376.

Entretien avec l’abbé Birraux.

4377.

La Page de Saint-André, octobre-décembre 1960.

4378.

Ibid., janvier-mars 1943, p. 11.

4379.

Ibid., avril-juin 1945, p. 40.

4380.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 10, 7 mars 1946, p. 126-128.

4381.

Ibid., p. 126.

4382.

Ibid., n° 2, 9 janvier 1947, p. 19. À plusieurs reprises dans les notices nécrologiques, le chanoine Rognard évoque le « temps de vocations pléthoriques ».

4383.

Ibid.

4384.

Ibid.

4385.

Ibid.

4386.

Ibid.

4387.

Ibid.À la même période, Mgr Théas porte un intérêt tout aussi important à la question des vocations. Il tient un discours proche de celui de Mgr Cesbron Voir s. guinle-lorinet, Pierre-Marie Théas, un évêque à la rencontre du XX e siècle…, op. cit., p. 248-296.

4388.

Ibid., n° 15, 10 avril 1947, p. 267.

4389.

La Page de Saint-André, avril-juin 1943.

4390.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 15, 10 avril 1947, p. 267.

4391.

Ibid.

4392.

Ibid.

4393.

Ibid.

4394.

Revue du Diocèse d'Annecy, n° 24, 12 juin 1947, p. 443.

4395.

Ibid.

4396.

La Page de Saint-André, octobre-décembre 1948, p. 90.

4397.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 24, 12 juin 1947, p. 443.

4398.

Ibid., n° 15, 27 mai 1948, p. 260.

4399.

Ibid.

4400.

f. boulard, Problèmes missionnaires de la France rurale…, op. cit., t. 1, p. 53.

4401.

Ibid.

4402.

La Page de Saint-André, octobre-décembre 1943, p. 89. L’article a été publié une première fois dans Vaillances. Les propos de l’académicien pourraient s’adapter aux paroisses qui, d’ordinaire, vivent plutôt difficilement de l’agriculture et qui voient dans la cléricature un moyen d’ascension pour les enfants.

Le frère d’Henry Bordeaux, le général Bordeaux, paye une bourse d’études au séminaire un enfant de son village natal. Ce dernier entré au séminaire en 1938, effectue son temps aux chantiers de Jeunesse et ne réintègre pas le séminaire pour raison de santé. Il sera en 1944 inspecteur de police à Thonon-les-Bains, mêlé à la Milice, il sera fusillé en 1945. Entretien avec la sœur de cette personne.

4403.

La Page de Saint-André, avril-juin 1947, p. 55.

4404.

La La Page de Saint-André, juillet-septembre 1948, p. 62.

4405.

Ibid., octobre-décembre 1948, p. 90.

4406.

f. boulard, Problèmes missionnaires de la France rurale…, op. cit., t. 2, p. 72.

4407.

À la même époque, Mgr Rémond dresse un constat semblable dans le diocèse de Nice, où il n’ordonne annuellement que 5 prêtres. Il convient également de tenir compte du fait que Nice est un diocèse moins pratiquant que celui d’Annecy.

4408.

La Page de Saint-André, avril-juin 1945, p. 50.

4409.

D’après les relevés que nous avons effectué sur les registres des entrées au grand séminaire, il ressort qu’assez peu de candidats au sacerdoce sont passés par des lycées avant d’embrasser la carrière ecclésiastique.

4410.

La Page de Saint-André, avril-juin 1945, p. 50.

4411.

Nous avons fait le calcul en partant sur la base de 280 paroisses en milieu rural sur les 300 que compte le diocèse.

4412.

La Page de Saint-André, avril-juin 1947, p. 55 ou d’octobre-décembre 1949, p. 90 par exemple.

4413.

Il faut prendre en considération la politique anticléricale des années d’avant-guerre, la reprise de cette politique avec le Cartel des gauches puis les difficultés des années 1936-1940. Il faut également tenir compte de la démographie et de ces classes creuses dûes à la guerre.

4414.

f. boulard, Problèmes missionnaires de la France rurale…, op. cit., t. 2, p. 74

4415.

La Page de Saint-André, janvier-mars 1944, p. 31. Voir annexe n° 62.

4416.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 45, 17 novembre 1949, p. 676-677.

4417.

Ibid., n° 34, 20 août 1953, p. 464-465.

4418.

Suite aux différents témoignages qu’il a collecté chez les militants jacistes finistériens, Yvon Tranvouez a souligné qu’il avait pu retrouver, chez eux, le constat dressé par Robert Fort. Ce dernier rappelle en effet que « Le sentiment d’échec et de culpabilité chez les parents anciens jacistes est très fort. Ils n’ont pas su, sauf exception, léguer l’héritage de leur attachement à la personne de Jésus-Christ. … Pour beaucoup, c’est une grande souffrance ». Yvon Tranvouez poursuit en déclarant que « tout les porte dès lors à se sentir pour une part responsables non seulemnt de l’écroulement de la pratique religieuse, mais encore, et peut-être surtout, du tarissement des vocations sacerdotales ». y. tranvouez, « L’action catholique, un échec religieux ? À propos des jacistes du Finistère », in b. waché, dir., Militants catholiques…, op. cit., p.189.

4419.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 2, 10 janvier 1957, p. 24.

4420.

Ibid.

4421.

Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse. Enquête diocésaine 1956-1957, Bellegarde, Imp. Sadag, p. 40.

4422.

ADA. 1 D 22. Boîte Mgr Cesbron, n° 3. Note manuscrite de Mgr Cesbron.

4423.

Ibid.

4424.

Ibid.

4425.

Ibid.

4426.

La Page de Saint-André, janvier-mars 1962, p. 8.

4427.

Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…, op. cit., p. 40.

4428.

Revue du Diocèse d’Annecy, n° 25, 17 décembre 1959, p. 1064-1065.

4429.

Alors qu’il semble que pour la même période le clergé régulier ne connaisse pas une crise des vocations comme les séculiers. Mgr Guerry remarque que les réguliers ne connaissent pas cette « crise » ; leur recrutement se poursuit devenant même parfois meilleur que par le passé. Ce constat est fait dans le diocèse et en 1948, La Page de Saint-André rappelle qu’il y a plus de vocations missionnaires qu’avant et comme au XIXe siècle, des « religieux sillonnent le diocèse à la recherche des vocations et entraînent beaucoup d’enfants ». La Page de Saint-André, juillet-septembre 1948, p. 59-60.

4430.

e. guerry, Le Clergé diocésain en face de sa mission actuelle d’évangélisation : sa spiritualité, sa formation dans les grands séminaires, son cadre de vie : rapport général sur l’enquête ouverte par l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France (Annexe au procès-verbal de l’Assemblée des 15, 16, 17 février 1944), p. 13.

4431.

Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…, op. cit., p. 39.

4432.

Il semble qu’un certain nombre d’enfants d’agriculteurs faisaient leur entrée au petit séminaire pour y acquérir de solides connaissances, sans penser exclusivement au sacerdoce. Cela pourrait peut-être expliquer le nombre important d’entrée par rapport au nombre d’ordinations. L’abbé Chatelain dans son entretien nous rappelait que plusieurs prêtres l’avaient été presque « malgré eux ».

4433.

La Page de Saint-André, janvier-mars 1948, p. 8.

4434.

Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…,op. cit., p. 40.

4435.

Ibid. p. 39.

4436.

Avant la guerre, il y avait également des vocations tardives, mais peu finalement avaient abouti.

4437.

La Page de Saint-André, avril-juin 1949, p. 5. Faut-il voir dans ces origines, le résultat du travail effectué par la JOC qui n’a cessé d’œuvrer depuis près de vingt ans.

4438.

ADA. Registre d’entrées au grand-séminaire. Année 1960-1961. Cette année est également celle de la rentrée la plus importante pour le petit séminaire de Thonon-les-Bains (194 entrées), ce qui fait porte le nombre total de petits séminaristes à 334. Ce nombre élevé n’est pas sans rapport avec les enfants du baby-boom. Ces derniers étant eux mêmes les enfants des classes nombreuses nées dans l’immédiat après-guerre de 1914-1918.

4439.

Nous avions déjà relevé au milieu des années Vingt, le cas de deux militants de l’ACJF de la vallée de Thônes partis rejoindre le séminaire.

4440.

ADA. 3 J 1048 Q4. Statistiques présentées par le supérieur le 7 mars 1953.

4441.

La Page de Saint-André, janvier-mars 1949, p. 9. En 1940, il y a 284 élèves et en 1946, ils sont 345 ; soit une augmentation de 21 %.

4442.

La Page de Saint-André, juillet-octobre 1961, p. 4.

4443.

Entretien avec l’abbé Cl. Chatelain.

4444.

1945-1962.

4445.

Cette année 1955-1956 est le moins bonne de la période en termes d’ordinations.

4446.

Pour les zones de recrutement de ces établissements voir les cartes en annexes nos 53-55.

4447.

ADA. Registre d’entrées au grand séminaire.

4448.

Entretien avec l’abbé Chatelain.

4449.

ADA. Registre d’entrées au grand séminaire.

4450.

La Giettaz : 5 ; Ugine : 4 et Crest-Voland : 1.

4451.

Sans doute dans cette décennie, les missionnaires recrutaient beaucoup dans certaines paroisses, comme à Bellevaux, d’où est originaire le père Jean Rey, des Missionnaires de Saint-François-de-Sales.

4452.

Quelques élèves proviennent de paroisses comme Bellevaux (1), Onnion (1) ou encore Megevette (1).

4453.

Ces paroisses sont situées sur le plateau des Bornes, qui est encore considéré comme fortement attaché à la pratique religieuse. Voir annexe n° 53.

4454.

Voir annexe n° 47.

4455.

Les « bons » cantons » donnent quatre-vingt-un prêtres, soit une moyenne de 9 prêtres par cantons. Les cantons « moyens » fournissent quatre-vingt-quinze prêtres, soit en moyenne 9,5 par cantons. Les cantons de faible pratique ont 35 prêtres, soit une moyenne de 5 par canton. Annecy ville n’est pas compté dans ces chiffres.

4456.

D’après les relevés effectués dans les registres au grand-séminaire d’Annecy. ADA. Registre d’entrées au grand séminaire. Nous avons pris comme point de départ la rentrée de 1945 et celle de 1962 comme fin. Nous n’avons retenu que les séminaristes ordonnés.

4457.

Cela reviendrait à émettre l’hypothèse selon laquelle la pratique dans les bons cantons est parfois plus « subie » que réellement vécue. Entendons par là que le poids de la tradition et de la pression sociale, dans ces « bons »cantons entraînent les forts taux de pratique, alors que dans ceux qui présentent une pratique moyenne, la religion est plus vécue, dans le sens où les paroissiens feraient plus fi des a priori.

4458.

Le cas du canton d’Annemasse est intéressant. La ville donne 5 prêtres, alors que les communes rurales environnantes en donnent 6. Le fait que les centres industriels en croissance donnent plus de vocations qu’avant 1945 laisse donc penser que l’exode rural aurait entraîné dans ces centres des personnes issues de familles pratiquantes et encore attachées à la tradition et que ce sont elles qui donnent les prêtres. De la même façon, le rôle joué par l’action catholique n’est pas à exclure, au contraire.

4459.

La paroisse de Saint-Paul-en-Chablais, d’ordinaire riche en vocations voit seulement 5 % de ces prêtres ordonnés entre 1945 et 1962.

4460.

Même l’utilisation de l’échelle cantonale peut confirmer cette hypothèse puisque Cruseilles, qui fait partie des bons cantons, ne donne que deux prêtres, originaires du chef-lieu cantonal. Voir les cartes en annexes nos 56-58 pour le recrutement, pour la pratique religieuse voir les cartes nos 23 à 38.

4461.

Au 1er décembre 1962, 49 % des grands séminaristes sont issus de familles de cultivateurs. La Page de Saint-André, janvier-mars 1963, p. 15. Les autres sont originaires de familles d’ouvriers et d’employés (22 %), d’artisans (8 %) et de commerçants et cadres (20 %). Il est intéressant de souligner que la répartition est totalement différente pour les petits séminaristes puisqu’elle se fait comme suit : 25 % sont issus de familles de cultivateurs, 48 % d’ouvriers et employés, 6 % d’artisans et 21 % de commerçants et cadres. Cela illustre les changements économiques qui ont eu lieu dans le diocèse. Mais n’est-ce pas également l’illustration que les familles nombreuses rurales sont en diminution ?

4462.

Ce qui représente 33 % des prêtres originaires du canton de Thonon pour la période 1945-1962. Pour la même période, Annecy ville n’en donne que seize, ce qui représente 28 % des prêtres originaires de la ville pour la même période.

4463.

Entendons ici par « petit séminaire », les trois établissements qui préparent à la prêtrise, donc Thônes, La Roche-sur-Foron et Thonon-les-Bains.

4464.

L’abbé Chatelain entré au grand séminaire en 1940 rappelle qu’il dû sa scolarité au cousinage de son curé avec l’économe du collège de La Roche. Ses parents pensaient d’abord l’envoyer à Rumilly (plus proche du domicile parental de Seyssel), mais le curé ne donne son accord par peur de voir son séminariste partir à Chambéry. Ses parents pensent donc l’envoyer à Thonon-les-Bains, où le supérieur est du même village que la grand-mère paternelle de l’abbé Chatelain, mais le curé ne partage pas l’avis. Il décide donc de l’envoyer à La Roche où d’après le curé, la qualité des études et de la nourriture sont très bonnes. c. chatelain, H istoire du collège Sainte Marie de La Roche-sur-Foron…, op. cit., p. 212-213 et entretien avec l’abbé Chatelain.