À partir de 1954, « les évêques français confient à Fernand Boulard la direction d’enquêtes collectives dans lesquelles la recherche économique, démographique, sociale et politique précède le plus souvent la recherche religieuse »4566. Mgr Cesbron ne fait pas exception4567, au contraire, il semble bien accueillir cette initiative et demande à son clergé d’y participer massivement. Cette enquête, d’un genre tout à fait nouveau, mobilise prêtres, religieux et laïcs. En 1957, ce sont près de trois cents prêtres, cent quatre-vingts religieuses et cent laïcs4568 qui ont apporté leur pierre à la réalisation de cette grande étude qui marque le point de départ d’un changement dans les modes de fonctionnement du diocèse, notamment au niveau de la pastorale.
Sans doute, Mgr Cesbron voit-il dans cette étude le moyen de mieux connaître, et surtout de mieux approfondir, les raisons d’une diminution de la pratique et du recrutement sacerdotal4569. Le doyen Le Bras – comme le chanoine Boulard à ses débuts – avait principalement utilisé les visites pastorales pour cartographier la pratique. Cependant, cette méthode donne des résultats globaux qui ne prennent pas en compte le(s) facteur(s) socio-professionnel(s). L’enquête Boulard propose de recenser les pratiquants, non plus seulement dans leur intégralité, comme cela pouvait se faire avec les visites pastorales, mais bien en prenant compte de l’âge et de la catégorie socio-professionnelle des fidèles4570. Pour expliquer le maintien ou non de la pratique, Le Bras utilisait les éléments historique et géographique, Boulard y associe également les questions économiques et sociales.
Grâce aux résultats de cette étude d’envergure, Mgr Cesbron peut, à la fois, mieux appréhender l’avenir et mettre en place des moyens destinés à enrayer la diminution de la pratique. Cette dernière se manifeste dans le diocèse malgré le maintien de taux parfois supérieurs à la moyenne nationale. Ce travail « sur le présent […], éclairé par la lumière du passé et par les perspectives d’un avenir pastoral dont les portes sont déjà ouvertes »4571, est bien accueilli par l’unanimité du clergé4572, qui met en place une véritable collaboration entre tous les prêtres au niveau du travail.
Jusqu’alors, ceux-ci se réunissaient autour du doyen, pour les réunions d’archiprêtré, et ne se rencontraient finalement que peu4573. Avec cette étude, ils réfléchissent ensemble et ont un vrai travail de groupe. D’ailleurs, celui-ci sera davantage développé avec les missions régionales. Les prêtres doivent connaître le taux de pratique, mais surtout s’intéresser aux raisons des changements de pratique et la mise en commun des réflexions permet d’affiner toujours plus les résultats. Ce travail est concomitant du lancement des missions régionales, dont la première se tient en 19554574, dans la vallée de l’Arve. Malgré cette apparition de manifestations d’un nouveau style, les missions paroissiales traditionnelles restent encore largement présentes sur le territoire diocésain4575.
Dès 1955, des travaux sont menés pour connaître la pratique religieuse dans le diocèse. Clergé et fidèles participent à une première enquête sommaire qui se manifeste par une consultation paroissiale réalisée un dimanche ordinaire4576. À cette occasion, Mgr Cesbron « supplie les fidèles de répondre à l’appel de leurs prêtres, soit en organisant dans chaque paroisse les équipes de volontaires dévoués, soit simplement pour répondre aux questions qui sont posées » pour cette consultation paroissiale qui a lieu le 27 mars 19554577, et qui n’a qu’une valeur d’information pour un temps donné4578. Le dépouillement des résultats ainsi obtenus se fait à la fois au grand séminaire et dans les cinq monastères de religieuses du diocèse4579. Cette enquête sommaire doit être approfondie, car « cet indice de pratique religieuse est une indication pour le présent alors que la pratique elle-même tend à une évolution continue en raison [notamment] des changements économiques et sociaux actuels »4580. Cette première étude préparatoire ne doit pas laisser place à des comparaisons hâtives car les causes de la perte de vitesse de la pratique religieuse peuvent être de différentes origines. Les grands séminaristes sont également invités par l’autorité épiscopale à participer à la préparation de l’enquête en s’intéressant à cette question au cours des grandes vacances.
Dès juillet 1955, la commission de sociologie envisage de dresser un tableau général de la population et de la pratique religieuse. Les prêtres sont alors invités à consulter le recensement de 1954 afin de pouvoir établir les travaux préparatoires4581. Les travaux se multiplient tout au long des années 1956-1957 et les résultats sont publiés en 1958 dans l’Album de sociologie religieuse 4582. Dans son introduction, Mgr Cesbron rappelle que « dans le diocèse, tout le monde s’y est intéressé ; bien plus, tout le monde y a travaillé, chacun à sa manière »4583. Il remercie en particulier le chanoine Boulard d’avoir été « l’animateur, le véritable savant et dévoué pilote de la barque hésitante sur les flots difficiles d’une réalité quasi insaisissable »4584.
Des commissions spécialisées sont mises en place pour effectuer le travail préparatoire. Elles sont placées sous la direction de la commission diocésaine de l’enquête4585 qui est destinée à coordonner les actions. Vingt-cinq groupes de travail sont mis en place et se répartissent en sept grands domaines d’études4586 : il s’agit des problèmes rencontrés dans le monde ouvrier, le monde indépendant, chez les ruraux-ouvriers, ceux relatifs à la petite exploitation4587, les problèmes scolaires, du tourisme et des services de santé. Ce sont ici autant de points sur lesquels les équipes de l’enquête, puis plus tard des missions, se pencheront.
L’enquête présente plusieurs avantages. D’abord, elle donne la possibilité au clergé de connaître avec précisions les zones, et les catégories, sur lesquelles des efforts doivent être portés4588. Ensuite, elle permet de mieux connaître les fidèles et surtout de mieux pouvoir cibler la population plus sujette au détachement, puisqu’elle établit la pratique selon les âges et le sexe. Enfin, elle ouvre véritablement la voie à la collaboration entre prêtres et laïcs, qui avait été amorcée par l’action catholique, notamment spécialisée. Les laïcs prennent une part plus importante dans l’organisation du diocèse. Un certain nombre de problèmes sont alors soulevés par l’enquête, notamment celui des migrations, qui peuvent être de trois types : scolaires, celles liées au travail et enfin celles en rapport avec les salariés et le tourisme4589. Pour le clergé, comme pour l’historien, elle permet d’avoir une image haute définition du diocèse à la veille de Vatican II.
La méthode employée par le chanoine Boulard permet de connaître à la fois la pratique des pascalisants et celle des messalisants4590, ce qui permet de mieux appréhender le phénomène de déchristianisation. Une population montre un certain détachement à partir du moment où la différence entre le taux de pascalisants et celui des messalisants est important ; à l’inverse si l’écart n’est pas trop important, cela signifie que la population reste fidèle. Dans le cas de la messe dominicale, Gérard Cholvy et Yves-Marie Hilaire soulignent l’influence de la pression sociale qui pousse « les hommes à l’église »4591 alors que la présence aux cérémonies pascales relève plus d’un choix et d’un engagement personnel ; la confession précédant la communion pascale.
Il est également nécessaire de tenir compte de l’importance de l’écart entre les pratiques masculine et féminine puisque, suivant son ampleur, cela permet de penser qu’une certaine déchristianisation est en voie de développement ou d’achèvement suivant les cas. La population masculine peut être déchristianisée alors que celle des femmes ne l’est pas. À côté de ces groupes, le chanoine Boulard étudie les « conformistes saisonniers », c’est-à-dire ceux qui assistent aux grandes fêtes que sont la Toussaint, Noël, Pâques et l’Assomption. Pour expliquer cette présence, il évoque ceux qui tiennent à « poser quelques actes religieux personnels dans l’année »4592. Cet indice permet de connaître « la marge de récupération possible pour une mission paroissiale traditionnelle »4593.
La prise en compte du nombre des cénalisants permet de connaître le nombre de fidèles qui s’approchent au moins une fois par mois de la Sainte Table lors de la messe dominicale. Toutefois, ces chiffres doivent être interprétés avec prudence puisque la communion fréquente est une « nouveauté » pour l’Église, car ce n’est qu’en 1953 que des modifications ont été apportées pour le jeûne eucharistique, même si des encouragements existaient depuis Pie X. Gérard Cholvy rappelle à ce propos que « juger de la “ferveur” d’après la proportion des communiants ne peut se faire sans ambiguïté »4594. Partant de ce constat deux hypothèses peuvent servir à expliquer le faible taux de cénalisants4595. Un taux qui est bas peut-être le révélateur soit d’un manque de dynamisme ou même de conviction de conviction religieuse, soit il marque l’attachement fort à la conception ancienne de l’Église qui insiste particulièrement sur les sacrements de pénitence et d’eucharistie4596. Pour compléter les données de l’enquête, les statistiques prennent également en considération le nombre et l’origine des vocations religieuses (prêtres et religieux(ses)) mais aussi de celles des séminaristes qu’ils soient petits ou grands.
Un classement de la pratique selon les différentes tranches d’âge permet d’obtenir une plus grande précision. La répartition se fait comme suit : de quinze à dix-neuf ans ; de vingt à vingt-quatre ans ; de vingt-cinq à quarante-quatre ans ; de quarante-cinq à soixante-quatre ans et les personnes de plus de soixante-cinq ans.
La première catégorie présente l’intérêt de connaître la pratique religieuse chez les jeunes qui viennent de faire leur communion solennelle4597. Le chanoine Boulard n’évoquait-il pas le pic rencontré chez les jeunes gens l’année de leur communion, puis la lente diminution qui suivait4598 ? En 1960, l’abbé Jacob parlera d’une crise « de la foi chez l’adolescent », en soulignant qu’elle est « difficile à contrôler pour l’Église »4599. Dans leur étude sur la pratique religieuse dans les villes, Boulard et Rémy soulignent que ce décrochement trouverait son explication dans le fait que jusqu’à la communion solennelle, l’Église constitue encore un groupe « de référence positif pour l’éducation des jeunes même des familles non pratiquantes »4600. Il s’agit alors pour les familles de « trouver fondamentalement dans la communion solennelle, la cérémonie sacralisant le passage d’un statut à un autre, une fête familiale de l’adolescence »4601.
La seconde catégorie regroupe les jeunes qui se trouvent à une période charnière face à l’implication dans l’Église, juste après la communion et juste avant l’entrée dans la vie professionnelle et familiale. En effet, pour les jeunes gens, cette période correspond à la fois, à leur retour à la vie civile après le temps militaire, et au temps du mariage. Cela signifie pour certain le départ vers la ville et l’installation dans un nouveau foyer. Cette période peut également être celle qui marque un certain recul vis-à-vis de la pratique religieuse.
Les deux autres classes correspondent aux actifs, alors que la dernière s’intéresse aux retraités. Connaître la pratique de ces catégories permet d’esquisser la compréhension de l’évolution de la pratique. Ces variations peuvent trouver des explications soit dans les étapes de la vie qui marquent chaque individu de manière différente4602, soit dans l’influence que les événements extérieurs peuvent avoir sur les croyances des plus de vingt-cinq ans. Van Houtte rappelle que ces générations ont pu être plus ou moins marquées dans leur jeunesse par des événements extérieurs et en gardent les séquelles adultes4603. Tel est le cas pour les cinquantenaires, qui ont vécu la reprise des attaques anticléricales du Cartel des gauches. Cette hypothèse est présentée dans le bulletin interparoissial de la Vallée Verte qui rappelle que ces personnes « furent marquées par une période où l’on s’aimait peu dans les paroisses de la vallée. Toute une génération a été victime d’une mésentente caractérisée entre le maire, l’école et l’Église »4604.
L’enquête prend en considération les enfants des familles catholiques4605 jusqu’à l’âge de quatorze ans. Il s’agit alors de connaître avec précision la proportion d’enfants baptisés4606 et catéchisés. La connaissance de ces éléments permet au clergé de pouvoir mieux cibler ses attentions, même si une très large majorité des enfants du diocèse sont baptisés. Si le baptême marque un attachement certain à la religion4607, il n’en reste pas moins que la situation est différente pour le catéchisme. En effet, les enfants qui le suivent peuvent le faire, soit par convictions religieuses de leurs parents, soit par une sorte de mimétisme social. Le taux des catéchisés ne doit pas faire oublier qu’un certain nombre d’enfants peuvent se rendre au catéchisme afin de ne pas être trop marginalisés dans le groupe4608.
Les raisons du détachement – ou de l’attachement – peuvent également être esquissées grâce à une étude des catégories socio-professionnelles des fidèles. La population du diocèse se divise, pour les besoins de l’enquête, en deux catégories que sont les agriculteurs et les ouvriers. Afin d’obtenir les renseignements les plus précis possibles, les catégories se subdivisent en plusieurs sous-séries. Le monde agricole se divise en trois grands ensembles : les gros propriétaires c’est-à-dire ceux qui possèdent plus de vingt hectares ou plus ; les petits propriétaires (ceux qui ont moins de vingt hectares) ; la dernière catégorie étant composée des non propriétaires. Un découpage semblable se retrouve dans le monde ouvrier, avec ceux qui travaillent dans des petites entreprises, c’est-à-dire là où il y a moins de cinquante ouvriers, et ceux qui sont employés dans les grandes entreprises4609. Les « ouvriers-paysans » sont classés dans la catégorie des ouvriers même s’ils tirent encore quelques bénéfices du travail de la terre4610. Les autres catégories se composent des artisans, c’est-à-dire ceux qui travaillent à leur compte avec moins de dix ouvriers4611 ; des petits commerçants qui ont plus de deux employés ; des cadres supérieurs parmi lesquels les professeurs du secondaire et du technique ; les autres enseignants étant considérés comme des cadres moyens. Enfin les personnes travaillant à mi-temps sont considérées comme « retirées ».
Nous avons vu précédemment que la géographie avait largement conditionnée les activités économiques et de ce fait les implantations d’industries. Ce conditionnement a de facto entraîné le développement de communautés, plus ou moins homogènes, qui ont développé des conditions de vie semblables, une mentalité particulière. Nous pouvons dès lors nous interroger pour savoir si ces éléments ont une influence ou non sur la pratique.
g. cholvy, y.-m. hilaire, Histoire religieuse…, op. cit., t. 3, p. 168.
Mgr Cesbron conscient des changements qui s’opèrent dans les mentalités veut les comprendre et il est également conscient qu’il faut utiliser de nouvelles méthodes. Une note manuscrite datant de 1955 ou 1956 montre qu’il est ouvert vers la nouveauté lorsqu’il s’agit d’améliorer le ministère. En effet, dans ce document, il écrit à propos des séminaristes : « n’avoir pas peur des méthodes nouvelles. Nous sommes vieux – loin d’eux – causer avec eux souvent ! ». ADA. 1 D 22. Boîte Mgr Cesbron, n° 3.
Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…, op. cit., p. 47.
Le diocèse de Chambéry effectue cette enquête en 1951, mais la participation n’est pas aussi enthousiaste qu’à Annecy.
Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…, op. cit., p. 4.
Ibid.
Entretien avec l’abbé Chatelain.
Ibid.
Elle est en préparation depuis 1952.
En novembre 1956, par exemple les paroisses de Ville-en-Sallaz, Dingy-Saint-Clair, La Balme-de-Thuy, Alex, Bluffy, Nâves, Villaz, Loisin, Thorens, Chêvenoz, Le Lyaud, Fillinges et Vinzier accueillent des missions paroissiales. Revue du Diocèse d’Annecy, n° 43, 25 octobre 1956, p. 603.
Entendons par ici, qu’il s’agit d’une enquête réalisée un dimanche « normal », c’est-à-dire un jour où il n’y a pas de fêtes religieuses spéciales, ce qui amène plus de fidèles.
Revue du Diocèse d’Annecy, n° 12, 24 mars 1955, p. 170.
Ibid.
Ibid., n° 17, 28 avril 1955, p. 245.
Ibid., n° 22, 2 juin 1955, p. 322.
Ibid., n° 28, 14 juillet 1955, p. 403.
Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse. Enquête diocésaine 1956-1957, Bellegarde, Imp. Sadag, 51 p. et 17 p. de planches.
Ibid., p. 3. La situation est différente dans le diocèse de Chambéry, où des desservants sont « parfois hostiles ou indifférents devant une démarche encore peu usitée ». c. sorrel, « Les diocèses français à l’heure Boulard. Missions générales et pastorale d’ensemble en Savoie dans les années 1950 et 1960 », Mélanges Étienne Fouilloux, à paraître, p. 3.
Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…, op. cit., p. 3
Ibid.
Ibid., p. 4. Ils se répartissent comme suit : trois pour le monde du travail, cinq pour les ouvriers-ruraux, cinq pour la petite exploitation, six pour le monde scolaire, deux pour le monde indépendant, trois pour le tourisme et un pour le service de santé. Voir annexe n° 112.
Le 19 avril 1955, le Père Viau tenait une réunion sur cette question à La Roche-sur-Foron. Le succès de cette journée montre qu’il s’agit d’une question préoccupante. Revue du Diocèse d’Annecy, n° 17, 28 avril 1955, p. 249.
Jean Paul Terrenoire rappelle que l’enquête a pour but pour les diocèses de « disposer des connaissances nécessaires à l’adaptation des pratiques pastorales, c’est-à-dire des actions engagées dans le domaine spirituel par ceux qui en avaient la responsabilité auprès des fidèles et plus largement dans le cadre de la circonscription ecclésiastique. j.-p. terrenoire, « Cartographie et analyse écologique… », Sociétés contemporaines…, op. cit., p. 65.
Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…, op. cit., p. 4.
En effet, jusqu’alors, les données ne permettaient de connaître que le nombre de pascalisants, comme nous l’avions évoqué pour 1901.
g. cholvy, y.-m. hilaire, Histoire religieuse…, op. cit., t. 3, p. 205.
f. boulard, Premiers itinéraires…, op. cit., p. 114.
Ibid.
g. cholvy, Géographie religieuse de l’Hérault contemporain, Montpellier, Publications de la Faculté des Lettres de Montpellier, 1968, p. 165.
Il serait intéressant de connaître la proportion de militants d’action catholique parmi les cénalisants, afin de savoir si oui ou non, l’école de l’ACJF a pu influencer les nouvelles pratiques.
Il ne faut pas oublier qu’à cette période encore, la communion est largement associée à la confession. Un fidèle qui n’aurait pas été se confesser ne pouvait pas recevoir la communion.
Cette dernière se fait à l’âge de 13 ans. Rappelons que c’est Pie X, en 1910, qui permet, par le décret Quam Singulari, aux enfants de communier dès l’âge de raison. À partir de cette époque, on distingue la première communion, dite « communion privée » et célébrée discrètement, de la communion solennelle, accomplie vers 12-14 ans.
Ce phénomène se retrouve par exemple à Annemasse. ADA. 8 E 1958. Mission de la région d’Annemasse.
ADA. 4 F 263-262. Rapport de la commission rurale pour la réunion du 29 septembre 1960 fait par l’abbé Jacob à Chavanod le 3 septembre 1960.
f. boulard, j. remy, Pratiques religieuses…, op. cit., p. 125.
Ibid. D’ailleurs le côté festif qui suit la cérémonie est critiqué par un certain nombre de prêtres. Tel est le cas de la commission des milieux indépendants d’Annecy qui déplore cette manifestation dans son rapport de 1965. ADA. 8 E. Ville d’Annecy. Cité par Nadine Broisat dans Le diocèse d’Annecy à l’heure Boulard…, op. cit., p. 16.
Mais cette idée peut s’appliquer à toutes les générations.
Cité par Nadine Broisat dans Le diocèse d’Annecy à l’heure Boulard…, op. cit., p. 16.
Écho de la Vallée Verte, n° 36, p. 12.
Il s’agit des enfants nés d’ascendants catholiques même non pratiquants.
Le taux des baptisés peut être un indicateur de l’attachement à la religion, comme l’était au début du siècle le respect du baptême dans les trois jours.
Gérard Cholvy souligne à juste titre que le baptême peut également être l’objet d’un conformisme social pour quelques-uns. g. cholvy, Géographie de l’Hérault…, op. cit., p. 226-227.
C’est ce que rappelle Raymond Barcellini lorsqu’il évoque le cas d’Ugine où pour lui, la fréquentation du catéchisme est « une façon de ne pas être marginalisé ». Cité par n. broisat, Le diocèse d’Annecy…, op. cit., p. 19.
À ce propos, Henri Baud regrette que « dans une région d’entreprises souvent technologiquement plus évoluées que la moyenne, le terme de salariés n’eût pas été préféré » à celui d’ouvrier. h. baud, Histoire du diocèse…, op. cit., p. 282.
Ce bénéfice n’étant pas suffisamment important, ils sont obligés d’aller travailler à l’usine pour obtenir un complément financier.
Définition présentée par la notice explicative de l’enquête.