B. Démographie et économie : facteurs géo-culturels et économiques

Il nous semble intéressant de faire une présentation de l’évolution économique et démographique de la Haute-Savoie à la veille de 1962 afin d’essayer de mieux comprendre les attitudes des diocésains face à la religion. Le chanoine Boulard, dans les Problèmes missionnaires de la France rurale, n’évoquait-il pas l’évolution socio-économique comme l’une des causes externes de la déchristianisation4612 ?

La Haute-Savoie connaît une évolution démographique supérieure à la moyenne nationale puisque entre 1936 et 1954, sa population croît de 13,1 %4613. Cet afflux n’est pas sans rapport avec l’arrivée de personnes nouvelles au département. Ces dernières sont venues pour chercher du travail dans un certain nombre d’entreprises florissantes qui se développent autour des centres urbains comme Annecy4614, Cluses ou encore Annemasse4615. Dans le cas de cette cité frontalière, l’industrie et le commerce sont toujours attractifs et la ville devient le lieu d’installation d’un certain nombre de personnes venues du Nord et de l’Est de la France, suite à la guerre. La poussée démographique entraîne des constructions d’immeubles, toutefois, la prise en charge de ses nouveaux arrivants ne peut pas toujours être réalisée par le clergé. Devant cet afflux important de personnes, les églises se révèlent parfois trop petites et la comparaison avec un « adulte qui doit se contenter de ses habits d’enfant »4616 ne semble pas exagérée.

En 1954, les communes rurales4617 sont encore majoritaires puisqu’elles regroupent 59,33 % de la population, alors que les communes urbaines concentrent 40,67 % des habitants4618. Ces proportions sont en passe de changer puisqu’en 1962, 50,57 % de la population vit en ville.

Toutes les communes ne sont pas touchées de la même façon par l’exode rural. Les difficultés des conditions de travail semblent être à l’origine de l’exode rural du plateau des Bornes4619. À cela s’ajoute la mécanisation qui libère de la main d’œuvre, entraînant ainsi des jeunes à aller là où il y a du travail, c’est-à-dire vers les villes4620. Dans certains secteurs, l’agriculture ne suffit plus à nourrir les familles et les plus jeunes doivent, soit abandonner les exploitations, soit choisir le travail à domicile pour compléter les revenus. C’est cette solution qui se retrouve fréquemment dans la vallée de l’Arve4621, où les jeunes reprennent l’exploitation familiale tout en y ajoutant une activité secondaire liée au décolletage. L’enquête révèle l’émergence d’une nouvelle catégorie : les ruraux-ouvriers, que l’on peut retrouver sous l’appellation de « paysans-ouvriers » ou encore de doubles actifs4622.

Les différents constats présentés à l’occasion des études sociologiques mettent en avant l’importance prise par l’argent dans les milieux ruraux. Tel est le cas dans la vallée de Boëge, où la commission de sociologie constate que « la vallée n’a pas échappé aux transformations constatées un peu partout dans le milieu rural. La baisse de la population très marquée entre 1920 et 1940 surtout, paraît généralement stoppée. Pour différentes raisons (familiales et économiques) de nombreuses familles (souvent les meilleurs et parmi les plus chrétiennes) ont quitté définitivement leur paroisse d’origine pour s’établir dans la plaine. Ces départs ont eu pour conséquence une plus grande aisance chez ceux qui sont restés. Moins de main d’œuvre a entraîné aussi l’industrialisation des moyens de travail, plus de facilités, moins de gêne, un plus grand attachement à l’argent (qui manquait trop et si difficile à gagner autrefois), un certain matérialisme que l’on déplore un peu dans tous les villages et de plus en plus dans toutes les familles (travail du dimanche très fréquent, même hors des cas de nécessité) »4623.

L’élevage semble être l’activité agricole qui permette encore aux ruraux de vivre de leur exploitation. Il se retrouve principalement dans les cantons d’Abondance, du Biot, de Boëge, de Thorens, de Cruseilles, de Thônes ou encore de Seyssel, d’Alby-sur-Chéran, de Samoëns, de Taninges, de Douvaine, de Saint-Julien-en-Genevois ou de Rumilly. Dans ces derniers, une certaine spécialisation agricole permet d’apporter un supplément d’activités aux ruraux qui peuvent ainsi rester et vivre de leurs terres4624. Des moyens sont mis en place pour permettre une coopération entre les différents agriculteurs. Ces systèmes ne sont pas véritablement nouveaux, puisque nous avions évoqué les fruitières dès la fin du XIXe siècle. Mais dans l’après-guerre, les organisations agricoles s’ouvrent à des activités plus larges et surtout elles laissent place à un grand nombre de militants catholiques. Nombreux sont les anciens jacistes à prendre des responsabilités dans les CUMA ou dans les CETA4625.

Contrairement au secteur agricole, celui de l’industrie est en plein essor4626. Le canton de Seyssel bénéficie de la construction du barrage de Génissiat (sur le Rhône), ce qui permet le développement de l’industrie de transformation4627, alors que celui de Cluses est tout entier tourné vers le décolletage4628. Le père Virton rappelle que le secteur Marignier-Magland, long de plus de douze kilomètres, est la « plus forte agglomération de France en ce qui concerne le décolletage artisanal »4629 avec près de six cents décolleteurs. À cela s’ajoute plusieurs grosses entreprises qui occupent plus de mille cent cinquante personnes4630 à Cluses, alors que deux mille trois cent cinquante-cinq se répartissent dans soixante-trois ateliers ou entreprises4631 dans les communes environnantes. À toutes ces personnes, il convient d’ajouter les trois cent cinquante ouvriers de l’usine du Giffre, les sept cent soixante-dix de celle de Chedde, les deux cents qui travaillent dans les scieries et enfin les cent vingt qui sont employés à Sallanches soit dans la filature, soit dans la chocolaterie4632.

Les autres centres urbains du diocèse sont également touchés par l’industrie. Annecy voit l’installation d’un certain nombre d’industries comme Gilette (1953) ou encore de nombreux ateliers de bijouterie mécanique4633. Le débouché de la cluse d’Annecy a maintenu sa vocation industrielle, avec Faverges qui regroupe un certain nombre d’industries4634 et Ugine qui bénéficie de la présence des Aciéries. Enfin, Thonon-les-Bains et Évian-les-Bains ont également des éléments industriels, comme Zig-Zag, qui emploie pas moins de trois cent soixante-quatorze personnes à la fabrication de papier à cigarette, ou alors la société Cachat, qui conditionne l’eau d’Évian en bouteille, et qui emploie plus de mille personnes au début des années 19604635.

Le troisième secteur d’activités des diocésains est le tourisme. Jusqu’alors, l’activité hôtelière se tournait principalement vers l’accueil des curistes4636 ou des estivants. Cependant, avec le développement des sports d’hiver, il semble que les hôteliers s’adaptent à cette nouvelle clientèle, qui reste malgré tout moins importante que celle de l’été, à l’exception des stations de la haute vallée de l’Arve4637. Ces changements d’activités entraînent le développement des saisonniers. Il peut s’agir soit des personnes des communes voisines, soit des personnes venues de l’extérieur du diocèse. Comme toute activité de masse, le tourisme présente des avantages et des inconvénients. Si les premiers permettent une relative amélioration des conditions de vie des agriculteurs et donnent la possibilité à un certain nombre de rester dans leurs communes d’origine, les seconds en revanche peuvent être l’une des causes des modifications des habitudes de pratique dans les paroisses rurales confrontées à une ouverture rapide vers l’extérieur. Au moment du développement de la station des Gets, l’abbé Philippe, desservant de la paroisse, a beaucoup œuvré pour que les Gétois participent au lancement des premières remontées mécaniques4638. L’arrivée de touristes entraîne donc un travail le dimanche pour le personnel des hôtels, des restaurants, des commerces… Ce sont donc autant de personnes qui sont susceptibles de délaisser progressivement la messe dominicale.

Progressivement donc le secteur tertiaire prend une importance plus grande dans les activités du diocèse d’Annecy. Le clergé, conscient de ces changements, doit y faire face en adaptant sa façon d’agir aux besoins nouveaux. C’est également à cette période que de nouvelles paroisses et de nouvelles églises sont créées en périphérie des centres urbains4639.

Dans un certain nombre de paroisses, la pratique relève, pour un certain nombre de fidèles, plus de la tradition que de la conviction réelle. C’est pourquoi les transformations économiques, auxquelles s’ajoute l’arrivée de nouveaux individus et de nouveaux modes de vie, risquent de déstabiliser une pratique déjà fragilisée. Les migrations, qu’elles soient liées au travail ou à la scolarité, perturbent également les habitudes des diocésains. Dans les deux cas, les individus sont coupés de leurs paroisses d’origine pour une période donnée. Dès lors, nous pouvons nous interroger sur les relations qui peuvent exister entre le milieu socio-économique et la pratique religieuse.

La catégorie des agriculteurs reste la plus importante. Elle se partage entre ceux qui ne sont pas propriétaires, ceux qui travaillent sur leur exploitation de moins de vingt hectares et enfin ceux qui font figure de gros propriétaires avec plus de vingt hectares4640. Ces derniers forment la catégorie la plus pratiquante, ce qui peut s’expliquer par le fait qu’ils n’ont pas de véritables difficultés pour vivre de leur exploitation. Les non-propriétaires des régions de plaine comme « le bas-pays, la cluse d’Annecy, le bas Chablais ou toute la vallée de l’Arve »4641 semblent être également de bons pratiquants. Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’abord, ces personnes peuvent venir de paroisses de montagne et ont donc été influencées par la pratique de leur jeunesse. Ensuite, la spécialisation des cultures entraîne fréquemment une certaine aisance financière4642. Les petites exploitations sont donc celles qui se trouvent être les plus touchées par les crises qui peuvent survenir. La mécanisation n’est pas toujours possible, notamment pour des raisons de rentabilité, de ce fait, ce sont ces exploitations qui voient un certain nombre de leurs membres partir ou du moins se tourner vers l’usine, devenant ainsi des paysans-ouvriers.

Le milieu agricole est celui dans lequel se recrute la plupart des prêtres. En 1956, ils sont 73,5 % à venir de ce milieu. Cette forte proportion ne doit pas faire oublier qu’elle est nettement moins importante qu’entre 1885 et 1906, où 95 % du clergé diocésain était issu du milieu rural4643. Cette baisse indique à la fois une diminution de la population rurale en même temps qu’un fléchissement dans les vocations4644. L’enquête de sociologie menée dans le secteur Saint-Julien – Viry rappelle que c’est le signe d’un certain « ébranlement » de la « foi »4645.

La catégorie des paysans-ouvriers et des ruraux-ouvriers regroupe 10 305 personnes en 1956-19574646. La rurbanisation se dessine déjà dans certaines zones puisque 20 % des ouvriers travaillant en ville logent à la campagne4647. 32 % sont des doubles actifs puisqu’il s’agit de paysans qui travaillent à la fois en ville et à la campagne. Enfin, 48 % des ruraux qui travaillent en ville ont abandonné toute activité agricole. Les effectifs de ces deux catégories de paysans-ouvriers et des ruraux-ouvriers augmentent particulièrement dans les secteurs proches des grands centres urbains ; entre 1955 et 1962 dans le secteur de la mission Thorens-Sillingy, 23, 2 % de la population active est composée de ruraux-ouvriers4648. Dans le cas des paroisses du secteur Pringy-Poisy, les ruraux-ouvriers travaillent principalement dans les grosses entreprises du bassin annécien comme SNR4649 ou les Coussinets (Annecy), les papeteries ou les forges à Cran4650. Plusieurs rapports soulignent que ces personnes n’ont pas la mentalité ouvrière4651. Le cas, sans doute le plus représentatif, est souligné lors de la mission de la vallée de l’Arve, où les paysans-ouvriers refusent d’entrer dans l’Action catholique ouvrière, alors qu’ils appartiennent à l’Action catholique rurale4652. Même s’ils considèrent qu’ils n’appartiennent pas au monde ouvrier, il n’en reste pas moins qu’ils commencent à se détacher de leur habitude de pratique héritée du milieu rural. Ces doubles actifs mènent pour ainsi dire presque une double journée. Ils œuvrent à l’exploitation avant de partir à l’usine, puis font leur travail à l’usine, avant de rentrer pour à nouveau travailler à l’exploitation. Le dimanche, jour de repos de l’usine, est souvent employé par ces personnes pour effectuer du travail sur l’exploitation. Si les jeunes choisissent d’aller travailler à l’usine, la situation est différente pour les plus âgés qui eux s’y rendent plus par contrainte que par choix véritable. C’est l’occasion pour ces personnes d’y trouver un revenu complémentaire à une exploitation agricole parfois peu généreuse.

La diminution de la pratique dans ces catégories socio-professionnelles peut s’expliquer à la fois par « la fatigue » mais également par « l’incompréhension du sens de la messe »4653. Ces nouveaux modes de vie entraînent également des migrations. Ces dernières font ressortir six centres importants que sont Annecy-Cran, Annemasse, Thonon-les-Bains, Évian, Cluses et Ugine. À ces centres s’ajoute également celui de Genève. Il semble cependant établi que la pratique des migrants est plus importante que celles des ouvriers4654. Toutefois, les différentes commissions établissent une diminution de la pratique chez les ruraux ouvriers, à partir du moment où ils s’installent en ville4655.

Dans le diocèse d’Annecy, comme ailleurs, les ouvriers constituent la catégorie la moins pratiquante, malgré la présence d’un certain nombre de groupes de JOC. « L’enquête Boulard » a pris soin de différencier l’attitude des ouvriers des petites entreprises (moins de 50 ouvriers) et ceux des grandes entreprises (plus de 50 ouvriers). Dans les cantons où la pratique est supérieure à la moyenne diocésaine, il semble que les ouvriers des grandes entreprises pratiquent plus que ceux des plus petites4656. Dans les cantons « moyens »4657, la pratique entre les différents types d’ouvriers est du même acabit, alors que dans ceux de faible pratique, les ouvriers des petites entreprises pratiquent plus que ceux des grandes. Cela peut probablement s’expliquer par le fait que, dans un milieu déjà détaché, plus l’entreprise est grande, plus la diversité d’opinions apparaît et les influences peuvent jouer ; alors que dans les entreprises de taille moindre les ouvriers forment comme une sorte de famille. En 1958, la commission pastorale du monde ouvrier remarque que les petites entreprises ne possèdent pas véritablement de mentalité ouvrière4658, dans le sens où il s’agit d’une « solidarité ouvrière » provenant du sentiment d’appartenance à une « classe ouvrière »4659. La situation est différente dans les grandes entreprises, où le syndicalisme reste un phénomène important4660.

Un questionnaire adressé aux ouvriers par leur commission révèle que l’un des facteurs pouvant expliquer les raisons d’une non pratique réside peut-être dans l’organisation du temps, en trois périodes de huit heures chacune. La sanctification du dimanche semble moins respectée notamment parce que les ouvriers entreprennent des travaux qu’ils n’ont pas le temps d’effectuer la semaine4661. Ce questionnaire montre également que l’observance des actes de la vie religieuse, par cette part de la population ouvrière, relève parfois plus d’un conformisme social que d’une réelle conviction. Le mariage ou le baptême semblent alors être célébrés « par habitude et par peur » de la critique4662. Les réponses au questionnaire montrent qu’une majorité d’ouvriers perçoit l’Église comme une « puissance financière et politique », une « institution stérile et vieillotte »4663. Malgré tout, les ouvriers semblent s’intéresser à l’actualité de l’Église puisqu’ils ne restent pas indifférents à l’ouverture du concile de Vatican II et ils se posent des questions quant à l’avenir. Tous les ouvriers ne semblent pas adopter la même attitude face à l’Église, puisqu’il apparaît que les décolleteurs sont ceux qui se détachent le plus. C’est du moins, le constat qui est dressé par les enquêteurs du secteur de La Roche-sur-Foron – Reignier, pour qui le décolleteur isolé est « un travailleur acharné […] la plupart du temps un agriculteur qui, après avoir travaillé quelques années chez un patron, aménage chez lui un local, achète un tour et se met à son compte. Pour l’amortir, il travaille beaucoup », si le rendement est « appréciable », il n’a que « peu de repos [et] plus de vie religieuse possible : on verse rapidement dans le matérialisme »4664.

Une autre catégorie se distingue également par un taux de pratique peu élevé ; il s’agit de ceux que l’enquête nomme les « milieux indépendants ». Ces derniers regroupent en fait toutes les catégories socio-professionnelles autres que celles des agriculteurs, des ouvriers agricoles et d’industrie auxquelles s’ajoutent les retraités. Les constats qui sont dressés lors des différents travaux d’enquête montrent que ces milieux peuvent subir l’influence de plusieurs « agents de déchristianisation » qui peuvent être « le travail ou les affaires trop prenantes »4665. Ces derniers engendrent des conséquences négatives à la fois sur la famille et sur la vie religieuse. En effet, le rapport souligne que « l’amour de l’argent entraîn[e] égoïsme, jalousie, indifférence pour le social, la paroisse »4666. Dans ce milieu, la pratique religieuse peut parfois être perçue comme une habitude4667. Malgré ces éléments négatifs, les enquêteurs relativisent en soulignant que certains « pratiquent par foi et par conviction »4668. Toutefois, toutes les catégories n’adoptent pas la même attitude face à la pratique. En effet, les artisans et les petits commerçants semblent accorder une plus large place à leur travail qu’à la fréquentation de l’église. Ce genre d’entreprise est souvent d’un type « familial », ce qui entraîne une forte implication du couple. Le respect du dimanche semble parfois quelque peu abandonné par les petits commerçants qui n’hésitent pas à ouvrir leur magasin ce jour. Avec les artisans, ils se situent dans les catégories les moins pratiquantes du diocèse. Les personnes vivant du tourisme, notamment les hôteliers, se retrouvent dans le même cas que les petits commerçants ; ils travaillent le dimanche et manquent ainsi à leur devoir dominical. Le clergé craint, non sans raison, que les touristes influencent encore un peu plus les hôteliers et autres personnes vivants des saisons.

Après avoir présenté les aspects économiques et géographiques du diocèse, il importe à présent de s’intéresser à la répartition de la pratique, selon les cantons et les catégories proposées par le chanoine Boulard. Nous pourrons ainsi nous interroger pour savoir si oui ou non les facteurs économiques et géo-culturels influencent la pratique.

Notes
4612.

f. boulard, Problèmes missionnaires de la France…, op. cit., t. 1, p. 148.

4613.

La croissance nationale est de 2,1 %. ADA. 8 E 1961. Mission de Douvaine. Enquête de sociologie, p. 1. Pour la Haute-Savoie, les chiffres des recensements de 1936 et de 1954 sont respectivement de 259 961 habitants alors que celui de 1954 donne 293 856 habitants. Entre 1954 et 1965, elle connaît une croissance de 12 % alors que celle de la France est de 8,61 %. Nous pouvons citer à titre de comparaison, bien que la situation soit largement différente, l’évolution de la population haut-savoyarde entre 1921 et 1936, qui croît de 10,50 %. Voir les cartes de la population par cantons en annexe nos 13 à 16.

4614.

Sur cette question, voir l’étude de Raoul Blanchard, « Annecy, évolution de la ville, 1954-1962 », Annesci, n° 11, 1964, 76 p.

4615.

ADA. 8 E 1958. Mission d’Annemasse. Caractéristiques sociologiques d’Annemasse et problèmes pastoraux. En 1936 et 1954, la population de l’agglomération annemassienne croît de 24 % puisqu’elle passe de 26 500 habitants à 33 000. Dans le même temps, celle d’Annecy augmente de 35 %.

4616.

Ibid.

4617.

Nous entendons par communes rurales, celles dont la population est inférieure à 2 000 habitants.

4618.

Données statistiques sur l’évolution de la Haute-Savoie, informations recueillies dans les travaux du comité d’aménagement de la Haute-Savoie.

4619.

ADA. 8 E 1958, Mission d’Annemasse. Caractéristiques sociologiques d’Annemasse et problèmes pastoraux. Le rapporteur de l’enquête de sociologie du secteur d’Annemasse, donne les chiffres de l’exode rural dans certaines zones du diocèse. Selon lui, les Bauges auraient perdu 13 % de leur population entre 1936 et 1954, alors que le plateau des Bornes en aurait perdu 10 %, l’Albanais 14 % et le Chablais, lui aurait vu partir seulement 2 % de sa population.

4620.

ADA. 8 E 1960. Mission La Roche-sur-Foron – Reignier. Enquête de sociologie.

4621.

ADA. 8 E 1955. Mission de la vallée de l’Arve. Enquête de sociologie. L’auteur évoque le cas de jeunes qui débutent dans le décolletage et qui sont contraints de travailler tous les jours même le dimanche pour espérer faire prospérer leur entreprise.

4622.

Il arrive parfois que les catégories soient distinctes. Dans ce cas, les ruraux-ouvriers, sont les personnes résidant à la campagne et travaillant en ville, alors que les paysans-ouvriers, sont ceux qui travaillent encore une exploitation à la campagne, en même temps qu’ils ont un emploi en ville. Ils sont donc les doubles actifs.

4623.

ADA. 8 E 1958. Mission de la vallée de Boëge.

4624.

Il peut s’agir des fruits rouges à Machilly, des vergers à Thorens ou encore des cultures maraîchères pour le canton de Saint-Julien-en-Genevois. Pour le canton de Thorens, le contact global de la mission régionale de Cruseilles, Sillingy, Thorens rappelle que 50 hectares de vergers sont constitués entre 1947 et 1962. ADA, 8 E 1962. Mission Cruseilles-Sillingy-Thorens.

4625.

Germaine Prat dans son étude sur la JAC dans l’Hérault dresse le même constat, les jacistes permettent une évolution des structures coopératives au sein du monde agricole.

4626.

Entre 1954 et 1966, le nombre d’établissements industriels croît de 5,27 % puisqu’ils passent de 8 002 à 8 424, alors que le nombre d’ouvriers lui s’accroît de 73 %. Chiffres donnés par e. callot, Géographie…, op. cit., p. 16.

4627.

e. callot, Géographie…, op. cit., p. 16.

4628.

Au début des années 1960, l’usine Gambin, fabricant des machines outils, s’installe à Viuz-en-Sallaz. Elle emploie en 1960-1961, trois cent vingt ouvriers et quatre-vingts ouvrières auxquels s’ajoutent pas moins de quatre cent vingt-cinq autres personnes réparties dans les différents services administratifs et d’entretien. ADA. 8 E 1964. Mission de Viuz-en-Sallaz. P. Marc, Contact global de la mission de Viuz-en-Sallaz, p. 25.

4629.

ADA. 8 E 1955. Mission de la vallée de l’Arve. Le développement industriel et touristique de la Haute-Vallée de l’Arve, p. 6.

4630.

Ibid.

4631.

Ibid.

4632.

Ibid.

4633.

Certaines industries, comme la Manufacture de coton, connaissent un essoufflement important et ne tardent pas à fermer leurs portes, alors que d’autres, comme les papeteries Aussedat de Cran se modernisent en installant la machine la plus moderne d’Europe pour la fabrication du papier.

4634.

Industrie de luxe avec Société Tissot-Dupont et les soieries. Entreprises Saphir (cirage), Bourgeois (électroménager).

4635.

ADA. 8 E 1964. Mission Évian-Saint-Paul. P. Marc, Contact global de la mission Évian-Saint-Paul, « Monde industriel », p. 3.

4636.

Ibid., p. 2. En 1952, Évian accueille encore 29 065 curistes.

4637.

ADA. 8 E 1964. Mission Haute Vallée de l’Arve. Contact global, p. 53. Le Père Marc rappelle qu’en 1958, le secteur Chamonix-Megève reçoit plus de 13 000 touristes lors de la saison hivernale.

4638.

Entretien avec l’abbé Ch. Philippe.

4639.

Annecy : Sainte-Bernadette à Albigny en 1956 et Saint-Louis à Novel en 1958. Ugine : Sacré-Coeur en 1958. Cran : Sacré-Coeur en 1959. Seynod : Sainte-Geneviève en 1960. Ville-la-Grand : Notre-Dame des Foyers en 1959.

4640.

La taille moyenne d’une exploitation dans le département est d’environ 10 hectares.

4641.

e. callot, Géographie…, op. cit., p. 57.

4642.

e. callot, Géographie…, op. cit., p. 57.

4643.

Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…, op. cit., p. 41. Pour la période 1906-1919, la proportion est de 85 %, puis entre 1920 et 1939 : 77 %, enfin 70 % pour la période 1940-1957. En même temps, il ne faut pas oublier qu’entre 1885 et 1906, l’activité agricole occupait la quasi-totalité de la population du diocèse.

4644.

Comme nous l’avons souligné précédemment, la cléricature n’est plus synonyme d’ascension sociale comme cela pouvait être le cas au XIXe siècle ou encore dans la première partie du XXe.

4645.

ADA. 8 E 1962. Mission Saint-Julien-Viry. Enquête de sociologie, p. 88.

4646.

Diocèse d’Annecy – Album de sociologie religieuse…, op. cit., p. 32.

4647.

Ibid. Nous ne pouvons pas véritablement appliquer le terme de « rurbanisation » puisqu’il n’apparaît qu’en 1976.

4648.

ADA. 8 E 1962. Mission Cruseilles-Sillingy-Thorens. Contact global de la mission…, p. 14.

4649.

Société Nationale de Roulements.

4650.

ADA. 8 E 1962. Mission Cruseilles-Sillingy-Thorens. Enquête de sociologie, p. 11.

4651.

ADA. 8 E 1961. Mission Évian-Saint-Paul.

4652.

ADA. 8 E 1955. Mission de la vallée de l’Arve. Mission de l’Arve, matinée sacerdotale de clôture.

4653.

ADA. 8 E. Pochette orange n° 2 : commissions pastorales Chablais, basse vallée de l’Arve, moyenne vallée de l’Arve et ruraux-ouvriers. Journée pastorale de zone du 20 septembre 1961.

4654.

Le même constat est dressé par le chanoine Boulard et Jean Rémy dans leur étude sur la pratique religieuse urbaine, p. 86-88, où ils évoquent l’exemple des diocèses de Moulins et de Soissons.

4655.

ADA. 8 E 1964. Mission Évian-Saint-Paul. Contact global de la mission…, p. 11. Nous retrouvons ici le même phénomène que chez les ouvriers qui cessent de pratiquer à leur arrivée en ville, notamment à cause des difficultés d’intégration dans une nouvelle communauté.

4656.

n. broisat, Le diocèse d’Annecy…, op. cit., p. 94.

4657.

Entendons par « moyens », les cantons dont la pratique est moyenne.

4658.

ADA. Boîte 4 F 262-263, Pastorale d’ensemble d’Annecy Sud. Compte-rendu de la commission pastorale du monde ouvrier (zone sud), après les réunions des 24 janvier, 16 avril et 26 juin 1958.

4659.

ADA. 8 E 1962. Mission Saint-Julien-Viry. Le contact global de la mission de Saint-Julien…, p. 49, constate le « manque de conscience de classe ouvrière », parlant même d’un certain « égoïsme » des ouvriers travaillant dans les petites entreprises. Le même constat est dressé pour l’archiprêtré de Douvaine. ADA. 8 E 1961. Mission de Douvaine. Enquête de sociologie, p. 17-18.

4660.

Citons l’exemple de Chedde où 70 % des effectifs sont syndiqués en majorité dans la CGT. Au Fayet, le syndicalisme semble « vivant et fort » à la SNCF et à EDF notamment avec Force Ouvrière. ADA, 8 E 1964. Mission de la Haute-Vallée de l’Arve. Contact global…, p. 47.

4661.

n. broisat, Le diocèse d’Annecy…, op. cit., p. 95.

4662.

I bid. Cette attitude n’est pas sans rappeler l’attitude d’un certain nombre d’ouvriers face au catéchisme.

4663.

ADA. 8 E 1963. Mission Thonon-Bellevaux. Rapport de la commission du monde ouvrier, p. 10. ADA. 8 E 1964. Mission Évian-Saint-Paul. Commission ouvrière, « mentalité et vie religieuse », p. 3.

4664.

ADA. 8 E 1960. Mission La Roche-sur-Foron – Reignier. Document daté du 18 mai 1959, p. 17.

4665.

ADA. Pochette orange n° 3 intitulée « Commission pastorale du milieu indépendant de la moyenne vallée de l’Arve ». Rapport de la commission des milieux indépendants, rapport de septembre 1958.

4666.

Ibid.

4667.

ADA. 8 E 1965. Annecy-ville. Mission d’Annecy. Commission des milieux indépendants, rapport des équipes de recherche », « la situation religieuse des milieux indépendants ». Dans ce rapport, les auteurs estiment que pour certains membres de milieux indépendants, l’assistance aux grands actes religieux est parfois perçue comme une « mondanité ».

4668.

Ibid.