c. Les zones de pratique moyenne

Les cantons de pratique moyenne, principalement situés en limite du diocèse, sont : Douvaine, Thonon-les-Bains, Évian-les-Bains, pour la bordure lémanique ; Seyssel et Saint-Julien pour la bordure rhodanienne ; puis ceux de Taninges, Samoëns et Saint-Jeoire-en-Faucigny pour les Préalpes. Enfin, il faut ajouter deux autres cantons qui sont isolés soit entre des zones de faible pratique (La Roche-sur-Foron), soit entre des zones de forte pratique (Alby-sur-Chéran) 4777.

À la fois, ils présentent un taux de pascalisants situé entre 54,58 % et 67,43 % et un taux de messalisants oscillant entre 42,72 % et 49,94 %. L’écart entre pascalisants et messalisants est nettement moins important que dans la zone de forte pratique. Dans le cas d’une pratique moyenne, cette différence est de 11,9 % alors qu’elle est de plus de 17,6 % dans le cas d’une forte pratique.

Débutons par les cantons de la bordure lémanique. L’opposition remarquée en 1901, dans les cantons de Thonon-les-Bains et d’Évian-les-Bains entre la pratique des paroisses d’altitude et celles de la plaine, est encore vraie en 1955. L’implantation d’un petit séminaire à Thonon-les-Bains montre que cette zone du diocèse reste attachée à la foi, même si cela se fait de façon parfois hétérogène. En 1901, le canton de Thonon-les-Bains présentait la pratique pascale4778 la plus forte des trois cantons des bords du Léman avec 92,58 %. Ensuite venait Évian-les-Bains avec 89,30 %, alors que Douvaine ne présentait qu’un taux de 82,46 %4779, ce qui en faisait un canton proche de ceux qui montraient déjà un détachement. En 1955, la situation est totalement inversée, puisque les taux de pascalisants sont plus importants à Douvaine qu’à Thonon. En effet, les taux des adultes sont alors de 59,93 % pour Douvaine, 55,58 % pour Évian et 54,72 % pour Thonon4780. Il est fort probable que la faible pratique des paroisses riveraines du Léman influence nettement les taux globaux. Les paroisses de l’avant-pays sont moins attachées à la tradition que celles des montagnes parce qu’elles sont plus ouvertes sur l’extérieur, notamment sur la région annemassienne ou même vers Genève ? De ce fait, elles connaissent un brassage de population plus important que celles d’altitude4781. Ces cantons ont également été le théâtre de très vives oppositions politiques, peut-être plus qu’ailleurs dans le diocèse. Sans doute ces luttes ont marqué les esprits d’un certain nombre de paroissiens4782.

En un demi-siècle, des changements apparaissent également au niveau des vocations. Le canton de Douvaine donne, par exemple, trois vocations entre 1906 et 1925, puis cinq de 1926 à 1945 et vingt entre 1946 et 19654783. Cette reprise est-elle le fruit de la fin des luttes politiques ou le résultat du travail effectué par les groupes d’ACJF dans cette zone ? Peut-être une combinaison des deux facteurs auxquels pourrait s’ajouter l’arrivée dans la plaine de familles venues des paroisses élevées environnantes de Douvaine. Toutefois, ces éléments ne doivent pas permettre d’établir des conclusions trop rapides, puisque l’étude par tranches d’âge montre que la pratique diminue, qu’il s’agisse des pascalisants (hommes et femmes) ou des messalisants. En effet, contrairement à la plupart des cantons qui connaissent une diminution puis une reprise pour les plus de soixante-cinq ans, celui de Douvaine voit ses effectifs constamment diminuer4784. Des disparités apparaissent également quant à la pratique, puisque les jeunes filles (14-21 ans) de Fessy-Lully pratiquent à 95 % alors que celle de Brenthonne ne sont que 70 %4785.

Pour les hommes du canton de Thonon-les-Bains, les taux de la pratique pascale diminuent entre les 15-19 ans et les 45-64 ans pour remonter très légèrement (+ 1%)4786 pour les plus de soixante-cinq ans. Pour les messalisants, la diminution est sensiblement du même ordre avec une baisse de 28,85 % (contre 27,11 % pour les pascalisants) mais elle ne cesse de s’affirmer ; les chiffres passant de 60,58 % pour les jeunes gens à 35,42 % (45-64 ans) et à 31,73 % pour les sexagénaires. Pour les femmes, il s’agit du phénomène inverse, la baisse ne cesse de se poursuivre pour les pascalisantes, alors qu’une légère remontée est visible pour les messalisantes4787. Faut-il voir dans ces attitudes les résultats des clivages politiques qui ont marqué la région depuis le début du siècle et principalement dans l’entre-deux-guerres. Le canton d’Évian-les-Bains présente des attitudes semblables à celles de Thonon-les-Bains4788, mais dans une mesure largement plus importante, puisque l’assistance à la messe est divisée de moitié entre les jeunes gens et les sexagénaires4789. Ici, comme pour Thônes, Frangy ou encore Thonon-les-Bains, les paroisses élevées maintiennent une pratique plus importante que celles des rives du Léman. Concernant la pratique de la communion dominicale, il semble que le canton de Thonon soit le plus favorable des trois à cette pratique puisque les cénalisants des deux sexes sont 35,40 % alors qu’à Douvaine, ils sont 31,86 % et à Évian, ils ne sont que 18,76 %4790. Faut-il voir dans cette différence, le maintien d’une certaine tradition dans le canton d’Évian-les-Bains, notamment dans les paroisses élevées qui ont peut-être du mal à s’approprier la communion fréquente ?

Malgré les clivages que nous avons pu relever, notamment en ce qui concerne la pratique par tranches d’âge, nous pouvons remarquer que les trois cantons de la bordure lémanique se situent dans la moyenne diocésaine quant à leur attachement à la religion. Le taux de pratique pascale se situe véritablement à la limite de la moyenne diocésaine (56,73 %) pour Thonon et Évian qui présentent des taux de 55,58 % et 54,72 %. Douvaine est légèrement au-dessus avec 59,93 %. Pour les messalisants adultes, Douvaine est plus proche de la moyenne diocésaine avec 46,92 % alors que Thonon et Évian présentent des taux quasi identiques avec 47,64 % et 47,63 %4791. En revanche, pour ce qui intéresse le catéchisme et le baptême, les cantons de Thonon et de Douvaine sont nettement au-dessus de la moyenne diocésaine. En effet, 9,19 % des enfants de Thonon-les-Bains ne sont pas catéchisés alors qu’ils sont 8,11 % à Douvaine4792. La conclusion dressée par la commission de sociologie rappelle que dans ce canton, c’est « par tradition, [que] les enfants fréquentent le catéchisme en très forte proportion »4793 et le rapport souligne également que les « abstentions sont souvent motivées par des causes particulières : entêtement, etc. »4794. Le canton d’Évian-les-Bains présente un taux légèrement inférieur à la moyenne avec 5,28 % des enfants qui ne fréquentent pas le catéchisme. Faut-il voir dans ces chiffres le résultat d’un catéchisme qui offre des méthodes que d’aucuns jugent « vieillottes »4795 ? Ou est-ce déjà la marque d’un détachement d’une partie de la population qui ne juge pas utile d’instruire les enfants sur les questions religieuses. Sans doute faut-il également prendre en compte le fait qu’un certain nombre d’habitants venus s’installer dans la région peuvent être déjà détachés de la pratique et ainsi ils n’envoient pas leurs enfants au catéchisme. Thonon-les-Bains et Douvaine présentent les taux d’enfants non baptisés les plus importants parmi ceux que nous avons classé dans les cantons de pratique moyenne puisque 1,76 % des enfants (Thonon) et 2,20 % (Douvaine) n’ont pas reçu les sacrements du baptême. Pour Évian, ce pourcentage est de 0,42 %, ce qui le place ainsi en dessous de la moyenne diocésaine. Pourtant, malgré cela, l’enseignement catholique reste fortement fréquenté pour le premier degré puisque ce sont environ 20,9 % des enfants du primaire qui sont scolarisés dans les établissements libres4796.

Les cantons de Seyssel et Saint-Julien-en-Genevois, situés à la bordure rhodanienne et frontalière, ont sans doute été influencés par les apports de l’extérieur. En 1962, dans son étude sociologique du secteur de Saint-Julien-en-Genevois – Viry, le père Reignier, Oblat de Marie Immaculée, établit que Saint-Julien-en-Genevois est « la banlieue de Genève, dans laquelle les habitants se cachent et vont mener une vie qu’ils ne peuvent vivre à Saint-Julien sans être compromis »4797. Déjà en 1901, ils présentaient des taux de pratique parmi les moins bons, sans être les plus mauvais4798. Les luttes politiques rencontrées jusqu’à la Première Guerre, et même dans les années Vingt, ne manquent sans doute pas d’influencer pour une part la pratique, et les conséquences sont encore visibles en 1955. À cette date, il est établi que, « sur le plan religieux, le brassage de la population ouvrière des deux rives du Rhône n’est pas très heureux pour [la] région, la Michaille4799, étant une région peu chrétienne où la pratique dans les villages est quasi nulle et où demeure un certain anticléricalisme »4800. Le confort « entraîne la perte du goût de l’effort, [puisqu’] on préfère son journal, son livre, son poste de télévision, plutôt que d’aller à un office ou à une réunion quelle qu’elle soit. On se referme et s’enferme chez soi »4801.

La pratique religieuse de ces cantons se situe dans la moyenne diocésaine, avec des taux de pascalisants et de messalisants de 58,35 % et 47,99 % pour Saint-Julien et de 54,58 % et 45,09 % pour Seyssel. Les écarts entre les pascalisants et les messalisants (adultes) sont largement inférieurs à la moyenne diocésaine, puisqu’ils sont de 10,36 % (Saint-Julien-en-Genevois) et de 9,05 % (Seyssel). Le faible écart entre pascalisants et messalisants (hommes) semble marquer le ralentissement de la déchristianisation. En revanche, les différences entre hommes et femmes sont au-dessus des moyennes diocésaines4802. Toutefois, la pratique par tranches d’âges montre que pour les pascalisants, il y a une baisse très nette entre les 15-19 ans et les 44-65 ans, puisque les taux passent de 90,16 % à 38,16 %4803 puis remontent à 43,11 % pour les plus de soixante-cinq ans. La chute est nettement moins importante pour les messalisants puisque, pour les mêmes catégories, la diminution est de 47,2 %4804. Faut-il voir dans ce phénomène une « survivance très faible mais réelle du radicalisme et de l’anticléricalisme dans la région »4805 ? À Seyssel, le même phénomène se produit, et même si le taux des pascalisants de 25-44 ans n’est pas très éloigné de celui de Saint-Julien, avec 26,8 % ; la diminution est nettement moins importante puisque le taux de pratique des 15-19 ans est de 76,92 % ; la reprise pour les plus de soixante-cinq ans est également moins importante puisque le taux passe de 26,8 % (45-64 ans) à 30 %. Pour les femmes, le schéma est le même : les taux diminuent entre la catégorie des 15-19 ans et celle des 45-64 ans pour remonter ensuite chez les plus de soixante-cinq ans.

Le nombre des cénalisants s’approche de la moyenne diocésaine, puisqu’il est de 33,99 % à Saint-Julien et de 31,20 % à Seyssel4806. Christian Sorrel souligne que dans certains arrondissements, dont celui de Saint-Julien-en-Genevois, « le conformisme s’efface devant la ferveur d’un groupe moins nombreux, mais plus décidé à affirmer son identité chrétienne »4807. Sans doute, ici, comme à beaucoup d’endroits, il faut voir dans ce phénomène le résultat du travail effectué par l’action catholique dont la branche rurale reste présente. Cependant, il faut souligner que si les taux de baptême sont très bons, voire même excellents pour Seyssel, où tous les enfants sont baptisés, il n’en reste pas moins que la situation face au catéchisme est différente puisque 4,65 % des enfants de Seyssel ne le fréquentent pas, alors qu’ils sont 4,39 % à Saint-Julien-en-Genevois. Les rapports réalisés à l’occasion des missions régionales établissent d’une part que ces zones conservent « un certain respect des valeurs morales et de la famille »4808.

L’abbé Baud, pour Frangy-Seyssel, comme le Père Marc pour Saint-Julien – Viry, souligne que les Chrétiens sont fortement présents dans les institutions civiles qu’ils s’agissent des conseils municipaux ou des institutions rurales4809. Cependant, cette présence n’empêche pas les « séquelles du laïcisme »4810. Il semble également que le christianisme y soit encore un peu « traditionnel, conformiste et passif »4811. Concernant, la scolarisation des enfants du primaire dans le privé, les taux de Seyssel ne sont pas connus alors que pour Saint-Julien-en-Genevois, ils sont de 13,50 %.

Dans les trois cantons préalpins du Giffre-Chablais, qui sont Taninges, Samoëns et Saint-Jeoire-en-Faucigny, les taux de pratique pascale sont assez proches, puisqu’ils varient entre 67,43 % (Taninges) et 60,71 % (Saint-Jeoire-en-Faucigny)4812. En 1881 déjà, Taninges présentait un taux supérieur aux deux autres cantons, alors que ceux-ci entamaient un certain détachement. En 1901, les trois cantons présentaient un taux de pratique semblable, ce qui semble se confirmer un demi-siècle plus tard. Ces derniers sont situés à la lisière de la « diagonale rouge » que nous avons déjà évoqué à plusieurs reprises. L’industrialisation de la fin du XIXe siècle et son développement tout au long de la première moitié du XXe siècle ne sont pas étrangers à l’accentuation du détachement. La pratique masculine de Taninges est la plus élevée, cependant, c’est également dans ce canton que la différence entre messalisants et messalisantes est la moins importante alors que pour les pascalisants elle est la plus élevée. Paradoxalement, c’est à Taninges que le taux de pratique féminine est le plus bas. En ce qui concerne la pratique pascale par tranches d’âge, nous retrouvons à Saint-Jeoire-en-Faucigny, le schéma présent dans nombre de cantons, c’est-à-dire une diminution jusqu’à soixante-cinq ans puis une reprise à partir de cet âge, tant chez les hommes que chez les femmes. Les deux autres cantons présentent une situation différente, avec une pratique oscillatoire ; il y a une diminution progressive puis une reprise chez les 45-64 ans, alors qu’ensuite les taux diminuent à nouveau pour les plus de soixante-cinq ans. Ce même schéma se retrouve pour les femmes messalisantes à Saint-Jeoire-en-Faucigny et Taninges. Les habitants de ces cantons sont proches de la religion et leur attachement à celle-ci est encore un peu traditionnel. Là, comme dans les Préalpes des Bornes, les paroisses élevées sont plus attachées à la religion, même si certaines ont connu des renouveaux liturgiques émanant de leur prêtre. Tel est le cas de la paroisse des Gets, où en 1943, l’abbé Philippe décide de tourner l’autel face au peuple4813. Cette initiative n’a pas été du goût de Mgr Cesbron, qui refusait qu’on tienne « un concile »4814 dans une petite paroisse de son diocèse4815.

Les cénalisants sont peu nombreux à Saint-Jeoire-en-Faucigny (16,41 %), alors qu’à Taninges et Samoëns, ils le sont plus4816. Faut-il voir dans ces constats le résultat d’un manque de dynamisme religieux, même pour l’action catholique ? Ou est-ce à cause d’une religion vécue avec trop de respect de la tradition, c’est-à-dire que la communion fréquente a du mal à entrer dans les habitudes des paroissiens. Il semble que les deux phénomènes soient à prendre en considération, puisque même les jeunes ne communient pas souvent, les jeunes filles étant plus assidues que les jeunes gens4817. De la même façon, chez les 15-19 ans du canton de Samoëns, l’écart important entre ceux qui ne sont pas pascalisants et ceux qui sont à la fois pascalisants et messalisants laisse penser à une aggravation ou au moins une persistance d’un certain détachement religieux.

Les derniers cantons à présenter une pratique moyenne sont ceux de La Roche-sur-Foron et d’Alby-sur-Chéran. Ils sont situés, dans l’avant-pays, au milieu de zones de forte ou de faible pratique4818. En 1959, le caractère conservateur de la cité médiévale de La Roche-sur-Foron est souligné en ces termes : « peu de magasins [ont un] aspect moderne et présenté avec art », de même « très peu de vitrines sont illuminées », cependant, il y a « beaucoup de volets comme au bon vieux temps [et] à l’intérieur, très peu de choses ont changé, les mêmes marchandises sur les mêmes rayons »4819. Le maintien d’une pratique moyenne est sans doute dû aux paroisses les plus élevées du canton, qui adoptent les mêmes attitudes que celles du canton de Thorens, alors que celles qui sont situées plus dans la plaine adoptent une pratique plus proche de celle des paroisses du canton de Bonneville. Les luttes politiques qui avaient pu avoir lieu au temps de l’entre-deux-guerres ont perdu de leur vivacité, et la majorité des communes orientent leurs votes à droite4820. Les taux de pratique du canton de La Roche-sur-Foron sont de 62,08 % pour les pascalisants adultes et de 47,84 % pour les messalisants4821. L’étude par tranches d’âges montre que, pour la pratique pascale comme pour les messalisants, les hommes suivent le schéma habituel : une diminution entre 15-19 ans et une reprise pour les plus de soixante-cinq ans4822. La diminution est nettement plus importante chez les femmes. Si les jeunes filles sont fidèles au devoir pascal avec une participation de 95,34 %, la situation change pour les femmes dont le taux ne cesse de décroître pour atteindre 68,22 % chez les plus de soixante-cinq ans. Pour les messalisantes, la diminution est moins importante (- 22,36 %) et nous pouvons noter une reprise chez les plus de soixante-cinq ans4823.

Le taux de cénalisants est particulièrement élevé avec 40,87 % des adultes qui s’approchent des sacrements. Sans doute ce fort taux est le résultat de l’action menée par la JAC dans ce canton où elle a rencontré un vif succès avant et même après la Seconde Guerre mondiale. 0,84 % des enfants ne sont pas baptisés et 1,92 % ne fréquentent pas le catéchisme. 27,93 %4824 des enfants fréquentent des établissements primaires privés, ce qui fait du canton de La Roche-sur-Foron le troisième plus important en matière de scolarisation des élèves dans le primaire4825. La situation est différente pour le canton d’Alby-sur-Chéran que nous avons choisi de classer parmi ceux qui présentent une pratique moyenne.

Le canton d’Alby-sur-Chéran n’est pas entièrement inclus dans le diocèse d’Annecy, puisque quatre communes sont rattachées à celui de Chambéry4826. Il est situé entre les cantons de forte pratique de Rumilly4827 et d’Annecy Sud. Ses taux de pratique sont inférieurs à la moyenne diocésaine, puisque les pascalisants adultes y sont 51,74 % alors que les messalisants ne sont que 42,72 %. L’écart entre les deux est de 9,02 % et se rapproche ainsi du canton de Seyssel. La pratique féminine est plus importante que celle des hommes, mais les deux groupes retrouvent un schéma commun lorsqu’il s’agit d’étudier leur pratique par tranches d’âge : les taux diminuent pour les jeunes de vingt ans pour remonter chez ceux de plus de soixante-cinq ans4828. Ce canton a connu des luttes politiques qui semblent avoir influencé une certaine frange de la population puisque Gruffy, par exemple, compte 25 % de non pascalisants4829 alors que Mûres en compte 18 %. Si la proportion d’enfants non baptisés reste bien en deçà de la moyenne diocésaine avec 0,42 %4830, la situation est différente pour le catéchisme puisque 10,66 % des enfants ne le fréquentent pas. Ce taux s’approche très nettement de ceux rencontrés dans les cantons où la pratique est la moins bonne.

Les cantons que nous venons d’étudier se trouvent dans la moyenne diocésaine de pratique. Cependant, ils affichent déjà des éléments permettant de penser à un certain détachement, qu’il s’agisse de la différence entre le nombre de pascalisants et de messalisants ou de celui du nombre d’enfants non catéchisés. Par rapport à d’autres diocèses, celui d’Annecy fait figure de bon diocèse. Cependant, en s’attardant sur certaines zones, qui sont fortement industrialisées ou proches de la Suisse, un détachement important est visible. Déjà visible en 1901, il n’a cessé de s’accroître même si parfois, le mouvement a pu être ralenti par le travail effectué par l’ACJF dans ces différentes paroisses.

Notes
4777.

Nous qualifierons ces cantons de « moyens ».

4778.

Hommes et femmes.

4779.

c. sorrel, Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, t. 4, à paraître.

4780.

I bid .

4781.

En 1929 déjà, l’abbé Chevrier, curé de Veigy-Foncenex se plaignait en ces termes à Mgr de La Villerabel : « la paroisse est la moins bonne de tout l’archiprêtré de Douvaine. Une des causes en est que la population est mouvante. Les anciennes familles ont disparu et ont été remplacées par des étrangers sans traditions, quelques fermiers protestants. Depuis la guerre, nous avons trente familles de douaniers ». ADA. 1 D 21. Boîte Mgr de La Villerabel, n° 1. Lettre de l’abbé Chevrier du 21 mai 1929.

4782.

ADA. 8 E Mission. Zone du Chablais (secteur de Bons). L’enquête de sociologie rappelle que « les luttes ont beaucoup perdu de leur âpreté d’autrefois. Cependant, on classe assez généralement à gauche ou à droite selon les critères d’ordre confessionnel ».

4783.

c. sorrel, Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, t. 4, à paraître.

4784.

Pour les pascalisants hommes les taux passent de 78,76 % pour les 15-19 ans à 44,59 % pour les 45-54 ans puis 44,1 % pour les plus de 65 ans. Pour les femmes, le même phénomène est visible avec respectivement 73,36 % puis 70,43 % puis 69,21 % pour les plus de 65 ans. Pour les messalisants, la même chose est perceptible avec pour les hommes un passage de 71,04 % à 34,55 % ; alors que pour les femmes, les taux passent de 70,14 % à 52,82 %.

4785.

ADA. 8 E Mission. Zone du Chablais (secteur de Bons). Les autres taux sont de 88 % pour Brens, 85 % pour Saint-Didier, 83 % pour Saint-Cergues, 80 % pour Bons.

4786.

Les taux de pascalisants passent de 70,12 % à 42,01 (45-64 ans) puis à 43,01 % pour les plus de 65 ans.

4787.

Les taux de pascalisantes passent de 79,49 % à 59,12 % (45-64 ans) puis à 58,82 % pour les plus de 65 ans. Pour les messalisantes, les chiffres passent de 68,46 % à 51,95 % pour remonter à 59 %.

4788.

Les taux de pascalisants (hommes) passent de 65,99 % à 37,18 % pour remonter à 44,74 %.

4789.

La courbe ne cesse de décroître passant de 80,06 % à 29,26 % puis à 27,57 %.

4790.

À Douvaine, ils sont 31,36 %

4791.

c. sorrel, Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, t. 4, à paraître.

4792.

La moyenne diocésaine est de 5,63 %.

4793.

Déjà en 1929, l’abbé Chevrier, curé de Veigy-Foncenex se plaignait que les enfants venaient « à peu près régulièrement au catéchisme, mais qu’ un tiers y arrivait sans avoir bien étudié la leçon ». ADA. 1 D 21. Boîte Mgr du Bois de La Villerabel, n°1. Lettre de l’abbé Chevrier à Mgr de La Villerabel, 21 mai 1929.

4794.

ADA. 8 E Mission. Zone du Chablais (secteur de Bons).

4795.

ADA. 8 E 1963. Rapport sur la situation religieuse présentée par le père Marc lors de la mission de Thonon-Bellevaux.

4796.

Nadine Broisat donne les chiffres au 1er octobre 1967 : Thonon-les-Bains : 22,2 %, Évian : 20,1 % et Douvaine : 17,7 %. Au total 7 262 enfants sont scolarisés dans le primaire et parmi lesquels 1 518 dans le privé.

4797.

ADA. 8 E 1962. Mission Saint-Julien – Viry.

4798.

Cf. supra, p. 40 et suiv.En 1862, le canton de Saint-Julien présentait déjà un taux de pratique faible par rapport au reste du diocèse.

4799.

Il s’agit de la rive ouest du Rhône.

4800.

ADA. 8 E 1962. Mission Frangy-Seyssel.

4801.

ADA. 8 E 1962. Mission Saint-Julien – Viry. Ce constat n’est pas propre au secteur de Saint-Julien, il peut s’appliquer à de nombreux autres cas.

4802.

Pour la pratique pascale, la différence entre hommes et femmes est de 22,66 % pour Saint-Julien-en-Genevois et 26,95 % pour Seyssel. Pour les messalisants, ces différences sont de 19,45 % (Saint-Julien) et de 20,62 % (Seyssel).

4803.

La différence est donc de 52 %.

4804.

Les taux sont de 78,72 % et de 31,52 %.

4805.

ADA. 8 E 1962. Mission Saint-Julien – Viry. Enquête de sociologie. N’oublions pas que le canton de Saint-Julien est resté pendant le fief de Fernand David.

4806.

c. sorrel, Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, t. 4, à paraître.

4807.

c. sorrel, « La Savoie, terre catholique : les enseignements des enquêtes de sociologie religieuse », in Le Millénaire…, op. cit., p. 156.

4808.

ADA. 8 1962. Mission Frangy-Seyssel. Enquête de sociologie établie par l’abbé Baud.

4809.

Ibid. et Père Marc pour la mission Saint-Julien-Viry.

4810.

Ibid.

4811.

Ibid.

4812.

Le taux de pascalisants à Samoëns est de 64,85 %.

4813.

Entretien avec l’abbé Philippe. Afin que l’initiative soit mieux acceptée par les paroissiens, il décide de l’appliquer lors d’une mission paroissiale prêchée par les pères Servel et ainsi laisser penser que l’initiative en revenait aux missionnaires qui avaient beaucoup travaillé sur la messe.

4814.

Ibid. Ce dernier nous rappelait qu’une retraite avait réuni dix-sept prêtres, parmi lesquels les abbés Folliet et Espritoz, ou encore Évrard, un jeune jésuite. C’est au cours de cette rencontre qu’est évoquée la possibilité de tourner l’autel face au peuple. Quelques personnes avaient alors surnommé cette rencontre, le « Concile des Gets ».

4815.

Ibid.

4816.

25,92 % pour Taninges et 26,41 % pour Samoëns.

4817.

n. broisat , Le diocèse d’Annecy…, op. cit., p. 70.

4818.

Alby-sur-Chéran est dans une zone de forte pratique et La Roche-sur-Foron dans une de faible.

4819.

ADA. 8 E 1960. Mission La Roche-sur-Foron– Reignier.

4820.

Ibid. Contrairement aux cantons de Frangy ou de Saint-Julien-en-Genevois, les jeunes catholiques ont moins de responsabilités politiques.

4821.

La différence est de 14,24 %, alors que la moyenne diocésaine est de 17,62 %.

4822.

Les taux passent de 74,67 % (15-19 ans) à 46,2 % (45-64 ans) pour remonter à 48,36 % (plus de 65 ans).

4823.

Les taux passent de 80,62 % (15-19 ans) à 55,59 % (45-64 ans) pour remonter à 58,26 % (plus de 65 ans).

4824.

c. sorrel, Matériaux pour l’histoire religieuse du peuple français, t. 4, à paraître.

4825.

Pour les élèves du secondaire, la cité rochoise compte plusieurs établissements privés.

4826.

Cf. supra, p. 21.

4827.

Des paroisses de ce canton sont également rattachées au diocèse de Chambéry.

4828.

Les taux de pascalisants passent de 69,66 % (15-19 ans) à 30,24 % (45-64 ans) pour remonter à 36,36 % (plus de 65 ans), alors que ceux des messalisants sont de 64,04 % (15-19 ans) puis de 24,79 % (45-64 ans) et remontent à 32,62 % pour les plus de 65 ans.

Pour les femmes, ces taux sont respectivement de 87,5 % puis de 62,39 % et la remontée est moins importante que pour les hommes avec 63,24 %. Pour les messalisantes, les taux passent de 87,58 % à 49,58 % puis 58,26 %.

4829.

n. broisat , Le diocèse d’Annecy…, op. cit., p. 70.

4830.

Rappelons qu’en 1901, le canton d’Alby présentait l’un des meilleurs taux de baptême dans les trois jours.