Dès septembre 1944, d’anciens militants ACJF prennent part à la reconstruction, tel Alphonse Métral ou encore André Fumex qui participent à la vie municipale d’Annecy. Les groupes, endeuillés par le décès de nombreux de leurs membres, reprennent rapidement leurs activités, et, dès la rentrée 1944, des rassemblements ont lieu. La guerre a marqué ceux qui l’ont vécue et, dans les premiers temps de la paix, les mouvements n’ont de cesse d’évoquer son souvenir. Les événements ont également permis aux militants une rencontre avec des jeunes venus de tous horizons, de toutes confessions et de toutes convictions politiques. Ce phénomène n’est sans doute pas étranger aux modifications qui apparaissent. Les enquêtes, tant de la JAC que de la JOC, portent de plus en plus sur les conditions de travail, de vie, ou d’instruction des différents milieux. D’ailleurs concernant la question de l’instruction ou de l’éducation, nous pouvons signaler la création dans l’immédiat après Libération d’un « centre d’informations qui se veut le lieu de rencontre entre militants des mouvements de jeunesse, syndicalistes, enseignants et résistants, creuset pour une “révolution morale” dans la ligne de Péguy dont le patronage est revendiqué »5079 par un manifeste du 6 octobre 1944, signé par Thisse et Bing. Parmi les fondateurs se trouvent des catholiques de « la communauté d’Uriage »5080, comme Paul Thisse5081. Ce centre rattaché au mouvement de Dumazedier « Peuple et Culture »5082 est installé aux Marquisats, dans les locaux occupés en 1944, par la Franc-garde de la Milice et où de nombreux résistants ont été torturés5083.
c. sorrel (ss. dir.), Dictionnaire du monde religieux…, La Savoie, op. cit., p. 388-389.
Ibid., p. 34.
Sur Paul Thisse, voir Élisabeth kessler, Le Vieux Thysse, Imp. Bonlieu scène nationale, s. d., s. l., 79 p.
Sur la question de Peuple et Culture à Annecy, voir j. le veugle, « Il y a vingt ans naissait à Annecy le Centre des Marquisats », Esprit, n° 7-8, 1966, p. 126-142. g. carpier, Fondation du mouvement national Peuple et Culture (1944-1948) et étude du groupe de base Peuple et culture de Haute-Savoie (1944-1951), dactyl., Paris, 1974.
C’est dans ces locaux qu’a été signée la reddition de la garnison milicienne en août 1944. Il sera ensuite démoli et un bâtiment plus adapté aux nouvelles exigences sera reconstruit. Le bâtiment était à l’origine propriété de la famille d’industriels d’Annecy, les Laeuffer.